Sagada, Philippines (Comme un Ethnologue)


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Asia » Philippines » Mountain Province » Sagada
April 8th 2017
Published: April 9th 2017
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6 et 7 avril



Au fond d'une mini van, entassé sur d'autres foreign, je feuillète mon Lonely Planet à la recherche d'une auberge où loger à Sagada.

On pousse donc tous notre exploration plus au creux dans la Cordillère.



La boîte mobile se met en marche.

Je cache mon livre et agrippe la poignée en ravalant.

Les routes zigzaguant en montagnes ont toujours été un bon moyen pour revoir la couleur de mon déjeuner.



Effectivement, la route est propice au mal de cœur.

Vitesse et précipices.

Heureusement, les garde-fous longent les routes pour nous éviter une catastrophe.



Après plus ou moins 3 heures de route, la mini van finit par nous débarquer sains et saufs à Sagada.

On est 14 touristes à atterrir dans le paisible village montagnard, dont Iness et Vincent les Dutch.

Des restaurants et des boutique-souvenirs somnolent sur la rue principale.

Le rythme de vie est gravement ralentit ici.



On me sourit.

Personne ne cherche à me vendre quoique-ce-soit.

Parfois même, on refuse de me vendre en me lançant un "no have" en baillant dans le fond sombre des boutiques.

L'amabilité des philippins est déconcertante.

Je discute avec des vieilles perruches qui m'invitent rapidement à luncher à la journée porte-ouverte de l'école du village.

Et puis on me salue sur la rue aussi, sans malice.



Une famille de philippins en vacances me croise et me secoue la main en pouffant de rire.

"Hello princess" que je tricote (!) à l'une des fille du groupe.

C'est le délire: la famille s'excite.

Je suis Justin Bieber (bon d'accord, le père de Justin Bieber peut-être).

Le paternel tout sourire me demande: "My daughter. How you find my daughter?"

J'hésite....

"She's pretty" que je lance à la va-vite (c'est complètement faux).

La "daughter", mains sur les joues, d'un coup se met à hurler en ma direction en pliant les genoux comme une gamine.

C'est l'hystérie dans la famille.

Ça danse presqu'en sortant les confettis et les trompettes.

Ils en parleront pendant des siècles du barbu qui a traité de "princess" la cadette.

J'accélère le pas... alors que je suis nerveux de me faire enlever et de devoir marier la pas-belle en pleurnichant.

Voilà.

Adorable donc le peuple philippin.

Il ne fallait surtout pas se fier à Manille pour se forger une opinion du Pays.

...



Autre que pour la tranquillité de Sagada, les foreigns viennent ici pour les fameux "hanging coffins", des cercueils accrochés à la paroi d'une muraille de pierre dans la montagne.

Les tribus des environs espéraient ainsi rapprocher leurs morts des cieux.

Au même endroit, quelques cercueils débordent littéralement des fentes de la montagne.

Certains éventrés siestent là depuis des centaines d'années.

Des crânes et des os humains reposent là, éparpillés dans les crevasses.

Rites funéraires païens.

Heureusement, les gens de la région enterrent leurs morts maintenant.

Bon.... sauf le cercueil juste là, qui date de 2012, accroché avec une chaise à la muraille.

"The dead can sit if he wants to sit" que nous dit le guide.

Voilà qui fait du sens.



Encore une fois, les attractions touristiques sont plutôt morbides dans les environs.

Momies par-ci, cadavres par-là.

Je suis un ethnologue.



L'auberge que je me suis trouvé ici se situe derrière la colline, face aux rochers des cercueils perdus.

C'est calme et parfait pour prendre du repos: le havre idéal pour le backpacker fatigué.

Trois chiots luttent sous une vieille bâche publicitaire qui sert de pare-soleil

tandis qu'un japonais freluquet, perdu dans ses habits de lin, joue de la flûte en bambou

avec son nez.



C'est le calme plat donc, sous le soleil du Treasure Rock Inn de Sagada.

Derrière les marches en pierre, de l'autre côté de la rue, un filipino avec un bébé dans les bras attend en regardant passer le temps.

Il a un petit commerce de détail, un minuscule espace en ciment pratiquement vide.

Il me sourit. C'est la troisième fois qu'on se parle depuis mon arrivée à Sagada.

"Good business today?" que je lui demande.

"No client today. Maybe tomorrow" qu'il me répond avec son inébranlable sourire qu'il porte sans cesse comme une amulette porte-bonheur.



Je lui achèterai une bouteille d'eau.

Je serai son seul client pour les trois jours à venir.



Etienne X



Note à Moi-Même:

Un filipino pompette en peine d'amour qui chante "Wind of Change" du groupe métal Scorpion au Karaoké, c'est non.

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