Notre odyssée trans-sibérienne!


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Europe
February 13th 2010
Published: February 13th 2010
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Tout juste avant l'embarquement!Tout juste avant l'embarquement!Tout juste avant l'embarquement!

Gare Yaroslavsky, Moscou
C'est aujourd'hui que J-F a enfin l'occasion de savourer pleinement son cadeau de fête de 30 ans!! En effet, il y a de ça déjà plus d'un an et demi, Kim lui avait alors promis un billet de train pour le mythique trajet trans-sibérien!!! Nous passerons donc enfin les cinq prochains jours à bord de ce train légendaire à parcourir l'immensité du plateau sibérien entre Moscou et Ulaanbaatar, la capitale de la Mongolie.

Nous sommes le 29 décembre. Une douce neige tombe sur la gare Yaroslavsky lorsque nous arrivons sur la plateforme. Le train se pointe soudainement à l'horizon et nous sommes de plus en plus fébriles à l'idée d'y monter à bord. Quelle surprise toutefois lorsque nous voyons des agents de train chinois nous souhaiter la bienvenue!? Il est vrai que la destination finale de ce train est Beijing mais nous n'avons jamais pensé que ce serait avec des Chinois, et non des Russes, que nous allions traverser les contrées enneigées de la Russie. Qui plus est, et comme il semble y avoir une majorité d'occidentaux à bord et très peu (ou pas?) de Russes, nous sommes soudainement nostalgiques de penser que nous n'aurons plus la chance d'échanger avec ces gens, à la fois taciturnes et chaleureux. L'âme slave dit-on.

Une fois la surprise passée, nous sommes quand même très excités de nous installer confortablement dans notre cabine. Il s'agit d'ailleurs d'une cabine en première classe, rien de moins! Tout un cadeau de fête, non?! Notre petit chez-nous pour les prochains jours se compose donc d'une petite pièce recouverte de bois laqué munie de deux lits superposés, d'un petit fauteuil, d'une table et, d'un lavabo et d'une douche (rudimentaire, certes) que nous partageons avec la cabine voisine.

Pour notre première nuit, nous devons avouer que le sommeil n'est vraiment pas au rendez-vous! La chaleur étouffante dans notre cabine mais surtout, les grondements et les tremblements incessants du train qui nous donnent parfois l'impression de dérailler (!!) nous gardent éveillés toute la nuit! Malgré tout, nous passons une bonne partie de la journée suivante à admirer les paysages défiler devant nous. Les connifères enneigés, les forêts de bouleaux dénudés, les villages qui sillonnent la route, les cheminées enfumées des petites maisons de bois qui nous rappellent le froid ambiant sont autant d'images qui nous restent à l'esprit. Puis en soirée, et à sa grande surprise, J-F a l'occasion
Deja plonge dans la lecture de DostoevskyDeja plonge dans la lecture de DostoevskyDeja plonge dans la lecture de Dostoevsky

Premier jour a bord du trans-siberien
de souffler à nouveau les bougies de ses 30 ans sur un petit gâteau de chocolat!!

Lorsque le deuxième jour nous croisons la ville de Perm, il ne fait plus aucun doute que nous sommes maintenant arrivés en Sibérie. Malheureusement, notre premier regard sur cette vaste région se pose sur son passé sinistrement célèbre. En effet, comme plusieurs autres villes sibériennes, Perm s'est tristement développée en raison des goulags qui y ont été instaurés. Infâmes prisons politiques pouvant prendre plusieurs formes (colonies de travail, camps de concentration, hôpitaux psychiatriques), ce sont ces impitoyables goulags qui ont fait de la Sibérie un synonyme de mort... En effet, l'espérance de vie y était désastreuse (en moyenne deux ans) et environ 90% des détenus y ont fini leurs jours. Pour exprimer le sinistre sort des prisonniers et de leur famille, la femme d'un grand poète russe exilé en Sibérie déclara qu'en Russie « une femme se considérait veuve à partir de l'arrestation de son mari.» On dit d'ailleurs que sous Staline, la population des goulags passa de trente mille personnes en 1928 à huit millions en 1938 (!!!). En tout, plus de vingt millions de personnes seraient passées à travers ces camps au 20e siècle jusqu'à leur fermeture définitive il y a à peine vingt ans.

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Puis, on croise tout à coup le kilomètre 1777 de notre trajet, l'endroit même où se termine un continent et où en débute un autre. En effet, c'est ici, entre les villes de Perm et d'Iekaterinbourg, que se situe le point de rencontre entre l'Orient et l'Occident, la frontière entre l'Europe et l'Asie! A première vue arbitraire, cette séparation entre ces deux grands continents est pourtant réelle; marquée non seulement par la chaîne de montagnes de l'Oural, cette frontière représente aussi la zone de fracture géologique entre les continents. Nous voici donc déjà à notre quatrième continent depuis notre départ!

Après une deuxième nuit beaucoup plus reposante, et comme nous sommes déjà le 31 décembre, nous songeons maintenant aux célébrations du jour de l'an qui, on l'espère, seront soulignées adéquatement par les passagers. Pour l'occasion, nous décidons d'aller souper dans le wagon restaurant, à l'autre bout du convoi. Tout un périple pour s'y rendre! Les espaces entre chaque wagon sont tellement glacés que nos mains y restent littéralement collés!!! Nous arrivons au restaurant transis de froid et quelques morceaux de peau en moins mais nous nous y réchauffons vivement! Le gentil restaurateur est d'ailleurs l'un des seuls Russes à bord et nous en profitons pour fraterniser avec lui et pour déguster une dernière bonne borsch chaude.

