Dernière journée à Delhi, escale à Paris et post-mortem

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Mercredi, nous avons profité de notre dernière journée à Delhi pour visiter les choses qu'on avait manqué le 2 janvier. On a commencé par la Jama Masjid, plus célèbre mosquée de l'Inde. En tant que femme blanche infidèle (dans le sens islamique du terme), Michèle a dû se balader avec une jolie tunique rouge.

Nous avons ensuite pris la direction de la Tombe de Humayun, un empereur ayant régné dans les année 1500. Il s'agit d'un jolie complexe situé dans un immense jardin (peu luxuriant à cette époque de l'année). On dit que cet édifice à été une inspiration dans la construction du Taj Mahal un siècle plus tard.

L'arrêt suivant est le Qutb Minar, un minaret d'une centaine de mètres qui ressemble à une immense cheminée. Étonnement, c'est probablement le site touristique avec la plus grande foule après le Taj Mahal.

Enfin, nous avons visité le Temple du Lotus, un immense temple relativement récent dédié au culte dans la Foi bahá’íe. Il s'agit d'une religion mondiale indépendante qui se veut plus inclusive que les autres. Les écrits baha’is mettent l’accent sur l’égalité essentielle des êtres humains, et sur l’abolition des injustices. L’humanité est vue comme unique, bien que très variée : la diversité des ethnies et des cultures sont dignes d’appréciation et de tolérance. Le racisme, le nationalisme, les castes et les classes sociales sont considérées comme des barrières à l’unité de l’humanité. Les enseignements baha’is déclarent que l’unification de l’humanité est un sujet primordial dans les conditions politiques et religieuses présentes (copié directement de Wikipedia). Les intentions sont bonnes, mais ça fait un peu (beaucoup) nouvelle-âge.

Nous sommes retourné à l'hôtel alors que le soleil se couchait. Un hôtel Ibis près de l'aéroport, avec des mesures de sécurité telles celles d'une ambassade américaine. Le véhicule est stoppé entre deux barrières puis on inspecte sous le capot, dans la valise et sous le véhicule avec un miroir. La barrière de devant descend et on peut s'approcher de l'hôtel. Il faut ensuite scanner tous les sac et valises au rayon x et se soumettre à une fouille. Je ne sais pas si c'est les mesures de sécurité ordinaires ou s'ils sont plus prudents autour de l'aéroport parce que Barack Obama s'emmène le 25 janvier.

Je voulais finir le voyage avec un repas indien mais le menu du restaurant de l'hôtel était pas particulièrement élaboré et c'est pas comme si on pouvait vraiment sortir, étant isolés dans notre compound. Ce fut donc la traditionnelle pizza margarita. On a profité du repas pour faire notre bilan (c'est quoi t-as le plus aimé? etc.) et les choix étaient pas mal constants. Après le souper j'ai squatté la chambre d'hôtel de mes parents puisque mon vol était à 1h20 AM.

Le vol vers Paris a pris environ neuf heures et a été assez pénible. On dirait que c'est toujours plus pénible quand on revient. Et un vol de nuit c'est pas joyeux parce c'est toujours difficile. Je peux pas faire mieux que de cogner des clous. Et puis il y a avait un enfant de l'autre côté de l'allée qui semblait possédé du démon lors du décollage et de l'atterrissage. Cris affreux et débatage. Il va falloir reconsidérer l'avion pour quelques années dans son cas.

Je suis arrivé à Paris vers 6h15 am pour une escale d'environ 8 heures. J'hésitais à aller dans la ville avec ce qui s'est passé dans les dernières semaines, mais en restant à l'aéroport, les terroristes gagneraient, non? J'ai donc pris le RER jusqu'à la station Luxembourg, avec comme but de me promener dans le coin de Notre-Dame pendant 2-3 heures. Il faisait encore nuit à mon arrivée mais le soleil s'est vite levé. Après l'Inde, Paris était ridiculement tranquille, même durant l'heure de point du matin. Aucun klaxon, aucun cri, aucune musique, aucune vache. Le centre-ville était également immaculé. J'y était allé en 2003, mais je ne rappelais pas à quel point c'est jolie. Décidément l'une des plus villes du monde. Par contre, les nombreux soldats armés de mitraillettes croisés sur mon chemin donnaient un peu une impression de ville assiégée/occupée. Les nombreuses bannières "Nous sommes Charlie" accrochées un peu partout rappelaient également les malheureux évènements d'il y a deux semaines.

