Clotûre du mois d'octobre


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October 31st 2016
Published: November 9th 2016
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Réception des travaux panneaux solaires. Je viens clore un chantier d’un an de travail un peu épineux. Il ne suffit pas de lancer un projet ici. Il faut s’assurer que l’entreprise a été choisie non par relations (ce qui est fréquent ici) mais par la qualité des prestations.
29 octobre :

Belle journée organisée : découverte d’une île, messe, pendaison crémaillère d’un volontaire que j’ai rencontré.

Nous allons sur l’île de la Madeleine. Une piscine naturelle, des esprits et un génie protecteur de l’île, les lébous, des oiseaux et des baobabs, l’histoire de navires échoués (« quand on prend il faut savoir aussi donner » nous dit le guide : la mer aurait besoin de sacrifices). Beaucoup de soleil, ma peau en sera marquée pour cette première journée volontairement et non moins stupidement sans crème solaire. Je ne me prends pas la peine de vous recopier ce qu’il y avait sur les panneaux descriptifs de l’île, les photos sont là pour ça. Une anecdote : alors que nous avons passé de bonnes heures à écouter le guide nous parler de la nature comme d’une divinité et que nous nous trouvons sur un site protégé, parc naturel national, Ibou le sénégalais fait un geste banal. Ibou c’est notre ami guitariste (cf articles précédents). Quand nous reprenons l’embarcation qui nous ramène sur le littoral il jette tout naturellement son sac poubelle sur les rives de l’île. Devant les guides. Ceux-ci ne disent rien, ils se contenteront de ramasser plus tard le sac. Et moi j’engueule Ibou. « C’est l’Afrique mon frère » me répond-t-il.

De retour, Ibou nous fait marcher le long de la côte ouest, nous traversons le « port de pêche », des barcasses qui trainent sur le sable et des enfants qui jouent parmi les déchets. Nous faisons un tour au village artisanal. Ibou pense que je me suis fait arnaquer alors que je reste très fier de mon affaire. Il m’obligera à être intraitable dans mes prochaines négociations.

Retour au CHOM puis messe à Saint Dominique : un grand bloc de béton, une croix et un prêtre dominicain sans l’enthousiasme sénégalais. Je ne suis pas convaincu. Raymond, chef de chœur, tenait vraiment à ce que je découvre cette messe et son église. La chorale chante bien oui, elle est si nombreuse aussi qu’elle vide les rangs des bancs des fidèles. C’est pourtant l’église la plus proche du CHOM, elle draine tous les jeunes de l’université voisine. Dommage.

Nous filons directement à une pendaison crémaillère dégotée sur le Facebook des volontaires dont je fais partie. C’est une très bonne soirée que nous passons chez Simon. Cela fait du bien parfois de retrouver nos
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Toute l’affaire de ce dossier me sert d’exemple dans les divers projets que je lance actuellement. Sur les toits je vois cependant la qualité du travail effectué et l’expertise faite est rassurante. Nous pouvons dresser un procès-verbal positif.
confrères blancs. Il y a deux japonais aussi, je leur exprime mon amour des films de Miyazaki (Hayao). J’ai des discussions intéressantes avec Claire, chargée de projets aux nations unies. Elle est mignonne mais je la laisse aller à sa deuxième soirée. Je l’ai dit : je ne me contente que des soirées qui ne taquinent pas le monde de la nuit. Je fais la connaissance aussi d’Armel qui nous raccompagnera. C’est le premier « sénégalais » blanc que je rencontre, né au Sénégal il y est resté jusqu’à ses études supérieures. Celles-ci faites il est retourné à Dakar, dans l’entreprise familiale : la distribution des ascenseurs Koné pour toute l’Afrique de l’Ouest.

30 octobre :

Dimanche : journée de la ronchonnerie trimestrielle de Ronan. Je suis allé à la messe la veille, pas de messe dimanche matin par mauvais esprit d’anticipation. Il me manque quelque chose, je suis un désespéré énervé. Je me bloque derrière mon bureau, bouquine, envois valser certaines personnes qui veulent me parler, retourne me coucher voyant que je ne suis pas bon à grand-chose. Je me réveille autrement et m’excuse enfin. Quand ça ne va pas, si tu refuses de venir à la prière, allonge-toi, lis un peu, dors beaucoup, et relève toi du bon pied.



31 octobre :

Visite du directeur de cabinet du ministère de la santé et de l’action sociale. C’était ma mission que la journée se passe bien. Elle va au-delà de nos espoirs. C’est un homme sage qui a une vision très haute de sa fonction. Avec 10 personnes comme lui, bien placées en politique, le pays ressusciterait. Son admiration envers mon directeur est touchante en plus d’être sobre et sincère. Grâce à lui plusieurs de nos dossiers devraient pouvoir se débloquer : budget, recrutement, extension de l’hôpital. Premier repas aussi au CHOM servi sur une nappe avec une table fournie. Entrée, plat, dessert et jus d’orange. Je manque de sobriété, je suis jeune et fais le plein pour le mois. Le soir je vois quelques photos de mes amis fêtant halloween en France. Je suis bien loin heureusement de cela. J’apprendrai à Fatoumata que non, halloween n’est pas une fête chrétienne. Je me contente de voir le film Everest avec Delphine. C’est un film poignant sur la randonnée de ce sommet. Il m’apprend à relativiser sur le GR20, quoique sans comparaison commune il
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prise de vue rapide lors de la messe à Saint Joseph, l'église où nous aimons bien aller
me rappelle quelques souvenirs d’hypothermie, de folie dans les sommets, et de persévérance.

