Dakar


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Africa » Senegal
September 7th 2011
Published: September 11th 2011
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Un jeudi après-midi, j'ai une collègue qui me demande si ça me tente d'aller passer la fin de semaine dans un genre de resort à Saly. J'ai dit absolument (je dis oui à pas mal toutes les invitations, à moins d'être vraiment fatiguée! Faut bien profiter et rencontrer des gens! 😊. On est donc partis 3 collègues et un ami Gabonnais passer la fin de semaine à relaxer sur le bord de la plage à Saly. La ville est très bien. Il y a énormément de Français qui y viennent en vacances. Il y a plein de resorts ou encore des villas qu'on peut louer en groupe, une avenue principale avec bars et restos, la plage partout, bref, c'est très chouette. Je compte tous vous y amener pendant votre séjour ici pour ceux qui vont venir 😉

Après un mois, je commence à m'installer assez bien. J'ai hâte d'avoir ma voiture pour pouvoir bouger et découvrir la ville. À pieds c'est difficile et si on veut aller quelque part, il faut savoir exactement c'est où car il n'y a pas vraiment d'adresses ici et il faut vraiment dire aux taxis exactement où on va et comment s'y rendre. Puisque je ne connais pas grand chose encore, c'est très difficile quand je veux me déplacer pour aller rejoindre des gens. J'ai donc hâte que mon envoi par bateau arrive pour avoir ma voiture et d'autres trucs.

L'expérience du premier mois est très différente de celle en Haïti ou à Nairobi puisqu'à ces endroits, je savais que c'était juste pour un mois et je n'avais pas le même genre de stress ou de pression qu'ici, donc je proifitais au max et je trippais à fond et on m'invitait partout. Mais ici, je sais que je m'y installe pour 2 ans donc je prends mon temps, je ne suis pas pressée pour découvrir et sortir à tous les soirs, et j'ai plus de responsabilités, de stress et de pression au travail donc je ne suis pas dans le même "frame of mind" et je ne peux sortir tous les soirs car je dois être en forme pour mes journées de fou le lendemain, donc l'expérience est très différente. Mais j'adore tout de ma nouvelle vie. Le défi professionnel au travail, le défi personnel d'habiter seule dans un nouveau pays, les découvertes quotidiennes sur les gens, l'Afrique, le Sénégal, la culture, la nourriture, bref, j'en ai plein la vue et le sens. Moi qui aime vivre à fonds et intensément, je suis très heureuse de vivre tout ce que je vis ici. Et c'est honnêtement moins difficile que tout ce qu'on peut s'imaginer. L'humain a une incroyable capacité d'adaptation et je le vois en ce moment. On s'adapte, on fait notre bout de chemin, on avance dans toute la brume de nouveauté et on navigue dans les vagues houleuses de la vie d'expatrié avec tous les hauts et les bas que ça comporte, et on s'y fait très bien. C'est une vie remplie d'émotions. Des jours on est sur un gros high, on trippe solide, on trouve tout de cool, de génial, on se sent choyé de vivre cette expérience incroyable et on se sent vivre et rempli de joie et de pur bonheur total. D'autres jours, le travail est difficile, on se bute à des chocs culturels, des difficultés, personne à qui en parler ou avec qui partager, on apprend à découvrir les gens, ils apprennent à nous connaître donc on marche un peu sur des oeufs, on se comprends mal, on se pose des questions, on se sent seul... Et le lendemain, on voit quelque chose de trippant, on rencontre des gens, on découvre des nouveautés et on se retrouve sur un high. Bref, c'est ça la vie d'expat, du moins les premiers mois et probablement lors du premier poste. J'imagine qu'avec le temps et les expériences les vagues seront un peu moins hautes et tout va se stabiliser un peu.

J'adore me promener dans les rues ici. Il y a tellement de vie. Les gens sont tous dans les rues, même à toutes les heures de la journée. Tu te promènes à 2h du matin et y'a plein de monde dans les rues. Le jour, il y a des gens qui s'entraînent partout. Les Sénégalais sont très sportifs. Les gens joggent, il y a un genre de gym à aire ouverte le long de l'océan où les gens vont faire leurs poids là. Tous les matins, il y a des tonnes de gens sur la plage qui font leur workout du matin. Et partout, des gens qui sont passé maîtres dans l'art de la Farniente. C'est-à-dire "rien faire". Ils sont là, assis, couchés sur des bancs, par terre, et ils regardent le temps passer. Disons que c'est très différent de chez nous où les gens sont toujours pressés et qu'ils ont toujours un endroit où aller.

