Cinema Cinema!!

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Parlons de choses serieuses: nous avons fait nos debuts au grand ecran, ou nous incarnerons deux vilains americains qui tentent de soudoyer un ingenieur indien ayant fait une importante decouverte. Rien a faire, le heros est, comme il se doit, incorruptible, et prefere servir sa patrie plutot que d'accepter nos millions de dollars...

C'etait a Chennai (aniennement Madras), la seconde capitale du film apres Bombay. A elle seule, Chennai produit quelques 600 longs metrages chaque annee, ce qui illustre bien la gourmandise des Indiens pour le cinema. Mais pas n'importe quel cinema. Leur cinema.Contrairement au reste du monde, Hollywood n'occupe que 5% des ecrans, principalement parce que l'Inde est une affaire de famille...Tout ce qui est etranger est rejete ou absorbe. Les regles de l'Inde sont si opaques qu'elles arrivent a faire fuir meme des geants comme Hollywood. D'ailleurs, on peut dire que l'Inde entretient des relations plutot acrimonieuses avec les multi-nationales occidentales en general: meme Coca-Cola fut forcee d'evacuer le pays e 1977 apres que le gouvernement l'ait sommee de divulguer la recette de sa celebrissime boisson marron...

Revenons au cinema. Il s'agit de l'une des industries les plus prolifiques et lucratives de l'Inde (etrangement il n'y a pas encore de TATA cinema...), mais sa logistique est loin d'etre simple. Dans un pays aussi heterogene que l'Inde, ce qui pourrait plaire aux uns ne conviendra pas aux autres. L'edition finale d'un film sera, la plupart du temps, un edulcore du scenario original. On sasse et re-sasse les scripts pour en eliminer les paroles potentiellement choquantes. On evite les sujets epineux, la politique, les conflits religieux. On tourne en catastrophe (certains long-metrages sont produits en moins d'une semaine; on re-utilise les memes decors de plateau en plateau...). Puis, epreuve ultime, on soumet une premiere version du film au Conseil de la censure, qui se chargera de corriger tout ecart aux bonnes moeurs. Cette sur-filtration de pellicule explique en partie la desarmante legerete de l'industrie cinematographique indienne: un heros, sa dulcinee, une vilaine belle-mere, un terroriste, une demi-douzaine de chansons choregraphiees placees au hasard, et une dose copieuse de patriotisme. L'apparition de quelques tetes blondes est aussi gage de succes, d'ou notre Stardom subit. Pis, parce que nous etions cameo plutot que figurants, nous avons eu droit a l'air climatisee et a la nourriture gratos, en plus du salaire de base....Bref ce fut bien amusant meme si nous ne pensons pas remporter de Golden Globe....

Pour fuir les foules d'admirateurs grandissantes et les seances d'autographes, nous avons accelere notre remontee par la cote est et avons fait un bond quantique (enfin...pas exactement...c'etait 29 heures de train...) jusqu'a Calcutta, ville redoutee mais, tout compte fait, pas tellement redoutable. En fait, bien que Mere Teresa merite amplement sa celebrite et son prix Nobel, elle a aussi (croyons-nous) contribue a saboter l'image qu'on se fait de Calcutta (maintenant rebaptisee Kolkata) avec mille et unes images de pauvrete decadante. Evidemment, la ville nous rend bien ce que l'on attend des grandes cites indiennes, c'est-a-dire une chaleur oppressante doublee d'un smog aussi agreable qu'une bombe lacrymogene, du traffic, des klaxons, des monticules d'immondices, des chiens, des mendiants, des arnaqueurs, des foules...mais elle conserve egalement le charme coloniale de son passe britannique. C'est egalement l'un des poumons culturels de l'Inde. Les voyageurs peuvent facilement y retrouver un brin de chez soi et y siroter un cocktail de folklore avnt de reprendre la route, generalement en direction des montagnes...Nous ne faisons pas exception.

On vous laisse sur quelques photos du Tamil Nadu...
A la revoyure!!!

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