1893, on a trouvé de l’or ! (partie 1)


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April 6th 2011
Published: April 6th 2011
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24 août 1893.
Il y a quelques temps, un homme du nom de Paddy Hannan, un inconnu venant tout droit d’un hameau à une cinquantaine de bornes d’ici (Coolgardie), a fait une découverte bouleversante dans une plaine avoisinante, avec deux de ses amis… Ce chanceux quidam a trouvé de l’or, tout d’abord une petite pépite d’or pur à même le sol, sous un arbre, en soignant son cheval. Puis en quelques jours, il trouve passé 3 kilos d’or pur tellement recherché !
Encore un homme qui ne rêvait que de richesse et de gloire, mais contrairement à beaucoup d’autres, lui a obtenu ce qu’il cherchait.

Nous sommes beaucoup dans le coin à espérer trouver cette pierre jaune, synonyme de tellement de changements, d’aisance, de reconnaissance. Beaucoup d’hommes cherchent dans la région, dans la terre, dans les rivières, dans les grottes…. Peu trouvent ce qu’ils veulent. Johnny le forgeron du village a trouvé quelques pépites l’autre jour mais pas de bonne qualité, enfin… c’est du moins ce que lui a dit le joaillier.
La concurrence et les conditions sont dures, parfois le désespoir s’empare de nous. Nous perdons la foi. Mais lorsqu’on apprend un jour que l’on a trouvé de l’or un peu plus loin, c’est à chaque fois la même chose : l’empressement et en même temps la rage mêlée à de la jalousie s’empare de chacun de nous, nous pressant encore plus de chercher encore et encore pour que notre tour vienne aussi… Pour que notre vie soit meilleure. Pour que nos familles mangent mieux. Ce n’est pas qu’un rêve, cela peut devenir une réalité…

Cette fois, les choses sont tout de même différentes. Le gisement trouvé par Paddy semble être vraiment important, on ne parle que de ça, beaucoup d’hommes sont déjà partis pour travailler pour lui. On raconte que des constructions et plusieurs trous ont déjà été creusés pour accélérer la recherche.

Si je ne trouve pas quelque chose à mon tour dans les jours qui viennent, je crois que je vais devoir rejoindre ce bataillon dans la poussière de leur machine… Nous avons faim, il faut trouver une solution. Et nos réserves s’épuisent…


18 octobre 1893
Ca y est, je me suis lancé. J’ai laissé ma femme et mes trois enfants pour rejoindre Paddy et ses hommes dans ce qu’ils appellent « leur mine ».
En arrivant ici, j’ai trouvé énormément d’hommes, venus de tout le sud, certains venant même d’outremer. Visiblement, la nouvelle est allée vite. Beaucoup de constructions en cours déjà, de nouvelles bâtisses, de nouvelles banques, de petits abris pour les travailleurs. On ne parle que de ça ici ! Matin, journée, soir, nuit parfois…

Actuellement, je dors dans un grand abri avec une cinquantaine d’autres hommes. J’ai retrouvé ici Johnny et ses frères et plusieurs autres hommes de mon village, tous venus ici pour tenter leur chance.
Le travail à la mine est dur. Il fait noir toute la journée, froid, je tousse beaucoup depuis que je suis ici, je ne m’inquiète pas, nous toussons tous. On dit que l’on doit mériter notre richesse, c’est pour cela que l’on doit s’accommoder des conditions.
Dans la région, il n’y a pas d’eau, ou très peu. Nous devons aussi creuser pour en trouver juste de quoi passer un peu sa soif. Je dois m’accrocher, il le faut.

