Patagonie : la route de l'humilité (1ère partie)


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January 22nd 2023
Published: January 22nd 2023
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Patagonie
Qui dit voyage extraordinaire dit forcément article pour garder une trace.

2023 s'annonçant pleine d'événements et de voyages, ce voyage n'était pas forcement une évidence. Il a été évoqué puis remis à plus tard pour des raisons raisonnables.

Mais Patagonie.
Un nom qui fait rêver rien qu'en l'évoquant. L'immensité sud-américaine s'étalant sur des milliers de kilomètres jusqu'aux prémices du Pole Sud. Des sommets enneigés se perdant dans les nuages. Des plaines sans fin. Des lacs étincelants reflétant le ciel sillonné par les condors. Des caballeros à cheval, des ciels étoilés, des feux de bois pour griller la viande élevée dans cet environnement unique.

Patagonie. Ce nom mythique aura eu raison de mes derniers doutes. Surtout quand ça me permet de retrouver mes deux potos absents depuis longtemps. Alexis en vadrouille pendant son année sabbatique. Nathan établi pour 4 ans à La Paz.

Quelques dizaines d'heures plus tard, après avoir traversé un océan et un continent, me voilà à Puerto Montt ville moyenne du milieu du Chili. M'y accueillent mes deux compères et Mel, la copine de Nathan. Il est 21h passées et le soleil est encore haut dans le ciel. Pour moi qui arrive de Lille en ce mois de Janvier c'est déjà une première surprise.

Les retrouvailles font chaud au coeur et on célèbre ca autour d'une parrilla, un assortiment de viandes grillées. On est rejoint par deux amis de Nathan; Laura et Frank, aka les grands organisateurs de ce voyage.

La journée du lendemain est clairement pas la plus sympa. Lever tôt sous la pluie direction l'aéroport pour aller récupérer la voiture. Après un bol de soupe au crabe sur le marché de l'île de Chiloe s'ensuivent deux ferry consécutifs où on charge la voiture pour traverser l'estuaire qui relie Chiloe au continent.
L'occasion de mieux faire connaissance avec Frank et Laura. D'une trentaine d'années, les deux sont au milieu de leur périple sud-américain. Fan de plongée, Frank a un humour extrêmement caustique et a multiplié les métiers ce qui en fait une source inépuisable de conversations. Laura, beaucoup plus discrète cache une sensibilité touchante derrière une façade bravache. Ils ne se ressemblent à priori pas, mais on sent la puissance discrète du lien qui les unit. Au fil des jours, ils se révèleront tous deux des compagnons de voyage exceptionnels.

Le deuxième trajet du ferry dure quand même six heures et arrivés à terre à minuit, il nous reste encore deux heures de voiture pour rejoindre notre logement à Puyuhuapi. La nuit est d'un noir de jais, et les seules âmes que l'on croise sont des vaches et des chiens stationnant en plein milieu de la route. Les culs de poule venant secouer la voiture remplie au max empêchent l'équipage de s'endormir, de même que les chiens qui aboient agressivement à notre arrivée.
Tel un héros, notre sauveur Don Luis, fraîchement sorti de son lit, émerge de l'obscurité pour nous ouvrir sa cabane. Notre sourire fatigué s'élargit lorsqu'il nous montre le poêle à bois dans lequel il glisse deux bûches. Et c'est avec un feu ronflant que l'on se glisse sous les draps à 3h du mat.

J'ai du mal a trouver un attrait à Puyuhuapi. A quelques exceptions près les bâtiments tombent en ruines, les chiens errants sont agressifs et les quelques épiceries/minimarkets ont des rayons aux allures soviétiques. Le temps couvert n'aide pas, et nous jouons de malchance. Le parc national que nous voulions arpenter ferme au moment où nous nous y rendons, et les thermes, (notre plan B) sont pleins.

On conclut donc la journée d'un purée-riz sauté en regardant "Coupez" et je ne suis pas fâché de partir vers notre prochaine étape : Coyhaique. Le logement de Pepe est magnifique avec de grandes fenêtres donnant sur un panorama. Alors que le soleil se couche (à 22h30!), et que le feu crépite dans le poêle, les premières étoiles apparaissent et un spectacle magnifique se dévoile sous nos yeux. Les quelques étoiles que l'on peut parfois apercevoir dans le ciel francais font ici place à une véritable tapisserie céleste.

Sous nos yeux ébahis la voie lactée se détache clairement du ciel dans lequel on peut lire comme un livre. Frank, ancien prof de physique, vient combler nos lacunes abyssales.
Il nous apprend que le soleil est la seule étoile de notre système solaire. Que chaque étoile que l'on aperçoit dispose de son système de planètes propre. Imaginez un peu le nombre de planètes que ça représente en jetant un coup d'oeil aux milliards de milliards d'étoiles qui scintillent au dessus de nos têtes. Que ces milliards d'étoiles font partie d'une galaxie, et qu'il existe autant de galaxies qu'il n'y a de grains de sable dans le Sahara. Au-delà de la claque que l'on se prend ca donne une sacrée leçon d'humilité sur notre place dans l'univers.

On a déjà plus de réussite le lendemain où on fait notre première rando sous un soleil éclatant. Le long de la lagune verte on déambule dans une forêt dont le vent fait sinistrement craquer les arbres au dessus de nos têtes.

La voiture, 7eme homme du voyage, nous permet difficilement de caser nos six carcasses et l'ensemble de nos sacs. A chaque trajet, le tetris pour tout rentrer et la roulette russe de qui occupera la place de derrière peut faire la différence entre une expérience plaisante et un rodéo de l'enfer ballotté entre les sacs par les cahots et les culs de poule.

Pour autant chaque trajet est magique.
Les forêts de conifères dotent les montagnes lézardées de cascades d'un manteau sombre, et les rafales de vent font onduler les bruyères par vagues entières.
Les jours passent et le paysage change rapidement à mesure que l'on descend vers le pôle sud. Les sommets se couvrent de neige, l'humidite se tarie, et la végétation se fait plus rare. Dans les plaines désertiques et rocailleuses, les seules traces de vie végétale prennent la forme de mottes de mousse éparses et de quelques arbustes calcinés par le soleil.

Régulièrement les lacs d'eau de glacier au bleu ciel éclatant viennent apporter un contraste magnifique à l'ocre désertique. La route fait place à la piste: les voitures se font plus rares et les pick ups soulevant derriere eux des nuages de poussière deviennent majoritaires.

Alors que le bruit des minuscules graviers cinglant la carrosserie rythme le trajet, notre route nous permet de nous rendre compte de l'immensité de notre terrain de jeu. Les distances sont tout bonnement incroyables. Chaque trajet dure minimum 3 heures, et des centaines de kilomètres séparent chacun de nos points de chute. Très vite, un sentiment nouveau s'impose à moi : la solitude.

A six dans notre Santa Fe qui avale les étapes, on est perdus au milieu de l'immensité. C'est un sentiment unique et puissant de se dire qu'on est les seules humains à des kilomètres et des kilomètres à la ronde.


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22nd January 2023

🥥🥥
Très beauuu 😌🤩

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