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Published: October 25th 2009
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Riobamba
Marche sur le Parque de la conception L’Equateur se partage en trois secteurs : la Costa à l‘ouest, la Sierra au centre et l’Oriente à l‘est. Ils se distinguent les uns des autres, tant par leur climat que par leur végétation, leurs habitations et par les hommes bien évidemment. Notre voyage ne nous mènera pas en Oriente, la jungle, les forêts humides et les rios en canoé, ce ne sera donc pas pour cette fois. Dommage, mais « tenemos que elegir » !
Nous quittons donc la Costa et ses cabanes aux toits couverts de palmes sèches, pour retrouver le béton, les toiles en plastique et les assemblages improbables de morceaux de bois. La Costa est le domaine de la pêche comme nous en avons témoigné auparavant, et des plantations d’arbres fruitiers ; c’est une vie plus festive, plus langoureuse si l’on peut dire. Nous voilà désormais dans la Sierra agricole, au cœur de la célèbre avenue des volcans.
A peine débarqués dans cette province centrale qu’est le Chimborazo, on note le changement d’atmosphère ; on est sur la terre des « indigenas », artisans et agriculteurs qui s’efforcent de préserver leurs traditions malgré les obstacles et les progrès d’un monde en mouvement. Nos yeux naïfs d’occidentaux
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la soupe du jour, la une du jour... rient gentiment lorsque passent des indigènes vêtus traditionnellement, un téléphone portable à la main…
Bêtes que nous sommes, c’est nous les ovnis dans ce pays, les blancs qui attirent les regards… le malaise initial commence tout juste à passer.
Riobamba est une petite ville qui peut paraître un peu vieillotte, mais qui nous plaît bien. Tout est à portée de main, même s’il semble difficile de retirer de l’argent, car les connexions avec l’Europe sont aléatoires, et bien sûr inexistantes quand on en a besoin !
Un artiste équatorien voyageur rencontré un soir nous présente une ville dotée d’un héritage culturel espagnol fort. Figurez-vous qu’on y trouve des arènes plus imposantes encore que celles de Bayonne, et qu’en novembre ont lieu de grandes corridas avec les toreros majeurs du circuit international. Jusqu’ici nous ne sommes pas trop dépaysés ; ajoutez à cela l’odeur des pins dans les campagnes après la pluie, on se croirait presque à la maison…
On a trouvé refuge au pied du Chimborazo parmi une communauté d’indigènes, dans laquelle vit Pierrick, un prêtre français, depuis une dizaine d‘années. Le personnage a du tempérament, l’aide et le soutien dans le développement de nombreux projets sont à
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marche de la Merced,
fruits, legumes, poissons, viandes... la hauteur de sa foi. Un choix de vie que l’on ne peut qu’admirer, bien loin semble t’il, de notre religion de campagne. Ces communautés sont très nombreuses et témoignent d’une organisation humaine réfléchie et dynamique. L’union fait la force quand il s’agit de faire venir l’eau potable dans chaque maison et d’apporter l’éducation à chaque enfant. Chaque village compte environ 60 à 70 familles, soit à peu près 300 personnes, mais on nous répète qu’il est difficile d’obtenir un chiffre précis.
Les communautés situées de ce côté du Chimborazo recensent pas loin de 10 000 âmes.
Il peut y avoir jusqu’à 6 enfants par famille, parfois plus, sans compter ceux qui ne survivent pas à cause de la malnutrition notamment. Pourtant, la contraception commence à freiner la mortalité infantile ; moins de naissances, cela fait de plus grosses parts pour chacun…
Lors de nos ballades dans les campagnes alentour, nous avons échangé avec de nombreux paysans, hommes et femmes aux sourires ravagés, aux sourires édentés, assez âgés dans l’ensemble. Par ici le gardien d’un troupeau de 9 brebis, 2 vaches et son lama, par là une cueilleuse d’herbes sauvages « qui servent à tout ».
Le problème majeur
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ca sert a tout : les plus fines servent a maintenir les cheveux dans une tresse, les plus epaisses a accrocher les kilos de quinoa ou de riz dans le dos... et tant d'autres choses de la Sierra est un cruel manque d’eau. Il n’y a que 2 saisons en Equateur : la saison sèche et la saison humide ; nous sommes au début de la saison humide (cela fait 6 jours qu’il pleut - comprenez 1 h 30 par jour en début d’après midi), la terre est si sèche que rien n’y pousse et plus rien ne prend ; certains paysans sont parfois obligés de vendre une ou deux bêtes pour survivre en attendant les jours de pluie.
La moindre goutte d’eau est recueillie dans un seau immense au-dessus de chaque toit. La communauté dispose également d’un réservoir d’eau relié à un ingénieux système d’irrigation : chaque parcelle est longée par une sorte de canalisation de pierre dans laquelle l’eau s’écoule selon « l’aiguillage » choisi, un peu comme un train dont on modifie la direction selon la destination souhaitée (nous avons oublié le mot espagnol).
L’eau influence donc directement l’agriculture, et les récoltes de patates, haricots etc. se font rares. C’est la raison pour laquelle les hommes ont tendance à déserter les campagnes pour partir travailler en ville, dans la maçonnerie notamment, alors que les femmes et les personnes âgées entretiennent les champs
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Marche sur le Parque de la conception et développent l’élevage dans les hauteurs pour gagner quelque sous et maintenir la vie au village.
Au-delà des conditions climatiques changeantes, plusieurs témoignages nous confortent dans l’idée que ces peuples ne sont pas dupes, le manque de moyen est en partie dû à la corruption reine dans les hautes sphères politiques (pas besoin d’en dire davantage).
