Survivor dans la Selva


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South America » Bolivia » Beni Department » Madidi
November 28th 2014
Published: November 29th 2014
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Puisque nous sommes à l'orée de la forêt amazonienne, pourquoi ne pas aller faire un petit tour au coeur du sujet, pour y découvrir d'un peu plus près la flore et la faune qui s'y trouve ?!

Le parque Nacional Madidi, au coeur de la Bolivie, s'étend sur 1,8 millions d'hectares. Il préserve l'écosystème de la forêt tropicale, qui représente une grande partie des espèces animales présentes sur la planète et une inombrable variété d'espèces végétales. C'est un endroit protégé, surveillé (autant que faire se peut), où la dégradation des espèces est strictement interdites, ce qui sous-entend la chasse, la pêche, l'abattage des végétaux, etc. Des communautés indigènes vivent encore au sein du parc, et de nombreux projets communautaires y voient le jour.

La selva, ou forêt amazonienne, représente la grande majorité de la superficie du parc. De nombreuses agences de tourismes proposent des tours pour la découvrir (toujours accompagnés d'un guide), selon les envies de chacun entre 2 et 30 jours. La vie dans la selva peut s'avérer assez précaire et difficile. Ainsi, les agences proposent en général 2 formules de tour. La première, dite "normale", vous permettra de la visiter pour découvrir la flore et la faune, en petit groupe, accompagné d'une cuisinière qui pourra vous faire de bons petits plats et en général l'eau en bouteille ne manque pas. Les haltes et bivouacs se font donc dans des campements installés ça et là, en général abrités, possédant quelques lieux de campings voir des lits peu confortables. La deuxième formule, dite "survivor", est assez similaire, à ceci près qu'un guide n'accompagne pas plus de deux ou trois personnes, qu'il n'y a pas de cuisinière, pas de nourriture ni eau en bouteille, ni campements. Ici il s'agit bien d'une excursion où il faut survivre de ce que peut apporter la selva, ce qui nous oblige à faire quelques entorses aux règles de préservation de la forêt.

Max et moi avons choisi la formule survivor!

Dimanche, nous partons pour 5 jours dans la selva. Nous sommes accompagnés de José, "El Rey de la Noche", un guide issu d'une communauté indigène proche de Rurrenabaque.

Jour 1

Après 3h de bateau pour remonter le rio Beni, nous arrivons dans le Parque Nacional Madidi. En réalité nous nous y trouvions déjà depuis un bon moment, et avons payé au préalable un droit d'entrée. Nous sommes dans un campement, point de départ pour de nombreux touristes. Pas question de s'y attarder trop longtemps. Le soleil se couchant assez rapidement, nous marchons une petite heure pour trouver un lieu où passer la nuit. Avec une bonne machette et les arbres "à disposition", il ne faut pas très longtemps pour construire un abri. Quelques montants faits de grosses branches fraichement coupées, quelques lianes en guise de ficelle, un toit en feuilles de bambous et le tour est joué. Pour dormir, les moustiquaires restent indispensables pour nous les gringos.

Ce soir là, nous n'avons rien mangé. Pour ne pas avoir fin et soif, l'idéal est de mastiquer de la feuille de coca avec un peu de bicarbonate pour adoucir le goût et de fumer quelques cigarettes, trois choses indispensables pour un tour dans la jungle.

Jour 2

Pour le petit déjeuner, nous faisons une petite salade de champignons pas franchement goutus, accompagnés ... de champignons pas très goutus. Il faut manger ce que l'on trouve, tant bien que mal. Heureusement pour aider nous avons un peu de sel.

Et c'est parti, on marche dans la jungle pendant pas mal de temps. José nous présente ça et là les différents espèces d'arbres que nous rencontrons. Chacun d'eux possède des propriétés médicinales diverses et variées. Parfois il s'agit de soigner la fièvre, parfois les maux de ventres, les vomissements, les diarrhées, les plaies et les infections qui vont avec, ou même encore les fractures ou les pannes sexuelles. En général, chaque partie de l'arbre peut servir, que ce soir les racines, l'écorce ou le coeur. Et enfin, il faut connaître la bonne recette de cuisine. La Farmacia Natural (pharmacie naturelle), comme aime à la surnommer José, peut faire bien des miracles ! Une autre très bonne découverte est la "uña del gatto" (griffe de chat). Il s'agit d'une liane épaisse, contenant de l'eau pure. Son écorce spongieuse agit comme un filtre et peut être réutilisée pour purifier une eau sale.

