Craindre ou ne pas craindre... San Salvador


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Published: October 15th 2016
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Le 5 octobre 2016



2:00 am... le cadran sonne. Terrible comme heure de réveil. Sans compter ma sinusite carabinée, qui m'a occupée toute la veille à courir sans fin pour obtenir un rendez-vous d'urgence chez le médecin afin d'obtenir un précieux flacon d'antibiotiques... J'arrive lentement à ouvrir les yeux et l'excitation me gagne. Enfin, je repars en voyage! On s'habille en vitesse et on file vers l'aéroport. Notre première mésaventure débute avant même d'arriver sur l'île de Montréal... En effet, le tunnel est fermé, il y a des cônes oranges partout mais pas un travailleur en vue... On se dirige alors vers le pont Champlain et vers l'inconnu, nous ne sommes jamais passé par-là pour rejoindre l'aéroport, YUL pour les intimes et fans finis de voyage. Heureusement, à cette heure, rouler en ville est un charme et on arrive rapidement et sans se perdre à l'aéroport. Comme de bons petits soldats, nous sommes devant les guichets de United Airlines pile poil 3 heures avant le décollage. Mais aucun agent en vue. On patiente longuement avant que quelqu'un se pointe au guichet et nous enregistre. Le monsieur doit avoir pitié du 6'4'' de Carl-Philippe car on se fait octroyer
Iglesia del RosarioIglesia del RosarioIglesia del Rosario

L'extérieur ne paie pas de mine.... l'intérieur est beaucoup mieux
la rangée des sorties de secours, avec plein plein d'espace pour les jambes! J'avais peur qu'avec nos billets quasi-gratuits, gracieuseté d'Aéroplan, nos billets ne soient pas reconnus et qu'on se fasse recaler à l'enregistrement... niet-niet!



Ensuite, c'est l'heure de passer aux douanes... Ah, les douanes américaines, toujours une vraie de vraie partie de plaisir. Surtout quand elle sont fermées. On poireaute encore en ligne jusqu'à 4:00 am puis les douaniers se décident à commencer leur journée. La ligne de personnes s'écoule lentement mais on parvient finalement à la zone transfrontalière. Plus qu'une heure et demie à tuer avant de finalement embarquer dans notre premier avion, direction Washington DC. Après ce petit vol sans histoire, nous allons expérimenter une autre des petites douceurs procurées par mon nouvel hobby de travel hacking: les lounges d'aéroport. Et oui, grâce à un certain petit bout de plastique nommé carte de crédit, nous avons des passes pour accéder à divers lounges dans les aéroports du monde entier. On ne se prive pas à Washington, et on arrive dans le très confortable lounge de British Airways. J'y ai bu le meilleur café du voyage et nous avons «snacké» comme des rois avec les multiples grignotines et biscottis chics mis à disposition... Sans parler des fauteuils parfaits pour piquer un somme... J'aurais même pu prendre une douche si je l'avais souhaité... bref, l'attente de 3 heures passe beaucoup mieux que d'habitude! Lors de l'arrivée à la porte d'embarquement, on a notre premier (petit) choc culturel. À bord de l'avion, ce sont presque exclusivement des salvadoriens très très typiques, tout petits, typés latinos, le visage buriné par le soleil et surtout, surtout, avec le chapeau de cowboy sur la tête pour les hommes, comme vous pouvez en voir dans les pubs de café à la télé! À côté de nous, une petite petite dame prend place. Tellement petite en fait qu'elle reste assise tandis qu'on se glisse sur nos sièges, côté hublot. On ne l'accroche même pas en passant. Au moment de remplir les formalités de douanes dans l'avion, je ressors mon espagnol des boules-à-mittes et lui propose mon stylo. Elle me répond qu'elle ne sait pas écrire... Re-choc culturel, pas mal plus gros cette fois... Je reste bouche-bée, mon niveau d'espagnol ne me permettant pas de remplir les documents pour elle... Elle devra attendre un agent de bord pour obtenir de l'aide...



