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Published: April 21st 2010
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Etape numero 1: le bus de El Chalten au lago del desiertoPour acceder au Chili depuis El Chalten il faut prendre successivement un bus, un bateau sur le lago del desierto (ou le longer a pied) et puis faire 22 km a pied avec toutes ses affaires sur le dos.
Apres avoir fait tout ca je suis arrive a un minuscule bled (un poste douanier chilien sur le lac O'Higgins) ou j'ai fait la connaissance de 3 francais. Clementine, 26 ans, prof d'espagnol en France, qui voyageait pour 6 mois et devait retrouver son copain a Santiago 3 semaines plus tard. Puis un couple de francais, tous les 2 profs de sport, qui faisaient Ushuaia-Lima en velo . . . le couple attendait le bateau depuis la veille et logeait dans une petite cabane qui a vraisemblablement deja acceuillit des dizaines de cyclistes comme eux. On a mange ensemble dans leur cabane, a la lumiere de nos frontales et du poele!
Le lendemain on payait 80 dollars americains pour traverser le lac. Le proprio du bateau a gentillement double son tarif en un an car il n'a pas de concurrence. Le nombre de passager aurait diminue d'une annee a l'autre mais je pense qu'il fait quand meme une bonne affaire
. . .
A Villa O'Higgins, la ville la plus au Sud de la Carretera, on a tous loge dans l'auberge d'un espagnol. On a discute avec lui et il nous a bien deprime avec son histoire de la carretera australe.
Mais tout d'abord un peu d'histoire:
C'est le regime militaire de Pinochet qui est a l'origine de la carretera austral, dont les premiers travaux se sont termine debut des annees 80. L'idee etait de relier le nord et le sud du pays, et de pouvoir acceder aux regions les plus isolees du pays sans devoir passer par la mer ou ... par l'Argentine.
Avant cela, plusieures zones desormais traversees par la carretera etait inoccupees par l'homme. Meme dans les temps les plus recules, jamais l'homme n'avait ete vivre la-bas (climat rude, region difficile d'acces, pas grand chose a manger). Et cela fait reflechir: l'homme n'est peut-etre pas sense se trouver en cet endroit, peut-etre vaudrait-il mieux y laisser la nature tranquille . . .
Aujourd'hui tout est a vendre, le Chili etant un des regimes les plus liberals du continent. Et des gens achetent... Des industriels qui, dans le cadre de Kyoto, utilisent les forets comme
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Etape numero 2: la traversee du lac en bateau compensation aux emissions de CO2 de leur usines. Des entreprises energetiques qui esperent exploiter le potentiel hydroelectrique de la region. Des personnes qui veulent refaire leur vie ici comme l'espagnol. Et .. Douglas Tompkins.
Tompkins, millionaire americain, createur de la marque de vetements de rando The North Face, aurait vendu ses actions et laisser tomber le monde de l'entreprise pour acheter d'immenses territoires dans le but d'en faire la plus grande reserve naturelle privee du monde. Son objectif est a priori magnifique et ajd ce territoire est officiellemnt devenu un parc national apres que Tompkins l'ai offert a l'etat.
Mais la controverse fut enorme a l'epoque: un envahiseur americain aux objectifs douteux, dont le territoire coupait le pays en deux (de la cote jusqu'a la frontiere argentine), qui a achete les differentes parcelles en utilisant des intermediaires afin de ne pas payer trop cher ...
Et la controverse reste d'actualite: meme si c'est un parc naturel ouvert a tous, il faudrait payer une fortune pour y rentrer et, en certain endroit, les habitants ne peuvent plus rejoindre les axes de communication du pays sans passer par le parc (ou en faisant un enorme detour).
Il y a moyen d'aller
faire du volontariat dans un de ces parc (la seconde femme de Tompkins s'occupe elle aussi d'un parc, tjs au Chili). J'ai rencontre une americaine qui y etait restee plusieurs semaines. Le travail consiste a retirer les anciennes clotures, faire des collectes de graines, ... Le logement est gratuit (sous tente) et les volontaires payent 15 US dollars par jour pour la nourriture.
L'Espagnol de notre auberge etait plutot favorable a Tompkins. L'idee d'un etranger qui achete un immense territoire ne lui plaisait pas, mais le resultat est la...
Cet Espagnol se dit heureux car il vit dans un cadre magnifique et a pu s'acheter un grand terrain et y construire une belle auberge, chose qu'il n'aurait jamais pu se payer ailleurs. Mais quand on lui demande s'il a des amis ici (il vit la depuis 6 ans) il repond qu'il n'est pas parti la-bas pour s'y faire des amis . . .
Et il faut bien dire que les locaux ne sont pas aimables. Il n'y a rien a faire la-bas, ou alors avec bcp de motivations, chose qui leur manque cruellement. La majorite de la population vit d'emplois publics (prof, employes communaux, ...). En fait, pour un
meme job public, le salaire serait le double ici que ailleurs dans le pays, car le gouvernement veut motiver les gens a s'installer la-bas.
Ce qui deprime le plus l'Espagnol est de savoir que, un jour ou l'autre, un barrage se construira. Le pays fait face a un gros probleme energetique: pas de gaz, pas de petroles, donc il faut tout acheter a l'etranger. Mais il y a aussi bcp d'eau dans le sud et bcp de soleil dans le nord.
