Marrakech, Maroc (ou Le Grand Banquet)


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Published: April 5th 2013
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2-3 avril

"Eille boss... Marrakech, ça s'écrit avec un C ou un G à la fin?"

" Eeeee... Marra... eee... avec un G ch'pense..."

"Ok boss"

- Vu sur une pancarte d'autoroute entre Agadir et Marrakech: Marrakegh 242 km

...



Après un arrêt pour la nuit à l'hôtel "La Petite Suède" sans suédois d'Agadir, j'embarque dans le bus vers la fameuse Marrakech située plus au Nord, à l'intérieur des terres du Maroc.

C'est que j'ai profité de cette escale dans la ville balnéaire pour d'abord marcher sur la plage ramollie par les vagues épuisées sous le soleil couchant... mais surtout, j'en ai profité pour dormir. Ouaip, dormir un bon douze heures de suite, sans même ouvrir les yeux. Facile ça, avec ce lit de loin le plus confortable que j'ai eu depuis le début de mon périple au Maroc.

Au diable le sleeping bag cette fois.

...

Le trois heures de bus d'Agadir à Marrakech se passe à merveilles.

Le décor est sublime, avec ces arganiers éparpillés dans les montagnes et ces vallons asséchés. Un peu de neige est encore présente sur les plus hauts pics dans l'horizon, étouffés par les nuages.

Parfois, au loin, semé sur les pentes, des troupeaux de chèvres broutent presqu'invisibles dans le paysage. On dirait des fourmis.

Si on n'y porte pas attention, elles sont inexistantes.



J'arrive à Marrakech vers 14h00.

Il me faudra demander à trois taxis avant d'en trouver un qui acceptera de mettre le compteur:

"80 dirhams pour se rendre à l'hôtel Central Palace" que m'a demandé le premier...

"60 dirhams" que m'a proposé le deuxième...

...pour finalement payer 15 dirhams avec le compteur du troisième.

C'est Etienne: 1, Maroc: 0 cette fois.



J'arrive à l'hôtel "Central Palace" qui est effectivement "Central", et encore davantage "Palace".

Je suis à deux enjambées de la Place Djemaa el-Fna, le coeur de la médina de Marrakech.

On me remet la clé de la chambre 2 (il y a 40 chambres à cet hôtel). Le porte-clé qui s'y rattache a les allures d'une grosse poire en bois massif. Ça rentre difficilement dans ma poche avant ce truc. Si je perd la clé de ma chambre, sérieusement, c'est qu'on m'aura piqué mes culottes.

Bref, si je ne boite pas, c'est que je n'ai plus ma clé.



La médina de Marrakech est comme je le croyais: c'est à l'image de la labyrinthique vieille ville de Fès mais en plus propre. C'est un dédale insensé de ruelles qui part dans tous les sens. Des allées comme des racines.

Et on y retrouve des boutiques partout, c'est à en perdre la tête. Si vous trouvez un objet intérressant mais vous hésitez à l'acheter... dites-vous que vous ne retrouverez peut-être plus le commerce le lendemain: il aura peut-être juste disparu dans la spirale de la Médina de Marrakech.

Les touristes sont nombreux ici. Plus que n'importe où au Maroc. Alors que vous vous croyez seul et perdu dans les racoins d'une ruelle de la médina, là où les ferblantiers courbent le métal pour en faire des clôtures, une petite famille anglaise sort soudainement d'un coin sombre et vous souri.

C'est que peut-être vous n'étiez finalement pas si perdu.



Le soleil se couche et la Place Djemaa el-Fna s'anime comme un grand cirque à aire ouverte.

Il y a des charmeurs de serpents qui soufflent dans leurs flûte moyen-orientale et font siffler les cobras.

Il y en a aussi qui promènent des macaques enchaînés en habit de clown ou en couche.

D'autres encore chantent et dansent ou servent du thé en habits froufroutants de fourrures et de clochettes.

Et puis il y a aussi les charlatans et les vendeux de potions colorées.

Et des grands noirs du sahel aussi, venus de villages qui n'existent pas et qui vendent des oeufs d'oiseaux qui n'existent plus.

Il y a des presseurs d'oranges,

et des motos pressées aussi,

et puis il y a les tours de calèches

ou ceux de magie.



