Bahir Dar (ባሕር ዳር), Ethiopia (Monastères et Kalachnikov)


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March 8th 2019
Published: March 8th 2019
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4 mars

(À Addis Ababa)

J'embarque dans un taxi avec Mikael, un voyageur dutch expérimenté (en fait, la grande majorité des backpackers en Éthiopie ne sont pas à leurs premières armes en matière d'aventures) et nous partons rejoindre la gare de bus d'Addis Ababa, au milieu d'un terrain vague et poussiéreux du Meskal square.

Il est 4h15AM.

Le départ du Yegna bus pour Bahir Dar (vers le nord) est prévu pour 5h00AM.

Même à cette heure matinale, la température suggère le port du t-shirt.



Ça vous surprendra peut-être, mais le bus dans lequel je prend place a des allures de Greyhound: classy, propre et bien organisé.

Même la route vers le nord aura de quoi me surprendre: le 11 heures de route pour rejoindre Bahir Dar sera un 11 heures de belle asphalte lisse.



5h00AM: le bus démarre.

Au dessus du pare-brise, un cadran annonce 23h00.

En Éthiopie, on commence sa journée à 6h00AM, donc à 6h00AM (heure normale), ici, il sera 00h00 (!!!)



On s'éloigne bien vite de la capitale alors qu'il fait encore noir sur la ville.

Sans surprise, je ferme les paupières et perd conscience dans le creux de mon banc.

...

J'ouvre les yeux alors que le soleil se lève à peine sur le paysage.

Mon réveil s'émerveille: l'horizon m'offre l'incroyable tableau de grands champs de paille fauchée par les premières lueurs du jour. Au pied des montagnes au loin, la campagne jaune essoufflé brille comme un déversement de champagne sur le décor. Un peu partout, des troupeaux de bovins sans enclos mâchouillent le foin qui tranquillement se réchauffe sur les plateaux. Des poignées de chèvres parfois passent en brouhaha dans un des replis du paysage, poussées par un berger accroché à une canne qu'il porte sur ses épaules comme un support porterait une robe de chambre.

Des regroupements de maisonnettes en terre battue quelques fois s'anglent le long de la route. Derrières elles, une vache et quelques poules piétinent les basse-cours en potinant. Parfois, des mulets tirant des chariots écrasent les champs en soupirant, alors que d'autres, entêtés, traversent la rue sans regarder, faisant klaxonner l'autocar qui, refusant de perdre son élan, contournera les bêtes au dernier moment.



Dans le bus, un téléviseur chantonne du Mahmoud Ahmed ou présente des vidéos de pop éthiopienne cadençant notre trajet vers Bahir Dar. À l'écran, les danseurs se secouent le corps en se disloquant les épaules par saccades, mains sur les hanches, imitant presque des poulets qui essaieraient de s'envoler. Le rythme musical tournoie et se répète en boucle dans l'autocar comme si on avait tourné une manivelle sur le téléviseur et que, machinalement, la boîte s'était mise à évacuer des notes.



À l'extérieur, bientôt, les champs de paille disparaissent derrière nous alors que le bus se met à serpenter en altitude, pour plonger soudainement au creux d'une gorge, et puis, comme une montagne-russe, remonter de l'autre côté pour rejoindre un plateau au delà de l'imposante barrière montagnarde.

C'est là que se trouve notre destination finale: Bahir Dar. Ville de 350 000 habitants, Bahir Dar s'accroche au Lac Tana, plus grande étendue d'eau en Éthiopie.



La cité est mouvementée. Les tuktuks (bajaj) bourdonnent partout dans les rues, me rappelant de bons souvenirs de l'Inde et du Sri Lanka.

Le vent poussé par le Lac Tana aère la ville.

Oh que je prévois de belles aventures ici, maintenant que je me suis éloigné d'Addis Ababa.



Note à Moi-Même:

Conversation de restaurant

Jolie serveuse: "What country you?"

Moi: "Canada"

Jolie serveuse: "Nice country Canada"

Moi: "Yes but very cold. Now -20 in Canada"

Jolie serveuse: " Oh. Like ice age"

Moi: "Yes. Canada like ice age"



5 et 6 mars



Les îles sur le très grand Lac Tana cacheraient d'anciens monastères orthodoxes datant du 17e et du 18e siècle. Vivant très modestement, les insulaires accueilleraient maintenant les touristes dans ces lieux saints effacés de la bruyante vie des villes.

À partir des quais de Bahir Dar, des péniches transportent les voyageurs vers les différents monastères circulaires reclus sur les îles.

