Patagonie : moi j'ai, juste eu, de la chance (part 2)


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South America » Argentina » Tierra del Fuego
January 31st 2023
Published: January 31st 2023
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Les jours qui suivent, la chance se range de notre coté et les expériences inoubliables s'enchaînent jour après jour.

A Puerto Rio Tranquilo, on hésite à débourser 100 euros pour une journée à explorer les glaciers. Pour autant, lorsque l'on rentre fatigués le soir, c'est avec un sentiment d'euphorie partagé par tous:
Après une heure de trajet, le bus nous dépose à l'entrée d'une forêt. Notre guide nous invite à enfiler nos casques et nous donne à chacun une paire de crampons. Après une heure de marche, on émerge de la forêt pour arriver dans un paysage sublime. Une mer de cailloux épars nous sépare du glacier qui se découpe en petites collines à plusieurs centaines de mètres. Le guide nous explique que l'expansion ou au contraire la réduction du glacier a modelé le paysage ce qui explique les rochers broyés s'étendant sous nos yeux. Le guide nous montre un éclat de noir étincelant entre deux rochers. Il s'agit de glace piégée sous les rochers qui ont empêché la lumière de pénétrer. Au fil des années, la glace devenue de plus en plus dense, a viré du blanc au bleu de plus en plus foncé avant de devenir entièrement noire. Après avoir traversé avec difficulté cette mer de cailloux peu praticable, on arrive enfin au glacier. On chausse les crampons et on écoute avec attention notre guide nous expliquant comment effectuer une montée (en pingouin) ou une descente (en héron).

J'ai l'impression de revoir Tintin au Tibet: dans un environnement glacé nous formons une file indienne derrière notre guide qui explore régulièrement la praticabilité de la voie au moyen de son piolet. L'environnement qui nous entoure est lunaire dans tous les sens du terme: des dunes blanches entrecoupées de crevasses s'étendent sur des kilomètres à la ronde. En arrière plan les sommets enneigés de la Cordillère nous toisent de toute leur puissance. Le soleil éclatant fait miroiter les parties les plus blanches, alors que celles qui sont à l'ombre se déclinent en cinquante nuances de bleu. Ce qui me frappe aussi c'est qu'on est dans un paysage vivant : les glaciers gouttent, les blocs se déplacent et des craquements suivis d'éboulis retentissent régulièrement. Mon genou prend cher, mais résiste vaillamment, et c'est un prix peu cher à payer pour de tels souvenirs.

Le lendemain, une expérience totalement différente nous attend. Nouveau lever aux aurores pour nous rendre sur le lac du général Assimpah et partir explorer les grottes de marbre en kayak. Arrivés 30 minutes en retard (après avoir décommandé pour l'avant-veille) les moniteurs à la dégaine limite semblent revenir de soirée. Ils nous expliquent rapidement les consignes de sécurité et nous nous jetons à l'eau sans plus tarder. La journée est superbe: le soleil brille déjà de mille feux et le lac est d'un bleu exceptionnel.
Avec Herr Françüzich, mon compagnon de kayak, on retrouve vite les automatismes de Nouvelle Zélande. Et il vaut mieux parce que pour m'y être baigné l'avant veille, si on se retourne le lac est à 10 degrés. Le beau temps a raison de l'engourdissement matinal et l'euphorie gagne une nouvelle fois notre petit groupe. Les blagues douteuses des moniteurs, les abordages réguliers (ceci est un abordage !), et le décor merveilleux viennent ajouter un nouveau souvenir exceptionnel à une liste pourtant déjà bien remplie.

Après ces deux matinées aux aurores et ces journées bien remplies, on commence à fatiguer sérieusement.
C'est parfait, notre prochaine étape est Cochrane et le logement idyllique de Felix Escobar, aka Don Gros ventre. S'enchaînent alors deux jours à lire au soleil, regarder les étoiles et profiter du restau incroyable: La Isla, dont le restaurateur nous régale avec ses épaules de porc au miel, ses agneaux braisés et ses vacunas préparées à la Patagonienne.

La dernière étape avant de traverser la frontière Argentine est le parc Patagonia. Le paysage a une nouvelle fois changé et nous sommes maintenant dans un environnement extrêmement sec où les forêts font place aux canyons. Le vent fait tournoyer des volutes de poussière sur les montagnes escarpées, et les rares végétaux sont calcinés par le soleil, alors que les condors tournoient dans le ciel. La rando se conclue par un passage à la boutique pour remplir nos gourdes et l'homme à la moustache en profite pour devenir l'homme au bob. Un arrêt à 21h pour clipper devant une cascade magnifique nous fait arriver vers minuit à quelques mètres de la frontière après une route de l'enfer.

Et nous ne sommes pas au bout de nos peines car le lendemain une grosse journée nous attend avec pas moins de 1100km.

Lever aux aurores, la douane passée, nous voilà déjà repartis dans une Argentine qui affirme clairement son identité.
La façon de parler change, les signes d'appartenance des Malouines sont partout, de même que les drapeaux et les maillots de Messi qui n'a jamais aussi bien porté son nom. La voiture fait détaler devant elle les lièvres et lapins, alors que les lamas et autruches sauvages nous regardent passer d'un air blasé.
La monnaie argentine étant complètement à genoux, le dollar et l'euro valent de l'or. Ca nous permet de diviser par deux le prix de nos dépenses en retirant du cash aux (trop rares) Western Unions que nous cherchons fiévreusement. Grâce à ça, on se permet quelques restaus plus chers pour profiter de la gastronomie incroyable. Ojo de bife, bife de chorizo, cordero asado, les parrillas (restaurants de grillades) sont une véritable institution et je ne crois pas avoir mangé de viande aussi délicieuse ailleurs.

Apres une journée de rando pour aller contempler le Fitzroy à el Chalten, nous mettons le cap toujours plus au sud pour notre prochaine destination: el Calafate. Au programme: la découverte du Perito Moreno.

Ce glacier aux proportions colossales ne ressemble à rien que j'ai pu voir dans ma vie. La meilleure comparaison que je pourrais vous donner pour vous faire une idée est Le Mur de Game of Thrones. Essayez de vous imaginer une mer d'un bleu laiteux. Levez les yeux vers l'horizon, vous serez incapables de la distinguer derrière cette immense barrière de 60 mètres de hauteur aux cinquante nuances de bleu. Alors que nous montons de plus en plus haut se dessine alors le haut du glacier. Loin des douces dunes que nous avons pu grimper à Puerto Rio Tranquilo, c'est une véritable mer de glace hérissée de pointes qui s'étend sur des kilomètres. Régulièrement et avec des craquements sinistres, des blocs plus ou moins grands de glacier se séparent et tombent dans la mer dans un fracas assourdissant déclenchant des mini tsunamis. Une fois de plus, (ca commence à devenir une habitude dans ce voyage), je réalise à quel point j'ai de la chance d'être ici pour admirer un spectacle aussi macabre et grandiose


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