Après une bonne marche, un court pèlerinage à Notre-Dame-de-Paris (je pense pas que j'y étais entré la dernière fois), et un mcmuffin jambon-emmental fondant (là a pris fin mes trois semaines de végétarisme), j'ai repris le RER vers Charles-de-Gaule. La panique m'a pris un peu lorsqu'on a annoncé dans les hauts-parleurs que tous les passagers devaient descendre à la station suivante parce qu'un bagage abandonné/suspect se trouvait à l'autre station d'après. J'ai à peine eu le temps de me demander comment j'allais me rendre à l'aéroport et si j'allais m'y rendre à temps qu'on nous a invité à réintégrer le train parce l'incident à la station "Parc des expositions" était résolu. Fiou.

J'ai donc pu m'"évacher" pendant deux heures dans les très confortables fauteuils-lits du terminal 2E à regarder les avions s'envoler. Dans l'avion, un vieux rêve s'est réalisé : le siège d'à côté était inoccupé. Je me suis fait le plus gros possible pour que personne vienne s'y installer. C'était mon premier vol avec Air France (2e en fait après Delhi-Paris). Verdict : Moyen (égal à Air Canada, moins bon que KLM/Lufthansa), mais ils parviennent à garder les toilettes vraiment propres. L'une des hautesses étaient aussi probablement la personne la plus joyeuse que j'ai jamais vue.

Je suis arrivé dans notre toundra gelée vers 16h00 où Jean-Sé est venu me chercher. Le trafic était aussi pire qu'à Delhi. Détruit par le décalage horaire, je me suis couché à 20h00 et j'ai dormi 13 heures.

Donc l'Inde?

Et bien c'est une très belle destination que je recommande chaudement. Sa longue et riche histoire et sa diversité font en sorte qu'on y retrouve un nombre ridicule de monuments grandioses. Ajoutez son milliard d'habitants, ses coutumes parfois étranges, des animaux qui envahissent les rues et un bruit constant et vous avez un dépaysement qu'on retrouve difficilement ailleurs. Je pense que ce qui a facilité l'expérience était qu'on avait chauffeur et guide presque partout où allait. Tout le stress habituellement lié aux transports en commun et à tenter de s'orienter dans une ville inconnue était inexistant. L'expérience aurait probablement été beaucoup éprouvante en voyageant en "sac à dos". En fait, ce fut probablement le voyage le plus relax que j'ai fait depuis longtemps. Même un peu trop. Je m'attendais à plus de chaos dans les rues, plus de situations incroyables, plus d'imprévus (même pas petit "flat tire"). Non, tout a été on ne peu plus smooth.

Voici quelques conclusions sur différents sujets:

Sécurité:

En général, on se sentait vraiment en sécurité partout où on allait. J'ai pris moins de précautions qu'à l'habitude. Le fait que les rues sont tout le temps bondées est probablement ce qui donne cette impression. Si un crime est commis, il y aura beaucoup de témoins...Il y a cependant le terrorisme qui est un problème constant dans ce pays. Vous pouvez vous attendre à un moins un gros attentat chaque année. Il faut juste pas être au mauvais endroit au mauvais moment. D'ailleurs, dans le dernier mois, des bombes ont explosées à Calcutta (3 blessés), Bangalore (1 mort), et Arrah (2 morts). Un bateau prétendument chargé d'explosifs provenant du Pakistan a également été intercepté (et détruit) au large du Gujarât. On voit qu'il y a certains efforts faits en matière de sécurité, mais le nombre de détecteurs de métal non-branchés à l'entrée des monuments/centres commerciaux dépassait largement celui des détecteurs en fonction...

Gens:

Les Indiens sont en majorité extrêmement sympathiques, notamment les jeunes. Beaucoup voulait nous parler, se faire prendre en photo avec nous, ou juste nous serrer la main. On a jamais fait autant de "bye bye" avec la main. On se fait souvent fixés et même dévisagés, mais un salut de la tête et un sourire et c'est aussitôt réciproqué. Les vendeurs et chauffeurs de tuk-tuk ne sont pas particulièrement fatiguant, un "no thanks" suffit pour qu'ils te laissent tranquille, contrairement à d'autres endroits où tu dois les semer pour t-en débarrasser.

