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Published: March 20th 2006
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moments magiques
Je suis trempée mais combien heureuse avec mon copain derrière. 7 octobre
On se lève à 5 h 45 pour se rendre au Congo voir nos gorilles. On traverse la frontière à pied. C’est étrange. Le camion reste en Ouganda et nous attendra. Nous sommes 7. Les 3 kiwis et nous quatre. Nous avons choisi le groupe « lent ». Heureusement car on marche pendant environ 4 heures en montagne. On ne les appelle pas les « gorilles des montagnes » pour rien. Je pompe de l’huile en masse. On arrive dans la dense forêt tropicale après avoir traversé des champs labourés. La « piste » est étroite, et on ne cesse jamais de monter. On marche à la file indienne sous une pluie torrentielle qui pénètre nos imperméables. On marche rapidement avec nos trois guides armés de fusil et de machettes. Je pompe l’huile en masse. Enfin, on aperçoit notre famille de gorille et la pluie cesse magiquement. Ils sont 8 mais trois sont trop gênés pour se montrer et gardent leur distance. Le dos argenté, le chef de la famille a environ 25 ans. Il y a aussi une jeune de 3 ans, un autre de 4 ans et un bébé d’un an que la mère ne quitte pas des yeux. Les gorilles sont à peine à trois pieds de nous. Le seul bruit qu’on entend c’est le bambou qui craque lorsque le dos argenté brise le bambou et s’en sert en guise de cure-dents. Celui de 4 ans est très espiègle. Il court partout, avance vers nous. Il s’approche de moi. Je ne bouge pas. Il me touche la cuisse avec son doigt et j’ai pensé à la scène de ET et son long doigt. Personne ni rien autour de moi n’existait à part le petit gorille tannant. Il tire sur mon pantalon qui descend… j’ai maigri et il ne tient pas très bien. Oh mon Dieu! Il va me déculotter ici en pleine jungle! Non ouf il s’arrête perd intérêt et mon guide me dit alors de reculer pour le laisser passer. L’interaction entre les membres de la famille est extraordinaire et ressemble tellement à l’interaction d’une famille humaine. Imaginez, la mère qui suit du regard le bébé qui lui s’amuse et se promène de liane en liane. Sa curiosité le pousse à s’approcher de nous mais nous qui avons peur que le mère se fâche, nous reculons prudemment. Le père qui se lève pour aller discipliner mon petit ET. Il se font face, le père grogne, le jeune résiste encore un peu. Papa lui donne une claque et grogne plus fort, le petit finit par baisser la tête puis s’écraser lentement au sol en guise de soumission. Il repart en direction de sa mère qui lui serre le bras pour le calmer elle aussi. Une vraie petite famille. L’heure s’écoule rapidement. Nous savons qu’il faut quitter. Le temps est minuté et on ne dépasse pas l’heure on nous a avertit. On quitte ce moment suspendu dans le temps où rien d’autre que moi et les gorilles n’avaient d’importance. Il faut redescendre la montagne impénétrable du Mont Virunga. J’ai donné tout ce que j’avais pour l’escalader. Je suis transi de froid à cause de la pluie, je suis épuisée et je me dis que le retour sera facile puisque nous descendons. Mais non, il faut pratiquement courir pour sortir de la forêt avant la tombée de jour. Je n’en peux plus. Mon sac est lourd. Nos pantalons sont lourds tellement ils sont mouillés. Nos guides ne nous ont jamais donné de pause en montant alors tout ce qu’on a dans le corps c’est 2 toast et un café. Il est 4 heures pm. Le lunch est mouillé dans notre sac. On arrive à notre jeep. On retourne à la frontière. La route, ou plutôt le chemin est cahoteux. On arrive à la frontière. Il fait noir. La frontière est fermée, il n’y a plus personne. Très étrange car ce matin il y avait un va et vient constant. On airait dit une fourmilière tellement il y avait de gens. Nous devons attendre un de nos groupes à la noirceur, dehors, transies de froid. On tremble de froid. On gèle et on est maintenant bien misérable. Le groupe arrive. On fait réveiller le garde-frontière et nous passons de nouveau en Ouganda. Notre camion nous attend. On retourne à Kisoro pour un autre dodo. Nous sommes épuisées.
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