One step in Ella /ඇල්ල , Sri Lanka (ou Des Bus et des Bosses)


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Asia » Sri Lanka » Central Province » Ella
March 25th 2015
Published: March 31st 2015
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21 mars



Je quitte Galle en matinée un peu sur un coup de tête.

Je m'enlignais sur une grande ville, à 1 heure de route le long de la côte... mais à la toute dernière seconde, mon plan a changé.

"Don't loose two days in buses. Do one day" que m'avait dit le frisé de l'auberge.

Et il n'avait pas tort.

Tant qu'à faire du bus, allons-y à fond.



Je décide donc de me rendre à Ella, dans les montagnes, bien à l'intérieur des terres de l'île.

Je devrai changer de bus à deux reprises: je prendrai donc place dans trois bus différents aujourd'hui, pour un total de 7 heures à me faire brasser comme un hochet.

C'est très peu cher le transport public au Sri Lanka, mais le confort y est presqu'inexistant.

Du moment qu'on prend place... et que le bus s'active... et puis que l'engin se gave de voyageurs jusqu'à plus faim... c'est terminé la risette.

On s'assied (quand on fait parti des chanceux qui peuvent se poser le popotin),

on patiente

et on tolère.

Voilà tout.



Un pas vers Matara,

un autre vers Haputale

et puis celui pour atteindre Ella dans les montagnes.

L'océan se mute en rizières,

les rizières se mutent en palmeraies...

qui se mutent à leur tour en jardins et en plantations de thé dans les hautes vallées.



Un lézard balourd imite les chiens errants et traverse la route d'un pas assuré.

Une chauve-souris grosse comme un chat endormi se pend d'un fil électrique. On dirait un blouson de cuir rétrécit, accroché en motte pour séché.

Et puis il y a mon voisin de banc qui se colle comme un velcro par manque d'espace aussi.

J'ai chaud.

Est-ce moi qui s'étire trop?

C'est que ça fait trois fois que je me replis sur moi-même comme une lettre qu'on tente de pousser dans une trop petite enveloppe.



Alors qu'on s'approche d'Ella, le bus arrête les moteurs devant un resto mal en point au milieu de nul part.

Les corbeaux sont encore partout, lançant leur crie comme des pentures rouillées.

Dans les présentoirs à bouffe, les mouches s'accouplent et se multiplient.

Je m'agrippe deux bananes en plein croissance et des biscuits chocolatés.

Ici, aucune autre nourriture ne gagne ma confiance.

Je sort du bouiboui, et en posant le pied sur la carpette caoutchoutée à l'extérieur...

Schlack!

Ma cheville se tord comme une canne à sucre.

Schlack!

L'hypocrite carpette cachait des trous comme un piège.

Merde.

Je me rappelle que la même malchance m'avait heurtée au Népal, au nord de l'Inde, voilà déjà plusieurs années.

Cheville twistée.

Et bien voilà que ça devait arrivé ici, au sud de l'Inde.

Heureusement, ça ne semble pas alarmant malgré une légère enflure qui se pointe sans surprise.

Une petite bosse, un gonflement anormal sur un pied presque plat

comme la topographie du Sri Lanka dans le fond.



...



Après toutes ces heures passées de bus en bus, constipant les transports avec la foule sri lankaise, me voilà qui débarque en clopant sur la rue principale d'Ella.

Je peine à porter mes sacs.

Ma cheville mécontente refuse de supporter un quelconque poids.

Je m'installe donc au premier hôtel décent en doutant de mes capacités à faire de la marche en montagnes dans cet état.

Merde.

Je me convaincs donc alors d'opter pour le repos pour le reste de la journée.



22 mars



Ella semble être ni une ville, ni même un village.

Tout a des allures d'opportunisme.

Il y a des hôtels, des restos occidentaux et des tuk tuks le long d'une route principale poussiéreuse où passe les bus croches, les voitures et les camions.

Voilà tout.

Ella a poussé comme un champignon sur une vieille souche.