Nourriture:

Je suis un nouveau fan de la cuisine indienne, que je ne connaissais pas beaucoup avant. Ça m'a pris un bout de temps avant de comprendre comment le menu marchait (chacun est supposé commander une "gibelotte" (pardonnez l'expression) différente, qu'on partage et qu'on mange en trempant du pain ou du riz). Comme j'étais souvent le seul à commander dans le menu indien, je me retrouvais avec un gros plat de gibelotte que je devais manger à la cuillère. Puis on a découvert les talis, où on a différentes sorte de gibelottes (en portions individuelles) dans une même assiette. Je suis habituellement pas un fan des gibelottes, mais les épices qu'ils utilisent donnent un goût allant de "adéquat" à "très délicieux". Nous avons rapidement adopté le pain Naan (à l'ail, au beurre ou au fromage), et les pakoras, des bouchers de légumes fris. J'ai également fait de la paratha (genre de crêpe) farcie un élément de mon déjeuner quotidien, accompagnée d'un chai masala (thé avec du lait et des épices).

Routes:

Moins pires que je pensais. Certaines étaient plus belles que les nôtres (l'absence de dégel aide). Par contre, quand on sort de la route principale, ça se gâche vraiment rapidement. Dans certains cas, c'est incompréhensible. La route entre l'aéroport de Varanasi et la ville est particulièrement horrible; et on parle de l'endroit le plus sacré du pays et la deuxième destination touristique. Et puis il y a la façon de conduire: l'anarchie totale. Aucune règle ou presque. Les dépassements suicides sont réguliers. Je ne sais pas si cette attitude découle de leur religion (pas de peur de la mort vu la réincarnation), ou si c'est juste de l'insouciance. Au Canada, la conduite dangereuse au sens du Code criminel est définie comme "un écart marqué par rapport à la norme de diligence que respecterait une personne raisonnable dans la même situation". En Inde, on a été témoin "d'écarts marqués" du matin au soir, tous les jours. Et puis vous avez l'utilisation du klaxon, aussi excessive qu'inutile. Je suis convaincu que le klaxon a perdu tout son effet puisqu'on ne l'entend même plus. Le bruit de fond dans toutes les villes est un long coup de klaxon interminable. Encore une fois je peux pas comprendre.

Pauvreté:

Les camps de tentes faites de vieux draps abondent. Puis juste en haut vous avez une affiche pour une nouvelle tour à condos de luxe. Tournez la tête à droite et vous avez qui dort sur le terre-plein de l'autoroute. Sortez de la ville et toutes les maisons semblent à moitié détruite par un tremblement de terre. Malgré tout, l'ambiance n'est pas déprimante. C'est comme si tout le monde vivait bien avec ça, peut-être pas déni ou à cause du système de castes imprégné dans leur culture. Il y a aussi étonnement peu de mendiants, du moins de vrais mendiants. Il y a en effet des gangs organisés qui paradent des enfants avec de la suie dans le visage et des femmes avec des bébés dans les bras pour arracher les larmes, la pitié et l'argent aux touristes. C'est plus un show que d'autre chose. Sortez de leur champ de vision et un sourire remplace souvent leur visage désespéré de la seconde d'avant.

Pollution:

La seconde où on atterri à Delhi, alors que notre ceinture était encore attachée, on a aussitôt senti une odeur de vidanges brûlées. Après ça, ça n'a pas été trop pire pour les odeurs. Les vidanges par contre...Elles sont partout. Des montagnes de vidanges! Et des crottes de vaches. Et des crottes d'humains...Encore là, ça serait un problème relativement facile à régler avec un peu d'investissement gouvernemental, mais ça semble complètement absent des préoccupations. Dans notre train de Shimla à Kalka, il y avait des jeunes familles qui semblaient relativement aisées qui lançaient leurs sac de chips et bouteilles vides par la fenêtre, gâchant le beau paysage de montagne qui nous entourait. L'UNICEF a même fait le vidéo "Take The Poo To The Loo" pour inciter les Indiens à "déféquer" dans les toilettes et non dans les rues...

Photos

Siègle libre à côté
Un rêve qui se réalise enfin!

Mon butin
-Chameau en poterie (2$)
-Tuk-tuk en plastique (2$)
-Masale Chai (10$ US au duty free de l'aéroport)
Grosses dépenses...