#54 - Arrivée en fanfare à Salvador da Bahia, la « Rome noire » du Brésil (28/09-02/10/2008)


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South America » Brazil » Bahia » Salvador
October 2nd 2008
Published: October 27th 2008
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Vous avais-je dit que nous étions en quête d’aventures pour notre dernier tronçon de tour du monde ? Et bien nous n’avons pas été en reste pendant nos premiers jours au Brésil, tant le choc culturel a été, encore une fois, impressionnant.

La beauté de la ville de Bahia est le fruit de son passé tumultueux, et se voit notamment à travers le riche héritage culturel laissé par de nombreux esclaves africains et leurs descendants, venus sur les côtes du Nord-est du Brésil au XVIIème siècle pour travailler sur les plantations de cannes à sucre exploitées par les colons portuguais.

Il faut savoir que c’est au tout début du XVIème siècle que les portuguais découvrent le Brésil en accostant dans… la baie de Bahia ! A l’époque, les portuguais nommaient chaque point d’implantation par le nom d’un saint, mais la baie de Bahia était tellement grande qu’elle fut alors baptisée « la Baie de tous les Saints » et devint la première capitale du Brésil.

Pendant deux siècles, la ville s’est enrichie grâce au commerce du sucre de canne. En parallèle de leurs travaux dans les champs, les esclaves furent également réquisitionnés pour construire des églises catholiques aux quatre coins de la ville, d’où l’expression « Bahia, la Rome noire du Brésil ». On raconte aujourd’hui qu’il y a tellement d’églises dans Bahia qu’il est possible d’aller prier dans une église différente chaque jour de l’année ! Nous en avons même vu certaines où, comme pour prendre leur revanche, les esclaves africains ont peint les statues de certains saints de couleur noire, ou agrémenté les statuettes d’anges d’organes génitaux complètement démesurés pour choquer l’assistance !

Puis Bahia est tombée dans le déclin lorsqu’elle a perdu son statut de capitale en 1763 en faveur de Rio de Janeiro, où de l’or avait alors été découvert. La somptueuse ville aux mille édifices s’est retrouvée livrée à elle-même, les esclaves ont revendiqué leur liberté, tout a sombré et Bahia est devenue au cours du temps une ville léthargique, appauvrie et dangereuse.

Toutefois la ville a su se réveiller il y a quelques années et faire revivre au grand jour son héritage culturel, notamment à travers le tourisme, afin de retrouver l’éclat de sa sensualité d’antan... Car les gens d’ici vous offrent une culture unique au monde, un subtil mélange afro-brésilien de croyances, de spécialités culinaires, de danses, de musiques, d’arts martiaux… Le tout dans une ville dont plusieurs quartiers ont été rénovés afin de garantir une certaine sécurité pour les visiteurs, notamment le centre historique du Pelourinho, ou le quartier de Barra situé près de la plage, accueillant bon nombre de petits hôtels et de maisons d’hôtes appelées « pousadas ». Mais, bien évidemment, il ne fait pas bon trainer dans n’importe quel coin de la ville, et nous l’avons vite compris à nos dépends !

Après notre vol assez fatiguant d’Espagne, nous sommes sortis le premier jour nous promener aux alentours de notre pousada et avons décidé de longer la plage jusqu’au jardin botanique, dont la visite nous avait été vivement recommandée par nos hôtes. Nos passeports et tout le reste en sécurité dans notre chambre, nous sommes partis avec notre sac-à-dos comprenant de l’eau, notre guide, nos deux appareils photos, un peu de sous et quelques encas pour tenir la journée. Après avoir marché pendant plus d’une heure sans problème, nous atteignons le jardin botanique en question qui s’est avéré être fermé pour jour de congé. N’ayant pas le courage de refaire le trajet inverse à pied, nous décidons de prendre le bus pour retourner vers le quartier de Barra. Et de cette fâcheuse décision vont commencer toutes nos péripéties!

