Rire, larmes et émerveillement


Advertisement
Poland's flag
Europe » Poland » Lesser Poland » Kraków
January 19th 2009
Published: January 19th 2009
Edit Blog Post

Je suis de retour de la belle Polska et prête à tout vous raconter!

Tout d’abord, je voudrais remercier tous ceux qui m’ont envoyé des courriels pour ma fête jeudi dernier. J’en ai tellement reçu, j’étais comme un gros paquet de nerfs hyperactif toute la journée. En plus, ce matin-là, Mike et Patricia m’avait dressé une table avec un beau bouquet de fleurs (ohhhh) et une carte coquine (hihi c’est mon mot préféré de la journée). Ils sont tellement fins! Ensuite, quand je suis arrivée à l’école, 30 secondes avant d’entrer dans mon bureau, de loin, je vois que la lumière est allumée et que la porte est ouverte. Hummm… J’approche et soudainement, 5 cocottes sortent en même temps en criant « Surprise! ». Haha j’ai tellement ri. Vous savez pas ce qu’elles ont fait à mon bureau… Elles ont fait imprimé à peu près 300 millions (j’exagère si peu) de photos de Twilight (vu qu’elles sont obsédées et que j’ai décidé d’embarquer dans leur obsession parce que c’est très rigolo) et elles ont placardé mes murs avec la face de Robert Pattinson partout. Sur mon tableau, elles avaient écrit « Joyeux Fête Claudine! ». Pauvres tites… je leur avais
Euh?Euh?Euh?

*Panique panique panique*
dit qu’on disait « Bonne Fête » au Québec et non « Joyeux Anniversaire » mais je pense que le message a enregistré juste à moitié dans leur cerveau.

À la fin de cette journée, j’ai commencé mon périple vers la belle Pologne. Première destination : Liverpool. Ahh j’adore Liverpool. Il y a comme une touche de très vieille Angleterre industrielle côtoyant la vivacité d’un grand centre urbain. En plus, en soirée, quand on se promène dans le centre-ville, on entend toujours la musique des Beatles provenant d’un bar/pub ou un autre. C’est tellement charmant. Il y a aussi la magnifique vue sur le Albert Dock qui est à couper le souffle. Mais bon, j’y reviendrai parce que je n’ai pas encore visité la ville adéquatement ; j’en ai seulement vu des bouts ici et là avant de m’envoler pour le continent.

Le vendredi matin, je me suis donc rendu tel que prévu à l’aéroport John Lennon où j’ai pris mon vol pour Cracovie. À quelques minutes d’atterrir, on a traversé les nuages et j’ai vu… de la neige! Yééééééé! Si vous saviez à quel point ça fait du bien de voir de la neige. Le pays avait
Intérieur des bâtimentsIntérieur des bâtimentsIntérieur des bâtiments

Comme dans Ces Enfants d'Ailleurs, han maman?
l’air si tranquille et serein. C’était super beau vu d’en haut. Un peu plus tard, je sors de l’aéroport et, premier choc : hmmpf je comprends rien de ce qu’il y a d’écrit sur les pancartes. C’était la première fois que j’arrivais dans un pays qui n’a comme langue ni le français ni l’anglais. Ok petite panique. Je trouve le train vers le centre-ville en utilisant à outrance les 2 mots de polonais que je connais, c’est-à-dire « Bonjour » et « Merci ». Mais les gens étaient super fins et je pense qu’ils sont très conscients du fait que personne dans le monde ne parle polonais sauf eux. J’ai finalement débarqué au centre de Cracovie en milieu d’après-midi et j’étais complètement déboussolée. J’ai fini par trouver mon chemin vers mon auberge à l’intérieur des murs qui entourent le centre-ville historique et je dois dire que, pour quelqu’un de 22 ans, j’ai eu beaucoup trop de fun à trottiner dans les tas de neige. Par conséquent, ça m’a pris 2 fois plus de temps que prévu pour me rendre à ma destination. Hihihi.

