Delhi: la désillusion et les agences touristiques (Jour 1) (avec spécial sur la conduite en Inde!!!)


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Asia » India » National Capital Territory » New Delhi
November 3rd 2003
Published: September 15th 2006
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On arrive à l’aéroport de Delhi vers les cinq heures du matin. Nous sommes épuisés de ce très, très long voyage. De grâce, nos bagages nous ont bel et bien suivis sans tracas. Nous décidons de nous rendre dans le Paharganj, un quartier de Delhi où il y a plein d’hôtels. Un homme s’approche et nous propose de nous y emmener pour 160 roupies (un peu plus de cinq $CAD, ce qui est un peu cher là-bas) Nous réussissons à baisser le prix à 130. En entrant dans la voiture, nous avons le réflexe inutile de chercher la ceinture, habitude qui disparaîtra après trois jours. Il n’y en a jamais, excepté pour le chauffeur.

Pour ce qui est de notre première « ballade » en voiture, il y a une section plus loin juste pour ce sujet, tellement il y a à en dire! Mais l’atmosphère était étrange, avec cette lumière faible d’un lever de soleil qui tente de percer le brouillard (d’eau ou de pollution c’est plutôt ambigu) ce silence opaque brisé seulement par les moteurs bruyants des auto-rickshaws et le parler inconnu du chauffeur et de son acolyte…et cette odeur…indescriptible. Ça vous donne une petite idée. On nomme deux hôtels au chauffeur qui bizarrement ne semble pas les connaître (c’est drôle plus j’y pense, plus je suis sûre qu’il le savait parfaitement). Il nous a finalement laissés devant un bureau d’informations touristiques. Et c’est là que l’aventure commence…Le monsieur très gentil nous a demandés ce qu’on voulait et il a appelé pour nous à plusieurs hôtels des environs, qui évidemment étaient tous pleins.

C’est à ce moment-là que je me suis aperçue que tout le travail que j’avais fait en cherchant les hôtels les moins chers de chaque ville et en comptabilisant le tout, avait servi à un gros rien. Le monsieur nous a franchement dis qu’il était impossible de trouver une chambre en bas de 400 roupies à Delhi…ainsi que dans tout le Rajasthan, ou on projetait de visiter cinq villes. J’avais prévu 200 roupies, c’est drôle comme c’était la moitié…J’ai eu de la misère à le croire sur le coup, mais il avait l’air sincère pour cela (même si la plupart des gens qui ont l’air sincère ici ne le sont pas). Mais voici ce qui est écrit dans le Lonely Planet : « In popular tourist hang-outs (hill-stations, beaches and the Delhi-Agra-Rajasthan triangle) most hoteliers crank up their high-season prices by two to three times the low-season price. » Et malheureusement, nous nous trouvons dans cette période. C’est un tout petit paragraphe du livre perdu dans les innombrables pages du début que j’aurais tellement dû apercevoir…notre voyage en aurait été tout autrement. Donc, le monsieur nous a proposé de se sauver de Delhi le matin même avec le train. Il appelé et encore bizarrement, il n’y avait plus de places en troisième classe (c’est leur truc pour nous faire payer la deuxième ou la première classe) Donc nous ne savions que faire quand le monsieur s’est mis à parler des mini-bus et à nous tracer un trajet à travers le Rajasthan. Et c’est là qu’on s’est fait avoir et pas avoir en même temps. Le trip de 14 jours 13 nuits comprenant hôtels et les city tours nous sont revenus à 420$ américain chacun. Il faut dire qu’il était six heures du matin, que nous n’avions pas d’autres choix apparents et que ça nous tentait pas de nous astiner. Avait-il mis de la drogue dans les thés chai qu’il nous avait offerts, on ne le saura jamais.

