Hong-Kong, deuxième jour : Kowloon


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Asia » Hong Kong
October 2nd 2012
Published: September 7th 2014
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Kowloon


Jour 3 : Kowloon.






Dans la nuit, j’entends l’Allemand qui rentre, mais me rendors sans y prêter grande attention. Le lendemain, lorsque mon réveil sonne à huit heures et demie, il est déjà levé. J’en profite pour lui expliquer mon problème, et lui demande s’il n’aurait pas un adaptateur à me prêter. J’ai de la chance, il m’en tend un, avant de partir. Je me dépêche de brancher mon ordinateur auquel je relie appareil photo, Ipod et portable histoire de tout charger en même temps. Heureusement pour moi, cela va assez vite pour l’appareil photo, ce qui fait que je quitte la chambre vers dix heures, mais prêt à prendre de nouveaux clichés. Au programme : Kowloon et ses différents marchés variés. J’en ai dénombré une demi-douzaine, et, dans l’idéal, j’aimerais en faire un ou deux avant d’aller dans un très bon restau pas cher indiqué dans mon guide. Problème, je suis sorti assez tard à cause de ces problèmes de batteries, et le guide dit que si je n’ai pas réservé, ça ne sert à rien d’arriver au restau après onze heures et demie. Pour traverser jusqu’à Kowloon, deux options sont possibles : soit le métro, soit le Star Ferry qui fait la liaison entre les deux berges de la baie. Le ferry n’est qu’à 2HK$, alors autant savourer une traversée en bateau. Le soleil est haut, et le ciel moins couvert, ce qui fait que je peux savourer avec le spectacle avec discernement.



Quelques minutes plus tard, me voici à l’embarcadère de Kowloon, perdu à nouveau dans la foule, même si ici, le port et l’entrée de la ville ont l’air un peu plus horizontaux. Je longe la rive en passant devant le beffroi de Kowloon, et le Hong-Kong Museum of Space, jusqu’à gagner le métro. Il est onze heures, ça va faire juste pour faire un marché avant le restau… J’accélère le pas, et entre donc dans la station la plus proche : East Tsim Tsa Shui. Une chose à savoir avec le métro de Hong-Kong, c’est que les stations sont quasiment aussi longues que les distances qui les relient. Sincèrement, c’est de la folie, elles s’étendent sous terre sur des centaines de mètres. Celle où je me trouve actuellement m’a l’air particulièrement coriace : elle une vingtaine de sorties différentes réparties un peu partout. En plus de cela, comme elle est située juste à côté du port, elle est utilisée par un nombre très important de gens. Et à Hong-Kong, un nombre très important de gens attire les magasins : du coup, j’ai un peu l’impression de me retrouver dans une galerie marchande souterraine, plus que dans un métro, sérieux, on se croirait à Euralille. Après avoir marché (je ne mens pas) une vingtaine de minutes jusqu’à trouver le quai d’embarquement, je finis par prendre une rame qui m’emmène à Mong Kok, la station du restaurant. Vue l’heure, il est trop tard pour tenter un marché, sinon, je risque de me retrouver sans table. Je sors donc à Mong Kok, et me mets à la recherche du Tim Ho Wand situé rue Kwong Wa. Le problème, c’est que je suis incapable de localiser la rue Kwong Wa : en effet, elle n’apparait sur aucune des cartes, et lorsque je demande aux commerçants du coin, ils me disent qu’ils ne la connaissent pas. Well… après avoir arpenté les rues pendant une demi-heure, je dois me faire à l’évidence, je me passerai du Tim Ho Wand.

Problème maintenant : où manger ? J’ai l’air d’être dans un coin moins touristique que la veille, et les prix chutent, mais, soit je tombe sur des restaus encore trop chers, soit je tombe sur des trucs miteux qui me font un peu hésiter. Finalement, je me dis que tant qu’à faire, je vais encore essayer un truc local ; au pire, si je fais une allergie, c’est le midi, et ce n’est pas grave si mes médicaments m’empêchent de dormir à cette heure-ci.

