Tout au bout de la route, il y a les San Blas


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Central America Caribbean » Panama » Kuna Yala
October 12th 2016
Published: October 22nd 2016
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Le 12 octobre 2016,



Aujourd'hui, on se paie une petite folie, un tour aux îles San Blas, dans la Comarca de Guna Yala, un territoire indigène faisant parti du Panama mais indépendant et autogéré par la communauté. La communauté guna compte environ 300 000 personnes réparties dans la région. Il s'agit d'un véritable modèle de préservation de la culture indigène ancestrale, l'une des mieux préservée en Amérique. Dans la Comarca, aucun étranger ne peut posséder de terre ni exploiter une entreprise. Les gunas sont rois et maitres de leur région et il faut montrer patte blanche, son passeport et un billet de 20$ US pour obtenir l'autorisation de pénétrer dans leur territoire. Ici, ce sont les touristes qui s'adaptent à leur mode de vie et à leurs normes, et non eux qui s'adaptent aux attentes du touriste lambda. On se prépare à visiter un petit paradis, mais un paradis dans le genre rustique et authentique plutôt que confortable et à la mode... Moi, ça me va comme programme!



À 5:00 du matin, un chauffeur guna vient nous chercher, pile à l'heure. On est surpris, j'ai lu plusieurs histoires de retards importants et de voitures chargées au maximum de touristes empilés les uns sur les autres. Pour l'instant, nous sommes seuls à bord avec le chauffeur. On s'arrête une vingtaine de minutes dans le stationnement d'un supermarché... on y retrouve 2 autres jeeps, les chauffeurs discutent ensemble pendant qu'on attend on ne sait trop quoi... le messie peut-être? On repart, tous les jeeps les uns à la suite des autres jusqu'à un complexe d'appartements où l'on récupère d'autres touristes. Ils répartissent tout ce beau monde dans les jeeps, je me retrouve serrée sur une banquette avec deux autres femmes tandis que Carl, bien peinard, occupe le siège passager à côté du chauffeur... on arrête un autre 20 minutes dans une autre épicerie?!?! toujours pas de messie en vue...à Rome, on fait comme les romains! C'est ensuite le vrai grand départ.



On commence en sortant de Panama City. Pour ce faire, on longe pendant quelques kilomètres l'océan Pacifique. Or, le territoire guna est du côté Atlantique. C'est particulier de se dire qu'on aura vu les deux océans en une seule journée. On voit le jour se lever tranquillement, et on réalise que le soleil ne sera définitivement pas de la partie, un peu dommage quand on sait qu'on va passer la journée sur des îlots au milieu de la mer... le bleu caraïbe risque d'avoir l'air un peu malade sur les photos... too bad, on ne peut pas tout contrôler! Après une heure et demie de route, on commence à grimper dans les montagnes qui nous séparent de la côte caraïbes... le tour de manège commence, aucune ligne droite ni aucun plat durant près de 1hre15. On se croirait dans un manège qui n'arrête jamais... Je profite du check-point militaire pour avaler en vitesse deux gravols, moi qui ne suis d'habitude nullement affectée par le mal des transports... Carl-Philippe est vert, à la limite de rendre le contenu de son estomac malgré les gravols pris avant le départ... La route est une véritable horreur... c'est avec soulagement qu'on la voit enfin se terminer, juste devant l'océan... et la route se termine littéralement, plus moyen d'avancer, à moins de prendre un bateau... Et c'est ce que notre groupe fait, nous prenons place dans une embarcation à moteur pour faire le trajet vers les îles San Blas.



On se dirige vers une île habitée abritant une communauté d'environ 2000 gunas. Notre guide ne parle pas un mot d'anglais, mais la propriétaire de l'agence avec qui nous avons fait affaire, Osiris, une guna dénaturée habitant à Panama City, nous accompagne depuis la capitale pour tout traduire... enfin, quand elle n'est pas scotchée à son cellulaire... La visite est telle-ment intéressante!!!! On débarque dans le village authentique où ces gens vivent, il n'y a pas de mise en scène pour les touristes afin de montrer le mode de vie de jadis. Les gens habitent vraiment dans de petites maisons faites en roseau et ils dorment vraiment dans des hamacs. On voit les capteurs solaires sur les toits de chaque habitation, petite concession à la modernité... Ici, chaque communauté, sur chaque île, possède ses propres règles. Un chef de village est élu à chaque année, et chaque soir, les habitant se retrouvent dans la grande maison communale pour discuter des questions qui touchent la communauté. Les femmes en profitent pour tisser le vêtement traditionnel, la mola, qu'elles portent encore fièrement. Les hommes, pour leur part, sont vêtus à l'occidentale. On apprend que la société guna est matriarcale: à la naissance d'une fille et à sa puberté, la communauté organise une grande fête et convie les gens des communautés voisines pour célébrer. Rien de tel si l'enfant est un garçon... Dans la communauté où nous sommes, il est interdit de boire de l'alcool... la personne se faisant prendre en flagrant délit doit payer une amende salée à la communauté. Même chose si on se fait prendre à tromper son conjoint ou à commettre un vol... Notre guide, originaire de cette communauté, doit payer un tribut pour pouvoir travailler et il lui est formellement interdit de travailler après 16:25... En outre, il est obligatoire pour les habitants de construire leurs maisons en roseau, aucune construction de béton n'est permise ici. L'objectif est préserver au maximum le mode de vie traditionnel de pêche et d'auto-suffisance... On est carrément dans un autre monde. C'est incroyable de pouvoir être témoin de tout cela, en 2016. Les femmes sont tout simplement magnifiques, avec leur molas colorés... mais ici, on n'est pas au zoo et j'éprouverais un profond malaise à l'idée de les prendre en photo alors qu'elles vaquent tranquillement à leurs activités quotidiennes... si j'étais chez moi et que je me faisais mitrailler en photo par des touristes, la mme serait vraiment pas contente, alors je reste le plus discrète possible avec mon gros kodak...