C'est aussi dans ce resto ambulant que s'entassent la grande majorité des passagers souhaitant faire la fête. Nous avons donc l'occasion de boire un verre en compagnie de Français, d'Anglais, d'Irlandais, de Polonais, de Lithuaniens et de Finlandais! Parmi tous ces gens, nous passons beaucoup plus de temps à converser avec Steven (Anglais) et Eva (Lithuanienne), un jeune couple fort sympathique. Il faut dire que les similitudes entre nous sont frappantes. Nous sommes tous dans la début trentaine et partageons plusieurs points de vue semblables sur le monde mais surtout, et comme Kim, Steven a vécu au Cambodge et y est retourné à plusieurs reprises parce qu'il s'est lié d'amitié avec des gens de l'endroit. En plus, il semble vraiment être un passionné de photographie. On rencontre aussi, entre autres, un autre jeune couple, James (Anglais) et Jolanna (Polonaise... enceinte!). On poursuivra d'ailleurs la fête dans notre cabine avec tout ce beau monde... et plusieurs autres puisque notre cabine deviendra de facto le « party central 2010 » du train 004!!!

Il faut dire que la soirée est bien arrosée! En fait, comme nous traversons plusieurs fuseaux horaires mais que les arrêts sont toujours calculés en fonction de l'heure de Moscou, nous décidons de célébrer la nouvelle année à toutes les heures, à partir de 23h! Ainsi, nous avons fait le décompte de minuit au moins cinq fois!!! ;-b

Le lendemaint matin, et comme on s'y attendait, c'est beaucoup plus calme à bord alors que la majorité des passagers en profite pour dormir et se remettre de la veille...

Sinon, a bord du train, les arrêts sont fréquents mais très courts alors même si l'on souhaite sortir pour prendre l'air, on ne peut s'aventurer bien loin de peur de manquer le départ. A 31 degrés sous zéro par exemple, on n'a pas toujours envie de s'éloigner bien loin du train! On se limite donc à s'étirer un peu, à marcher, puis à faire le plein de nourriture et de boisson aux petits kiosques que l'on retrouve sur les plateformes de chaque station.

A défaut de dormir de longues heures dans le train, on peut quand même dire que nos journées sont relaxantes et bien peu stressantes. Nos activité se limitent pour l'essentiel à regarder le paysage, à converser brièvement avec nos voisins de cabine, à lire puis à manger. Côté bouffe justement, on se régale de nouilles instantanées puisque l'eau bouillante est gratuite dans les wagons. On apprécie aussi particulièrement les biscottes au Nutella, les arachides et le fromage... que l'on accroche à la fenêtre givrée afin de le garder frais! Pour ce qui est de la lecture, on en profite notamment pour découvrir un classique de la littérature russe « Crime et châtiments » de Dostoevsky et se divertir avec les intrigues de Sherlock Holmes (les vraies).

On ne peut aussi s'empêcher de penser à l'histoire de cette légendaire voie ferrée, l'une des plus longues au monde. Sa construction, qui débuta en 1836, se fit au rythme des nombreuses guerres qui marquèrent le pays. On imagine au passage chaque rail posée par de pauvres Russes et autres travailleurs, souvent forcés, venus d'Europe ou d'Asie affrontant des conditions de vie extrêmes (difficile aussi de ne pas penser à ceux qui sont venus de loin pour construire notre canadien-pacifique...).

Nous sommes le 2 janvier lorsque nous contournons le lac Baikal, la « perle de la Sibérie » comme on le nomme par ici. On dit que ce lac gigantesque, le plus profond au monde, renferme un cinquième des réserves d'eau douce de la planète. En fait, le lac Baikal contient plus d'eau que les cinqs Grands lacs combinés! Nous sommes donc collés à notre fenêtre pour admirer le spectacle de ce grand étendu blanc glacé qui s'étire sous nos yeux.

Quelques heures passent puis nous sommes tout à coup surpris de réaliser que notre périple tire déjà à sa fin alors que nous arrivons à la gare de Naushki, qui fait office de frontière entre la Russie et la Mongolie. Quelques contrôles douaniers plus tard (russe et mongol) et nous reprenons les rails en direction d'Ulaabaatar.

Puis, le 3 janvier à 6h30 du matin, et après plus de 6 300 km parcourus, le train s'arrête pour nous une dernière fois. C'est sous un temps glacial et sous la noirceur du petit matin que nous disons aurevoir au train 004 et à nos amis qui, eux, poursuivent leur route jusqu'à Beijing.


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Un peu d'air frais lors d'un des arrets en pleine nuitUn peu d'air frais lors d'un des arrets en pleine nuit
Un peu d'air frais lors d'un des arrets en pleine nuit

Quelque part entre l'Europe et l'Asie...


13th February 2010

Souvenirs de glace
Quel beau compte rendu d'une odyssée que la glace n'arrive pas à refroidir! Les mots, comme les photos, évoquent à plusieurs égards mes souvenirs de lecture de Dostoïevsky et de belles scènes du Dr Zhivago. Chapeau Kim! On doit reconnaître qu'en matière de cadeaux, tu connais peu de rivales. Et dire que c'est notre Jean-François qui en est l'heureux bénéficiaire. Au plaisir de continuer de vous suivre à la trace, le soleil s'étant depuis installé à la place de la glace et du froid. On vous embrasse! François
16th February 2010

La Sibérie
wowwwww, quel périple....j'avais hate de vous lire. merci de partager avec nous :-) Manon xo
19th February 2010

Trans-sibérien
Wow, trop cool. Ca doit se rajouter aux "meilleurs nouvel an de nos vies" ce voyage en train! Bises depuis la Suisse (eh oui, on est arrivées et plus ou moins installés, si jamais vous voulez passer chez nous ;-) ) BISES

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