Je rentre dans une espèce de petit café, pas vraiment un café, mais beaucoup trop petit pour être qualifié de restaurant. Je vois le cuisinier à l’entrée qui semble préparer des dim sum, spécialité hongkongaise, alors je commande une soupe avec des dim sum à la crevette en priant le ciel pour qu’ils ne soient pas assaisonnés à l’huile d’arachide. Lorsque la serveuse me la ramène quelques instants plus tard, je lui demande en chinois si elle n’aurait pas du thé. Elle revient quelques instants plus tard avec une fourchette… Nope. J’essaie cette fois en anglais, mais elle ne comprend rien, alors un des clients assez jeune lui indique ce que je veux. Victoire, la revoilà cette fois-ci avec un verre de thé noir. Je goutte une gorgée : c’est bouillant et super amer. En attendant qu’il refroidisse un peu, je jette un coup d’œil à ma fameuse soupe qui m’a l’air malgré tout très attirante : de l’eau chaude, des herbes, des nouilles et les fameux dim sum à la crevette, ma foi, il est grand temps d’y gouter. Je saisis une paire de baguettes dans un pot sur la table, avant de remarquer qu’elles n’ont pas l’air très clean. Un petit coup de serviette avant (on n’est jamais trop surs), et me voilà empoignant un dim sum : délicieux. La soupe est très parfumée et les nouilles… bah ça reste des nouilles. Je retente une gorgée de thé, mais il est toujours trop brulant. Sans demander mon reste, je déguste cette soupe qui est vraiment un régal. Pendant ce temps, la serveuse tourne autour de ma table et semble m’observer du coin de l’œil. Je ne sais pas vraiment pourquoi, si elle a peur que je m’enfuis de son restau sans payer, mais en tous cas, je ne lui prête pas grande attention. La soupe terminée, je goutte mon verre : encore très chaud, mais buvable cette fois. Je le finis rapidement, et paie l’addition : 21 HK$ (!). Dommage que je ne reste que quelques jours, j’avais une bonne adresse sinon.

Le problème avec la soupe et le thé, c’est que ça désaltère peut-être, mais ça ne rafraichit pas vraiment. Juste en face du restau, j’aperçois un mini-parc, avec, ce qui ressemble à des jeux pour enfants au centre (même si ce sont en fait les vieux qui viennent y faire leurs exercices). Je me pose sur un banc à côté d’un gros chinois qui semble faire la sieste et savoure la douceur de l’ombre. J’avise même avec joie une petite fontaine d’eau potable : tel un parfait voyageur, je sors ma gourde de mon sac à dos, la remplis à ras bord, puis la bois jusqu’à la dernière goutte, avant de la remplir à nouveau. Bon, ce n’est pas tout ça, mais il est treize heures, et je n’ai toujours rien fait de ce que j’avais prévu.

Soyons méthodiques et commençons par ce qui est le plus proche de nous : je tente par tous les moyens de gagner le Fa Yuen Market, mais j’ai l’impression qu’il y a un problème avec ma carte. En raisonnant rationnellement, elle me mène vers des rues qui n’ont pas le même nom sur la plaque que sur la carte. Du coup, après m’être perdu pendant une nouvelle demi-heure, je gagne le métro, ça ira plus vite. Je descends à Prince Edwards Station, la suivante, d’où je gagne Fa Yuen Street beaucoup plus facilement. C’est une longue rue, pas si large que ça, où, des deux côtés sont disposés des sortes d’étals où les vendeurs proposent à la foule des objets des plus variés : ça va des fruits et légumes, en passant par les vêtements, sans oublier les écouteurs etc. La rue est bondée, mais ça reste un spectacle intéressant, bien plus vivant que les forêts de gratte-ciels glacials d’hier. Je remonte la rue qui s’étale sur plusieurs centaines de mètres en direction du Goldfish (poisson rouge) Market. Laissant de côté ma carte à laquelle je ne fais plus confiance, je ne me fie plus maintenant qu’au soleil : ce dernier se lève à l’est et se couche à l’ouest, il est environ quatorze heures, mon ombre est à ma droite, donc je marche logiquement vers le sud. Sauf que je fais encore quelques centaines de mètres avant de réaliser que je ne suis pas où je devrais être. Du coup, je demande à un passant où se trouve le fameux marché aux poissons rouges, et ce dernier m’indique exactement la direction d’où je viens. C’est bizarre ça. Je réfléchis un peu avant de comprendre mon erreur : c’est pas ton ombre le repère, idiot, c’est le soleil. Donc si ton ombre est à ta droite, le soleil est à gauche teubé, et tu ne marches donc pas vers le sud, mais vers le nord ! Une fois cette difficulté réalisée, ça va tout de suite beaucoup mieux.

