Les refugies de Puerto Natales


Advertisement
Chile's flag
South America » Chile » Magallanes » Puerto Natales
January 12th 2011
Published: February 4th 2011
Edit Blog Post

Dans le bus du retour de Torres Del Paine à Puerto Natales, je me réjouis de pouvoir passer une bonne nuit de sommeil avant de rejoindre Ushuaia, et je me félicite d'avoir déjà mon billet de bus pour le bout du monde. C'était sans compter les caprices du destin... Au retour à l'auberge Esmeralda, où j'ai déjà passé une nuit avant le trek, j'apprend que le lendemain matin débute une grève. Les gens de la région protestent contre la hausse du prix du gaz. Les informations sont assez obscures, mais je dois changer mon billet pour le surlendemain. L'ambiance à l'auberge étant très bonne, je suis assez contente d'avoir une journée de plus pour me reposer et c'est confiante que je passe la soirée à apprendre à faire des sushis avec Cristobald, le gérant de l'auberge. Puis un groupe de 3 français/canadiens débarquent. Il se trouve qu'on était voisin au dernier camping où je suis allée à Torres Del Paine. On sympathise, on boit quelques verres, on joue au ping pong et on part se coucher.

Le lendemain, Mercredi, tous les magasins, supermarchés et restaurants sont fermés à cause de la grève. Cristobald propose d'aller faire du cheval. On part avec un groupe de 15 chiliennes qui voyagent toutes ensembles ! Elles me posent beaucoup de questions sur le fait que je voyage seule. Moi, je ne comprend pas comment on peut voyager à 15 ! Bref, on part faire de l'équitation et on est arrêtés par l'un des barrages à la sortie de la ville. Des camions barrent la route mais on passe tranquillement à pied. Les chevaux nous attendent de l'autre coté. On part pour une superbe balade à Dorotea, à une vingtaine de km de la frontière avec l'Argentine. Dans la pampa, les chevaux s'en donnent à coeur joie et on les traverse à toute vitesse au galop. Puis on monte des collines. Le temps se couvre et la pluie débute, mais ne suffit pas à obscurcir le paysage qui nous attend en haut. Puis on fait un feu et on boit du maté avant de redescendre. La femme de Adam, notre guide, nous attend dans leur coquette maison avec du thé, du café et du pain frais. Ils sont adorables...

Puis on retourne à l'auberge et on nous annonce que la grève va continuer le lendemain. L'agence qui m'a vendu mon billet de bus est fermée donc je n'ai pas plus d'information. Je décide de ne pas m'inquiéter et je passe de nouveau la soirée aux fourneaux. Ca fait quand même du bien de manger des légumes et des soupes maison après tous les produits lyophilisés du trek !

Jeudi, on est vraiment coincés dans la ville. Adam, qui nous a emmené faire du cheval a reçu des menaces pour nous avoir emmené et plus personne ne veux s'approcher des barrages en voiture. On décide donc de... cuisiner ! Les chiliennes font des choux fourrés au dulce de leche, et je fais un cake bananes/amandes. En fin d'après-midi, les touristes s'échauffent dans la ville et le gouverneur de la province prend la parole sur la place de la poste. Il ne nous apprend pas grand chose, mais comme dans tous conflit qui mêle l'état à la population, la croix rouge va intervenir.

Le soir, Cristobald ramène plein de crabe royal et on se fait une superbe salade accompagnée d'une soupe au potiron. On sympathise bien avec Jo, Steph et Moudar, qui sont français et vivent au Canada. Les parties de Uno sont musclées, entre les règles qui diffèrent et les tricheurs...

Vendredi,
Le premier jour, on nLe premier jour, on nLe premier jour, on n

En voyant la photo, je me dis qu'en 3 mois, les cheveux ca pousse !
même topo. C'est le troisième jour que nous sommes coincés... On trouve toujours des activités d'intérieur, de nouveau c'est cuisine avec crumble et tiramisu à la clef, et DVD. Dans l'après-midi, le groupe de 4 argentins qui loge à l'auberge décide de partir à pied traverser la frontière ! 28km à pied, puis en stop jusqu'à Buenos Aires... Je pense sérieusement partir avec eux, mais marcher avec mon sac plein (plus de 20kg), ce n'est pas la même chose que lorsque je pars en trek avec max 15kg ! Finalement je renonce et on leur souhaite bonne chance...

