Hampi, Karnataka (ou Comment revivre la préhistoire)


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January 16th 2007
Published: January 21st 2013
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...De Panaji vers Hampi....



16 Jan:

Le check-out à l’hôtel doit se faire à 8h30 Am mais notre bus pour Hampi n’est qu’à 8H00 Pm. On doit donc tuer le temps jusque-là. Bien d’accord. Ce n’est pas les endroits dignes de visite qui manque ici.

On se rend donc à Ponda, situé à 30 kilomètres au sud-est de Panaji (ou 1 heure d’auto-Rickshaw) pour y visiter quatre temples hindous. Ils sont tous beaux et bien entretenus. Ça n’a définitivement rien à voir avec les lieux de culte du Rajasthan.



Il y aura une fête à l’un des temples dans quelques jours. Les préparatifs vont bon train.

Comme le sol autour du lieu de culte est en sable, les indiens ont trouvé un moyen peu coûteux et efficace pour ne pas que la poussière monte lors du piétinement des initiés. Il s’agit d’étendre du fumier sur le sol poussiéreux de l’endroit. Et oui! La merde séchée au soleil devient une sorte de ciment fort utile lors des rassemblements religieux.

"Mais ça doit sentir?" me demanderez-vous.

Bof. Pas vraiment. L’odeur du crottin se confond très bien avec l’odeur déjà ambiante vous savez!



On se rend ensuite au ‘’spice garden’’, immense plantation de diverses épices, pour y apprendre d’où vient la muscade, et les clous de girofle, et les cashew aussi.

Tour guidé.

Saviez-vous que la cannelle, c’est de l’écorce?



Près de la plantation, deux éléphants enchaînés à des arbres imposants balancent leur trompe de gauche à droite et de droite à gauche. Ce sont mes deux premiers éléphants indiens (à part celui au diesel aperçu dans les rues de Pune).

Paupières de batraciens et défenses taillées en troncs. Ils mâchent tous deux avec désinvolture des feuilles de bananiers gorgées de chlorophylle.

Je leur offre mes pelures de bananes.

Ils acceptent l’offrande et m’agrippent les doigts en guise de remerciement.

Joie.

Je serre la main d’un vieux rêve d’enfance!



On soupe au Domino’s Pizza avant de s’embarquer pour le long trajet de bus vers Hampi. Je me commande une pizza au poulet, extra grains de maïs.

Il fait 30 degré à l’extérieur, et à peu près -4 dans la pizzéria. Il n’y a pas de demi-mesure en Inde.



Après avoir bien mangé, on se rend au ‘’bus stand’’ d’un pas rapide.

Delux Bus. Sleeper coach.

On attend notre mal de cœur motorisé avec une vingtaine de blancs touristes.

Un bus arrive.

Il est 8H00 Pm.

Mais ce n’est pas le nôtre.

Il est 8h45 Pm

et notre bus n’arrive toujours pas.

Les touristes autour de nous sont comme des fourmis autour de leur nid démoli.

Ils regardent leur montre nerveusement.

C’est probablement leur première expérience des transports indiens que je me dis.

Je souris.

Tout vient à point à qui sait attendre.





Il est 9H45 Pm.

Notre bus arrive avec 1h45 de retard.

Le regroupement de blancs se précipite dans l’autocar comme si leur vie en dépendait.

Je m’inquiète peu... dans les "Delux Bus", on a des places assignées.

Surprise!

Nos sièges réservés sont complètement à l’arrière dans l’autocar ... juste au-dessus de la suspension défaillante.

Mais heureusement, nos bancs se penchent à 180 degré. On va donc pouvoir dormir à l’horizontal cette nuit.





Il y a 11 heures de route à faire pour se rendre de Panaji à Hampi.

Transport de nuit.

Mon banc inclinable ne s’enclenche pas. Je suis effectivement à l’horizontal, mais je reçois le rebond du dossier derrière la tête à chacune des bosses de la route campagnarde.

Je suis un refugié chinois qui fuit Panaji dans un container roulant.

C’est ainsi qu’on entre dans l’État du Karnataka.



Note à Moi-Même:

L’humour de Marilou est sarcastique. Le mien est ironique. Ça fait parfois des flammèches.



17 janv.

La ride d’autocar de cette nuit n’était pas si mal finalement si on la compare aux rides Udaipur/Mumbai ou le 14 heures de jeep dans le Kashmir. Mais on arrive tout de même à Hampi confus et fatigué. Il est alors 9H00 Am et j’ai évidemment mal dormi.



