SUMATRA 1ère étape: Bukit Lawang, le village des orangs outangs


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Asia » Indonesia » Sumatra
August 13th 2016
Published: August 21st 2016
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SUMATRA 1ère étape : Bukit Lawang, le village des orangs outangs

Réveil à 5h30 pour me rendre sur l’île de Batam à 1h en Indonésie. Delà scooter pour me rendre à l’aéroport. Arrivée à Medan, je ne m’attarde pas et prends directement un bus direction le village des orangs outangs du Gunung Leuser national park: Bukit Lawang.

Aujourd’hui, l’orang-outan. est gravement menacé. Il n’en reste qu’à deux endroits dans le monde : à Sumatra et à Bornéo Son avenir est des plus sombre et si aucune mobilisation et action à grande échelle n’est entreprise, il aura très probablement disparu d’ici 2020. La déforestation galopante est en partie responsable de son déclin. Le commerce du bois tropical et la monoculture du palmier à huile en sont les deux raisons principales. L’orang-outan est également durement touché par le braconnage, des centaines de jeunes font les frais d’un trafic d’ampleur internationale. Ils sont vendus comme des animaux de compagnie, comme des bébés de substitution ou comme le symbole d’appartenance à une certaine classe sociale. Or, pour capturer un jeune, il faut tuer sa mère. On estime que pour chaque bébé orang-outang arrivant sur le marché illégal, dix autres ont perdu la vie. Et il faut environ 8 ans entre 2 naissances …

Bukit Lawang est donc une des destinations phares de Sumatra permettant de voir ces primates en voie de disparition mais aussi la jungle, la flore et le reste de la faune magnifiques dans ce coin du globe. Dans le bus m’y conduisant, je rencontre une Hollandaise qui sera ma partenaire de voyage pour quelques jours.

Arrivées au village, nous trouvons une super auberge de jeunesse, décidons de partager une chambre pour la modeste somme de 2euros chacune et réservons pour un trek de deux jours-une nuit dans la jungle pour le lendemain. La soirée sera « seulement » marquée par la présence d’un cobra à 1m de la terrasse de la guesthouse. Ça promet…

Le lendemain, réveil de bonne heure pour aller voir les orangs outangs. Avant d’atteindre la vraie jungle, nous traversons une plantation d’hévéa, l'arbre à latex qui sera ensuite transformé en caoutchouc. Chaque matin l’écorce est entaillée pour prélever le latex, ensuite vendu aux industriels. Vu l’étendue de la plantation, c’est un travail plus que fastidieux. Nous voyons passer des porteurs de latex. En fait ils agglomèrent le tout en bloc de 80kilos et vont ensuite le vendre au marché de la grande ville. Depuis quelques années la popularité de la culture d’hévéa a diminué au profit de celle d’huile de palme qui envahit l’île de Sumatra. Son expansion entraîne la déforestation de la jungle (on parle du Nutella mais quasiment tous les gâteaux en contiennent excepté les spéculoos, vive ces derniers).

Nous pénétrons ensuite dans la jungle. Pendant deux jours nous serons en son cœur. La végétation est tellement épaisse que le soleil ne pénétré pas à grands rayons. Du coup la chaleur est parfaite mais le taux d’humidité très élevé.

Au bout d'à peine une demi-heure de marche, nous faisons la rencontre d'une mère et son bébé qui viennent se balancer au-dessus de nos têtes. D'après notre guide, la maman donne des cours de déplacement à son nourrisson. C'est vrai qu'en l'observant, on a l'impression qu'elle surveille ses gestes, tout en nous regardant avec méfiance. Elle peut se rassurer, nous n'irons pas l'embêter. Ce ne sera pas la seule rencontre magique de la journée.

D'autres espèces peuplent le parc national : des "babouins" (macaques à queue de cochon), des "Thomas leave monkeys". Ces derniers sont à moins de 2 mètres et arborent une crête noire sur la tête. Ils nous regardent de leurs yeux malicieux. Il faut savoir que le Thomas Leaf Monkey, ou Semnopithèque de Thomas, est endémique de Sumatra. Il faut scruter la cime des arbres et prêter l'oreille pour repérer les singes. Notre guide est un vrai trappeur, à l'affût du moindre mouvement. Il nous montre également diverses plantes médicinales (contre la malaria, l'hyper-tension, les piqûres de moustiques, etc…) qu'il a appris à connaître avec son grand-père, adepte de la médecine traditionnelle.

Sur le chemin, il nous montre également de curieuses abeilles qui creusent leur essaim dans les racines des troncs d'arbre, des fourmis géantes qu'il prend dans sa main (aucune crainte, seuls les mâles piquent mais encore faut-il les reconnaître) et un varan.