J’ai ensuite commencé à découvrir la ville. Après m’être perdue 3 ou 4 fois (même si j’avais une carte - c’était à prévoir), j’ai finalement trouvé le point central où toutes les rues se rejoignent. Petit fait cocasse : les rues ont toutes des noms comme « Florianska », « Tomazska », « Glonmarisk », etc. Ça sonnait assez mal dans ma bouche quand j’essayais de demander mon chemin. Pour souper, j’ai décidé d’essayer un plat typiquement polonais, mais j’ai oublié le nom. De toute manière, j’étais pas capable de le prononcer, j’ai juste pointé le menu en faisant un beau sourire au monsieur hihihi. Mais c’est fou comme ils mettent du chou partout. Honnêtement, ça doit être la base de l’alimentation polonaise. Vous vouliez vraiment savoir ça, pas vrai? Ce soir-là, je rentre à l’auberge et je rencontre mon copain de chambre, un Slovaque trop sociable du nom de Stano (quelque chose de même). Sérieux, je sais pas comment le monde en général me perçoit, mais je dois avoir une aura de psy ou pas loin parce que je finis toujours par me ramasser avec du monde qui me conte leur vie. Je pense que je serais capable de répondre à un quiz sur sa vie tellement il a pas arrêté de m’en parler. Comique.
Rangée de baraquesRangée de baraquesRangée de baraques

Si vous saviez à quel point il faisait froid...


Le lendemain, pièce de résistance : visite de Auschwitz-Birkenau. Ouf. Je vais vous mettre en masse de photos et, comme on dit, une image vaut mille mots. C’est dur à décrire. Tout d’abord, le matin, une navette de touristes est venue me chercher et, avec 4 autres personnes, j’ai été conduit à travers Cracovie et les petits villages des environs pendant 1h30. J’ai vu la vraie Pologne, celle qui ne ressemble pas aux cartes postales et où il n’y pas de boutiques de souvenirs. C’était à couper le souffle. Plus nous approchions de Oświęcim (Auschwitz en polonais), plus je tentais de me mettre dans un était d’esprit sérieux et… je sais pas, fittant avec l’endroit. Tout ça a été réduit à néant quand, à la radio dans le mini-van, j’ai entendu les premières notes d’une chanson de… Garou! Oui, en français! Je me suis souvenu avoir lu dans un 7 Jours à quelque part que Garou était big à mort en Europe de l’est. Coudonc, je traverse l’océan et presque toute l’Europe pis j’entends du Garou à la radio!! Qu’est-ce que j’ai ben pu faire?! C’est quoi la joke haha?! Mais là, je me suis mise à rigoler toute seule sur mon siège et c’est à ce moment-là qu’on est arrivé dans le stationnement de Auschwitz. Ouin, so long for the serious mood.

Mon hilarité n’a pas duré longtemps puisque nous sommes entrés dans le premier bâtiment où un film d’une vingtaine de minutes était présenté. Ouf. Ici, le but n’était d’épargner aucune sensibilité. C’était vraiment dur à voir. Particulièrement à la fin, quand on montrait les gens après leur libération… rachitiques, malades, 95%!d(MISSING)’entre eux mourants. Il y avait également une partie sur les expériences chirurgicales que les SS (plus particulièrement le docteur Mengele) pratiquaient sur les prisonniers. Oh… pas beau du tout. La plupart ne survivait pas aux interventions, le cœur cessait de battre à cause de la douleur et de l’extrême épuisement. Une des dernières images du film montrait une petite fille d’environ 8 ans (mais qui avait le visage d’une femme de 50 ans) à qui les SS avait ordonné de se tenir debout dans la neige sans bouger pendant 12 heures. Honnêtement, ça faisait mal à voir. Ce qu’on voyait, c’était les médecins russes et américains qui tentaient de sauver ce qu’ils pouvaient de ses jambes. Ouf.

