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Published: October 4th 2015
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Je m'attarderai un peu sur Guilin que j'avais voulu visiter depuis pas mal de temps déjà. Guilin, capitale du Guanxi, est à l'échelle chinoise, une petite ville de campagne, pas très éloignée de la frontière vietnamienne.
Ses paysages improbables de montagnes de karst et ses pêcheurs au cormoran iconiques en ont fait une destination que j'ai choisi d'inclure à notre programme.
Par manque de temps, nous n'y avons cependant passé que deux jours.
Ces deux journées ont plutôt bien commencé avec deux chinoises que nous avons rencontrées dans la rue, qui nous en ont appris beaucoup de choses sur les français. Je savais que l'on avait la réputation d'être romantiques, mais jamais on ne m'avait dit que nous avions une haleine de bonbon. Clairement, elles ne nous ont pas vu après une semaine de transsibérien ...
Le lendemain, direction Yangshuo, petit village mitoyen où l'on prévoit de louer un vélo pour aller partir explorer la campagne chinoise. On décide de pimenter un peu les choses en prenant un tandem pour tous les deux. Encore une idée de génie...
Car une fois sur la bête en question, on se rend compte qu'il tombe en ruines, et peut à peine nous supporter
tous les deux. La chaîne est rouillée, les pneus à moitié plats, pas de vitesses, pas de sonnette, et, cerise sur le gâteau, pas de freins. Bah oui, sinon, ce n'est pas drôle. Surtout quand on sait comment conduisent les chinois.
Par un miracle, on réussit à s'extirper de la fureur de la ville à coups de pédales crouissantes pour s'enfoncer dans les terres.
Les collines rocheuses apparaissent, tapissées d'un manteau vert parsemé, laissant entrapercevoir des bouts de chair grise et rocailleuse.
Nous voilà dans la campagne chinoise, avec ses rizières au vert-jaune éclatant, ses vergers aux fruits à pain généreux, ses porcheries empestant et ses viviers foisonnant, ses paysans à la peau sombre et tannée, aux mains calleuses et aux sourires édentés.
La silhouette incongrue et pittoresque des montagnes se reflète parfaitement dans l'eau impassible, créant une symétrie souvent déconcertante. Alors que l'on traverse un minuscule chemin de terre, on est interpellés par un vieux paysan au T-shirt bleu éclatant qui nous indique que l'on fait fausse route.
Avant même que l'on ne puisse lui demander des précisions, il attache son buffle d'eau à un arbre et s'approche de nous. Il nous pointe la direction du
doigt et nous escorte jusqu'au fleuve. Avant même que l'on ne puisse lui dire quoique ce soit, il nous sort un radeau de bambou de derrière les roseaux et nous propose de traverser. Osant à peine y croire, je lui demande si la traversée est offerte ce à quoi il répond par l'affirmative. Et sans plus de procédé, nous chargeons le tandem à bord, puis montons tous les trois sur ce frêle esquif.
L'onde est paisible et d'un vert de jade, et notre Charon s'aide d'un long bambou qu'il plonge dans l'eau pour nous faire avancer.
Arrivés à terre, il cueille une feuille qu'il chiffonne, et écris avec sur le sol en béton : "40". En l'espace d'une seconde il perd toute l'estime que l'on lui portait en louant sa serviabilité. Nous lui donnons son argent avec un regard froid et, désillusionnés, rentrons à l'auberge avant la tombée de la nuit. Comme quoi, même au milieu de nulle part on peut encore tomber dans un vulgaire piège à touristes...
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