Ce qui nous a rendus perplexes, c’est l’auto-dévalorisation ambiante dans le genre : nous on n’est pas des créateurs comme les chinois qui sont très intelligents (ben ouais ils ont fait un stade pour les JO en un temps record…), on ne sait qu’acheter pour revendre, et on travaille très dur pour gagner tout juste de quoi manger et s’habiller.
Le « padrecito » Pierrick nous rapporte que c’est son combat au quotidien : leur redonner confiance, promouvoir leur savoir-faire et les aider à s’émanciper en les aidant à développer de nouveaux projets tel que le tourisme. Ils ont simplement besoin de croire en eux-mêmes, facile pas vrai ?
On nous demande souvent : si on a de l’argent dans notre pays, combien il y a de saisons, s’il y a des irruptions volcaniques, des tremblements de terre, si on a les
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Marche sur le Parque de la conception mêmes animaux qu’eux, si les gens sont gentils avec nous, si on aime l‘Equateur…
On leur répond : dans notre pays, il existe une forme de pauvreté qui n’est pas comparable, on a perdu l’esprit de communauté, rare est la solidarité, c’est plutôt chacun pour soi et l‘argent n‘a pas la même valeur…
On s’étonne mutuellement, c’est la richesse de ces échanges.
Mais il leur est difficile de comprendre que l’on est en vacances, que l’on peut se permettre de partir 6 mois, alors il nous arrive de mentir et de dire que l’on rentre la semaine suivante… Il est aussi délicat d’expliquer que l’on « sort » ensemble, que l’on est pas mariés, alors il nous arrive de leur répondre que nous le sommes…
Nous sommes chaque jour éberlués par la force de ses femmes qui portent des poids incroyables : sacs de riz, de quinoa, d’énormes gerbes d’herbes de toute sorte pour nourrir leurs bêtes, et j’en passe. Nous les aidons si nous le pouvons lorsque nous les croisons, mais ce n’est pas évident d’interrompre leur rythme. Parfois c’est naturel, parfois on passe notre route, le décalage est considérable, vous vous en doutez…
Un mot sur
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la seule place digne d'interet dans cette ville la nature tout de même, car nous sommes ici sur l’avenue des volcans, et Riobamba est entourée de plusieurs de ces géants. Nous avons accompagné à cheval un des derniers hieleros du Chimborazo, jusqu’à 4600 mètres ! Et même pas mal au crâne, aucun essoufflement (bon euh ok on était à cheval, sans réel effort physique à faire, un peu mal aux fesses le lendemain c’est tout - et aux adducteurs, et aux abdos, et aux genoux, et…).
Non content d’être le plus haut volcan du monde (6310 m), le Chimborazo est également le point le plus haut de la planète en raison du renflement de la Terre au niveau de l’équateur… ça vous laisse de glace, hein ?
Sans transition, le métier de hielero est comme qui dirait ancestral. Des hommes montaient avec une mule pour seule compagnie jusqu’aux mines de glace, pour en rapporter des blocs enveloppés dans de la paille, afin de conserver au mieux les aliments lors des échanges entre la Costa et la Sierra. Un seul bloc de glace pèse dans les 60 kilos, et peut tenir jusqu’à 8 jours !
Avec les congélateurs et autres camions réfrigérés, ce métier disparaît, mais des projets «
touristiques » permettent de préserver cette activité. La glace sert désormais à la confection de somptueux granités pour les enfants dans les communautés.
En réalité, il ne reste qu’un seul VRAI hielero, nommé Balthazar, qui, avec ses 6 mules, ne travaille que les jeudi et vendredi, dans le but de vendre ses blocs empaillés sur le grand marché du samedi à Riobamba.
Appareils photos au bras, les touristes errent de stand en stand sur ce marché très animé et coloré, négociant au plus bas des sacs, ponchos et autres châles…
Nous y découvrons l’autre visage des indigènes alors commerçants, beaucoup moins avenants que dans les campagnes. Tiens donc comme je les comprends…
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Quelques impressions en passant…
Nous attendons le bus pour rejoindre la communauté. Le trajet n’est pas long, 15 minutes à peine, mais l’attente dans le bus avant de démarrer, elle, est indéterminée.
Sur le trottoir, les déchets s’entassent… ici, on a l’habitude de tout jeter par les fenêtres : restes de nourriture, emballages divers, de toute forme, de toute couleur. Les vendeuses de glace s’efforcent de balayer de temps à autre, histoire de regrouper les ordures au même endroit, toujours sur le
trottoir. Elles gardent le sourire pour attirer l’acheteur (« un bon ice, un bon ice, un bon ice, un bon icito ») et ça marche !
Le bus s’ébranle enfin, une tripotée de gourmands à bord.
On trouve des glaces partout par ici, mais elles sont radicalement différentes des nôtres. A vrai dire, nous ne les avons pas goûtées. Par manque de courage peut-être, par prudence sûrement. On ne peut pas manger tout ce qui se vend et se cuisine dans la rue, nos estomacs sont bien moins accrochés que les leurs, et malheureusement moins habitués aux appétissantes brochettes de viande grillée qui investissent les rues et mes narines (ce n’est qu’un exemple pris au hasard…).
Le bus en Equateur, c’est folklo : il y a toujours de la place, tant que l’on étouffe pas écrasés les uns contre les autres. Heureux d’arriver à bon port, je ne cracherai plus sur le métro, promis !
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non-member comment
Vos photos sont vraiment superbes. Merci de faire partager votre voyage en prenant le temps d'écrire vos articles. Ca rappel de bon souvenir tous ça... Hasta luego et envoyez nous encore plein de photos et d'articles. Si vous vous arrêtez à Chicama (puerto malabrigo) au Pérou, n'hésiter pas à aller dormir chez "el hombre"