Plus tard nous arrivons auprès d'une lagune. Nous préparons notre abri pour la seconde nuit, avant d'aller pêcher. Un fil de pêche avec un hameçon et un peu de viandes permettent d'attraper assez facilement des pirhannas (oui le guide a emporté un peu de viande avec lui). Pour cuire facilement le poisson, il suffit de l'envelopper dans une grande feuille et la mettre dans un feu. Pour le repas du soir, la nuit tombée, on trouve quelques grenouilles, histoire de varier, et nos papilles en sont ravies. S'ensuit un petit rituel pour demander la protection et l'aide de la Pacha Mama, l'esprit de la terre, puis marche nocturne, plus favorable pour rencontrer de nombreux animaux qui ne se montrent que lorsque le soleil est couché. Avançant discrètement, parfois lumières éteintes, on parvient à croiser un tapir, un opposum et d'autres petites bêtes. José nous jure avoir vu un jaguar, nous nous ne l'avons qu'entendu s'enfuir.

Jour 3

Nous repartons pour rejoindre un rio plus en profondeur dans la jungle. En chemin, nous trouvons un grand palmier, duquel nous pouvons extraire le palmito, comprenez le coeur de palmier. Il s'agit de la partie supérieure du tronc, assez petite par rapport au reste. Ce sera notre petit déjeuner, mais c'est assez frugal.

Pour nous aider sur le chemin, José nous offre un peu de whisky indien. Il s'agit d'un alcool de canne à 96%!c(MISSING)oupé avec l'eau du rio...c'est mieux que rien.

Arrivés près du rio, nous installons nos couchages en hauteur (admirez les photos), puis on cherche à manger. On passe pas mal de temps au bord du rio à pêcher, mais aucun poisson ne se présente. La fatigue se fait vite sentir et les forces nous quittent. On insiste plusieurs heures, la nuit tombe et toujours rien. Pour nous aider dans notre quête de nourriture, notre guide indigène se lance dans un nouveau rituel dans sa langue maternelle s'adressant de nouveau à Pacha Mama. Puis la pêche reprend. José longe l'eau pour espérer attraper le poisson à coup de bambou ou de machette. On a faim, on tient difficilement debout. José nous fait signe, il vient d'assainer un coup de machette à un alligator qui s'est enfui de l'autre côté du rio. Ni une ni deux, notre guide se lance à sa poursuite, la lampe entre les dents et la machette en main. Le combat s'engage, nous l'observons de loin, assez paniqués, l'adrénaline nous procurant de nouvelles forces. Dix minutes plus tard, il revient avec l'animal décédé. Nous l'aidons à le sortir de l'eau, euphoriques. Ce genre de pratique est évidemment interdit, mais il s'agit bien d'une question de survie ! Ce reptile d'1m70 va pouvoir subvenir à notre besoin de nourriture pour plusieurs repas. Vidés de ses organes et découpés, on le cuit simplement au barbecue. Il contient beaucoup de viande, blanche, pleine de protéines.

Jour 4

Même repas pour le petit déjeuner, hier soir nous n'avons mangé que les cuisses, il en reste beaucoup, la partie la plus tendre et la plus charnue de l'alligator étant la queue.

Aujourd'hui, le programme est de construire un radeau car demain nous rejoindrons le campement par le rio. On marche jusqu'à trouver le balsa, un arbre léger qui flotte très bien sur l'eau. On cherche les plus grands, il nous en faut 5 ou 6. On récupère le tronc entier, on retire l'écorce. La partie intérieure de l'écorce, très fine et très solide servira de cordage. Après quelques heures de sueurs, notre radeau est prêt. On parcours quelques centaines de mètres avec sur le rio pour rejoindre notre abri avant que la nuit ne tombe. Pour le diriger, un simple bambou suffit.

Jour 5

On se lève aux aurores car nous devons naviguer sur une trentaine de kilomètres. Le radeau n'étant pas un moyen de transport rapide, il peut y avoir jusqu'à 8h de trajet.

On mange ce qu'il reste de l'animal et c'est parti. Par chance, les pluies accélèrent le courant des rivières et il nous suffit de 4 heures pour arriver à bon port.

Ca y est, le survivor est fini. Au campement, il y a d'autres groupes de touristes. On profite de la présence de la cuisinière pour se faire un bon grand repas !



Le bateau arrive, et nous rentrons tranquillement jusqu'à rurrenabaque, sales, usés, mais fiers des épreuves que nous avons affronté. Ce soir on ne se gênera pas pour déguster quelques caïpiriñas, bières et parts de pizzas.


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