On arrive ensuite à San Salvador en début d'après-midi, merci au décalage horaire de 2 heures de nous permettre de bénéficier d'un peu plus de temps pour visiter le pays. Lequel pays est un véritable coupe-gorge selon sa réputation internationale... Nous avons une vingtaine d'heures d'escale avant de repartir jusqu'à l'île paradisiaque de Roatan, au Honduras. Plutôt que de se cantonner dans un hôtel au bord de la piscine, nous avons fait appel à un guide privé pour nous faire visiter San Salvador ainsi que le volcan El Boqueron, adjaçant. Notre première surprise au Salvador, c'est immédiatement à la descente de l'avion. Une jeune demoiselle nous attend avec notre nom sur une pancarte. La demoiselle en question n'est pas affiliée avec notre guide, non, elle vient de l'Office de tourisme du Salvador. L'Office de tourisme.... tsé, le gouvernement qui finance l'office du tourisme... c'est dire qu'ils n'en voient pas souvent des touristes mais à quel point ils souhaitent que ça se développe... On passe les contrôles de sécurité et de douanes à la vitesse grand V, merci à l'Office du tourisme de nous faciliter les choses! Et nous avons une deuxième surprise, c'est de constater qu'ici, même si on a presque les mots «gringos» étampés en lettres néon dans le front, les gens s'adressent à nous en espagnol (jusqu'ici, pas de problème), et ils sont surpris de voir qu'on ne comprend trop pas ce qu'ils disent... On a vraiment l'impression de partir à l'aventure et je suis plus reconnaissante que jamais d'avoir subi les preguntas orales de Pedro el cangrejo, mon prof d'espagnol au secondaire. Mon espagnol se dérouille rapidement, même si les temps de verbes et les conjugaisons laissent fort probablement à désirer!



On fait la rencontre de Roberto, notre guide pour la journée. Troisième surprise de la journée, il parle français, c'était vraiment inattendu! Il nous emmène dans le centre-ville de San Salvador, là où il y a quelques vestiges de l'époque coloniale et deux ou trois églises intéressantes. Le centre-ville de San Salvador est, comment dire.... vivant, populaire, grouillant... je ne sais trop si c'est la réputation du pays qui nous a influencé, mais honnêtement, sans notre guide, je n'aurais JAMAIS mis les pieds là-bas (dit la fille qui a quand même visité son lot de pays du pas pire tiers-monde). Cela dit, je ne me suis pas sentie en insécurité là-bas avec
notre guide, mais le centre-ville alterne les rues pleines de nid-de-poule où l'on roule pare-choc à pare-choc et les étroites allées en terre aux maisons en tôle et cartons. Tout est bordé d'échoppes populaires, il y a des gens partout, aucun touriste en vue. Je me suis sentie sérieusement submergée par l'atmosphère qui régnait là-bas. À chaque arrêt, on voit notre guide glisser quelques billets à un policier ou à un soldat, tous très lourdement armés (et pas juste un petit pistolet discret à la ceinture là, le gros kit)... On n'ose pas demander le pourquoi de la chose... En outre, Roberto éloigne plusieurs vendeurs et mendiants qui s'approchent subtilement de nous... bref, il y a un malaise... La seule minie-frayeur qu'on a eu, c'est quand Carl a voulu faire une photo d'une plaque d'immatriculation salvadorienne.... Il y avait un homme, vraiment pas très content, qui est sorti de la-dite voiture. On a frisé l'incident diplomatique jusqu'à ce qu'on lui fasse comprendre que nous n'étions que des touristes... ahhhhhh.... stupides gringos parfois....