2 décembre 1893
Le travail continue. Dans les entrailles de la terre rouge, tous les jours…
On a ouvert un nouveau tunnel hier et Jack, un homme de mon équipe, a trouvé un kilo d’or. Il a reçu une belle somme pour cela, même si cela vaut encore plus, mais tout va aux dirigeants. Il aurait déjà pu utiliser cet argent et rentrer dans sa famille mais la fièvre de trouver encore plus nous pousse à rester ici, malgré les conditions et à chercher encore. On a peut-être tort…

L’autre jour, lorsque j’étais en bas, c’était quelques heures seulement après le début de la journée, il y a eu un gros bruit. Beaucoup de poussière. Les lanternes se sont éteintes et nous avons commencé à beaucoup toussé. Nous avons dû tout arrêter, nous ne voyions plus rien.
On nous a interdit d’utiliser les échelles pour remonter, il fallait attendre pour voir si la situation était stable. L’équipe 37, qui travaillait à côté de nous, a été ensevelie. Du gaz il paraît. Mauvaise chance. Ils étaient 12, dont certains très jeunes.
C’est le prix à payer ici.

19 décembre 1893
Depuis l’explosion l’autre jour, mon équipe a été envoyée pendant plusieurs jours dans les rivières du coin. On nous dit que c’est pour notre santé, parce qu’on a mangé beaucoup de poussière l’autre jour. Je ne suis pas sûr, je pense plutôt qu’il y a encore un problème en bas et qu’ils ne veulent pas tuer trop d’hommes à la fois, cela ferait mauvaise réputation.
Cela me fait un peu de repos. Et le travail est moins pénible. Il fait plus chaud ici mais ce n’est pas déplaisant. Et dans 3 jours on redescend, dans le tunnel ouest cette fois, il y a beaucoup de travail là-bas.

2 avril 1894
Johnny est mort. Je sais que ce n’est pas le seul mais cela me perturbe, je le connaissais depuis que je suis né. Encore une explosion, ce matin. J’ai dû identifier son corps.
Sa femme reste seule avec ses cinq filles. Cette fièvre de richesse fait aussi beaucoup de torts.
Je pense depuis de plus en plus souvent à ma famille. Cela fait bientôt 6 mois que je ne l’ai plus vue. Je devrais peut-être rentrer…

30 mai 1894
J’ai trouvé de l’or ce matin ! Oh pas une grosse quantité mais l’expert m’a dit que ça devrait me rapporter un bon petit paquet d’argent quand même, ça a l’air d’être de l’or pur !
Je crois que je vais rentrer, je vais rester quelques jours chez moi et je vais peut-être acheter un cheval ou deux et une belle robe pour ma femme et peut-être plus, on verra. Je suis sur que les enfants ont beaucoup grandi.

Je reviendrai dans quelques semaines si j’en ai besoin. C’est mieux aussi pour ma santé. Un docteur m’a dit que je devrais faire une pause, mes poumons ne vont pas bien. Tant pis, ça valait le coup.

2 juillet 1894
Je suis à la maison. Mais je vais devoir repartir. L’argent qu’on m’avait promis, on ne me l’a pas donné. Ils disent que finalement ce que j’avais trouvé ne valait pas grand-chose. Je suis venu voir ma famille mais je vais retourner en bas, continuer à chercher. C’est mon devoir, je dois entretenir les miens.
J’aimerais que la situation soit différente mais cela semble difficile. Au moins j’ai du travail…



Matthew Johnston est mort le 14 septembre 1894, encore une explosion. Il n’a pas retrouvé d’or depuis son retour au travail.

La mine continue à s’agrandir et on appelle maintenant ce lieu Kalgoorlie-Boulder.



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27th April 2011

MdJ
Joli ce récit ! On s'y croirait, en pleine fièvre de la ruée vers l'or. C'est bien, je vois qu'il y a du potentiel pour faire le Maître de jeu dans un prochain jeu de rôle : je vais enfin pouvoir jouer !
27th April 2011

Ah dis donc, on dirait qu'il y a plus qu'un post par jour qui a été lu ? :) Ouais mais ce que tu as pas compris c'est que Matthew Johnston existe vraiment, c'est pas une histoire, c'est la réalité ! :D Quoiqu'il en soit, personne ne peut t'égaler, au Maître du Jeu ! Ton expérience en la matière est indiscutable...

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