Me voilà au beau milieu de la rue du fameux marché, je comprends rapidement pourquoi : tous les magasins vendent des poissons rouges. Ils proposent aussi de nombreux autres poissons, voire des tortues, et dans quelques-uns j’aperçois des reptiles. Certaines boutiques vendent les animaux, d’autres le matériels pour les héberger et les nourrir. A l’entrée on distingue généralement une espèce de murs recouvert de sachets remplis d’eau contenant chacun un petit poisson. C’est très déroutant, mais aussi très esthétique. Si l’on s’enfonce plus en profondeur dans le magasin, on aperçoit alors différents aquariums, plus ou moins importants contenant des poissons de toutes les tailles, formes, et couleurs imaginables. J’ai comme l’impression que les normes sanitaires européennes ne sont pas vraiment respectées ici, et me demande un peu si tous les poissons évoluent dans des conditions qui ne nuisent pas à leur survie, mais je balaie rapidement cette idée. Après tout, je suis là pour admirer le spectacle, pas pour le gâcher.

Assez enthousiaste, je poursuis ma route vers le Flowers Market, non loin de là. Sur une longue rue, s’étalent une nouvelle fois des magasins proposant fleurs et bouquets à foison. Comme j’ai un programme chargé, je ne rentre pas dans tous les magasins, mais j’avoue que je suis un peu déçu. J’ai tellement vu de choses extraordinaires, que le spectacle, bien qu’éblouissant, m’apparaît un peu fade.

Pour autant, je suis enchanté par le Marché aux Oiseaux qui se trouve juste au bout de la rue du Marché aux Fleurs. Je suis immédiatement accueilli par une forte odeur et une cacophonie de pépiements en tous genres. J’aperçois des cages un peu partout : sur le sol, posées sur des meubles, accrochées en l’air à un crochet. Ça piaille dans tous les coins, mais c’est un spectacle assez réjouissant. Je dénote une trentaine de « stands » différents (je ne vois pas comment les appeler autrement) où des vendeurs offrent volatiles, équipements et… oui, c’est bien ça, ce qui ressemble à des sacs pleins de sauterelles vivantes. Je m’approche et découvre que l’odeur lourde qui règne sur le marché ne provient pas des oiseaux, mais des insectes en tous genres (sauterelles, mites, chenilles, papillons) que proposent les vendeurs. Ces gens font-ils vraiment cela tous les jours ? On dirait bien oui… J’aperçois un cacatoès qui jacasse avec volubilité. Un enfant le fait taire en le prenant sur son bras et en lui caressant la tête. Je continue ma route, et cette fois, c’est un ara énorme et imposant aux couleurs vives qui retient mon attention. Il est vraiment magnifique. Une chinoise qui semble s’ennuyer le taquine en lui assénant de petites tapes sur les ailes. Il répond en sautant sur son dos, et, tous deux, s’en vont en courant et en hurlant, c’est assez comique. J’arrive dans la partie du marché, et reconnais de jolies cages tressées en osier, dans lesquelles sont disposées trois minuscules « bacs » en porcelaine peinte, contenant des graines ou de l’eau pour l’occupant de la cage. Encore une fois, c’est incroyable de voir ces gens, beaucoup de vieux, principalement des hommes, vivant dans un autre âge, au beau milieu des gratte-ciel.

Enchanté par le spectacle auquel j’ai assisté, je mets le cap vers le nord. Direction les New Territories (pas très loin de Kowloon cependant) pour visiter un temple taoïste : le Sik Sik Yuen Temple. Je sors du métro et tombe immédiatement dessus : c’est un temple immense, bien plus grand que le temple Man Mo d’hier. Il a l’air aussi d’être bien plus plébiscité, par ce qui me semble d’abord être des touristes, mais je dirais qu’au moins un tiers des visiteurs sont là pour y prier. Le temple est richement orné, la porte principale est encadrée de deux dragons massifs et imposants. Lorsqu’on entre, on tombe dans une espèce de très large cour, où sont disposées douze statues d’ébène l’entourant. Chacune représente un signe astrologique du calendrier chinois, le tout est des plus impressionnants. Après être resté là un petit moment, j’entre dans le temple proprement dit : une énorme salle en plein air où brûlent des tourbillons d’encens, où sont disposées des lanternes, et où s’agenouillent des dizaines de personnes. Le spectacle, tellement étrange aux yeux d’un occidental, a de quoi couper le souffle. Au centre de la salle de prières se trouvent environ cinquante personnes, chacune sur une espèce de petit tapis. Ils s’agenouillent régulièrement devant les statues des divinités qui leur font face, posent des bâtons d’encens, et disposent à côté d’eux des offrandes, principalement des fruits et de grosses oranges vertes, mais j’aperçois aussi un canard laqué, emballé dans une boite. Ça parait tellement loin du monde dans lequel on peut vivre en France, que je ne sais pas trop comment réagir.