Je suis sortie quelques soirs récemment, je suis allé danser, ça a fait du bien de se dégourdir un peu. J'ai rencontré des gens au beach volley aussi, des pilotes du Danemark, des Allemands travaillant un peu partout, des Français, des Portugais, bref, y'a toute sorte de monde et ça rend les soirées super intéressantes.

Vendredi dernier je suis allée à l'île de Gorée avec mon collègues, sa femme et leur enfant. Il faut prendre un ferry de Dakar, ça prend environ 15 minutes et on est arrivés à l'île. Il y a moins de 1500 habitants qui habitent sur l'île. Classée comme patrimoine mondial à l'Unesco, aucune voiture ni moto n'y est admise, et aucune modification aux maisons n'est permise afin de conserver l'héritage patrimonial, donc la ville a beaucoup de charme. Gorée est connue pour sa maison des Esclaves où il y a eu la traite d'esclaves pendant 3 décennies ici. Les Européens y amenaient des esclaves qu'ils entassaient dans des petites pièces et les revendaient éventuellement à des gens de partout au monde, surtout aux Amériques.

J'ai un collègue d'Ottawa qui est venu faire un stage au Sénégal à l'organisme Mer et Monde il y a quelques temps et quand il a su que je m'en venais au Sénégal, il m'a mis en contact avec quelques gens de confiance avec qui il a travaillé pour que je puisse connaître des Sénégalais lors de mon séjour ici. Je les ai donc contacté à mon arrivée et je m'en suis fait un ami qui s'appelle Pape (très commun comme nom ici!). Il m'apprend plein de choses sur le Sénégal. Il est habitué de travailler avec des Québécois donc il comprend bien mon accent et ma culture alors ça rend le tout plus facile. Hier soir, il m'a invité à manger chez lui en banlieue de Dakar où il habite avec sa mère, ses frères, soeurs, neveux et nièces.Toute une expérience! C'était vraiment cool de vivre la vraie expérience Sénégalaise à l'extérieur de la ville. Ça m'a pris 45 minutes à me rendre en taxi. Plus on s'enfonçait dans les terres, moins il y avait de blancs à l'horizon! Plus mon chauffeur de taxi qui s'arrêtait sur le bord de la rue pour négocier une nouvelle lumière pour sa voiture, arrêté pour mettre de l'essence, conduite de baboche dans les rues étroites, bref, très mouvementé! À un moment j'ai voulu ouvrir la fenêtre mais elle n'ouvrait pas (il faut préciser ici qu'il y a des centaines de taxis partout mais ils sont tous dans un état pittoyable). Il s'est donc arrêté sur le bord de la route, a fouillé par terre, a sorti une vieille poignée, a ouvert ma porte, installé la poignée dans un trou pour ouvrir la fenêtre. Tellement typique Sénégal...

Arrivée à destination, il y a des tonnes de gens dans les rues, je n'ai aucune idée où je suis et je cherche mon ami mais ils se ressemblent tous, et surtout dans le noir, ils sont encore plus difficiles à différencier! Je ne l'ai pas vu souvent donc j'ai encore de la difficulté à le reconnaître quand je le vois! lol Heureusement qu'il m'a spottée rapidement. Malgré que j'ai du assez "sortir du lot". Une femme blanche dans un tas d'Africains, disons que j'étais presque fluorescente, n'import qui m'aurait remarquée! On a marché pour se rendre chez lui dans des routes non pavées, pleines de sable, et moi avec mes beaux talons neufs, je me sentais tellement nouille de ne pas avoir allumé que quand tu sors de la ville, les rues ne sont pas nécessairement pavées et c'est du sable partout... Une autre paire de chaussures à l'eau... On m'avait prévenu d'apporter des souliers confos car ici, les routes ne sont pas toutes pavées et il y a du sable partout donc on se salit constament et on magane les talons. J'en suis à 3 paires de maganées depuis mon arrivée...