Et pis il y a les jeux d'adresse impopulaires

et pis les stands de fruits séchés.

Sans oublier tous ces comptoirs de grillades sous leur bâches qui claquent au vent, et la fumée de leurs grills qui s'étend sur la nuit où s'étoilent les lampes au gaz des enrubannés assis par terre.



Il y a des pauvres et des quêteux, et des femmes au regard triste où s'accroche un mioche endormi.

Et des unijambistes et des cul-de-jattes, et pis des aveugles et des borgnes.

Et des vendeurs de kleenex, des poches vides et des pickpockets.

Et des enfants voleurs de miettes qui se font tabasser lorsqu'ils se font surprendre à survivre.



Une femme là-bas, complètement disparue sous l'opacité du noir de son voile, vend des gros ballons joyeux jaune et pis rouge et pis bleu aux enfants.

Il y a un moustachu aussi, habillé en fée, qui essai de vendre aux gamins des ailes d'ange en Saran Wrap.

Voilà.

Chacun gagne sa vie comme il peut.



J'arpente donc la chahuteuse Place Djemaa el-Fna comme ça, armé de ma Nikon, cherchant à fixer les étrangetés. Mais tous ou presque exigent un pourboire pour la prise de photo. Il faut donc y aller avec générosité... ou astuces.





Je retourne à mon affreuse chambre dans l'hôtel majestueux vers 22h00.

Une petite coquerelle africaine est statufiée dans mon lavabo, tandis qu'une autre grimpe le mur près de ma tête de lit. Ce sont les premières que je vois depuis mon presque 5 semaines au Maroc.

Pas si mal, non?

Je vous avoue que je m'attendais à bien pire du continent Africain.



Note à Moi-Même:

Vu sur un paquet de gomme à la "chlorophyll": "Contient une source de phénylalanine. Une consommation excessive peut avoir des effets laxatifs". Et bien voyez-vous ça... de la gomme qui donne le flu maintenant.





4 avril

C'est plutôt bruyant de dormir si près de la Place Djemaa el-Fna dans le fond. Les bouchons ont toutefois tenu le coup face aux tambours, aux trompettes et aux motos qui circulent tout près de l'hôtel jusqu'à très tard dans la nuit.

Au réveil, je me prend une douche bouillante dans la salle de toilette commune de mon étage. Le drain est bloqué et l'odeur ici empoisonne. Le panier-poubelle est débordant du papier Q souillé des derniers jours. Il y règne une vapeur persistante de merde. Vous savez, c'est pire quand c'est l'odeur des autres.

Je me lance encore une fois aujourd'hui dans le creux de la médina qui avale tout rond les touristes.

Beaucoup de commerçants sont très accaparants ici. Je n'ose parfois même plus regarder les boutiques, de peur de me faire agripper par les vendeurs.

"Vous cherchez quoi?" qu'on me demande.

"Rien rien" que je répond en essayant de sourire.

"Vous voulez une lampe ou un tapis ou des babouches ou une jellaba colorée ou un sac en cuir ou un chameau en bois ou de l'huile d'argan ou du safran...

... ou du laissezmoitranquillequejepuisserespirer etquejacheteraicertainementrienici etquedumomentquilmeparleencorejefoutlecampsensouriant pisenluidisantmercimaisnonmerciensouriant".

Ouf.

Etourdissante la médina.

Du moment que je trouve la sortie, et bien, je sort.

Au final, j'ai passé pratiquement tout l'après-midi dans le labyrinthe de la vieille ville de Marrakech.

Et la dernière heure, je l'ai passé à chercher mon chemin vers la sortie.



Comme à Fès, au diable les cartes et les guides!



La journée s'achève et encore une fois, je sort ma Nikon et mon trépied dans la nuit, à la lueur des ampoules enfumées par les grills de la Place Djemaa el-Fna.

On me demande parfois de rester pour prendre le thé, ou de les prendre en photo pour qu'ils puissent apparaître sur le cover d'un magazine pour lequel ils imaginent que je travaille. Ça me fait sourire tout ça. Ça reste que c'est une bonne astuce pour se laisser accorder des prises de vus des commerçants parfois maussades derrière leurs étalages de sirops miracles.



Etienne X


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