Je continue ma route qui, après m’avoir emmené devant plusieurs autres statues de divinités, me conduit devant une large porte à l’arrière du temple. Un peu intrigué, je la franchis et change totalement d’univers : je suis maintenant sur une large passerelle en pierre, qui est en fait un pont qui traverse un petit étang. Des arbres, de l’eau qui coule, le contraste avec l’agitation du temple est saisissant. Je suis arrivé dans le jardin du temple où le temps semble s’être arrêté. Devant tant de calme et de beauté, je m’arrête sur un des pavillons qui surplombe l’étang et m’y assieds pour admirer le spectacle. Derrière, la grande porte d’entrée où l’on peut vaguement apercevoir le temple et ses fidèles. Si l’on se rapproche un peu, on voit les bâtiments richement décorés s’effacer pour céder la place au très large bassin où l’eau est d’un vert de jade magnifique. Des statues de dragons sont implantées de chaque côté du pont et crachent de l’eau dans les bassins. Des allées où la végétation est savamment entretenue entourent et sillonnent l’étang, dessinant des courbes des plus harmonieuses. Elles se croisent et se rejoignent parfois en de petits pavillons très simples, mais très esthétiques. Même les gratte-ciel pourtant environnant semblent s’être évaporés derrière les grands arbres qui entourent le jardin. L’endroit est rempli de poésie : le doux crépitement de l’eau, le pépiement des oiseaux, tout est si calme. Le vent agite doucement la branche d’un bambou, pendant que la carapace d’une tortue qui émerge de l’eau vient en troubler la surface. Vert, gris, rouge, or, le temps semble s’être arrêté. Après toute l’agitation des marchés, le bruit strident des feux de circulation, la forte odeur d’encens et la multitude constante de gens qui m’entoure, j’échoue dans un véritable havre de paix. Devant tant de poésie et d’harmonie, je passe au moins une heure et demie sur mon pavillon, en prenant des notes pour le blog, tout en savourant le spectacle.

Malheureusement, l’endroit ferme à dix-sept heures trente, ce qui fait que je suis obligé de quitter mon repère, et de rompre le charme. Je sors du sanctuaire et me revoilà dans le vrai monde : immédiatement, la multitude de gens et les gratte-ciel me font remettre les pieds sur terre, et me rappellent la réalité environnante, un instant oubliée. Je suis au nord de Kowloon, et il me faut descendre vers le sud pour continuer la suite de mon programme : le Ladies Market et, si j’ai le temps, me poser un peu au Kowloon Park. En attendant, je commence à avoir faim et, étant donné que le repas du midi a été très raisonnable, je compte bien m’offrir un petit goûter. J’avais repéré à Mong Kok en cherchant le restau ce midi, des pâtisseries typiques qui m’avaient l’air bien appétissantes, du coup, j’y retourne en métro, bien décidé à y goûter. Malheureusement, impossible de les retrouver. Tant pis pour moi, je continue ma route jusqu’au Ladies Market, mais, étant donné qu’il est dix-huit heures passées, ce dernier touche à sa fin. Je le traverse rapidement sans pour autant le trouver génial (j’aurais dû venir plus tôt).

Bon, que fais-je ? Il est assez tard, et j’ai prévu Kowloon Park ainsi qu’une petite promenade le long du front de mer sud de Kowloon avec notamment la fameuse Avenue of the Stars, consacrée aux grandes étoiles du cinéma chinois et cantonnais. Problème, ma carte de métro commence à être vide, et si je veux la recharger, c’est 50HK$ minimum. Le problème est vite réglé : le ventre avant les pieds ; je choisis de descendre tout Kowloon à pied, de passer par le parc, avant d’arriver jusqu’au front de mer. Plus facile à dire qu’à faire parce qu’il y a quelques kilomètres à faire…

