KHON KAEN - LOPBURI - BANGKOK


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July 12th 2018
Published: July 12th 2018
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N’y allons pas par quatre chemins, disons-le sans ambages, disons-le tout net, ne coupons pas les cheveux en quatre et sans se fendre d’un demi sourire, ne tournons pas autour du pot, osons le dire, Khon Kaen est très moche, triste, sale et puante. L’hôtel, le KK Guesthouse, 750 THB (20 €) veut se donner des allures de grand avec les moyens du bricolage, grande chambre et literie correctes et sans chichi, le type à l’accueil, auquel je demande s’il n’a pas une petite carte du centre pour que je me repère, me répond, certes pas méchamment, qu’il y a Google Maps pour ça, il va m’aider à aimer sa ville cet indien-là, petit déjeuner absurde, à ma demande de beurre, la nana me sort une petite micro-boîte déjà entamée, il n’y a pas de petites économies. Il y a des endroits où je vois mal comment on peut être heureux. Il y a bien entendu pire que Khon Kaen sur Terre, c’est entendu, certains n’ont même pas la télé ?

J’ai deux heures à tirer, je vais voir un petit temple, le Wat That, au bord du lac qui est sensé être le poumon de la ville. Le poumon est sale et nauséabond, ne manquent plus que les rats, qui doivent bien se terrer quelque part.

Bref, je n’ai plus trop le temps de trouver les intérêts indéniables que doit tout de même posséder cette ville, je fuis à l’aéroport prendre un vol pour Don Muang, l’aéroport essentiellement domestique de Bangkok (40 €) et espérer une correspondance pour Lopburi.

Au restaurant hier soir, je sirote ma première grande bière fraîche. Elle accompagne un porc sauté au poivre vert excellent. Un farang aux cheveux blancs s’installe à côté avec sa famille, sa femme, grande et jeune thaïlandaise aux allures de trans, sa fille (ou celle de sa femme) fine et mignonne comme la plupart des petites thaïlandaises, c’est plus tard que ça se gâte, et sa belle-mère, timide et reconnaissante, effacée avec un léger sourire, qui doit être du même âge que l’homme. La femme joue l’amoureuse et complice, tente d’amuser et d’intéresser l’homme blanc qui la protège maintenant. L’homme est un peu ennuyé, mais poli, certainement flatté d’être entouré de ces femmes qui lui sont soumises, il paye pour cela. Pour avoir les faveurs de l’une, c’est de trois qu’il est maintenant responsable. La belle-mère, en son for intérieur, accepte cette situation bancale, l’a sans doute souhaitée, s’en réjouit aujourd’hui, la sécurité financière de sa fille est assurée, la sienne également puisqu’elle est à la charge de sa fille. La petite fille a un père, ou un nouveau père, âgé certes, mais à son âge on ne perçoit pas encore les écarts d’âge, de culture, et puis, sa situation est une reproduction de ce qu’elle voit souvent. Je ne juge pas l’homme, ni aucun des protagonistes, c’est tellement banal ici. L’homme ne souhaite pas finir sa vie en solitaire, la Thaïlande lui offre ce qu’il attend, en mieux, il paye, en échange il n’a pas d’emmerde, normalement, il est et reste le chef, sans lui, la sécurité des autres tombe à plat. Il aurait pu choisir une autre femme, il y en a tant de similaires, c’est le hasard ou le talent de la femme qui a fait le choix. La femme est évidemment une excellente actrice, honnête malgré tout, personne n’est dupe, le couple tient dans l’échange, chacun à sa place. Elle trouvera peut-être son plaisir vers d’autres conquêtes passagères et thaïlandaises mais elle devra se montrer très discrète, ou bien elle se satisfera de la situation, fera abstinence, la priorité étant sa sécurité et l’avenir de sa fille. La belle-mère regardera tout cela sans rien dire, rien montrer, totalement soumise, ce qu’elle jugera peut-être, elle le dira en thaïlandais à sa fille, l’homme ne comprendra pas, la femme saura faire front, pas besoin du cours Florent..