Ce n’est qu’en payant que je me suis aperçue que ce montant était plus de la moitié de notre budget, prévu pour quatre mois. Mais avant que j’aie la chance d’y penser plus, le monsieur gentil offrait de nous loger chez lui avec déjeuner jusqu’à dix heures, pour donner le temps au mini-bus d’arriver. Un garçon entre 20 et 25 ans nous accompagne jusqu’au petit appartement tout en haut d’un bloc. Une terrasse d’où on a pu voir le réveil de Delhi, accompagnés de pigeons blancs qui avaient des places douillettes juste pour eux dans le coin de celle-ci. Et tout plein de petits suisses aussi. Pendant ces heures, j’ai pu me laver un peu dans une pièce avec des bacs ou pendaient des éléments chauffant pour réchauffer l’eau. J’ai aussi eu droit à un massage de la part du garçon, qui a été un peu trop loin à un moment donné et que j’ai du arrêter même, j’ai pas trop aimé ça disons. Je crois qu’il voulait tester les limites d’une blanche occidentale …J’ai su dès alors une partie de la raison pour laquelle les Indiens regardent tant les femmes étrangères. Le petit Indien, pendant le massage, me disait que j’étais belle et même parfaite. Et pourquoi, lui ai-je demandé? Parce que je suis blanche…et voilà, pour eux, c’est tout ce qu’il faut. C’est quand même triste qu’ils considèrent plus beaux des étrangers que les femmes de leur propre peuple juste à cause de la couleur. La propagande américaine va loin.

Après, il nous a emmené en auto-rickshaw dans une boutique de linge féminin, ou j’ai pu acheter, à 900 roupies (30$CAD) un magnifique habit indien. On peut jamais savoir si on se fait fourrer sur le prix, parce qu’on a rien pour comparer, mais je sais que c’était beaucoup plus que ce que je pouvais me permettre. On a regardé un peu la télé (c’était drôle, ils ont même des émissions d’humour…)

Notre chauffeur est arrivé dans une petite voiture, pas un mini-bus comme on les connaît au Québec. On allait donc être 14 jours avec notre chauffeur. Le monsieur nous a dit qu’il avait trouvé un bon hôtel pour la première nuit parce qu’il voulait qu’on dorme bien (je vous avais dis qu’il était gentil) et nous a avertis que les autres nuits ce n’étaient seulement que des Guests house. Et bien je peux vous dire que c’est notre deuxième Guest house et que je trouve ça bien, même très bien. En venant ici, je m’attendais à ce que les hôtels soient insalubres, pleins d’araignées et de crasse, inconfortables et sans intimité. Et bien à date je suis surprise. J’adore ça ! Donc on est parti avec notre ti-monsieur à travers les rues de Delhi. AAAHHHHHHHHH ! Premier choc, ça mérite un chapitre !

La conduite en Inde: AAAHHHHHHHHH!!!!!!

Dans les rues de l’Inde, il n’y a qu’une seule loi : celle qui dit qu’il y en a aucune. C’est le chaos total : pollution, trafic, population et bruit! Oh! Surtout le bruit! Ici, on communique par klaxon. « Beep beep! Tasse-toi à gauche, t’es pas assez vite pour moi! » C’est à qui bipera le mieux. C’est inné chez eux, c’est dans leur sang. En plein centre de Delhi, par exemple, parce que j’ai eu « l’honneur » d’y rouler, notre chauffeur bipait au moins une fois aux dix secondes. Alors imaginez le bruit ambiant quand il y a autour de nous plus de 500 autos, taxis et motos qui klaxonnent tous en cœur! Abominable. Et imaginez la pollution qui vient en prime. La majeure partie de l’Inde est surpolluée et pue l’enfer, j’ai hâte de retourner à Montréal pour humer l’air pur de ses autoroutes à l’heure du trafic…Comprenez la gravité?

Ici, il y a de tout dans les rues : des voitures, des auto- rickshaws, des bicycle-rickshaws, des motos (beaucoup de motos : c’est mieux pour se faufiler), une foule d’autobus et de camions bondés d’Indiens, des chariots tirés par des vaches, des chevaux ou des chameaux. Bref, c’est ce qu’on appelle de la diversité! Je n’ai pas trop aimé me promener dans le trafic de Delhi : pollution, bruit assourdissant et sur moi tous ces regards fixés. Un jour, une de mes professeures du cégep (merci beaucoup Lyne) m’avait avertie que j’allais devoir m’habituer à ces regards curieux. Mais je ne suis pas sûre s’il n’y a pas d’autres choses que de la curiosité derrière ces regards. Selon ce que j’ai ressentis, je dirais qu’il y a aussi du vice de la part des hommes et de l’envie mêlé à de la jalousie venant des femmes. Après m’avoir fait dire que j’étais belle et parfaite parce que je suis blanche, je comprends bien des trucs. Les personnes et les choses étrangères, surtout les blancs, forment un culte pour eux, ils envient ce monde riche et si tentant comme on leur montre à la télévision. Bon, j’ai changé de sujet…j’y reviendrai plus tard.

