Chapitre 6 : Pékin mon amour


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China's flag
Asia » China » Beijing
August 30th 2015
Published: September 18th 2015
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Me revoilà à reprendre mon blog en tapant maladroitement sur ma nouvelle tablette sans clavier. Beaucoup de choses ont en effet changé depuis mon dernier article sur Kamakura.

La Chine est arrivée avec sa censure et ses inconvenances. La Chine également qu’a choisi ma tablette pour me lâcher. Premier inconvénient, suivi de près par un autre tout aussi chiant : ma tentative désespérée de sauver ma tablette et la mise à mort inintentionnelle de ma carte SD qui s’en est suivie. Avec bien entendu toutes mes photos dessus. Le défi de cet article est donc de vous donner une idée la moins floue possible de mes aventures sans aucune image.



Commençons par le commencement : après dix jours au Japon harmonieux et ordonné, nous arrivons en Chine, qui n’est pas exactement sur la même longueur d'onde. Dès mon arrivée à l’aéroport de Shanghai où l’on fait escale avant de rejoindre Pékin, je retrouve les chinois tels que je les avais laissés : les petites pinups envoyant des messages vocaux sur Wechat, les grands-parents jouant avec leurs petits enfants avec une tendresse infinie, les hommes bedonnants qui parlent a grands gestes en se donnant des airs importants. Rien ne manque, du dernier iPhone jusqu’au thermos perso d’eau chaude, je les retrouve avec un pincement au coeur certain. Cette émotion se poursuit en arrivant à Pékin. Pékin avec sa pollution et son ciel gris. Pékin avec ses affiches de publicité et de propagande. Pékin avec ses bruits de crachats et de klaxon. Le tableau ne semble pas forcément très idyllique à première vue, mais je ressens une vague de bonheur en y remettant les pieds, déjà noyé dans une mer de souvenirs qui affluent de toutes parts.

Nous sortons du métro et entrons dans le labyrinthe des hutongs au milieu desquels se situe notre auberge. Contrairement aux longues avenues soviétiques assez larges pour laisser passer les chars, les hutongs sont les ruelles étroites, sinueuses, et pas toujours très propres, vestiges du vieux Pékin. Nouvelle bouffée d’émotion en y entrant, où l’on est immédiatement assailli par les odeurs : puissantes émanations des déchets, fumet délicieux des brochettes que l’on fait griller dans la rue, effluves enivrantes s’échappant de chez un coiffeur miteux. En un instant, je retrouve toute la magie des hutongs, qui sont les endroits que je préfère à Pékin en été. En effet, pendant cette période, tous les habitants, hommes et femmes, vieillards et enfants vivent quasiment dans la rue et savourent les bons moments de la vie. La simplicité est de mise : une table en osier, quelques tabourets et le tour est joué. La journée puis la soirée sont passées avec la famille, les amis, ou tout simplement les voisins, à boire de la bière, grignoter des cacahuètes ou savourer des brochettes du barbecue qui embaume toute la ruelle un peu plus loin. Ça rie, ça crie, ça joue aux cartes ou avec les enfants. La chaleur, et la convivialité qui s’en dégagent sont assez contagieuses, et en déambulant dans ces ruelles, on se sent assez loin de la dictature communiste oppressant son peuple.

Je jette un coup d’œil a Alexis et le laisse encaisser le choc culturel, mais j’attends impatiemment ses premières réactions. Nous atteignons finalement l’auberge, et nous posons un peu avant d’aller savourer avec tout autant de plaisir un autre aspect de la culture chinoise : sa cuisine. Qui est tellement variée et raffinée qu’elle met tout le monde d’accord. Sucré, salé, aigre, doux, amer, piquant, épicé, fade, acidulé... Nord, sud, est, ouest, la Chine est un grand pays qui rassemble des gastronomies de toutes ses provinces : Xinjiang, Shandong, Pékin, Zhejiang, Yunnan, Canton, Tibet, Hunan, Shanghai, Sichuan, il y en a pour tous les goûts. On se contente très modestement d’un plat de nouilles étirées sautées aux tomates, poivrons, bœuf et oignons, qui nous laisse repus et béats.