La visite du centre est malgré tout très instructive, on s'attarde surtout à Oscar Romero, prêtre à l'origine de la révolte de la population durant
la guerre civile (1979-1992). Sans entrer dans les détails politico-historiques, disons que c'était un très grand homme, partout dans la ville on trouve des statues et portraits pour lui rendre hommage. Il luttait pour les droits de l'homme et la justice sociale, tout en dénonçant les escadrons de la mort et la torture présents jadis au Salvador. C'est ainsi qu'il a fait appel à sa position d'archevêque de la ville de San Salvador pour interpeler le pape et les soldats perpétrant les crimes, dans un effort de pacification. Au terme de plusieurs années de lutte, il est mort assassiné en pleine messe et est aujourd'hui considéré comme un martyr... Plusieurs années plus tard, il est en processus pour être canonisé. Jean-Paul II et Barack Obama eux-même se sont rendus sur sa tombe pour lui rendre hommage, comme nous aujourd'hui. Au terme d'une guerre civile sanglante de plusieurs années, les soldats et escadrons de la mort ont accepté de faire la paix, en échange de l'amnistie. C'est dire que victimes et bourreaux cohabitent maintenant... Et ce serait essentiellement d'anciens tortionnaires, élevés dans une culture de violence, qui auraient fait évoluer leurs activités vers celles des gangs de rue, pour lesquels le Salvador est si bien connu (et mal-aimé) aujourd'hui. Nous avons également visité une autre église à l'éclairage de vitrail très particulier, l'iglesia del rosario. On pourrait croire que je n'ai pas aimé ma visite, et pourtant, j'ai adoré vivre ce choc culturel et être déstabilisée comme je l'ai été. Voyager pour moi ce n'est pas tant de voir de belles choses que de changer son cadre de référence et d'appréhender une réalité différente de la sienne. Objectif pleinement atteint pour San Salvador!



Nous avons poursuivi notre visite par une petite balade vers le volcan Boqueron, un peu en retrait de la ville. Pour y parvenir, on a l'impression de passer d'un monde à un autre. En traversant un simple boulevard, on se retrouve dans le royaume de McDo et Burger King, avec des belles maisons, des beaux quartiers, des centres commerciaux bien éclairés. Ça clashe, et ça clashe solide en plus... de l'extrêmement pauvre, on passe à l'extrêmement riche... on poursuit jusqu'au volcan, qui, en photo, ne m'inspirait pas énormément.... Erreur.... en vrai, c'est wow, c'est impressionnant, c'est terriblement haut.... Nous sommes au sommet d'un cratère dont on aperçoit le fond, rempli de végétation, tout en bas.... 600 mètres plus bas en fait, avec une pente qui doit friser les 85 degrés d'inclinaison. Naturellement, pas de barrière, de remblais ni rien... On apprécie la nature pour ce qu'elle est, sans artifice. On est complètement (mais vraiment complètement) crevés quand le guide nous amène à notre hôtel. Il est environ 19:00, heure locale (donc 21:00 heure du Québec). Nous sommes en sérieux déficit de sommeil. On nous accueille à l'hôtel comme des rois (encore la magie-magie de mes cartes de crédit) et on se fait offrir des billets pour une consommation au bar. On délaisse l'expérience culturelle le temps d'aller souper dans un steak-house à proximité, nous sommes ici dans une enclave bon chic bon genre qu'ils appellent un centre de style de vie, avec magasins branchés et pleins de restos de différentes chaînes américaines, le nec-plus-ultra. C'est à des années-lumières de ce que l'on a vu cet après-midi dans le centre-ville, mais à ce moment, le petit confort et habitudes occidentales font un bien fou. On profite de nos consommations gratuites sur le bras de Marriott puis on s'écroule de fatigue. Le réveil sonnera à 5:30 demain matin.



Le 6 octobre 2016



C'est (presque) frais et dispos qu'on se réveille aujourd'hui. Un autre chauffeur vient nous chercher. Comme Roberto hier, il nous parle avec fierté de sa ville et de son pays, durant tout le trajet jusqu'à l'aéroport. D'ailleurs, durant ce trajet, on ne peut qu'être épatés de l'état des voies rapides ici. Vraiment, c'est beaucoup mieux qu'au Québec Une fois à destination, je me mets en quête, parmi des restos de l'aéroport, du met national, les pupusas, sorte de galettes de maïs farcies de viande et-ou de fromage. Je trouve mon compte dans un petit resto et on décide de se lancer et de déjeuner aux pupusas... Ce fut un cuisant échec pour moi, les-dites galettes viennent avec une salsa épaisse pleine de chou... très peu pour moi à 7:15 le matin, mais j'aurai au moins eu le mérite d'essayer cette spécialité locale... Peu après, on embarque dans un petit avion (avec des hélices et moins de 50 places) pour la belle île de Roatan, Honduras, à suivre...


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Décidément, pas photogénique la fille!


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