On arrive finalement chez lui, il y a sa mère, ses soeurs, ses frères, beaux-frères, neveux et nièces. Je ne les voit pas bien car il y a évidemment panne d'électricité donc peu de lumière. Il me répète le nom de ses soeurs et des petits mais j'arrive pas à les différencier! lol Ils m'ont préparé le thé, ensuite je pense que tout le village est venu! Des hommes et femmes arrivaient et quittaient. J'ai du voir au moins 20 personnes entrer et sortir de la maison. C'était évidemment le hang out place! Je disais bonjour à tout le monde et je me présentais et parfois Pape me disait "mais tu l'as vu, il était là tout à l'heure, tu lui a déjà dit bonjour!" Moi, je n'arrive pas encore à les différencier c'est grave. J'essaye de spotter quelque chose dans leur habillement pour les différencier car ils se ressemblent tous pour moi! Je ne sais pas combien de fois depuis que je suis arrivée que je me présente à des gens comme si c'était la première fois et ils me disent qu'on s'est déjà rencontré! Great... moins un pour moi! lol

Ses soeurs ont préparé un plat Sénégalais avec une grande assiette et où on mange tous avec nos mains. J'étais tellement pas à l'aise, une vraie petite Québécoise trop polie qui s'est fait élever en se faisant dire "soit polie, ferme la bouche quand tu manges, mange pas avec tes doigts, ne fait pas de dégâts, etc". Là, tout le monde pigeait dans le même plat, assis par terre, faisait des boules avec la nourriture, mangeait gloûtonnement, plein de miettes par terre, pas d'assiette, et c'était ben normal. Moi je suais comme une truie, il faisait 45 degrés dans la pièce, pas de climatisation évidemment, la sueur glissait de mon front juste que parterre, très chic! Ils me répétaient que je ne mangeais pas assez. Fallait couper des morceaux de viande avec ses mains, pas super à l'aise là non plus, donc sa soeur s'occupait de m'en faire des morceaux. Je regardais autour de moi voir ce que les gens faisaient et je les imitais. Quand j'ai vu le mess que je faisais autour de moi avec la bouffe qui tombait partout et les miettes de pain autour, tout ça mêlé à mes gouttes de sueur dégoutaient partout, j'ai regardé autour de moi pour voir si j'étais complètement innapropriée. Mais personne ne semblait s'en soucier et autour d'eux, il y avait encore un plus gros mess que moi, et ils suaient tous. Good, chus pas trop déplacée alors! Même chose quand je pigeais dans le plat. Chez nous, le seul moment qu'on mange en plat commun c'est lors les fondues ou raclettes. Et habituellement, le monde ont leur bouffe qu'ils se préparent et faut pas toujours toucher à celle des autres. Donc je me demandais si je piquais le morceau de poulet à quelqu'un d'autre, ou son riz, ou ses frites, ou son hummus, ou ses carrottes! lol C'était juste tellement lointain de mes propres expériences de manger à table en visite! Mais ici, c'est ça la vie! Ils me répétaient d'enlever mon filtre Québécois et de juste me laisser-aller car ici, y'en n'a pas de stress. Je riais tellement dans ma tête, j'aurais aimé avoir une caméra sur moi et vous envoyer ça! La petite Québécoise mal à l'aise de manger avec ses doigts, à la glouton, tout sale, pleine de sueur, les mains dans le plat avec d'autres gens qui mangent ensemble à tous les jours, disons que je me sentais comme une vraie extra-terrestre! lol En plus qu'ils parlaient tous le Wolof donc je ne comprenais absolument rien aux conversations! Mais ils ont été tellement gentils, accueillants, chaleureux, et mon ami me répétait que c'était tout à fait normal de suer et de faire plein de dégâts en mangeant, ça faisait partie du repas quotidien. Disons que tout ce qu'on nous apprend à la maison sur comment se comporter en "visite", ben là, je devais sortir tout ça de ma tête et me plonger dans le moment et faire comme eux. Juste de voir comment ils riaient de mon inconfort évident, comment ils m'aidaient, m'expliquaient, et qu'ils ne semblaient pas autant se soucier de ma sueur qui coulait ou du gros dégât que je faisais mais plus du fait que je devais manger plus pour m'engraisser, j'ai trouvé ça trop génial comme expérience!