La vraie visite du camp a ensuite commencé. Nous étions un groupe d’environ 20 personnes avec une guide polonaise qui parlait très bien anglais avec un accent fantastique. C’était une touche de plus on dirait. Ça faisait vraiment réel avec son accent. Nous sommes sortis du bâtiment d’accueil et nous sommes entrés dans le camp en passant entre les fils barbelés, l’espèce de no man’s land et puis sous la grille où est forgée la phrase (en allemand) « Le travail, c’est la liberté ». La guide continuait de nous parler de tous les détails entourant les prisonniers, leur arrivée au camp, leur séjour (qui ne durait en général guère plus de 3 mois) et leur extermination. Nous marchions lentement dans la neige et il faisait tellement froid… Juste d’imaginer la torture que ça devait être de marcher pieds nus et ayant pour seuls vêtements un espèce de pyjama en petite flanelle. Partout autour de nous se dressaient de très hauts « murs » de fils barbelés. Derrière ceux-ci, il y avait des tours de garde en bois avec des affiches de têtes de mort. C’est de là que les SS surveillaient le camp et fusillaient ceux qui s’approchaient trop des barbelés… même ceux qui
Pour ne jamais oublierPour ne jamais oublierPour ne jamais oublier

Message à l'entrée de Birkenau sur une douzaine de plaques dans les principales langues européennes.
s’effondraient d’épuisement contre ceux-ci. Apparemment, c’était la mort que plusieurs privilégiaient. Quand ils finissaient par comprendre qu’ils ne s’en sortiraient pas vivant et que ça n’irait qu’en empirant, ils marchaient droit vers les barbelés et attendaient d’être fusillés. Dans cet endroit, valait mieux le suicide à tout le reste.

Nous sommes entrés dans plusieurs différentes baraques qui contiennent maintenant les reliques que les Alliés ont trouvées sur place après la libération en 1945. Vous ne verrez pas de photos de ces restes parce que je trouvais complètement déplacé de les photographier. Derrière de grandes vitres, ils ont conservé les piles de tonnes de cheveux que les SS rasaient automatiquement à l’arrivée des prisonniers. On peut aussi voir les valises, souliers, jouets, vêtements que les Juifs avaient apporté avec eux parce qu’on les avait convaincus qu’ils partaient pour un endroit meilleur : les maisons du Kanada. Le Canada représentait l’opulence, le confort, la liberté, alors quand on leur disait qu’ils déménageaient dans un endroit portant le nom de « Kanada », ils n’opposaient aucune résistance. Ça c’était au début.

Dès 1941, Hitler, Himmler et Baer (2 des responsables des camps) ont enclenché la Solution Finale. On devait exterminer le
Fours crématoiresFours crématoiresFours crématoires

Ceux-là sont en ruines mais la plupart tiennent encore debout à l'intérieur.
plus de Juifs possibles mais l’espace manquait à Auschwitz. En utilisant les prisonniers, ils ont fait construire à 3 km de là, un camp encore plus gros : Birkenau. Les chambres à gaz et les fours crématoires (qui ont été conservés exactement dans le même état) sont dans le même style mais encore plus imposants qu’à Auschwitz. Ça donne des frissons. Dans les chambres à gaz, les plafonds sont très bas et il y a des ouvertures par lesquels ils versaient le gaz. Sur les murs, j’ai vu les traces d’ongles de gens qui tentaient de survivre. L’opération durait 20 minutes, après seulement 5 minutes, ils étaient presque tous morts. Birkenau est impressionnant par sa taille. Il est divisé en 2 par les rails de chemin de fer où arrivaient les wagons chargés de prisonniers comme s’ils étaient du bétail. Quand les SS ouvraient les portes après des voyages partant parfois d’aussi loin que Paris, plusieurs d’entres eux étaient déjà morts. Les SS les mettaient en ligne et les médecins jugeaient quels prisonniers allaient directement à la chambre à gaz (à droite) ou dans le camp pour travailler (à gauche). Les baraques de Birkenau sont encore plus rudimentaires que celles
Rails de chemin de ferRails de chemin de ferRails de chemin de fer

Elles ne sont plus en fonction mais ils les ont laissé là telles quelles.
de Auschwitz. Elles sont en bois et le plafond est, à plusieurs endroits, inexistant. J’ai vu les étables : laissez-moi vous dire que les chevaux étaient mieux traités que les humains. À la fin de la guerre, la plupart des SS et commandants nazis se sont enfuis. Pour le procès de Nuremberg en 1947, on a retrouvé Rudolf Höß (un des plus grands criminels de guerre) qui a dirigé Birkenau. Il a donné tous les détails du fonctionnement du camp pendant son procès et a été condamné à être exécuté à Birkenau, au même endroit que ses victimes. Bon débarras.