L’attaque des vendeurs en tout genre se fait avant même d’être sorti du bus:

"Bus ticket for Panaji? (mais on vient de là!)’’ que nous propose un vendeur.

‘’Chips, chocolate, pillows?" nous propose encore le même vendeur. "It’s my second job’’ nous justifie-il.

Tant mieux pour lui... il pourrait charmer un cobra et jongler en même temps s’il veut. Nous, tout ce qu’on souhaite, c’est de se trouver un "Guest house" pour compléter notre nuit de sommeil non concluante.



Le harcèlement des vendeurs est encore pire à la sortie de notre hôtel mobile. Ça me rappelle le Rajasthan.

"Auto-RRRickshaw? Auto-RRRickshaw?"

Il y a deux fois plus de chauffeurs avec leurs voiturettes au diesel que de touristes abasourdis autour de l’autocar.



Nous, on refuse toutes offres avec fermeté alors que les "Foreign" inexpérimentés discutent avec les assaillants. On s’éclipse alors en douce, laissant derrière nous l’épuisant brouhaha.

On marche plus ou moins 45 secondes pour atteindre notre "Guest house" alors que les inhabités de l’Inde se rendent au même endroit… en 5 minutes d’auto-rickshaw.



Hampi, ou la "Cité de la Victoire", ressemble à un village de la période paléolithique.

Devant nous s’étend un vaste étendu de rochers polis comme dans les Flintstones.

Des bananiers et des huttes de paille nous entourent.

Le village est un réel musée archéologique de 43 km² de superficie.



Alors qu’on visite notre premier temple (Virupaksha), Marilou en sandales met le pied dans une bouse fraiche et encore tiède. C’est la deuxième fois qu’elle expérimente la chose. Je me rappelle qu’elle avait déjà vécu l’expérience à Matheran, la "hill station", alors qu’il faisait nuit noire. Yuk.



Dans ce même temple, il y a un éléphant qui bénît les gens en échange d’une roupie.

Et des singes qui mangent des fleurs.



Et puis il y a aussi plein de cochons noirs poilus dans les rues. Ouaip. Ces derniers sont plutôt ragoûtants dois-je dire, surtout lorsqu’on les surprend en pleine session de fornication familiale dans les déchets. Bon. Désolé, j’avoue que j’aurais pu vous éviter ce dernier détail.



On marche sur un chemin peu emprunté par les touristes. On se retrouve donc bien vite chez les pauvres agriculteurs souriants de Hampi.

Je me fais offrir de la Ganja, et la main d’une fillette de 5 ans (?!).



C’est l’ère préhistorique.

Une antilope a été dessinée par un homme des cavernes sur un mur de pierres juste là

(vraiment).

Un ptérodactyle plane dans le crépuscule

(pas vraiment).



Au ‘’Guest House’’, on entend Wouah! Wouah! à la porte de notre chambre alors qu’on s’apprête à dormir.

C’est Dino qui veut entrer.



18 janv.

On change de "Guest house" ce matin. On a trouvé une charmante hutte à louer alors qu’on se promenait dans les rues du village hier. On a décidé d’y loger pour nos prochains jours.



On passe la journée d’aujourd’hui à visiter les temples de Hampi, le Lotus Mahal et une ancienne étable à éléphants. L’architecture ici passe des colonnes grecques de l’Antiquité aux pyramides aztèques. Pot-pourri de style.

Le paysage hallucinant tout autour de nous semble fait de rochers ovales en styromousse, digne d’un studio de la MGM. C’est le décor rêvé du prochain Indiana Jones.



J’imagine des hindous du quinzième siècle assis sur des pachydermes tatoués de divinités guerrières: Durga et ses huit bras assis sur un lion, Hanuman le dieu singe ou Vishnu et sa couronne de serpents. C’était eux les hérétiques, les barbares de l’occident.



La rivière Tungabhadra relie le cœur du village au temple le plus éloigné de Hampi. On peut bien sûr se rendre au lieu de culte à pied, mais aussi en bateau-coco. Et oui! On peut descendre le courant dans les entrailles d’une demi noix-de-coco géant. L’expérience est tentante quoiqu’elle ne semble pas très sécuritaire. Mais bon. Je préfère quand même garder mon kodak numérique au sec, question de pouvoir vous montrer des photos en revenant au Pays.



Il est 5H30 Pm.

On va relaxer au lounge de notre hutte en foin située à l’extrémité du village bruyant de Hampi. Perdus au creux des coussins multicolores, un couple de hippies sirote des drinks vert fluo à la menthe. À l’autre extrémité du lounge, une sereine famille de suédois mange leur plat de riz en paix.

Repos.

On entend une salamandre escalader un palmier.