L’heure du déjeuner arrivant, une souche d’arbre nous servira de table. Au menu, nasi goreng pour tout le monde (il s'agit de riz frit avec des légumes et de l'œuf). En dessert nous avons droit à un succulent ananas et des fruits de la passion sucrés à souhait avec la dose d’acidité qui convient. Nous repartons rapidement car notre guide en a entendu un autre le prévenant de la présence d’autres orangs outangs. Nous poursuivons donc notre chemin, passant des terrains boueux, écartant quelques lianes, jusqu’à ce que nous apercevions deux orangs outans sur le chemin, juste en face de nous.

C’est une femelle « pourchassée » par le plus gros mâle de l’ensemble du parc. Celui-ci est très costaud et impressionnant. Sa puissance en impose. Dans son regard, je ressens plus d’amertume, d’agressivité et d’autorité. Il nous toise du haut de son arbre puis descend pour suivre la femelle. Notre guide nous tire en arrière : « move, it’s dangerous ». Nous ne nous le faisons pas dire deux fois. Même si la plupart des orangs-outans du parc ont l'habitude de voir des humains, ils restent des animaux sauvages dont il faut se méfier. Le primate s’arrête, nous observe, puis détourne la tête comme si nous n’existions plus.

Perso, je ne détourne pas mon regard de l’animal. Globalement, la rencontre avec les orangs outangs (« homme de la foret » en Malais) est très impressionnante, d’abord par leur taille (40 à 80 kg pour 1,10 m à 1,40 m), par leurs lents déplacements et surtout par leurs gestes et regards … très humains. Normal sachant que ce grand mammifère a 87% d’ADN en commun avec l’homme et nous ressemble étonnamment. Se retrouver face à cet animal est assez déroutant et… inoubliable. On a l’impression de rendre visite à un vénérable ancêtre et on est souvent le plus étonné des deux. Leurs visages sont fins et ils nous regardent de leurs yeux vifs et expressifs du haut des arbres.

Les voir se déplacer dans les branches, avec une sérénité incroyable, au-dessus de soi est unique. Il y a dans leur attitude une certaine sagesse qui nous émeut. Leurs bras, plus long que leurs jambes, attrapent une liane puis une autre. On sent une force phénoménale dans chacun de leurs membres quand ils s'agrippent aux branches et passent d'arbre en arbre, ce qui nous donne la mesure de sa puissance. Voir les orangs outangs vaut donc le détour… même s’ils ne sont pas vraiment sauvages mais plutôt en train de le (re)devenir. En effet, Bukit Lawang était un centre de réhabilitation qui a fermé il y a deux ans donc les orangs outangs sont « habitués » à voir du monde et seulement « semi-sauvages ». De ce fait, je vais pouvoir les approcher à quelques mètres à peine.

Pour en revenir au futur couple d’orangs outangs, j’assiste à un petit moment rigolo. Le mâle utilise une branche trop frêle pour supporter son poids et tombe. Après ce petit incident, il s’éloigne avec grâce dans la forêt.

Suite à cette rencontre et toujours émerveillés, nous nous dirigeons vers le campement. Celui-ci se situe au bord d’une petite rivière. Il consiste en deux structures faites de bambou et recouvertes de bâches noires. L’une va nous servir de chambre et l’autre sert de cuisine. Nous faisons la connaissance de notre « cuisinier » qui. Il nous a préparé du thé et des biscuits pour notre arrivée. Nous discutons sirotant notre thé avec le doux bruit de l’eau, et reposant nos jambes bien fatiguées de la journée de trek. Puis tour à tour nous descendons à la rivière un savon à la main et la serviette sur l’épaule pour un bain en pleine jungle.

Vers 18h, avant que la nuit ne tombe, nous nous installons sur une natte et dînons tous ensemble. Le repas est délicieux et très consistant avec riz, cacahuètes, légumes en sauce, poulet et krupuk. Nous nous délectons tout en se racontant quelques anecdotes amusantes. A peine le repas fini, quelques gouttes de pluie viennent troubler notre quiétude. Nous rentrons toutes nos affaires sous la tente et préparons nos lits qui ne sont autre qu’un tapis de mousse et un drap. La soirée se poursuivra avec des tours de magie et des casse-têtes.

Le lendemain, nous repartons à la recherche des orangs outangs. Pour nous récompenser après une montée assez ardue, nous aurons la chance de voir un couple. Là encore, le mâle suit au déplacement près la femelle et veille sur elle. Une impression de symbiose se détache de ces deux animaux. Après les avoir suivi pendant une demi-heure, il est temps de penser à rentrer.

La descente vers le village se fera en white rafting. Entendez par là des bouées (chambres à air de camion) accrochées entre elles. Un guide se tient sur la première bouée et un sur la dernière. Entre, on trouve les touristes ballotés à droite à gauche. Moments de fous rires assurés surtout que la profondeur n’est pas toujours au rendez-vous. La descente est cependant très agréable, la jungle nous entourant.

Pour conclure, ce trek aura vraiment été un moment marquant de mon voyage que ce soit pour la marche dans une forêt tropicale primaire ou la rencontre avec les nos cousins les orangs outangs. Je regrette de n’être pas restée plus longtemps dans la jungle… Tant pis, d’autres endroits m’attendent 😊


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