Après une dizaine de minutes, nous nous rendons compte que notre bus ne se dirige pas dans la direction que nous souhaitons, nous en prenons alors un deuxième qui nous dépose non loin de notre quartier et nous décidons de parcourir le reste de la distance à pied. Nous sommes dans une rue très fréquentée, entourée de chaque côté de grands immeubles qui sont certainement des bureaux. Il y a beaucoup de voitures, des gens qui traversent dans tous les sens, d’autres qui ont installé leurs étalages sur le trottoir et vendent toutes sortes de nourriture et de boissons. C’est dans cette ambiance chaotique que nous apercevons d’abord la flamme d’une explosion, puis le bruit de la détonation, suivie par un gros nuage de fumée et des cris de gens qui commencent à s’agiter dans tous les sens. Tout cela s’est passé en quelques secondes mais pour une raison que j’ignore, mon cerveau a, sur l’instant, su fragmenter ce terrible moment en plusieurs étapes distinctes. Une femme est à terre, exactement là où Darian et moi-même nous tenions dix secondes avant. Elle ne bouge pas. Je regarde sans vraiment comprendre ce qui se passe autour de moi, et très rapidement avec Darian nous prenons la décision de nous éloigner du lieu de l’incident et de la foule qui commence à s’agglutiner autour de nous pour reprendre nos esprits.

Nous nous dirigeons en fait, sans vraiment y réfléchir, vers un quartier risqué de Bahia. Une fois l’élan de panique passé, nous commençons à réaliser que les maisons sont de plus en plus délabrées le long des rues, certaines n’ont même plus de toits, d’autres regorgent de personnes à l’allure bizarre, les regards s’attardent sur nous… Tout devient clair lorsque nous devons enjamber un homme assis par terre, qui à l’aide d’une vieille canette de Coca-Cola est en train de renifler avec une paille du crack ou quelque chose de similaire, entouré de morceaux de nourriture moisie et de ses propres excréments. C’est à ce moment là qu’un groupe de femmes au loin me pointe du doigt et m’hurle quelque chose en portuguais que j’interprète comme étant de faire demi-tour instantanément car nous nous enfonçons dans une zone de plus en plus dangereuse. Dans l’instant qui suit, notre bonne étoile nous sourit et une voiture de police s’arrête à notre hauteur. Trois officiers armés jusqu’aux dents en descendent et je déduis de leur discours que nous nous sommes mis dans un sacré pétrin et que nous sommes bien chanceux que le hasard les ait conduits sur notre route. Ils nous font signe de monter dans leur véhicule et nous demandent dans quel quartier nous désirons être reconduits. J’ai pendant un court instant la peur au ventre car j’ai entendu dire que la police était corrompue à Salvador et je me vois déjà finir dans un entrepôt, les mains attachées derrière une chaise, mais je reconnais vite le chemin que nous empruntons et les policiers nous déposent au pied du centre commercial de Barra, à une centaine de mètres de notre pousada. De retour dans notre chambre, je nous y enferme à double tours et digère notre leçon du jour : « ne pas s’éloigner, ne serait-ce que de 200 mètres, des rues touristiques et animées »... car un sac-à-dos, même s’il ne contient qu’une bouteille d’eau, peut faire des jaloux et vous causer bon nombre d’ennuis !

Le lendemain, nous prenons notre courage à deux mains et partons visiter le centre historique du Pelourinho, mais notre cœur est loin d’y être… Le bus nous fait repasser par l’endroit où s’est produit l’explosion de la veille, et nous apprenons qu’il s’agit en fait d’un accident lié à un système de climatisation défectueux d’un des immeubles de la rue. Un boitier métallisé, attaché à l’extérieur d’une des fenêtres et contenant tous les tuyaux servant à recycler l’air à l’intérieur des bureaux, a subitement explosé et a chuté sur plus de dix mètres avant de tomber sur le trottoir, écrasant cette pauvre femme. On dit si souvent que la vie tient parfois à un fil, voici un exemple flagrant d’être au mauvais endroit, au mauvais moment…