Samedi matin, c'est l'anniversaire de Jo et elle a 30 ans ! Elle n'aurait pas imaginer les passer dans ces conditions, mais on lui prépare tout de même un petit déjeuner de reine, avec crèpes, jus d'orange frais et... nutella ! Et la bonne nouvelle tombe: des négociations avec les grèvistes ont conduit à un accord qui fait que la croix rouge va nous évacuer le jour même, en direction de El Calafate en Argentine ! On part s'inscrire sur la liste à l'autre bout de la ville. La croix rouge a investit une école où les gens se pressent pour s'inscrire. Après une longue attente, c'est notre tour et un militaire nous tamponne même notre passeport pour la sortie du Chili ! Le plan: ils nous emmènent à l'aéroport et nous évacuent en avion militaire. Je ne me réjouis pas de partir en avion, mais je ne vais pas faire la difficile... Rendez-vous à 15h au même endroit. On part donc faire nos sacs. A 15h, environ un millier de touriste est à l'école pour être évacués. Une partie sera évacuée vers Punta Arenas, pour prendre des avions vers Santiago et l'autre à El Calafate, en Argentine. Des bus arrivent finalement et les personnes prioritaires (personnes agées, femmes enceintes, personnes malades) montent. Finalement, les bus vont aller jusqu'à El Calafate et il n'y aura pas d'avion. Bien sur il n'y a pas de place pour tout le monde et après une attente interminable à écouter les noms des chanceux qui partent, on se rend compte qu'on va devoir passer la nuit sur place. On installe donc notre campement, dans le gymnase de l'école. Il y a des matelas, et certains montent leur tente. Vers 22h30, la croix rouge nous sert des pates et on part se coucher en espérant être évacués le lendemain.

Dimanche, rebelotte. On attend toute la journée que quelquechose se passe, en écoutant toutes les informations contradictoires qu'on nous donne mais on a le moral; cette situation de "réfugiés" nous amuse... On regarde des films, on tourne des mini reportages et des interviews avec nos appareils photos et on va dans la salle internet qui a été mise à notre disposition. Certains restaurants ont réouverts et on s'offre même le luxe d'un bon steak. A 18h, on nous dit que le barrage est levé jusqu'à 23h, que les voitures des touristes peuvent passer mais qu'il n'y aura pas de bus. Commence alors une course contre la montre pour tenter de trouver quelqu'un pour nous emmener. Malheureusement les gens ont peur des représailles pour ceux qui emmèneraient des touristes et ceux qui veulent bien nous emmener tentent de profiter de nous et de nous faire payer une fortune. Excédés, on renonce puis on s'énerve car la croix rouge et l'armée nous ont promenés dans toute la ville en nous disant que le camp de la croix rouge a changé de place... Finalement on retourne dans notre gymnase, et c'est reparti pour la soupe de la Croix Rouge. On s'installe dans une salle de cours pour avoir plus chaud et on s'endort un peu perdus.

Lundi matin, sixième jour, c'en est trop. Tous les gens qui voulaient aller à Punta Arenas ont été évacués et nous on est toujours coincés ici ! Je tente de parler avec les militaires, mais il n'y a jamais aucune information stable et on ne sait pas quel est l'état de la situation, ce qui amène de la tension dans le groupe.

Moralement, ça devient difficile; moi qui voyage en savourant chaque jour cette liberté que j'ai d'aller où je veux, quand je veux, je ne supporte plus d'être bloquée ici. Il semblerait que le barrage ait été refermé et que de toute façon aucun bus ne passera. A 11h, une annonce est faite et si on le souhaite on peut partir avec un camion qui nous dépose avant le barrage. La ville la plus proche, Rio Turbio en Argentine est à 20km à pied. Désespérés, excédés et énervés, on décide à partir avec nos gros sacs. 3 camions militiares emmènent environ 150 personnes près du barrage puis commence une longue marche le long de la route. On passe sans encombres le barrage, et une vingtaine de minutes plus tart le miracle se produit: des pick ups de la police nous emmènent jusqu'à la frontière ! Le voyage se fait en plusieurs fois, il y a beaucoup de vent et il fait froid à l'arrière du pick up, mais on avance rapidement !!! Finalement on passe la frontière et il ne nous ne reste que 7km jusqu'à Rio Turbio où on arrive sans difficultés. C'est ici qu'on va se séparer Jo, Steph, Moud et moi. Ils vont aller à El Calafate et je vais aller vers l'est, à Rio Gallegos. On se renseigne aux agences de bus et on apprend que les bus sont au milieu de la nuit. Je décide, sur cet élan de chance et parce que j'en ai marre de voir toujours les mêmes têtes de touristes, de partir faire du stop ! Je dis au revoir à mes potes de galère, et en route pour l'aventure et la liberté retrouvée !