La fin du film me laisse muet. Ferai-je un jour cette ascension ? N’est-ce pas dépasser la condition de l’homme voulue par Dieu que cette aventure (même altitude que celle de croisière d’un avion de ligne). Toujours écouter le guide, suivre son intuition et ne pas le tenter. S’assurer même qu’il a bien la tête sur les épaules. S’entraîner et ne pas aller à l’opposé de la volonté de ceux qui nous aime.



1er nov :

Après la messe de la Toussaint je me décide enfin à renouer avec l’écriture. Le temps de rédiger mon article dans le tumulte des bavardages de mes deux accompagnatrices, nous arrivons un peu tard pour le déjeuner. Nogoye qui nous reçoit nous exprime son inquiétude avec ses yeux remplis de bontés, feignante de se mettre en colère : « je me demandais où sont passés mes enfants ».

Nous sortons : Pimprenelle et Delphine pour apprendre du djembé sur la plage. Ne voulant pas m’y adonner (que je sache jouer d’abord du biniou crénom) je préfère avancer dans mes lectures. J’ai donc le plaisir de me baigner dans une piscine naturelle. Je rencontre Makodou qui me fera mon éloge. Je lui ai répondu quand il me parlait, je me suis intéressé, j’ai partagé le thé qu’il m’offrait. Il m’avoue qu’il est déçu par les libanais à côté : impérieusement qu’entre eux, méfiants et centrés sur leur désir de vivre riche. Un homme vient et me demande de prier pour lui : il a des insomnies chroniques – le mauvais esprit rôde me dit-il. J’échange mon numéro avec Makodou qui ne manquera pas de prendre souvent de mes nouvelles par la suite. Il défend avec fermeté la tribu sérère, il est doctorant en sciences économiques. Sans emploi, un parent éloigné l’invite à travailler sur quelques dossiers de temps en temps pour le gouvernement. Il a 33 ans et doit encore vivre sur le campus. Il m’apprend quelques expressions wolof et me laisse avancer dans ma lecture. Sur le sable le vent de la mer me caresse et ma peau nue et brunie résiste désormais à l’action du soleil. J’entends les filles au loin qui s’excitent sur leur djembé. Quand elles reviennent je suis impressionné par ce qu’elles parviennent à faire en quelques heures de leçons. Le son des tambours désormais près de moi attire deux petites filles. Elles veulent danser, leur tante de notre âge les rejoint avec son maillot de bain artisanal (un short et un soutien-gorge rouge). Elles invitent mes deux camarades à danser avec elle alors qu’Ibou le professeur prend le relai. Je regarde mes deux amies blanches amusé, elles font pâles figures à côté de la sénégalaise rythmée. Parce que je le taquine, Ibou me traite de sarsai. Ce mot veut dire « bannndit ». Oui je suis le bandit qui lit Chemin de José Maria sur la plage mais qui continue quand même à plaisanter.

2 nov :

Fatoumata s’installe dans mon bureau. Elle est belle. Elle fait ses études pour devenir secrétaire médicale. Elle est ici parce qu’elle est une ancienne patiente du CHOM : le médecin chef Charles Kinkpe l’a guérie de sa scoliose. Dans la journée je mets la pression sur une commande qui ne parvient pas. Quelques coup de fils rondement menés et voilà comment résoudre en cinq minutes ce qu’un membre du personnel n’avait pas obtenu en trois mois !

Je passe au laboratoire, c’est alors l’occasion de longues discussions avec nos deux laborantines dont une est Sérère, un peuple sénégalais. Cette dernière m’avait déjà appris avec fierté que les sérères venaient d’Egypte et que les premiers pharaons étaient noirs de peau. Avec tout autant d’assurance elle me présente enfin le document l’attestant : les recherches de Cheikh Anta Diop, une icône nationale. Nous plaisantons, les sérères sont fiers.

3 nov. 16 :

Je me présente au labo. En tant que nouveau membre du personnel je dois me faire examiner. Ndaye Marie est sur le siège avant moi. C’est une des deux laborantines et elle se fait elle-même examinée. Elle a l’air de se faire charcuter par Elisabeth, sa collègue, ses grimaces et ses cris ne sont pas rassurants. Venant mon tour je comprends que nous ne sommes pas constitués de la même manière et qu’Elisabeth reste douce comme une maman.

4 nov :

Réunion incendie. La réunion commence avec 40 min de retard ce qui a eu le don de m’agacer. Je me lance, suis trop directif et rapide. Je pars dans tous les sens. Peux mieux faire.



Messe. C’est la première messe du mois qui a lieu dans la jolie petite chapelle du CHOM. Le soir se tient le Gala des EFS. Ce sont les militaires : éléments français du Sénégal. Tous les souliers vernis sont dans la résidence du Général Facon. La plus villa de Dakar après celle du président. Elle met mal à l’aise nos deux polytechniciennes. Comme si la richesse diplomatique nécessaire à la démonstration de la puissance d’une nation devait nous faire rougir. La misère traîne dans la rue, chacun remplit ses devoirs pourtant ici. La France son image de marque, nous nos mondanités afin d’intéresser les puissants à notre action au CHOM. Maman m’apprendra que c’était la villa du Général Bigeard. Il devait y être à l’aise il y a 50 ans de cela.




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La salle de réunion se prépare pour la venue du ministère de la santé
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dans notre bureau, Pimprenelle et moi


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