Essayant de chasser ces sombres pensées de nos têtes, nous arrivons à la « Plaça Tomé de Souza » et à la « Plaça Terreiro de Jesus », en plein cœur du centre historique. Même si les anciens bâtiments coloniaux ont perdu de leur splendeur d’antan, ils restent tous très colorés et une ambiance bonne enfant règne parmi les touristes et les locaux afro-brésiliens qui dansent et cuisinent au milieu de ces deux places. Consciente du fait que nous sommes proches de la psychose ce jour-là, je ne peux m’empêcher de me retourner sans arrêt, surveillant mes arrières. Nous n’avons aucun sac sur nous, tout est dans les poches, fermé ou accroché à la ceinture avec un mousqueton. Nous avons juste assez d’argent pour la journée et nous sortons l’appareil photo qu’à de très rares occasions. Les petites rues sont très jolies, les galeries d’art succèdent aux nombreuses petites églises de quartier et aux musées, et nous approchons de plus en plus près la culture afro-brésilienne si chère à la population de Salvador.

Nous commençons par visiter le musée afro-brésilien retraçant l’arrivée des premiers esclaves et la façon dont leurs croyances se sont développées, en parallèle avec le catholicisme imposé par les colons. Ils ont toute une panoplie de dieux appelés « Orixás », qu’ils vénèrent en fonction des jours de la semaine et des vertus plébiscitées. Cette combinaison de religions d’Afrique noire et d’Europe colonisatrice, propre à Salvador et maintenant présente dans une grande partie du pays, se nomme le « candomblé ». Nous sommes allés, dans la soirée, assister à une messe et quelle fut notre surprise lorsque toute l’assemblée se mit à chanter, à taper des mains en rythme, qu’un groupe de musiciens arriva du fond de l’église avec des percussions, des guitares, suivi par un prêtre qui marchait en rythme avec la musique, ainsi qu’un chœur de femmes entreprenant des chants entrainants… Mais l’apogée de notre stupeur fut lorsque le livre de la Bible fit son entrée en scène, apporté du fonds de l’église vers l’autel par une femme en transe, tournoyant sur elle-même en levant la Bible aussi haut qu’elle le pouvait, et tout le monde applaudissait puis levait les paumes des mains haut vers le ciel… c’était complètement irréel ! Nous sommes ensuite partis assister à un spectacle de danse « capoeira », au sein de l’école de danse de Maître Bimba, qui offre aux enfants de la rue la possibilité d’apprendre gratuitement cette danse mi-artistique, mi-art martial. Nous étions les seuls touristes présents pour cette démonstration de grand talent où les élèves font semblant de se battre et enchainent des figures acrobatiques dans les airs, s’effleurant l’un l’autre du bout des pieds ou des mains, sans jamais vraiment se donner de coups.

Le troisième jour, nous nous joignons à d’autres touristes pour partir à la découverte des îles paradisiaques de la Baie de Bahia, notamment l’île d’Itaparica et celle de Pradhe. Et nous retrouvons enfin toute notre sérénité ! Le bateau nous berce au gré des vagues, il y a un groupe de musique composé de trois jeunes qui entonnent des chansons locales aux sonorités ensoleillées, et un barman qui nous prépare des caipirinhas bien chargées avec du rhum local appelé « cachaça ». Nous accostons sur deux magnifiques plages et découvrons enfin le Brésil tel qu’il est décrit dans les livres : des jeunes jouant au football sur la plage, les filles sans complexe faisant bronzette en bikini, des cocotiers, de l’eau transparente, des chevaux galopant au loin sur le sable…

Bref nous voilà enfin réconciliés avec le Brésil ! Et pour ceux qui se posent la question, je pense que le cliché des belles brésiliennes bien foutues bronzant en maillot de bain sexy est bel et bien un mythe ! Oui, elles portent en effet des petits bikinis sexys. Oui, elles ont de superbes cheveux bruns ondulés arrivant jusqu’au bas du dos, mais non messieurs… j’ai le regret de vous dire qu’elles sont bien enveloppées, et assez imposantes, et que nous petites françaises faisons bien maigrichonnes à leurs côtés !

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Vos deux globe-trotters tout en sueur apres avoir echappe a l'explosion et aux griffes des brigands de quartier... On ne faisait pas les fiers !!


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