Le lendemain, je me rends compte que le Pékin que j’ai quitté a subi quelques altérations : des drapeaux chinois ornent la plupart des maisons, il y a pas mal de magasins fermés, et une effervescence semble régner sur la ville. La raison est la parade célébrant le 70ème anniversaire de la victoire chinoise sur les Japonais à la fin de la Seconde Guerre Mondiale ou, comme ils l’appellent ici, la Guerre de Résistance contre les Japonais. Cette immense parade qui aura lieu trois jours plus tard vient largement contrarier mes plans dans la mesure où la moitié de la ville (qui fait déjà à elle seule 50%!d(MISSING)e la Belgique) est complètement bloquée ou anesthésiée.

Après avoir patienté dans une file interminable, et sous la pluie, nous finissons enfin par arriver sur la place Tian An Men, qui est partiellement bloquée et où les récentes sculptures, guirlandes et gradins viennent compléter les usuelles statues, drapeaux et mausolées. Nous sommes bien entendu sollicités par moult Chinois souhaitant se prendre en photos avec des White Boys, ce qui ne lasse pas d’étonner Alexis, et qui nous donne des idées pour un futur business. Après un plat de riz aux tomates et aux œufs, on se dirige vers la Colline du Charbon, et croisons un couple de vieux Chinois jouant au badminton en pleine rue. On marque un court arrêt pour les observer, mais au bout de quelques minutes, la tentation est trop forte, et me voilà en train d’échanger quelques volants avec eux. Toujours la même surprise de voir un white boy leur parler dans leur langue, et toujours immédiatement le sourire et la générosité qui suivent. Les touristes chinois qui pullulent en groupe en France sont souvent irritants, mais résumer un peuple de plus d’un milliard de personnes à quelques vacanciers arrogants et mal élevés ne serait vraiment pas leur rendre justice.

La parade approche et la tension monte dans la capitale : le dispositif de sécurité est impressionnant -même pour Pékin- et les consignes du gouvernement viennent sérieusement perturber nos plans. La Cité Interdite est fermée, de même que la plupart des restaurants. Le jour J est assez surréaliste : les rues et les stations de métro sont bloquées, et contrairement aux jours précédents gris et pluvieux, le soleil est au rendez-vous dans un ciel bleu, quelque chose qui n’arrive jamais à Pékin. Xi Jinping et le gouvernement, maitres du ciel et des éléments, ont remporté leur pari pharaonique, et ont offert au monde une parade historique, dont les images reviendront régulièrement hanter les écrans télé du métro pour la plus grande fierté des pékinois.

Profitant du beau temps juste avant la parade, on décide de se rendre à la Grande Muraille le jour juste avant. J’ai déjà eu l’occasion de la gravir à plusieurs reprises et sur plusieurs portions, aussi voulais-je faire profiter Alexis de mon endroit préféré, Jinshanling, dans la province du Hubei au nord de Pékin. Cette portion a de spécial qu’elle n’a pas encore été rénovée, contrairement à la majorité des autres, et reste donc quasi inaccessible au public et aux foules de touristes qui se déversent sur les autres spots. S’y rendre n’est pas chose aisée, mais une fois que l’on y est, le spectacle est incroyable. Le minivan cahotant nous lâche au milieu d’une forêt qui couvre l’horizon et nous donne l’impression d’être seuls au monde, perdus au milieu de nulle part. Le paysage est vallonné, et sur chaque colline, on peut voir se dresser, fière, la muraille, parfois solide, parfois en ruines, qui serpente à perte de vue. Je vous joins une ou deux photos de la dernière fois où j'ai été (Ma Li©) afin de vous donner une meilleure idée.

J’aurais voulu vous parler de Pékin et des pékinois pendant des heures, mais je dois repartir. Rendez vous pour le prochain chapitre sur la Chine de l’Est, avec Hangzhou, Shanghai et la Montagne Jaune.

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