Back to Colombo / කොළඹ, Sri Lanka (Ressourcement ou La Pause à Ratnapura / රත්නපුර)


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Asia » Sri Lanka » Sabaragamuwa Province » Ratnapura
April 5th 2015
Published: April 13th 2015
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3 avril

Mon séjour chez les Tamouls se termine aujourd'hui.

J'ai mon billet de train de nuit en main pour la grande descente vers Colombo.

"Sleeperett" style.

Je m'attend à une couchette, du Mozart et un major d'homme qui tamisera la lumière en me demandant:

"Should i ask for a lady for foot massage môôôôsieur?"

Et non.

Rien de tout ça finalement.

J'entre en réalité dans un wagon pourri, en prenant place sur un banc plastifié de cellophane qui se crinque et se décrinque légèrement, en claquant saccadé comme une chaise longue de secours qu'on laisse au chalet.



Alors que je suis assis, on me chatouille soudainement les orteils.

Arg.

Une belle blatte nomade bien grasse m'a frôlé le pied.

Elle se faufile maintenant sous le banc devant moi.

Arg.

Je prend alors un de mes biscuits au citron que je gardais pour une fringale d'urgence... et je glisse sournoisement la sucrerie

sous un banc là-bas, dans le coin totalement opposé à ma pseudo couchette.

Voilà ma stratégie pour contrer la vermine.

Pas question que les coquerelles jouent à la marelle entre mes orteils durant cette nuit mouvementée dans les wagons qui se secouent comme des machines à laver.



Dans le train en marche, bientôt, j'allume mon petit laptop et me part un long film de Tarantino, bien connecté à mes écouteurs.

La femme en sari qui, jusqu'à maintenant, prenait place à mes côtés change de place, au moment même où je repense à ce "foot massage" proposé par l'inexistant major d'homme.

C'est un sri lankais intrigué par mon film qui la remplace alors.

Dans les transports publics, les hommes s'assoient avec les hommes, et les femmes avec les femmes.

Mon voisin se collera donc à l'écran muet de mon ordinateur (et à mon épaule aussi) durant le film en entier.



À ma grande surprise, la femme en sari revient silencieusement sous mon banc d'en avant...

et se met à me titiller les dessous de pieds.

Oh.

Mais pas du tout.

Et merde alors, c'est la coquerelle qui vient de réapparaître.

...



La nuit ferroviaire s'allonge.

Je passe ces heures nocturnes en hypnose bien davantage qu'en état de lourd sommeil.

Dehors, les maisons de fortune, les palmiers et les quelques temples faiblement illuminés passent flous dans le décor en mouvement.

L'air chaud me claque au visage alors que la locomotive nous secoue au rythme de ses maracas au charbon.

Tchkkk-a-tchkkk-a-tchkkk dans la douce noirceur des tropiques.

...



Je descend enfin du wagon à la station Colombo Fort.

Il est 5h30AM.

J'ai les yeux gommés.

J'ai très peu dormi sur ma "sleeperett" durant ce 10 heures de locomotion.

Je suis mêlé, ça va sans dire.



Je retourne donc rapidos au Bed Hostel de Colombo, et reprend le dortoir de ma première nuit.

Il me reste plus ou moins 1 semaine à suer au Sri Lanka.

Je me tricoterai donc un plan pour les jours à venir,

assis confortablement dans les divans mous de l'auberge à backpackers de la capitale.



4-5-6-7 avril

Je passe donc une journée à Colombo, à glander, avant de quitter pour Ratnapura, la Gem City située plus au centre de l'île.

On m'a suggéré d'aller y passer du temps, question de me reposer pour quelques jours à une charmante auberge sur une paisible colline, à quelques pas de la bruyante ville de Ratnapura.

Ça me sied bien ça.



Je part finalement de la Bed Hostel de Colombo confiant, mais avec un mal de tête plutôt insistant.

Le foutu soleil tapeur m'a asséché le cerveau hier, et il m'a infligé un insolent début d'insolation.

Mon crâne sous pression me serre maintenant les pensées comme un pied dans une botte de ski trop petite.

Il est dangereux le soleil de midi au Sri Lanka.



Je prend donc place dans le bus Colombo-Ratnapura en agrippant la meilleure place dans le vaisseau:

en avant, à côté de la porte, prêt à sortir pour ma destination.

C'est que pour l'instant, je suis le seul à attendre le départ du bus.

Mais pas pour longtemps.



Soudainement, ça se remplit.

Passager après passager, les gens entrent en vague comme après le tintement de la cloche à la fin des classes.

Et puis tout aussi soudainement, le bus part d'un coup vif d'accélérateur.

Vroooom!

Et puis hop!

Après seulement quelques centaines de mètres, la machine s'arrête sèchement sur un coin de rue.

Et ça se remplit de nouveau.

Et quand je parle de remplissage, je ne parle pas de places assignées dans le confort.

Nope.

C'est chacun pour soi ici.

Une sacrée boîte à sardines je dis,

par l'entassement et par l'odeur je dis.

À mes côtés, une femme allaite un mioche scellé fermement à sa mamelle.

L'enfant me fixe en vidant sa mère.

On dirait qu'il compte les poils gris qui s'étirent de ma mâchoire vieillissante en tétant indolemment.

On est serré.

Debout dans l'allée, les sardines s'agrippent comme des trombones.

L'oxygène diminue dans le bus compacté.

Je regarde ma montre à "600 tickets de bus": 30 minutes sont déjà passées...

sur les 4 heures à faire pour rejoindre Ratnapura.

Et puis le trafic est anormalement long (?!)

car c'est la nouvelle année sri lankaise (?!).

God!

Le trajet d'isolation Colombo-Ratnapura en insolation battra un nouveau record de désagrément.

...



Ouf.

Je pose enfin pied à destination.

Je suis dans un état lamentable.

Je me retiens pour ne pas vomir entre deux jurons.

Mais je me dis que ça devrait aller.

Je ne peux quand même pas dégobiller un dîner que je n'ai pas mangé, n'est-ce pas?

Quoiqu'avec ma déshydratation corporelle, je pourrais aisément vomir de la poudre.



...

Je me dépose finalement le voyageur exténué à la Ratna Gem Halt de Ratnapura.

C'est le calme plat.

Malgré les dernières heures passées courbaturé comme un bretzel dans le bus, je suis content d'avoir fait ce bond.

Ce petit bijou d'auberge, au cœur des collines, est l'endroit idéal pour repolir mon bonheur terni encore une fois par les transports publics.



Je resterai donc là pour quelques temps, à me reposer tout en callant mes bouteilles d'eau et en m'endormant au son de la mousson qui s'acharne presqu'à tous les soirs maintenant sur le Pays.

Grisaille et tonnerre au soleil couchant.

Température de sudation,

de lecture,

et de ressourcement.



Etienne X



Notes à Moi-Même:

1- C'est pas parce que c'est pas rouge que c'est pas épicé.



2- Un homme se fait donner deux bracelets: l'un d'un bouddhiste, l'autre d'un hindou.

Celui donné par le bouddhiste est un cordon blanc.

Celui donné par l'hindou est une tresse multicolore où s'entrecroisent les fils en carrelage serré.

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