Un bar pas trop plein de vieux farangs excités (ou blasés) par une jeunesse tarifée et bruyante, me convient avec son billard central. Un vieil australien bien saoul et bien saoulant me tient un peu la grappe, je lui gagne plusieurs parties. On me propose d’intégrer un jeu qui permet à chacun des présents dans le bar de participer. La mise est de 40 THB, nous sommes 8 participants disposant de 3 points au départ. Chacun son tour tire son coup (de billard que croyez-vous), un seul (on n’est pas des machines) et doit mettre une boule dans le trou (bon c’est du billard !!!). S’il y parvient, il garde ses points, s’il faillit, il perd un point, s’il met la boule noire, il gagne un point supplémentaire. La personne qui a perdu ses 3 points sort du jeu. Le gagnant de l’ensemble des mises est le dernier en jeu. C’est pas mal.
Comme vous l’imaginez, le retour à pieds à l’hôtel est titubant, d’autant que la pluie s’est fortement insérée dans la partie, flic flac floc font mes Reeboks.

Aux pieds du Central Plaza, complexe commercial chic comme on en trouve dans les grandes villes maintenant, sont demeurées les baraques des bidonvilles. Un mur sépare pudiquement les deux mondes. L’aéroport de Khon Kaen est vieux et triste comme sa ville, même le plastique du sèche-mains des toilettes est complètement jauni. La Thaïlande vue du ciel est le plus souvent magnifique, découpée en petites rizières plus ou moins vertes, parfois inondées, au loin les collines en vert plus sombre, la campagne est quadrillée. Autant le sont les abords des grandes villes, les lotissements sont vastes et réguliers, chacun sa cage, c’est déjà bien beau d’avoir un toit. Ne pas se méprendre, je n’ai pas aimé Khon Kaen, mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas aimé y venir. Je cherche justement ces expériences, c’est mon masochisme à moi.

Je suis le roi du timing, atterrissage à 13h47, je suis dans le train pour Lopburi à 14h34. Le train est le moyen de transport le moins cher en Thaïlande, il n’y a pas beaucoup de lignes cependant. Pour faire les 120 kms jusqu’à Lopburi, cela coûtera 40 THB (1 €). A ce prix-là, pourquoi ne pas faire gratuit ! J’emprunte la ligne qui relie Bangkok à Chiang Mai en 16 heures selon l’horaire, mais les trains thaïlandais ayant toujours du retard, il faut compter plus. C’est ce même train que j’avais emprunté pour aller à Ayutthaya il y a 6 mois. Au passage de cette gare, sur le quai de retour, attendent la multitude des visiteurs venus pour la journée et de retour pour Bangkok.

Lopburi est une petite ville réputée pour ses temples khmers en ruines, directement dans la ville, l’un des sites se trouve à la sortie immédiate de la gare. C’est le macaque qui fait la principale renommée de l’endroit. Il pullule partout en ville, avec prédilection pour les fils électriques, les ordures et les temples. Il faut donc être précautionneux car ce peuvent être de vraies saloperies ces bestioles, sacs fermés, pas de nourriture ou de bouteille d’eau en vue, éviter les casquettes ou lunettes trop faciles à prendre, etc. En certains endroits, le nombre est vraiment impressionnant, il me fait penser à certains sites d’Inde. Pourquoi ici particulièrement me direz-vous ? Nous y réfléchirons et en débattrons ultérieurement ensemble si vous le voulez bien.

Je suis au Windsor Resort, chacun sa rillette, un peu à l’écart, très grande chambre sans charme particulier comme souvent, tranquille, 585 THB (15 €) petit-déjeuner compris. Les prix des hôtels sont vraiment très variables d’un endroit à l’autre pour une prestation similaire. Cette étape calme fait du bien après Khon Kaen et avant le retour sur Bangkok.

Les singes ont principalement élu domicile au Phra Prang San Yod. Ils ne pensent qu’à manger et à s’épouiller, ils mangent d’ailleurs le résultat de leur épouillage, c’est mieux de les contourner quand même. Ce temple est une planète des singes à lui tout seul. L’intérieur est fermé de grillages pour que les singes n’y pénètrent pas. S’y trouver donne la curieuse impression d’être soi-même en cage dans un zoo de l’homme. Une cloche sonne, c’est l’heure du déjeuner, les singes percutent et se regroupent à l’endroit du rassemblement, amis pavloviens, Bonjour ! Les habitants ont décidé de nourrir les singes deux fois par jour, ça leur rempli le ventre et ils chapardent moins. A ce sujet, devant mes yeux, un singe a réussi à voler un gros fruit, aussi gros que lui, croyez-vous qu’il partagera avec ses congénères ? Chasse gardée !

