Shenzhen / 深圳市, Chine (Du Mandarin et des Mandarines)


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China's flag
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February 15th 2015
Published: February 15th 2015
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13 fév

(Toujours à Hong Kong)



Je me lève de bonne heure ce matin. Bien avant les deux chinois qui eux, dorment encore dans le minuscule dortoir.

En bedaine, l'un d'eux ronfle sur le dos.

Il ressemble à une statue de Bouddha qui aurait chavirée.



Je descend de mon lit instantanément et me rend à la salle commune pour profiter du "Free Coffee" instantané.

J'aurai effectivement besoin de caféine aujourd'hui. Ça risque d'être une journée particulièrement remplit et pleine de surprises encore une fois. C'est que dans quelques heures, je quitte l'île de Hong Kong et traverserai la frontière pour mettre pieds sur le continent chinois, Pays le plus populeux de la planète.



Je prends le bus, puis le métro, et me rend jusqu'à Lo Wu où je passerai à Shenzhen (Chine).



Hong Kong me laisse partir sans anicroche.

Et c'est après quelques mètres de marche que je me retrouve à l'entrée de la Chine Continentale.



Derrière sa vitre, la douanière chinoise porte un masque chirurgicale qui lui cache la moitié du visage.

Regard sévère.

Elle analyse mes infos personnelles dans le passeport et confirme la véracité des renseignements sur son ordinateur.

Elle s'assure que la lettre E de mon passeport est la même qu'à son écran.

Puis le T.

Et le I.

Et ainsi de suite.

Lettres romaines.

Décidément, ce n'est pas ce genre de pictogrammes qu'elle utilise à la maison.



Et puis enfin, elle étampe solennellement mon visa, me regarde, et puis hoche la tête.

C'est mon coup de départ ça.

Comme un marathonien-voyageur.

À vos marques, prêt, partez: on vient de m'ouvrir la barrière,

on me donne accès à la Chine.



Je m'éloigne de la douanière avec mon lourd packsack

et entre

dans une fourmilière.



La différence est marquante d'un côté à l'autre de la frontière.

C'est terminé les indications traduites en anglais.

Je ne déchiffre plus rien.

Je suis l'image du gars figé avec ses bagages au milieu d'une foule en mouvement.



Je ne sais pas par où commencer.

Je n'ai plus vraiment de repères.

Je ne sais pas exactement par quel bout l'agripper cette Chine.

Je ne sais pourquoi, mais c'est là, à ce moment même, que j'ai décidé d'aller m'assoir

au Kentucky Fried Chicken.



...



Après avoir prit quelques notes, et m'être fait réconforté par le Colonel du poulet frit, me voici donc qui prend le métro comme un chinois.

Shenzhen est une grande ville et les citadins ne sont aucunement impressionnés par ma présence. Je cherche à croiser des regards dans mon wagon mais les travailleurs ont les yeux rivés sur leurs écran de cellulaires.



Pour l'instant, ce que je vois n'a rien à voir avec l'image que je m'étais fait du Pays.

Tout est remarquablement propre et ordonné. Le choc culturel est moindre que ce que je j'avais cru au départ.

La Chine a hautement réussit sa première impression.



Je descend du métro et suit les indications vagues que je m'étais noté pour rejoindre mon auberge de Shenzhen.

Personne ne parle anglais.

J'ai un nom de rue et une adresse griffonnés sur un bout de papier.

Des chinois me pointent des directions.



Après analyse, tout porte à croire que je dormirai dans cette tour à logements en briques rose juste là.

Fomo Hostel. Bloc appartement. 31e étage.

Curieux endroit pour ouvrir une auberge de jeunesse ça. Mais bon.

C'est toutefois un super lieu pour loger... et souffler un peu.

Et puis j'ai accès à la terrasse sur le toit aussi, avec vue sur l'immense mégapole et ses gratte-ciel illuminés.

C'est hallucinant l'ampleur de la ville vue de haut.

C'est ici que vie 14 millions de citoyens chinois.

Et ça, c'est le 1/103e de la population de la Chine.



...



Après avoir reprit mon souffle, j'agrippe solidement ma Nikon et me lance dans la découverte de la ville au coucher du soleil.

Tout ici est de béton et de néons, un peu comme l'était Hong Kong.

Les rues sont incroyablement balayées, à la limite de l'excessif.

Les gens sont polis, respectueux et sobres.

Je suis bouche-bée par l'amabilité des chinois que je croise.

Je me sent aucunement intimidé ou en quelconque danger.



Une jeune fille au gilet jaune m'aborde timidement et me souri en mandarin.

On ne se comprend pas.

Elle me donne une rose en plastique (!?) et me lance maladroitement un "Welcome China".

On se regarde

et elle s'éloigne sans malice en me secouant la main d'un au revoir.

Gratis.

Comme ça.