Le nouveau gouvernement de Piñera - le premier gars de droite au pouvoir depuis 20 ans, un homme d'affaire tres tres riches, ancien gros actionnaire de la compagnie aerienne LAN (il a vendu ses parts avant de prendre la presidence, ce qu'il avait promis pendant sa campagne) et tjs actionnaire d'une chaine de tele (ce n'est pas la plus grosse, mais on ne sait pas s'il va vendre ca aussi) - est favorable a la construction de barrages. By the way, au moment de la passation de pouvoir entre lui et Roseline Bachelet, il y a eu une replique du tremblement de terre. Je n'ai pas vu de video mais apparemment c'etait assez comique de voir la reaction
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Etape numero 3: 22 km a pied avec toutes mes affaires de l'assemblee.
Pour en revenir aux barrages, outre l'impact ecologique direct, le plus gros probleme est que cela pourrait amener plus d'industries dans la region. Une fois que l'electricite sera facilement accessible, ce sera l'exploitation miniere qui pourra demarer . . .
Il nous a aussi raconter l'histoire de l'industrie du poisson: le chili s'est lance dans un elevage bcp trop intensif du poisson. Du coup, les poissons vivant trop pres les uns des autres, des maladies ont cause des ravages enormes et ajd c'est a peine si les locaux pechent pour leur propre consomation.
On a aussi discute de la possible prolongation de la carretra plus au sud, ce qui permettrait de relier Punta Arena au reste du pays. Mais pour lui c'est de la pure science-fiction, car plus au sud ce ne sont que glaciers et montagnes.
Le lendemain le couple francais continuait sa route et je partais a Calleta Tortel avec Clementine. Une ville tres particuliere, sur le flanc d'une colline, directement au bord du lac. Du coup il n'y a pas de route, uniquement des passerelles en bois. Ce village devrait etre un port de peche, mais les bateaux semblent etre uniquement
utilises pour le transport de marchandises et de bois de chauffage. On a loge chez une folle qui occupait son temps en faisant du pain et en parlant du prix et des services des differentes auberges de la region.
Dans le bus vers la ville suivante (Cochrane) j'entendais deux dames remercier Pinochet pour avoir construit la Carretera Austral . . .
Le lendemain on se retrouve a faire du stop. C'est un anglais qui nous enmene, Graham. Clementine decide de s'arreter dans un village et moi de continuer avec Graham.
Le type me raconte sa vie. Un ancien soldat qui a eu l'occasion pendant sa carriere d'aller faire un projet au Chili. Il y est reste et y a rencontre sa deuxieme femme. Ajd il essaye de monter un business dans lequel il apporterait toute l'assistance technique et materielle aux expeditions scientifiques. Ca a l'air de marcher plus au moins, mais le materiel coute cher et il a tjs du mal a trouver des guides locaux pour mener ces expeditions.
La suite: une grande ville ininteressante et un village incroyablement humide au bord d'un fjord. Dans ce dernier je loge dans une auberge tenu par un couple. La
femme, tjs tres apretee, me donne l'impression de s'ennuyer incroyablement. J'y rencontre aussi un allemand qui possede un terrain dans la region. Il va peut-etre se faire exproprier dans le cadre des extensions de la carretera et venait voir ce qu'il en etait.
Puis un bled, Puyuhuapi, qui avait ete fonde par des allemands dans les annes 30. Je loge dans un super B&B tenu par une descante des familles fondatrices. J'y rencontre 2 americaines qui louait une voiture, ce qui me facilite bcp la vie. Et ainsi j'aurais eu l'occasion de conduire une voiture sur cette carretera: atroce et dangereux. . .
Dans la ville suivante, Futaleufu, les filles m'enmenent dans un refuge a l'ecart de la ville. J'y resterai 4 jours a contempler les montagnes, faire qq promenades sous la pluie, lire au coin du feu et discuter avec la seule autre locataire: une sud-africaine, la quarantaine, prof particulier de la fille du proprio de la plus grande agence locale de rafting/kayak - un americain, ancien champion olympique. Si j'ai passe autant de temps la-bas c'est aussi parce que j'attendais de pouvoir faire du rafting...
Le rafting, c'est terrible. La riviere de Futaleufu est consideree
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La frontiere argentine et 20 metres plus loin .. comme faisant partie du top 5 au monde!!! Avec des rapides de classe 4, 4+ et .. 5 (au-dessus il y a encore le 5+, puis ca devient impraticable).
Une experience a refaire !! (au Peru, pour le meme prix j'aurai droit a 3 jours de descente avec nourriture incluse).
J'hesitais a partir le jour meme en stop pour retourner en Argentine, mais une bonne surprise m'attendais a l'auberge: Amberd. Une americaine de 26 ans, prof de yoga et de ski. Son copain, sud-africain, est guide de kayak. Du coup gros probleme: pendant, l'hiver, lorsqu'elle aimerait etre au nord pour donner des cours de ski, son copain est au sud pour faire du kayak!! Et donc ils ont bcp de mal a arranger leur vie comune. J'ai fait de mon mieux pour la consoler, au coin du feu, en buvant du vin.
Vers minuit d'autres personnes arrivaient de nulle part avec encore plus de vin. Et ce n'est que vers 2h30 du matin que je finissais mon sac.
5 heures plus tard je quittais le gite pour aller faire du stop et quitter cette tres surprenante Carretera Austral !
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