Après le repas, on a relaxé dans le salon à regarder la télé Sénégalaise. Ensuite on est allé voir les moutons qui habitent en haut sur le toit. Ensuite, on est allé s'asseoir dans la rue jusqu'aux petites heures du matin à juste regarder le temps passer avec ses frères et les voisins qui allaient et venaient. Je me sentais étrangère à leur vie, mais quand même très à l'aise (outre mon inconfort lors du repas!). Ils répètent qu'ils sont le pays de la Teranga, de l'hospitalité, et je l'ai bien vu hier. Je ne me sentais pas "blanche", pas le centre d'attention parce qu'il y a une étrangère dans la place. Non, j'étais comme eux, parmi eux, comme si tout ça était le plus normal du monde d'avoir une petite Québécoise étrangère, white as can be, parmi tous ces Sénégalais qui ont grandi ensemble. C'était plus moi qui me mettait des inconforts car eux, ils m'ont tous fait sentir très à l'aise, comme si je faisais partie de la grande famille, rien de plus compliqué que ça. Ça a fait du bien, juste une soirée relaxe, chill, à regarder le temps passer et à discuter de tout et de rien avec les gens d'ici. Disons qu'en ville, c'est tellement cosmopolite qu'il y a toute sorte de monde d'un peu partout donc tu vois un peu moins la vraie culture Sénégalaise. C'est pareil comme chez nous. Passer un séjour à Montréal versus aller en campagne chez les parents ou dans les chalets, ce sont deux expériences complètement différentes pour un étranger. Et je me compte chanceuse d'avoir vu ça. Mon ami veut m'apprendre plein de choses sur le Sénégal et la vie ici et moi je suis tellement avide d'apprendre que j'écoute tout et je gobe tout! Une vraie petite éponge! Il m'apprend le Wolof, la culture, les moeurs, les ethnies, comment aborder les gens, comment gérer mon staff Sénégalais au travail, bref, je me compte chanceuse de l'avoir parce que j'ai vraiment l'impression de bien apprendre à connaître la culture et pas juste la vie d'expatrié à Dakar. Quoi que j'ai pas mal de fun avec les gens que j'ai rencontrés récemment, ils sont tous tellement cools!

Bref, j'ai passé une superbe fin de semaine. Aujourd'hui, j'ai été invitée à un BBQ & pool party donc je vais profiter de la belle journée. Il fait tellement toujours beau ici, la température est absolument géniale! C'est ça qui est cool. Une fois que tu rencontres quelques personnes, tu as plein d'invitations partout car on est tous dans le même bateau. On n'a pas nos amis ou familles ici donc on se fait des amitiés rapidement et on s'invite toujours partout. Même que je suis souvent mêlée entre quelle invitation accepter pour une même soirée car ce sont tous des gens différents avec plein de belles choses à offrir et toutes les soirées sont tellement enrichissantes que j'ai de la difficulté à choisir mes activités quand j'ai des double booking! Mais bon, je ne m'en plaindrai pas 😉

Ça fait déjà 5 semaines que je suis ici. Je ne m'ennuie pas trop encore 😉 J'espère que ce bonheur va durer et que je ne vais pas me lasser ou tanner de tout ça, comme plusieurs expats. C'est deux extrêmes. Soit tu t'adaptes et tu apprécies ta vie et ça va bien tout le long du posting malgré les hauts et les bas, soit tu finis par t'éceurer et te lasser de toute la différence culturelle. Il y en a qui chiâlent contre la vie ici, la saleté, la conduite, les prix Toubabs (étrangers dans la langue Wolof) où on se fait avoir constamment, les mandiants dans la rue, le service pittoyable, le manque de civisme des Africains. Et y'en a d'autres qui s'y acclimatent très bien et savent bien vivre dans tout ça. Moi, pour le moment ça va super bien. Mais je suis consciente que ça ne fait que 5 semaines et que je suis probablement encore sur mon high. J'espère juste que ça va durer! Je pense que mon optimisme va m'aider à passer à travers les moments plus difficiles, car c'est certain qu'il y en aura. Mais pour le moment, je vis le moment présent, je profite et j'adore ma vie et mon expérience! Life is grrrrrrrrrrreat!

Je vous aime! Donnez-moi de vos nouvelles xxxx

Nat in Africa

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