La visite s’est terminée après plusieurs heures à entendre des horreurs. Le voyage de retour vers Cracovie a été très silencieux… J’étais aussi complètement épuisée. Je savais que ce serait dur à voir. Bizarrement, la majorité de ce qu’on nous a montré était tellement triste et horrifiant que c’était au-delà des larmes. C’était un endroit que je voulais voir depuis longtemps (n’importe quel passionné d’histoire serait fasciné), mais je n’y retournerai jamais. On va se concentrer sur le positif à partir de maintenant.

J’ai passé le reste de la journée à me promener (et à relaxer!) dans les
SéparationSéparationSéparation

Les médecins envoyaient les prisonniers soi à gauche soi à droit en sortant du train. La mort ou le travail.
magnifiques rues de Cracovie. L’architecture est très jolie, ça se rapproche beaucoup du style chrétien orthodoxe, donc ça a une légère touche russe. Et il y a des couleurs partout. Dans la soirée, j’ai rencontré 2 nouveaux camarades de chambre (yééé ils m’ont sauvé du Slovaque trop bavard). Ils faisaient partie d’un groupe de 6 et ils m’ont présenté à leurs amis puis on a passé la soirée à jaser et à jouer aux cartes. Le mieux (ce que je n’ai pas dit encore) c’est que c’était des Anglais! C’était tellement drôle quand je leur ai dit que je vivais à Blackpool. Matt, Ben et Danny (les 3 Anglais) se sont tous écrié en même temps : « Why?! ». Haha c’est pas comme si c’était moi qui avais choisi. Donc, ils ont tous beaucoup compati et on a bien ri de lovely Blackpool. Sa réputation n’est plus à faire en Grande-Bretagne. Sérieux, pour rencontrer des Anglais qui ont de l’allure il a fallu que je m’exile jusqu’en Pologne, ça vous donne un peu une idée de ce qu’est Blackpool.

Le lendemain, j’ai amorcé le retour vers l’Angleterre. En tout, j’ai dormi environ 6 heures en 3 jours (les
À perte de vueÀ perte de vueÀ perte de vue

Des rangées de baraques en bois. C'est épouvantable de penser qu'ils les ont remplies... plusieurs fois.
joies de partager des chambres avec des gars… bande de ronfleurs!). Ma patience et ma gentillesse n’était donc pas à 100%. Dans l’avion, j’ai pensé torturer les parents qui décident de voyager avec leurs bébés qui, évidemment, pleurent tout le long. Les enfants ne veulent pas voyager, ils ne s’en souviendront pas et c’est juste du trouble pour rien. Pourquoi l’humanité ne comprend-elle pas? Et pourquoi l’humanité continue-t-elle à se reproduire autant? Voilà à quoi ressemblait mon état d’esprit hier matin. En plus, dans la même rangée de sièges que moi, un immense monsieur est venu nous écraser et 3 minutes après son arrivée, il s’est endormi pour ne se réveiller qu’à notre arrivée à Liverpool. Il a RONFLÉ (majuscules obligatoires ici) au décollage, pendant les turbulences et à l’atterrissage. Comment est-ce possible? Ouf.

Donc, c’était très long et j’avais beaucoup à dire. J’espère que vous avez suivi jusqu’à la fin. Donnez-moi de vos nouvelles, c’est toujours très apprécié 😉

xxxxxxxxxxxxxxxxxxx


Additional photos below
Photos: 14, Displayed: 14


Advertisement

À l'intérieurÀ l'intérieur
À l'intérieur

Ce sont les lits d'origine. Ils dormaient à 10-15 par lit pour se tenir au chaud et cohabitaient avec les rats.
Ohhh dansons dans la neigeOhhh dansons dans la neige
Ohhh dansons dans la neige

Pour toi papa, une mini-charrue polonaise. Je sais que ça t'énerve ben gros quand il y en a une qui passe dans la rue.


Tot: 0.308s; Tpl: 0.016s; cc: 6; qc: 44; dbt: 0.081s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.2mb