Je gagne la Nathan Road, principale artère qui traverse Kowloon de haut en bas et commence à la descendre observant les magasins qui défilent devant moi : montres, vêtements, épicerie, montres, maroquinerie, bijouterie… Je croise un moine bouddhiste qui me demande de l’argent : Ttt Ttt pas de ça avec moi bonhomme, les vrais savent qui sont les vrais, demande à Matteo (en effet, j’ai lu dans le Lonely Planet que les moines qui font l’aumône sont en fait des imposteurs qui escroquent les touristes charitables ; les vrais ne demandant jamais d’argent). Je reprends ma route : bijouterie, banque, montres, Nescquick, pharmacie… hop hop hop hop hop, j’ai cru voir un lapin brun moi ! Je rebrousse chemin de quelques pas, et, en effet, je découvre avec ferveur un énorme pot de Nescquick affiché en vitrine. Je rentre dans le saint lieu, avec l’humilité d’un chevalier qui aurait trouvé le Graal, et commence à faire le tour de l’épicerie. Je me rends compte que c’est en fait un magasin pour expats occidentaux : on y trouve en effet des produits variés venant d’Europe ou d’Amérique. Derrière une boite de Krisprolls, je l’aperçois enfin, siégeant de toute sa magnificence sur son trône de plastique. Un bref coup d’œil vers le bas : 69HK$. Aoutch, sur le moment, ça fait mal, mais je me dis que les pots que j’avais vus hier au supermarché pour 40HK$ devaient être au moins cinq fois plus petits. Et puis de toutes façons, c’est du Nescquick, y a pas à discuter.



Le sac à dos un peu plus lourd, je continue ma route vers le Kowloon Park. Au bout d’un moment, j’avise une « pâtisserie » : c’est en fait un stand en pleine rue qui vend des spécialités, un peu comme la Gueulardière rue de Béthune, mais façon hongkongaise. Attiré par l’odeur, je m’approche et découvre des viennoiseries intéressantes : d’abord des espèces de plaques de petits croustillons en forme d’œufs alignés tous ensemble, puis des genres de baozi (littéralement des sacs de pâte) enveloppant ce qui ressemble à une pâte de fruits, le tout cuit à la vapeur. C’en est trop pour mon ventre qui ne peut résister : j’achète un de chaque pour seulement 16HK$ ; il se fait tard et ça m’a l’air très consistant, ça constituera mon repas de ce soir.

Je reprends ma route et marche encore un kilomètre ou deux : logiquement, je ne devrais plus être très loin du parc, quand soudain, j’entends un bruit que je connais bien. Je fais quelques pas et regarde sur ma gauche : non, je ne m’étais pas trompé, c’est en effet un terrain de badminton (deux en l’occurrence), où un match des plus vigoureux fait rage. Afin de calmer mes pieds qui souffrent le martyre à force de marcher sans cesse depuis deux jours (j’aurais dû faire l’acquisition de chaussures de marche, au lieu de ces baskets à la semelle trois fois trop fine), je me pose sur un banc, sors mes pâtisseries, et m’en délecte tout en admirant le match. Pause réparatrice pour mes yeux qui savourent un joli spectacle : les joueurs sont vraiment très bons, pour mon estomac qui apprécie énormément les « croustillons-œufs » et les baozi, et pour mes pieds qui ont le temps de souffler un peu, après tout ce que je leur ai fait endurer. Les idées un peu remises en place, je me rends compte du caractère assez incroyable de la scène : je suis en train d’assister à un match de badminton en plein centre d’Hong-Kong, alors qu’il fait nuit noire, et que les deux pauvres terrains sont encadrés par des gratte-ciel qui montent jusqu’à en avoir mal aux yeux. Voyant qu’ils ont un admirateur, une fois leur match terminé, les joueurs me proposent d’échanger quelques volants avec eux. C’est pas l’envie que me manque, mais, d’abord, je n’ai pas de raquette ni de tenue appropriée, ensuite, il fait extrêmement chaud, et surtout je pense que mes pieds ne seront pas d’accord. Je les remercie néanmoins et poursuis ma route.