Comme je le disais au tout début, il n’y a pas de ceintures, sauf pour le conducteur. Et la conduite est extrêmement dangereuse. Mais aux Indiens, ça ne leur fait pas un pli, ils y sont habitués. Notre chauffeur (un vrai pro) passe souvent à deux centimètres des autres voitures. Et c’est chose courante. Il n’y a pas de limite de vitesse, rarement de feux de circulation (ils sont de toute façon brisés ou non respectés) et pas de lignes séparant les deux voies. Le seul but est de se frayer un chemin et jusqu’à maintenant, je n’ai pas vu d’accident. Enfin, je mens, mais juste un peu. On était stoppés dans le trafic de Delhi (la distance entre les voitures étant de deux centimètres, ne l’oubliez pas) quand le bozo d’en avant a décidé de reculer, comme ça pour rien et a brisé le miroir extérieur de notre cher mini-bus. Notre chauffeur, un ti-peu fâché, est sorti pour aller lui parler dans le casque, tsé. Il est revenu dans la voiture pendant que le bozo s’en allait à toute vitesse. Je ne savais pas encore si c’était parce qu’il se sauvait ou roulait tout simplement très vite. Je l’ai su quand un homme en habit bizarre est entré dans notre voiture, a échangé quelques mots en Hindi avec notre chauffeur et que nous sommes partis à toute vitesse.

Je peux maintenant dire que j’ai participé de près à une poursuite automobile! Et à travers Delhi ce fut dangereusement chouette! On l’a rattrapé et on s’est arrêté. Le policier est sorti et a donné des claques (eh oui, littéralement) au bozo. Les dix personnes sont sorties de sa voiture quatre places et sont venues constater les dégâts, ainsi que le fait qu’il y avait des touristes dans la voiture. Un petit garçon de 7-8 ans s’est approché de notre fenêtre en mettant ses doigts sur sa bouche. Je lui ai donné des biscuits et il a continué un moment avant d’aller un peu plus loin. Ah, oui, il avait un plus petit garçon sur son dos, d’environ quatre ans. Le plus vieux, sans m’en apercevoir, est venu le déposer par terre à côté de la voiture. Je ne l’ai su que lorsque le policier, criant après notre bozo (qui l’implorait de ne pas le gifler) j’ai entendu des petits coups sur la portière. Le petit garçon me répétait des mots en hindi en frappant la porte de sa jambe valide. L’autre n’était qu’un moignon. Son grand frère (je suppose) nous regardait avec ses grands yeux vides trois mètres plus loin en portant ses doigts à sa bouche. Puis tous ces hommes qui s’étaient regroupés autour de la voiture constatant les dégâts du miroir extérieur qui vaut 500 roupies (16 $ CAD).

C’est comme ça en Inde. Il y a les gens en voiture et il y a ceux qui quêtent, sans qu’on puisse ou qu’on veuille les aider, parce qu’il y en a trop. Les différentes castes ne se parlent pas entre elles et se mêlent de leurs propres problèmes. Et il n’y a pas de chances que les petits garçons que j’ai rencontrés vont engendrer une descendance qui pourra s’élever au-dessus de leur situation présente. Quand tu es dans une caste, des générations après toi le demeureront.


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12th October 2006

Votre voyage
Très intéressant, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire cette histoire - une publication ou une histoire basée sur ces faits ne serait pas désagréable! Je suis tombé, à tout hasard, en recherchant des photos de new delhi sur google, sur votre site et j'ai été enchanté ;) Bonne chance dans vos futurs voyages! Jean-Michel
15th October 2006

merci!
Merci beaucoup!!! J'aime partager les choses extraordinaires que je vois et vis. Donc je suis très contente que vous ayiez aimé!!! :)

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