Les argentins de l'auberge m'avaient dit qu'au sud de l'Argentine, en Patagonie, le stop était monnaie courante et que ça allait bien marcher, mais je ne pensais pas que ce serait aussi rapide ! Je marche quelques minutes, quelqu'un me prend, me conduit 7km plus loin, le long de la grande route et même pas 5 minutes plus tard un camion s'arrête !

Commence alors un autre long voyage. Je rencontre Alberto, 40 ans, routier, qui voyage pour la première fois au sud du pays. Il remonte vers le nord et passe à 40km de Rio Gallegos ! Il est très sympa et on discute de tout et de rien; de mon voyage, mon travail, de sa femme et ses 2 enfants qui vivaient dans une favella et qu'il a adopté. A La Esperanza, à mi-chemin, je m'arrête à un poste de police car je ne sais pas vraiment où je vais aller ensuite. Je souhaite aller à Ushuaia, mais pour y aller par voie terrestre, il faut obligatoirement repasser par le Chili ! Un policier me confirme que je ne pourrais pas passer en bus. N'ayant pas envie d'être de nouveau bloquée quelque part, je décide à contre coeur de ne pas aller à Ushuaia. Mine de rien, c'est un petit bout de mon rêve qui s'envole, car je n'aurais pas été "au bout du monde"... Mais c'est le jeu, lorsqu'on a pas de plan et qu'on se laisse porter par les évènements, il faut accepter qu'on ne peut pas toujours faire ce que l'on veut.

Mais étant donné qu'Alberto va passer à Puerto Madryn, ça va être facile d'y aller !!! On est donc partis pour faire près de 1500km ensemble 😊 Un camion c'est bien plus confortable qu'un bus pour dormir ! Sans compter que dans les stations services il y a tout le confort nécessaire, avec douche et cantine. Le deuxième jour, on arrive au bord de l'Atlantique. Au bout d'une plage déserte, on aperçoit ce que je crois être un attroupement de gens. Alberto se met à rire, s'arrête et me dit de prendre mes jumelles. Ce sont en fait... des otaries ! Il y en a plein, et elles sont confortablement installées sur la plage. je marche dans leur direction, jusqu'à arriver à quelque mètres d'eux. Il doit en avoir une cinquantaine et elles font un bruit assourdissant, entre les mâles qui se battent pour les harems et les femelles qui s'étirent. Ca a l'air dur la vie d'otarie !

Les journées passent vite, on discute, je regarde des films et surtout... on boit du
Les bus qui emmenent les personnes prioritaires a El CalafateLes bus qui emmenent les personnes prioritaires a El CalafateLes bus qui emmenent les personnes prioritaires a El Calafate

Nous on est pries de rester sagement devant les militaires
maté. C'est vraiment tout une tradition. Alberto m'apprend comment le préparer, comment mettre la bonbilla dans le thé et comment servir l'eau, en inclinant la tasse pour que l'herbe soit à 45°. C'est tout un art... La discussion n'est pas toujours facile parce qu'en Argentine, l'espagnol change complètement ! Je m'habitue rapidement à l'accent, mais il y a aussi beaucoup de mots propres à l'Argentine, et c'est très frustrant quand on pense maîtriser une langue de se retrouver comme au début, à se faire expliquer pleins de mots ou à ne pas comprendre les blagues.

Finalement j'arrive à Puerto Madryn. Alberto me dépose le long de la grande route, à environ 7km de la ville. Il me dit que je peux marcher mais je lève tout de même timidement le pouce et 30 secondes plus tard je suis dans une voiture avec une famille qui se rend à un anniversaire et me dépose devant l'hotel de mon choix !

Vraiment le stop en Patagonie, c'est un art de vivre ! 😊



Additional photos below
Photos: 26, Displayed: 26


Advertisement

Ma chambre (et celle de 15 autres personnes)Ma chambre (et celle de 15 autres personnes)
Ma chambre (et celle de 15 autres personnes)

Dont deux belges qui habitent a 500m de chez moi !!!


10th February 2011

coucou
j'aime bien ton blog, vivement la suite !!avec plein de photos bonne route ma louloute

Tot: 0.494s; Tpl: 0.019s; cc: 19; qc: 104; dbt: 0.4106s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.3mb