C'est un pit-stop pour visiter des grottes, des chutes et les montagnes des environs.



Je me sent vidé de ma journée passée dans les transports, et ma cheville me chuchote de ne pas abuser de son appuie.

C'est qu'elle ne s'est pas beaucoup améliorée ce matin.



Alors que je déjeune sur une terrasse mal placée, respirant à chaque gorgée de café l'haleine pétrolifère des camions qui me passent sous le nez, je conclue

que je ne feel pas l'endroit.

J'ai envie de verdure et je dois pour ça m'éloigner du centre d'Ella en traînant mon pied comme un boulet.

Bon.



Et c'est ainsi que je me suis décidé, entre deux bouchées de crêpes au miel, de me donner un élan (de ma jambe la plus solide évidement)... et de reprendre, en serrant les dents, une fois de plus la route.

...



Je serai à Nuwala Elya dans 2 heures.

C'est ce qui est prévu.

La route que mon bus emprunte est encore une fois tracée en S majuscule, à travers des bosses montagneuses qui se couvrent d'un voile vert-bouteille autour de baraquements et de jardins.

Camellia Sinensis.

Le décor est superbement couvert de plantations de thé trimées comme la haie de cèdre infinie d'un domaine en pente où le château serait manquant.



Je suis collé à la fenêtre du bus et pis j'ai mal au cœur.

Mais je pourrais au moins vomir dans un beau paysage.





J'arrive à Nuwara Elya en début d'après-midi.

Ça me donne du temps pour me trouver un hôtel dans cette température magnifiquement ensoleillé.

Mon entorse se tolère. J'arrive à marcher, caché sous la lourdeur de mon packsack.

C'est déjà ça.



Il y a un grand parc central ici, et puis un lac aussi, pour y faire du pédalo assis au fond d'un cygne (!)

Je sent que tout y est pour le repos que j'avais en tête.

J'ai bien fait de faire ce bond imprévu.

...



Je longe les rues achalandées du centre de Nuwala Elya à la recherche d'un resto potable qui saura me faire oublier ce jeûne de ma pénible ascension jusqu'ici.

Aucun restaurant occidental aux alentours. Merde. Moi qui me voyais m'empiffrer urgemment d'une pizza qui tombe lourd dans l'estomac.

Mais tant pis.



Me voilà donc qui entre dans une gargote sri lankaise pour un "Rice & Curry" authentique avec les locaux.



"Rice and Curry authentic with locals" que je lance à l'homme sous sa tuque qui est là à m'accueillir.

"Sit sit" qu'il me dit alors que je me tire une chaise pour enfant Rubermade dans la salle exagérément défraîchie.

Les trois personnes assise dans l'endroit crado me regarde sans mot dire.

Alors que je me demande comment font les gens d'ici pour porter autant de linge à 30 degré Celsius, une tuque rouge à l'effigie de NY dépose sous mes yeux une pelletée de riz blanc et diverses "sploutch" colorées.

Et un verre d'eau aussi ( que je refuserai de boire).



Je me dis que tant qu'à y aller local et authentique, allons-y jusqu'au bout.

Je lève donc ma main droite et la plonge dans le riz comme un échassier.

On me regarde alors que je suis sur le point de manger comme eux leur curry.

Je me sent redevenir gamin alors que je fouille main nu dans les curry et dans mon plat de riz blanc qui, bien vite, devient visqueux et jaunâtre.

Et puis hop!

À la bouche,

sans bavette.

La tuque s'approche alors et me nourri comme un bébé (!?) sans m'avertir, en me poussant un bout de papadum (chips) entre les lèvres(!)

Les yeux sont sur moi alors que je feins d'être en contrôle avec mon absence d'ustensiles.

Remarquez qu'on mange bien nos burgers avec nos mains nous, non?

Bon.

Reste à savoir si ça se digère cette boue qui m'épice présentement la moustache.



Etienne X





Note à Moi-Même:

Acheter un tuk tuk neuf (fait à Chennai, India) coûte 4000$ canadien ici

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