Et vous savez quoi? Je ne suis pas tant étonné que ça se soit passé cette amicale attention. C'est qu'il règne ici une calme résilience et un profond respect des autres chez les chinois.

C'est vrai que je ne comprend rien du tout de ce qu'ils se disent vous savez. Qui sait... ils sont peut-être super vulgaires dans leurs propos? Peut-être qu'ils s'envoient chier en souriant sans arrêt aussi?

Mais hors de leur capsule langagière, disons que je ne me sent aucunement menacé.



Je marche donc dans le centre-ville mouvementé de Shenzhen, au travers des lumières alarmantes des magasins et sous les larges écriteaux incompréhensibles suspendus au dessus des entrées de restaurants.

Je réalise bien vite que je manque de liquidité.

Je me cherche donc un guichet pour y retirer des Yuans.

Mais la première banque me refuse le retrait.

Et puis la deuxième aussi.

Et puis la troisième.

Et l'autre aussi.

Je suis nerveux.

C'est un sentiment terrible que de ne pas avoir accès à son argent loin de chez soi.

Je pense à d'autres alternatives alors que je cherche désespérément des guichets automatiques à essayer.



Pourvu qu'une des machines ne me gobe pas ma carte débit!



Et puis, c'est à la sixième tentative (!) qu'heureusement, j'ai eu accès à mon compte de banque et à des Yuans tout neufs.

Ouf.

Les chinois à la banque ont dû me trouver bien étrange de danser le Gangnam Style devant le guichet vous savez.

Mais je me sentais vraiment Gangnam Style à ce moment là je vous le jure.



Bien. Maintenant que j'ai de l'argent en poche et que, conséquemment, mon stress a baisser d'un cran, je peux me permettre de fouiner un peu plus la ville animée.

...



Accroché à mon trépied et ma Nikon, j'entre dans un marché public à l'insu des vendeurs.

Incognito (!), je m'installe devant le poissonnier pour avoir une belle vue d'ensemble.

Ça coupe la viande au hachoir ici.

Bien vite, on me remarque.

Les chinois se mettent à rire et à parler entre eux dans le marché.

On m'encercle. Ça s'excite.

J'ai créé une commotion chez les charcutiers.



Les enfants s'approchent et me fixent.

C'est la fête

et je souri

car c'est tout ce que je peux faire sourire.



Je photographie un enfant qu'une mère vient de pousser dans mon champs de vision.

Il morve.



Des vendeurs de fleurs m'attirent ensuite à l'extérieur et me font signe d'immortaliser leurs pots de fleurs sur photo.

Je souri.

C'est la commotion chez les fleuristes.



Et le marchand de fruits s'y mets aussi.

Je ne comprend rien de rien de ce qui se dit.

Ça se jase en mandarin.

Et pis je suis là, au milieu de la cohue

à photographier

des mandarines.



...



Tout juste avant de retourner à l'hostel, je décide d'aller me nourrir dans un restaurant illuminé par une série de néons rouge.

Leur menu présente une panoplie de repas à base de fruits de mer.

J'entre

et l'hôtesse me fait signe d'aller à l'étage supérieure.



Me voilà donc qui prend place dans une salle emboucanée où des familles partagent des plats autour de tables circulaires qui tournoient comme des gramophones.

Ça fume et ça parle mandarin.

Je pointe une image de plat de nouilles aux crevettes dans le menu.

La serveuse hoche la tête.

"Tsingtao" que je lui dit aussi. C'est ce que je connais pour l'instant.

Le temps de feuilleter un peu mon Lonely Planet que déjà, la serveuse dépose devant moi une bière (bien joué)

et le plat de nouilles...

...qui n'est pas un plat de nouilles (moins bien joué) .

C'est en fait six crevettes mouillées de mayonnaise et roulées dans un croustillant aux allures de Fritos.

Cruuunch! Je mord dans un des crustacé et surprise, la mayonnaise est rehaussée de Wasabi, ce qui me tire les larmes aux yeux comme si je venais de me frapper l'orteil sur le coin du lit.

J'essai de ne rien faire paraître... mais à chaque bouchée, j'ai la lèvre inférieure qui rebondit.

Devant moi, une mignonne chinoise me regarde.

Je la vois me voir.

Je lui souri entre deux bouchées moutardées.

Et me voilà donc avec la face déformée

qui lui grimace maintenant un sourire crochu.

Splendide.

Dire que je suis loin d'en avoir terminé avec les surprises culinaires.





Notes à Moi-Même:

1- En Chine, toujours traîner un calepin dans ses poches. On ne sait jamais quand il faudra jouer à "Fais moi un Dessin" pour se faire comprendre.

2- Le premier mot que j'ai compris en Chine était un gros rot d'une vieille femme dans un ascenseur. Ça voulait dire "digestion".



Etienne X

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