Je finis par arriver au fameux Kowloon Park. Un endroit très joli, même s’il fait un peu trop noir pour pouvoir admirer pleinement le spectacle. Je finis par choisir un banc dans un coin paisible. Je suis entouré d’arbres de tous les côtés, à l’exception de devant : en effet, j’ai face à moi un assez grand bassin parsemé de mini-îles, où sont plantées des plantes impossibles à décrire dans l’obscurité. Les seules sources de lumière viennent des gratte-ciel, assez éloignés, et du bassin lui-même : en effet, sur, et même sous l’eau sont disposées des lumières qui donnent à l’endroit un aspect féérique. J’ouvre mon sac, jette un coup d’œil amoureux à ma grosse boite de Nescquick, et finis mes gâteaux hongkongais, que j’arrose de l’eau encore fraiche de ma gourde (oups, je me rends compte ensuite qu’on ne peut ni boire ni manger dans un parc sans prendre une lourde amende). Je laisse vagabonder mes pensées, quand mon attention est soudain attirée par le ciel : il est vingt heures et la Symphonie des Lumières commence. Les arbres entourent tout mon horizon à l’exception d’un carré de ciel, juste en face de moi. Pendant vingt minutes, j’admire ce bout de voute céleste, zébré de rayons verts et blancs. Tel un spectateur au cinéma, j’observe avec enthousiasme le spectacle qui se joue dans le ciel, mais qui se reflète aussi dans le bassin. C’est quand même ahurissant que moi, Antoine Duquennoy, étudiant qui a habité à Wattrelos quasiment toute sa vie puisse contempler un tel spectacle. « Mais pourquoi tu as choisi la Chine, alors que tu aurais pu partir bien moins loin pour être plus proche de ceux que tu aimes ? ». Pour pouvoir vivre des moments extraordinaires comme ceux-ci, tout simplement.

Je me perds ensuite dans des réflexions plus ou moins philosophiques qui convergent toutes vers au moins un point : les voyages, l’ouverture sur d’autres cultures (que l’on apprécie ou non), et la confrontation à l’inconnu sont des étapes fondatrices et des expériences qui forgent véritablement la personnalité d’un homme, et ce qu’il deviendra plus tard. Fatigué de penser, je jette un coup d’œil à la dame qui vient de s’asseoir sur le banc voisin : asiatique, la trentaine passée, très élégante, elle sort de son sac un carnet et un beau stylo et commence à écrire. Excellente idée, je sors mon petit cahier de brouillon, et tente de mettre sur papier le compte rendu de ma journée. Une température idéale, une lumière juste assez puissante pour permettre d’écrire, un cadre magnifique, les minutes s’écoulent les unes après les autres. Les seuls troubles à cette harmonie sont les feuilles des arbres qui tombent irrégulièrement sur l’eau, dont elles viennent rider la surface. Ma voisine, malgré les coups d’œil qu’elle me jette parfois, continue d’écrire. Ça se trouve, je suis assis sans le savoir à côté d’une écrivaine hongkongaise de renom qui s’attèle à son nouveau roman. Ça se trouve, je serais peut-être aussi un des personnages de ce nouveau roman. En tous cas, si j’étais écrivain, c’est comme ça que je ferais : je me poserais dans un endroit de mon choix, choisirais avec soin une personne, et l’observerais avec la plus grande attention, en essayant d’imaginer sa vie, et de broder dessus en extrapolant une histoire. Quel beau métier que celui d’écrivain…

Mon doux rêve éclate avec les hurlements d’une bande de gosses qui viennent briser cette élucubration d’Antoine. Trop tard, le charme est rompu. Je me lève, salue ma voisine qui me répond d’un sourire, et quitte cet éden. Après être passé devant une foule de grandes marques et de publicités de plus en plus insupportables et écœurantes (mon corps commence à faire un rejet de tout ce qui m’entoure), je finis par atteindre le front de mer. Le spectacle est magnifique : j’aperçois en face de moi Hong-Kong Island qui brille de mille feux, et dont les buildings étincèlent. Finalement, c’est plus beau de loin que de près. Je longe la jetée, parcours rapidement l’Avenue of the Stars (bondée pour changer). Je suis un peu déçu, j’aurais bien aimé prendre des photos, mais la batterie de mon appareil m’a lâché en plein milieu de temple cette après-midi.

Tant pis, un peu fatigué, je reprends l’Avenue en sens inverse et prends le métro jusqu’à ma chambre où je retrouve Simon qui s’apprête à aller se coucher. Il me raconte qu’il est allé sur Lantau Island voir le gros Bouddha, mais qu’il a attendu des heures avant de pouvoir prendre le téléphérique. C’est noté, je tiens compte de ses remarques, car c’est ma destination de demain. Après avoir pris une douche et branché mon appareil photo, j’essaie de trouver le sommeil, mais mes pieds me font tellement mal, que je dois attendre une bonne heure avant de succomber.


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