8-Le paradis avec un petit "p"!


Advertisement
Central America Caribbean
February 27th 2009
Published: February 28th 2009
Edit Blog Post

Panama City, PanamaPanama City, PanamaPanama City, Panama

Le quartier de Casco Viejo à l'image de La Havane.
Il y a maintenant plus d'un mois et demi que nous sommes sur la route et que nous tentons de garder le cap de départ. Pour être franc, nos anciennes amours asiatiques hantent toujours nos pensées et le sous-continent indien semble nous envoyer de gigantesques signaux de fumée. Difficile de retrouver ici, l'authenticité et l'aventure qu'elle nous a offert si généreusement, l'année dernière.

36 heures consécutives de bus plus tard, nous voici maintenant à Panama City la tête bouillonnante de projets. Sollicités, cette fois-ci, par l'Amérique du sud: le Brésil, la Bolivie, la Colombie. Si l'on fait abstraction de la mauvaise presse à son égard (plus ou moins justifiée), la jungle colombiennes est si invitante et si près de nous. Moins invitante, est la traversée par la terre, qui est considérée encore aujourd'hui, extrêmement périlleuse étant donnee la présence de la guerillas colombienne à la frontière du Panama et de la Colombie. Á cette endroit la panaméricaine* s'arrête subitement et il faut un bon guide, de très grosses "couilles" et une bonne dose de chance pour traverser en Colombie par la jungle.

Quoi qu'il en soit, nous déambulons dans Casco Viejo*, la vieille ville de Panama City. Même si
Panama City, PanamaPanama City, PanamaPanama City, Panama

Les écluses de Miraflores du canal de Panama.
nous avons jamais mis les pieds à Cuba, nous nous sentons comme dans les rues de La Havane. La vieille ville est majoritairement afro-américaine et l'atmosphère qui y règne est particulierement animée et chaleureuse. Par contre, pour des raisons pratiques, après un court séjour, nous établissons, finalement, notre lieu de résidence temporaire en plein coeur de El Cangrejo* chez Zuly's guesthouse. Zuly et son équipe offre un emplacement central, une cuisine commune, des chambres à prix compétitifs, mais plus que tout, beaucoup d'informations pour les voyageurs indépendants comme nous. Nous explorons donc, Panama qui est sans aucun doute la ville la plus riche et la plus cosmopolitaine d'Amérique centrale. En plus d'être une plaque tournante bancaire mondiale, elle est aussi célèbre en grande partie grâce à son canal qui fait d'elle, un centre de commerce international prospère.

Au tout début du XXième siècle, les États-unis reconnurent l'indépendence du Panama et en profitèrent pour signer un traité qui leur permit de prendre le contrôle du territoire destiné à la construction du Canal. En 10 ans les ouvriers chinois, africains et autres, achevèrent de construire cette merveille d'ingénierie qui relie sur 80 km l'océan Atlantique à l'océan Pacifique. Un projet pratique
Panama City, PanamaPanama City, PanamaPanama City, Panama

Panorama de la capitale, prise à partir du "causeway".
et lucratif qui attirait déjà l'attention des espagnols, il y a plus de 400 ans. Les dirigeants y voyaient à l'époque une manière d'atteindre l'or des incas du Pérou et le Panama représentait aussi un accès facile au Pacifique, inconnu alors par les européens. Espagnols, britanniques et l'union des pays de l'Amérique du sud, tous les grands tyrans de l'époque s'arrachèrent la possession de ce territoire stratégique, n'hésitant pas à brûler vif et à jeter aux chiens affamés les indigènes, jusque là, propriétaire légitime de cette parcelle de l'Amérique.

Aujourd'hui plus de 14 000 vaisseaux empruntent ce racourci, payants selon leur poids, entre 30 000 et 200 000 dollars US pour effectuer en 10 heures; ce qui auraient pris plus de 2 semaines et beaucoup de périlleux efforts supplémentaires en passant pas le Cap Horn, au sud de l'Argentine. Depuis le 31 décembre 1999, les États-unis ont quitté le Panama et maintenant ce sont les locaux qui profitent des retombées économiques reliées à ce que l'on pourrait qualifier d'une des plus importantes constructions du XXième siècle.


Qu'est ce que le paradis? Imaginez un archipel d'îles, presque inhabité, muni de quelques palmiers seulement, où le sable est d'un
San Blas, PanamaSan Blas, PanamaSan Blas, Panama

Cliché du "paradis" sur l'une des îles de l'archipel de San Blas.
blanc parfait, où l'eau passe d'un vert émeraude à un profond turquoise et où le son des vagues vous berce! Et puis? Êtes vous au paradis? Tout ceci est bel et bien possible, ici, à San Blas, le territoire d'une des plus indépendante tribu d'Amérique centrale: les kuna Yala. Mais, si vous ajoutez à ce merveilleux paradis, le fait que vous dormez en dortoir (avec votre conjoint) sur l'île principale qui est surpeuplée et on ne peut moins écologique! Que vous mangez de la "merde" matin, midi et soir, que la température se gâte, que votre partenaire est atteint d'une vrai grippe d'homme. Si on ajoutait également le fait qu'il n'y a absolument aucun divertissement, aucun resto, aucun bar sur cette île sur laquelle vous êtes prisonnier et finalement, lorsque plus que tout, la famille qui vous héberge n'a guère d'hospitalité à votre égard et que la seule raison qui la pousse à "acceuillir" les touristes, c'est bien sûr pour le montant d'argent considérable que lui apporte la mine d'or qu'est San Blas!. Et puis? Êtes vous toujours au paradis?