De toutes évidences, on n’est pas les seuls qui recherchent le calme.

Et c’est alors qu’un troupeau de pères de famille indiens arrivent en fanfare. Ils brouillent le silence de leurs éclaboussant rires et de leurs vents sonores. Leurs "Mobile phones" sonnent et résonnent : sonneries techno et "dance music" à la saveur de jeux vidéo.

Tssssss.

Ce n’est pas la première fois qu’on le remarque: les indiens semblent mal à l’aise dans le silence. Si il n y a pas un son... il faut qu’ils trouvent un moyen d’en faire. Ils peuvent rire fort, péter, klaxonner, souffler dans un pipeau, kicker un chien... peu importe. On dirait qu’Ils doivent absolument se faire entendre pour exister!

Tssssss.



On entre dans notre hutte de foin qui nous servira de chambre à coucher pour cette nuit.

Il y a infestation de moustiques.

Leur nombre épidémique est affolant.

Mais on n’est pas trop inquiets, notre lit est sous une tente en moustiquaire.



On se glisse dans nos sleeping-bags.

Je me sens comme sous une tente à oxygène... ou comme dans un bunker.



19 janv:

J’ai dormi comme un ours au creux sa caverne.

Pas un seul insecte n’a pu trouver l’entrée de notre tente en moustiquaire recouvrant notre lit.

Il y a tout de même une sauterelle argentée qui semble encore chercher un moyen d’y entrer au lever du soleil.

Je la "pichenotte" alors qu’elle bave sa mélasse empoisonnée.



On marche un trois kilomètres pour se rendre de l’autre côté de la rivière Tungabhadra.

De nombreuses grues blanches plongent leurs pattes dans l’eau vaseuse des rizières.

Il y a aussi des vieilles femmes en pantalon-parachutes qui font les mêmes mouvements que les échassiers.

Riz et larves de maringouins.

Je ne sais pas trop qui cherche quoi.



On monte le ‘’Anjeyanadri Hill’’, colline haute d’environ dix étages où se trouve le ‘’Monkey Temple’’ tout en haut.

Il y a des marches pour s’y rendre... et il est midi tapant. La chaleur est plus qu’accablante. Les singes accrochés un peu partout nous ignorent alors qu’on monte pas à pas les escaliers en suant. On atteint enfin le sommet, accueillit par les jappements d’un chiot plutôt agressif. La vue sur les rizières et les rochers des alentours est hallucinante. On reprend notre souffle alors que le chiot ne cesse aucunement ses aboiements. C’est alors qu’une femme qui semble être la gardienne du ‘’Monkey Temple’’ apparaît et nous sourit. Elle agrippe rapidement la petite bête protectrice des lieux et elle lui tache le front d’un troisième œil ocré.

Je souri.

Il y a de ces choses qui me feront toujours sourire.



De retour au cœur du village, on visite le Temple principal de Hampi.

Il y a célébration.

Les indiens ont installés des chapiteaux couleur aubergine dans l’enceinte. Utilisant les toits de tissus comme des trampolines, les singes farceurs font eux aussi la fête. Mais leur jeu ne plait pas du tout à l’agent de sécurité. En effet, ce dernier essai d’atteindre les macaques fuyant en leur lançant des pierres et des boulets de crottin.

La poursuite ne semble malheureusement pas porter fruit.

Bien au contraire même.

Les singes farceurs semblent tirer davantage de plaisir à faire enrager l’agent que de sauter sur les trampolines aubergine maintenant.



Pour digérer notre souper, on retourne marcher chez les pauvres agriculteurs souriants.

C’est plein d’enfants qui se secouent le bras pour nous saluer.

Il y a un petit bonhomme en couche qui s’approche de nous en morvant. Le bambin n’a pas encore appris à dire "maman", et le voilà qui nous lance un "chkoule pen?" bien défini.

Conditionnement à la "Chiens de Pavlov" : Blancs = School Pen.

Une cigogne passe dans le ciel orangé. C’est une mère qui s’est commandée une autre bouche à nourrir.



On passe notre deuxième soirée de suite au "lounge" de notre hutte.

Cithare, pipeau et chants en montagnes russes.

Ambiance des Milles et une Nuits.

Deux hippies sont pratiquement morts à côté de nous.

Ils fument des joints comme si c’étaient des clopes.

Les voilà qui entament leur huitième pétards.

Ils sont tellement gelés qu’on les voit embrouillé.



L’alcool est interdit à Hampi. Voilà ce que ça donne.

HAMP-pi.



Demain.... on se met en route pour Bangalore...



Etienne X le barbare


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