Nous reprenons ensuite le bateau jusqu'à l'île la plus touristique de notre visite, Isla Aguja... et quand je dis touristique, c'est qu'il y a une douzaine de cabanes sur le sable pour accueillir les touristes pour une nuit (ou plus, si affinités). C'est vraiment rustique: le plancher est en sable, les toilettes et les douches (probablement à l'eau salée) sont au bout de l'île, pas sûre qu'il y ait l'électricité non plus... Il y a aussi un petit «restaurant» à menu unique et une table de pique-nique.. Ça complète le portrait! On fait le tour complet de l'île, sur la plage, en un gros 3 minutes top-chrono... On apprend que l'île appartient à une quinzaine de familles gunas et que celles-ci se relaient à tous les 2 mois afin d'offrir les services aux touristes et ainsi, mieux répartir les bénéfices entre les familles. On se sent vraiment hors du temps sur cette petite île. L'eau est cristalline et on est à quelques mètres des récifs coralliens. Ici, il n'y a rien à faire hormis apprécier le temps qui passe et réaliser la chance que vous avez d'être dans un tel environnement...



Après quelques heures sur cette petite île, nous laissons derrière nous la grande famille colombienne qui nous accompagnait depuis Panama City. Nous ne sommes plus que 5 touristes à poursuivre notre visite des San Blas: 2 argentines, 1 panaméo-américaine (?!) et nous, les deux petits québécois. Après une quinzaine de minutes de bateau, on débarque sur une île habitée par.... deux familles gunas! L'une de ces famille tient un «restaurant».... et quand je dis restaurant, c'est qu'une fois attablés à l'une des trois tables de pique-nique, on vous apporte sans plus de cérémonie une assiette de poisson frit (tout entier, avec la tête, les yeux, alouette!), des bananes plantains et un petit tas de riz. Bref, on vous nourrit, mais n'espérez pas la transcendance gastronomique, ni même un choix de menu en dehors de «coke or water?» Pour un peu de variété, vous pouvez toujours acheter la pêche quotidienne de l'un des pêcheurs que vous croiserez sûrement et que le «restaurant» vous apprêtera ou encore, demander à un guna une noix de coco pour en boire le lait (avec un peu de rhum ajouté à l'intérieur, si vous êtes chanceux ou intrépide)... pour ceux qui me connaissent comme un véritable cas alimentaire, j'avais prévu le coup du poisson frit et avais emporté une montagne de collations... J'avais aussi avisé ma guide quelques semaines à l'avance de mon aversion pour le poisson et les fruits de mer... résultat: j'ai eu mon morceau de poulet en guide de dîner! Je profite longuement de l'eau à la température parfaite de cette petite île dont on fait le tour en 2 minutes à pied... On pourrait facilement traverser à la nage pour atteindre trois ou quatre autres îlots, tout près.