La France bat courageusement la Belgique et file en finale, yaouuuh ! Ca valait le coup de mettre le réveil à 1 heure du matin.

Pour moi, Lopburi, comme Ayutthaya, est une bonne excursion de fin de parcours si on ne veut pas rester à Bangkok avant le départ inexorable. Ce peut-être également une étape sur un parcours lent vers le nord, mais dans ce cas et s’il faut faire un choix, c’est Sukhothai et Si Ratchanalai qu’il faut visiter, plus vastes, hors du centre ville et je trouve plus attachants.

Le train de retour est un « ordinaire », il s’arrête partout, le trajet de 3 heures pour Bangkok ne coûte que 28 THB (même pas 1 €). Certaines petites gares perdues dans la campagne toute plate sont mignonnes et fleuries, il n’est vraiment pas compliqué d’obtenir des fleurs dans ce pays. L’arrivée sur Bangkok, une heure avant environ, est un tout autre décor, chantiers sur chantiers, ponts suspendus, routes sur viaducs, doublage de la voie ferrée en hauteur, le béton se compte en milliards de tonnes. Les bidonvilles entourent au ras des travaux. Il n’y a pas d’expropriation ici, on rase tout simplement gratis.

Arrivée à Hua Lomphong, gare centrale de Bangkok, métro jusqu’à Khlong Toei. Je décide de marcher jusqu’à l’hôtel, trois quarts d’heures, on n’a pas toujours la chance d’avoir un pois chiche en guise de cerveau ! Je cherche à prendre des raccourcis et me retrouve dans des ruelles sombres, étroites, encombrées et encrassées. La richesse des habitants semble être les bouts de plastique et d’objets cassés accumulés, rouillés et souillés par moussons et pollution. La plupart des gens sont fripés et répondent à peine à mes sawadee krap, usés par une vie sans espoir de meilleur. Et moi je me balade, tout gros tout repu tout content (mais dégoulinant quand même) en traînant mon gros sac à roulettes, voyageur de pacotille ! Il est bien aisé lorsqu’on a un petit compte en banque en cas de pépin, une assistance aux petits soins pour le moindre furoncle, un consulat ou une ambassade en ultime recours, de jouer à l’aventurier. Et qu’on arrête de geindre sur nos vies misérables d’occidentaux mal léchés en perte de moral.

Dans le métro, la personne bizarre est celle qui ne tripote pas son téléphone, impressionnant, le phénomène est mondial.

Loger à Sukumvit est bien, pratique pour les transports, l’accès à la gare et à l’aéroport. Si on a en tête de visiter le palais impérial et d’être près de la Chao Praya et des khlongs, et qu’on aime la foule vacancière et routarde, Khao San Road est une bonne option.

Visite au nord de la ville, facilement accessible par sky train, du marché Chatuchak, immense, 1.500 stands paraît-il, très propre, ce qui est rare pour un marché thaïlandais, et parfaitement organisé par secteurs. La partie objets, meubles et design contemporains est magnifique. Il y a un grand secteur animalier, les animaux sont encagés et ça couine un peu, chiens, tortues, poules, lézards, même vu des hérissons et autres jamais vus… Je ne m’attarde pas trop. La partie « souvenirs et merdouilles » est partiellement ouverte, son activité pleine doit être le soir, tant mieux. Pour la nourriture, c’est le marché Khlong Toei, à l’opposé, qu’il faut aller voir, extraordinaire, une plongée en vraie Thaïlande, pas de touristes…

Retour en ville et prise d’air frais au Bangkok Arts and Culture Center, organisé comme le Musée Guggenheim de New York avec visite hélicoïdale, l’architecture est magnifique et sobre. Le contenu est souvent décrié, cette fois-ci, les expositions photos sont très bien, dont une sur la misère dans le monde et la programmation de la fin de notre Terre si on ne fait rien, sujet récurrent, et une autre, dérision sur instantanés de moments en Thaïlande. De toutes façons vous ne les verrez pas, c’est temporaire ?

J’achève ce post, tout comme mon voyage, inutile de se laisser tenter par le remplissage. Peu de photos, peu d’images, il faudrait que je change de pays pour cela, pour me laisser surprendre… Portez-vous bien et merci d’avoir supporté mes divagations…

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