Harry et les Anderson


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Asia » India » Kerala
March 6th 2007
Published: March 6th 2007
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Premiere rencontre avec le serpent. Un fin bruissement dans les feuilles. Une silhouette qui se detache, brune et massive. Il faisait bien 3 m, l'enfouarre, et il a du rire de nous quand, pris d'epouvante (sait-on jamais, ca aurait pu etre un cobra, une vipere ou un autre machin toxique...) on s'est mis a courir comme deux feux follets...

C'etait notre bapteme au Kerala. Une boule verte et luxuriante au milieu d'un sous-continent aride comme la lune (sauf a la mousson, s'entend). Le Klondike des epices. Hmmmm...le poivre en fleur, la cardamone qui parfume le ciel, les gousses de vanilles qui murissent a l'ombre des bananiers, les marchands qui sassent une poudre de curcuma si pure qu'on croirait pouvoir en couler des lingots d'or...Sans Kerala point de curry...nos papilles trouveraient le monde aussi drabe qu'e la fosse commune! Pas etonnant que la route des precieuses epices du Kerala aient entraine les Hommes de la Rennaissance dans le delire et la conquete des oceans...

500 ans plus tard, cette meme route attire toujours un flux intarissable de commercants venus des quatre coins de l'Inde et de l'Europe. Nous y avons d'ailleurs fait la bouleversante rencontre d'un type aux convictions aussi solides qu'un menhir, une espece de Gaulois des epices qui organise sa resistance autour d'une agriculture bio revolutionnaire dans un pays ou l'on beurre les champs d'engrais chimique et l'on repand les pesticides comme du dentrifrice sur une brosse a dents.
Il s'appelle Harry. Comme Harry et les Anderson.

A l'instar de tous les cultivateurs, le sort de Harry est constamment sur la corde raide: une perturbation du climat, un ravageur inopportun, une erreur de timing, une baisse des marches, une competition feroce (et souvent deloyale), une bureaucratie alienante, un gouvernement desinteresse...On lui a meme refuse le label TRANSFAIR parce que ses employes n'appartiennent pas a un syndicat. Harry n'a pas d'employe. Il fait tout de ses propres mains, des semences a la gestion des ventes, avec l'aide de son adorable epouse Fathima et de quelques voyageurs qui s'arretent chez lui pendant le peak des recoltes. Essayez donc d'expliquer ca aux manitous du commerce equitable, confortablement cales dans le fauteuil "executif" de leur bureau d'Amsterdam...
Apres 15 ans d'essais, d'astuces et d'acharnement, Harry vit maintenant dignement (bien que TRES modestement) de sa terre. Car la Terre ne rend pas facilement ses tresors. On ne pense pas souvent aux incalculables heures de travail qui se cachent derriere un insignifiant petit sachet de poivre en grains. Seulement, quand on a vu (et brievement vecu) la tache colossale qu'il represente, on comprend a quel point son prix est derisoire...Etre cultivateur, c'est difficile partout. Etre agriculteur en Inde, on en parle meme pas. Mais faire dans les epices bio au Kerala sans crever de faim, ca releve pratiquement du miracle! Nous souhaitons donc souligner le courage et le genie de cet homme (et de tous les Harry du monde), une horde de Gaulois dans la cage aux fauves -la potion magique en moins- qui resistent encore et toujours a l'envahisseur... Quel envahisseur? L'envers de l'assiette, pas toujours rose, qu'il s'agisse de muscade ou de navet. Il est difficile de voir comment briser les maillons d'une chaine trop souvent galvanisee pas les transnationales de la bouffe. Histoire que tous les Harry du monde, ceux-la meme qui nous nourissent, puissent a leur tour manger a leur faim.
Apres avoir rencontrer Harry on cherche toujours...vous avez des idees???







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