On reprend le bateau pour se rendre à la dernière île au programme aujourd'hui, la Isla Perro Grande. Et «Grande», c'est relatif, trois minutes suffisent pour en faire le tour en marchant... C'est là qu'on trouve la plus jolie plage du coin. Résultat, il y a quelques autres bateaux de touristes sur l'île... oufffff! on doit être une grosse quinzaine de visiteurs sur l'île, plus une dizaine de gunas étant guide ou capitaine. Je me baigne encore et toujours, cette fois en compagnie de la femme panaméo-américaine. On alterne entre l'anglais et l'espagnol pour nos discussions. Carl, pour sa part, demeure attablé à une table à pique-nique brinquebalante un peu plus loin. Il a à peine mis son gros orteil dans l'eau et a refusé d'enfiler son maillot de bain de toute la journée. Il est un peu rebuté par les conditions de confort et a l'impression d'être observé par les gunas, installés eux-aussi sous les palmiers... La magie des San Blas n'opère pas sur lui, la bruine et les nuages n'aidant sûrement pas... Si, pour vous, une chouette journée à la plage signifie être confortablement installé sur une chaise longue, un daïquiri à la main et avec de l'ambiance plein les yeux et les oreilles, vous n'aimerez certainement pas les San Blas... Visiter les San Blas, c'est endurer un interminable trajet en jeep, s'asseoir toute la journée durant les deux fesses dans le sable (hello le sable plein le maillot!), manger simplement ce qu'on vous sert, n'avoir strictement rien à faire de toute la journée... Mais c'est surtout visiter un environnement paradisiaque ultra-préservé et une culture unique et vivante!



On doit terminer notre journée par une ultime baignade dans une piscine naturelle, en plein milieu de la mer... La pluie est de la partie et tout le monde appréhende un peu le tour de manège dans les montagnes pour retourner à Panama City... On va donc voir de quoi il en retourne de la piscine naturelle, mais personne ne se jette à l'eau. On voit aussi quelques étoiles de mer, puis le bateau prend le chemin du retour vers la terre ferme. Hop, deux petites gravols plus tard et on entame la route en jeep vers Panama City. On profite des quelques moments de répit de cellulaire de notre traductrice pour lui poser des questions. On apprend que la Comarca de Guna Yala fait face à des enjeux assez importants relativement au tourisme, notamment, la gestion des déchets et les soins de santé, surtout en cas d'urgence. On s'en doutait bien, avec l'isolement des îles et la route impossible... Elle nous raconte aussi que plusieurs grandes chaînes hôtelières et de gros promoteurs immobiliers tentent d'acheter du terrain et des îles sur leur territoire, afin de bâtir d'immenses complexes touristiques. Les gunas s'opposent fermement et refusent, leur petit paradis restera le leur, et protégé comme ils l'entendent... Unique, je vous dis!



On parvient au check-point militaire. Le soldat, tellement gentil ce matin, n'entend plus à rire. Il nous observe longuement, inspecte notre passeport, pose des questions au chauffeur... Et oui, la Comarca est au sud du Panama, en ligne directe avec la Colombie, dont elle est séparé par la barrière naturelle du Darien, une immense forêt tropicale très inospitalière. Aucune route ne traverse le Darien et ne relie les deux pays, la seule voie entre la Colombie et le Panama, c'est par la mer... On comprend donc qu'on est sur un point de passage important de la cocaïne vers l'Amérique du Nord... c'est pourquoi on ne plaisante pas au check-point militaire... On finit finalement par traverser et Osiris, notre traductrice, nous explique qu'ils attrapent régulièrement des passeurs et des cargaisons de drogue dans le coin... Elle n'avait pas mentionné le tout au matin, la jeep étant remplie de touristes colombiens, elle ne voulait pas froisser les possibles susceptibilités nationales... On parvient finalement à notre hôtel vers 18:00. Un petit tour dans le jacuzzi nous remet des émotions de la route, puis nous allons souper au El Trapiche, un resto panaméen bien connu des locaux. Je goûte une spécialité du pays, les empanadas de ropa vieja. Cette fois, j'ai appris, j'expérimente au souper plutôt qu'au déjeuner, et miam, c'est très bon!!! On s'écoule de fatigue, avant
notre dernière journée au Panama...



Petite chronique de travel hacking, a.k.a, les coûts de notre voyage:

Billet d'avion pour 2: 80 000 miles aéroplan + 27 000 points AMEX (pour payer une partie des taxes) + 196$ cad. Valeur: 1400$ par billet, 2800$ pour le couple

1 nuit Courtyard Marriott San Salvador: gratuit avec un certificat de nuit gratuite de la carte Chase Marriott. Valeur: 263$ cad

4 nuits Bananarama: 32 000 points BMO + 178$ cad. Valeur: 494$ cad

3 nuits Marriott Panama: 45 000 points Marriott- gratuit avec carte Chase Marriott. Valeur: 661$ cad

Tour San Salvador + retour à l'aéroport le lendemain avec chauffeur-guide: 110$ US par personne. Total: 220$ US

Tour San Blas: 135$ US par personne, + 20$ US frais d'entrée dans Comarca. Total: 310$ US

Frais courants (repas, taxi, activités, pourboires, cadeaux): un peu moins de 55$ US par personne, par jour. Total: 960$ US.



TOTAL: 2335$ cad pour 2 pour tout le voyage, soit 1168$ cad par personne.... Pour une valeur de 6180$ cad ou 3090$ par personne...


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