Me voilà donc là, sur l'un de ces transporteurs, accompagné d'une horde d'occidentaux et d'un couple de dévots éthiopiens qui clairement, ne vont pas, eux, découvrir les monastères pour les mêmes raisons que nous.



1 heure de bateau peut-être nous sépare des premières îles. Sur le Lac, quelques pêcheurs, debout dans leur pirogues en herbage (tankwa), posent des filets qu'ils retrouveront plus tard grâce à de vieilles bouteilles de plastique utilisées comme flotteurs. Un de ces batelier-pêcheurs a volontairement laissé tomber le métier pour rejoindre maintenant les bateaux de touristes suivit par une horde de pélicans affamés qu'il attire avec des retailles de poisson. Il en tirera de beaux pourboires: les touristes aiment beaucoup les pélicans.



L'eau sur laquelle on navigne présentement coulera en Éthiopie, puis passera au Soudan, pour finir sa course dans la Méditerranée, tout au nord de l'Égypte, à 5223 kilomètres d'ici. Le Lac Tana est la source du Nil, plus long fleuve au monde.

À l'embouchure du Lac, là où le Nil Bleu prend son élan, une famille reconstituée d'hippopotames laisse apparaître leur demie lourdeur hors d'onde, yeux mi-clos sur leur éternelle grâce-matinée. 



Notre péniche rejoint finalement une des îles au loin. J'accède alors aux monastères promis, là où de très rares moines se font presque voir sous leur couverture, cachés comme s'ils n'avaient jamais sorti du lit.

Il n'y a que les quelques touristes qui agitent l'air ici, amenant un peu de Birr aux insulaires en échange de courtes visites derrières les murs sacrés.

Des dessins multicolores représentant diverses interprétations bibliques tapissent l'intérieur circulaire des monastères. Détonnant sur la sobriété des îles, les fresques éclatent et surprennent par leurs couleurs vives et Technicolor.



C'est la fin de la haute saison touristique en Éthiopie (!) et les quelques vendeurs d'échoppes à pacotilles sont insistants. Noué à mon packsack, un chiffon rouge me suit habituellement lors de mes aventures outremer. Il est particulièrement pratique lorsque je dois me cacher le museau de la pollution et de la poussière des villes.

Tout près d'un des monastère (Azuwa Maryam), un vendeur semble grandement intéressé par mon mouchoir de cowboy justement. Quelques simagrées suffiront.... et me voilà qui l'échange contre un de ses foulards à lui, écharpe verte, jaune et rouge, tissu aux couleurs de l'Éthiopie. Stupéfait, je m'éloigne des kiosques... alors que derrière moi, le vendeur, tout sourire, plie et déplie sa toute nouvelle acquisition. Gageons maintenant qu'il fera des envieux sur l'île alors qu'il utilisera le chiffon rouge du bout du monde non pas pour se moucher mais pour couvrir sa table basse à cérémonie du café.

...



De retour à Bahir Dar, une randonnée à la "Blue Nile Falls" (Tis Abay) s'impose. À plus ou moins 1 heure de route cahoteuse aux confins de la campagne, le Nil Bleu se déverse du haut d'un précipice en un magnifique spectacle, et cela, malgré la saison sèche du mois de mars éthiopien.



Hors de la ville, la pauvreté est marquante. Les paysans, mâchant de la canne-à-sucre, fouettent le bétail dans les champs alors que les femmes, accroupit, récurent une gamelle ou allaitent un mioche presque nu devant des cabanes en boue. À notre passage, les enfants nous saluent ou nous lancent des roches alors que les adultes, eux, nous suivent du regard, intrigués comme on regarderait disparaître une comète.

Quelques fois, notre chauffeur klaxonne pour éviter des attroupements d'éthiopiennes sous des ombrelles

ou des hommes nonchalant tenant la main

d'un kalachnikov.



En chemin vers la chute, beaucoup d'enfants nous accueillent en espérant nous soutirer quelques sous ou se faire donner un "school pen" qu'ils revendront certainement par la suite au marché du coin.

Je suis à mille lieux de ma luxueuse vie d'abondance à l'occidental.



Demain: en route vers Gonder, ancien royaume fortifié de l'empereur Fasiladas (1632-1667).



Etienne X



Notes à Moi-Même:

1- Prix d'un café et d'un Sprite au resto-terrasse avec vue splendide sur le Lac Tana: 30 Birr (1.50$ can)

2- Nom de boutique de robes de mariée: Just marred

3- Après le moustique, l'hippopotame est l'animal qui tue le plus d'humains sur le continent africain.


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9th March 2019

well come
sur ta photo l eppelation de welcome etait remarquable ahah. Je vois que tu passes de bons moments mais pas dans l abondance occidentale . Belle expsrience a vivre

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