Et oui, c'est rempli d'espoir que nous quittons la capitale, à bord d'un 4x4 à la découverte du paradis
San Blas, PanamaSan Blas, PanamaSan Blas, Panama

L'arrivée à notre île d'hébergement...
sur terre et des Kuna yala, propriétaires de ce petit coin éloigné du Panama. Le chemin de 3 heures est époustoufflant! Il n'y a pas de réel accès routier pour se rendre à San blas (la majorité des touristes s'y rendent en avion)... d'où l'extrême importance du 4x4! Nous cheminons dans des routes de boue, traversons des rivières, bref l'expérience est captivantes, ici, au frontière du Darien* dans cette forêt primaire. Nous arrivons sur la berge avec l'estomac qui cabriole, mais ce n'est pas terminé. Nous embarquons dans une chaloupe à moteur et défions la mer agîtée et arrivons sur notre île d'hébergement, tout à fait trempés, mais surexcités d'arriver à destination! Il n'y a aucune plage sur cette île et de toute façon, personne n'a envie de s'y tremper les orteils, voyant que les toilettes sont en réalité un simple trou dans le planché juste au dessus de la mer! Donc, tous les touristes et les habitants (aussi nombreux soient-ils) déchargent dans cette fabuleuse eau cristalline qui en fait un vrai festin pour les poissons... probablement les seuls à y voir un intérêt!!!

Quelques temps après s'être installé dans nos quartiers (séparés d'un simple drap), nous embarquons à
San Blas, PanamaSan Blas, PanamaSan Blas, Panama

Exemple plutôt cocasse du manque de conscience écologique dans ce milieu surnaturel.
nouveau sur le bateau qui nous mènera sur une des îles convoitées. Nous passons un agréable moment et profitons des quelques perçés de soleil pour photographier le lieu d'une beauté surnaturelle. Nous avons quatre jours entier pour visiter les îles avoisinantes, mais à quoi bon d'aller "s'étamper" sur une île sans commodité, lorsque le ciel se déchaîne! Nous sommes donc confinés à rester sur notre île d'hébergement à regarder les aiguilles de l'horloge tout au long de la seconde journée, qui naturellment semble s'étirer à l'infini. Le jour suivant, le temps est encore moche, Seb est accablé par sa grippe et tout deux sommes incapable d'avaler une journée de plus, cette horrible nourriture. Nous mettons terme à ce qui devait être le "must" de notre voyage, nous rebroussons chemin vers Panama ciudad.

À propos des Kuna yala maintenant! Les touristes (autant nous, que certains d'entres-vous) sont la cause première de cette attitude négative des Kuna envers les étrangers. Une fois de plus, nous vous demandons d'imaginer. Imaginez que vous êtes une petite population de cette tribu, disons une centaine. Dans vos habits traditionels, votre vie se déroule tout à fait normalement jusqu'au jour où un immense bateau débarque soudainement
San Blas, PanamaSan Blas, PanamaSan Blas, Panama

Petite trempette pour les 2 Trotteurs!!!
sur votre terre. Disons, plus de deux cents étrangers envahi le lieu, subitement, vous vous trouvez à être un minuscule 1/3 sur votre propre territoire, pendant que vous subissez indignement le comportement irrespectueux des étrangers qui vous photographient vous et votre famille, comme si vous étiez de simples bêtes! Et ce, sans même tenter de créer un bref contact ou même comprendre vos coutumes et traditions!!! Disons que du jour au lendemain, toute votre vie est chamboulée par des dizaines de ces bateaux qui piétinent votre environnement, votre culture et votre orgueil à toute les semaines. Et puis? Êtes-vous révoltés?

Voilà l'horrible situation qui se produit dans plusieurs tribus restantes dans ce monde, en passant par les femmes girafes en exile dans la Thailande du nord au Kuna Yala du Panama. De nos jours, il est interdit de photographier les Kuna Yala sans leur approbation qui est très rare soit dit en passant. Même créer un contact est difficile, leur résistance est omniprésente. Ils ont été durement échaudés, il y a quelques années, par la stupidité touristique!

Ces histoires nous portent constamment à réfléchir et à agir en touristes responsables, respectueux et surtout compréhensifs à l'égard des peuples que nous visitons. Après tout, c'est nous les étrangers, n'est ce pas?


Les 2 Trotteurs


Panaméricaine: L'autouroute qui traverse du nord au sud la totalité ou presque du continent américain.
Casco Viejo: Littéralement la vieille ville, quartier le plus défavorisé de la Panama City.
El Cangrejo: Quartier bancaire et huppé de la cité
Darien: Région de forêt primaire la moins développée à l'extrême sud du pays



Advertisement



Tot: 0.606s; Tpl: 0.011s; cc: 9; qc: 56; dbt: 0.0659s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.2mb