Jour 4 de marceh a Ha Giang - trekking au Vietnam


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December 30th 2010
Published: December 30th 2010
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Nous reprenons la route en début d'après-midi. L'air s'est encore alourdi. Nous franchissons de nombreuses barrières de bambous au travers des chemins : elles délimitent les espaces pour les troupeaux. Nous entrons dans le territoire des Daos à tuniques. Le costume, partie intégrante de l'identité d'une ethnie, est le plus souvent porté par les femmes. Chez les Daos, il se compose d'une robe tunique noire bordée de rouge au niveau des manches, de la ceinture, du col et du bas du vêtement. Deux bandes rouges sont également présentes sur les côtés.

Nous croisons un grand- père que le guide semble bien connaître. Il est fier de nous présenter son petit- fils qui porte un bonnet chargé de médailles censées le protéger du mauvais œil. Des jeunes filles Dao descendent de lourdes poutres de bois sur leurs épaules. Un peu plus loin, nous passons près d'un homme affairé : il achève de tendre sur une toile une pâte blanche de faible épaisseur. Celle-ci se compose de riz et de feuilles de mûrier pour donner, une fois séchée, le fameux papier de riz.

La journée s'étire, la moiteur a transpercé les vêtements. Une rigole d'eau fraîche est à portée de gourde et de mains : arrosage collectif. Nous arrivons : chevaux et coucher de soleil sur la palmeraie. Des jeunes jouent au volley-ball sur un terrain poussiéreux : je les rejoins pour échanger quelques balles. L'orage gronde. Est-ce parce que le ciel s'est obscurci que la maison sur pilotis paraît bien plus sombre que celles déjà vues ou est-ce l'essence de bois et la proximité de la végétation qui donne cette impression ?

Nous installons nos nattes : nous sommes près de l'âtre et de la porte : ce n'est pas la position la plus tranquille. Ce soir, purée maison à l'ail ... pas très exotique mais tellement bon. La nuit sera agitée : l'orage a éclaté en même temps que les sanglots d'un enfant malade que sa mère n'arrive à calmer qu'après de longues allées et venues. Puis c'est le néon qui joue au stroboscope dans un bourdonnement d'essaim de guêpes. Dès 5h, les hôtes s'affairent dans un va-et-vient incessant. Pour le petit déjeuner, ils nous ont préparé des crêpes à la banane, délicieuses. Le lever sera pourtant difficile malgré ces odeurs appétissantes.

Ce sera une journée de marche plus courte, essentiellement de la descente, à travers champs et bois. Nous croisons un système ingénieux de décorticage du riz par la force de l'eau : un tuyau de bambou canalise l'eau ruisselante et se déverse dans un manche creusé. Le poids de l'eau fait monter le pilon situé à l'autre extrémité. En descendant, le manche se vide et fait descendre le pilon qui retombe sur le riz contenu dans un mortier et ainsi de suite. Un bruissement d'eau, nous arrivons à une cascade.

C'est l'effervescence : des jeunes gens creusent la pierre pour faciliter l'écoulement de l'eau lors des crues. Un peu plus haut, une forge où s'appliquent deux gaillards, l'un à l'activation du soufflet, l'autre à l'élaboration de burins nécessaires au percement des roches en contrebas. Un astucieux escalier, taillé dans un gros bambou permet de franchir aisément les différences de niveaux. A quelques pas, nombreux sont ceux qui participent à la construction d'un bâtiment public, en bois clair. Les uns scient, les autres rabotent, d'autres encore mesurent ou ajustent les planches. Les outils sont rudimentaires, le mètre un morceau de bambou. Tous ces travailleurs lèvent le nez pour nous voir traverser la rivière à pied, guettant certainement une glissade ou une perte de cargaison qui les auraient distraits. Heureusement pour nous, tout se passa sans encombres. Passés sur l'autre rive, nous remontons. Des blocs erratiques de pierres grises ont échoué çà et là et ponctuent le paysage. En face, les flancs des collines ne sont pas assez exposés pour pratiquer la culture en terrasse. C'est la culture sur brûlis qui est encore adoptée au vu des pentes calcinées.

Les arbres sont coupés à la saison sèche et les abattis brûlés, ensuite ont lieu le semis, la plantation sur les cendres. L'essart ainsi obtenu n'est ni irrigué, ni labouré et peut être exploité quelques années, parfois une seule, avant d'être laissé au repos.

Une jeune femme empruntant le même chemin que nous entame la conversation. La langue est une barrière mais avec les gestes nous parvenons à échanger. De nouveau des rizières et des buffles. Nous arrivons à la bourgade de Quang Nguyên en fin de matinée. Une maison sur pilotis, propre et accueillante nous ouvre ses portes. Le repas du midi se compose d'un bouillon de nouilles, d'aromates et d'œufs. Sieste et massages occupent une bonne partie de l'après-midi puis nous déambulons dans la rue principale du village qui dispose d'équipements plus sophistiqués. En effet, en plus de l'école, on trouve un dispensaire et un bureau de poste et de téléphone, devant lesquels, comme devant tout bâtiment public, flotte le drapeau rouge à l'étoile jaune. Des petites boutiques, un boucher, un moulin électrique bordent ce village-rue.

En contrebas, au milieu de la rivière, un camion s'enlise dégageant un épais nuage noir. Un peu plus loin, des femmes, l'eau jusqu'aux genoux, lèvent un filet de pêche. Des grappes d'enfants jouent, se bousculent et crient. La plupart salue les étrangers du sésame « Hello ». Retour au bercail et discussion animée autour de chips de crevettes suintant de graisse. Notre guide expose sa vision de la société. Une société régie par les équilibres du ying et du yang, où l'homme doit assurer son rôle et maintenir une autorité sur son épouse, où il est inconvenant qu'une femme gagne plus qu'un homme ou soit plus ambitieuse, où l'homme ne doit jamais perdre la face. Il indique ainsi qu'avant le mariage, la jeune fille veille à montrer son éducation à sa future belle-mère qui est particulièrement attentive au respect de la tradition et des bonnes manières. Ces dernières consistent aussi bien à savoir couper en petits morceaux la nourriture proposée qu'à respecter la place attribuée à la femme. En effet, sur un lit, la femme ne doit jamais s'asseoir à l'endroit où l'homme pose sa tête...

Surconsommation d'électricité, tout se coupe vers 19h30 après un copieux repas à base de chèvre. Tout le monde s'endort tôt et dans le plus grand calme : une journée sportive nous attend le lendemain avec quelque 9 heures d'efforts.

La marche d'approche, longue et brumeuse, se déroule sur des chemins de terre rouge en bon état. Nous attaquons les choses sérieuses après 2 heures. La température est fraîche et le brouillard épais ce qui offre l'avantage d'échapper aux sangsues qui n'auraient pas manqué de savourer le sang neuf mais l'inconvénient de ne pas profiter du nouveau paysage offert. Si les porteurs se soutiennent à l'alcool de riz, j'avale, pour ma part, à deux reprises un petit sachet de granulés, amers et sucrés. Indication thérapeutique du « Korean Ginseng », un bon coup de fouet. Aucune image de la traversée -pourtant exceptionnelle- de la forêt tropicale ne s'est imprimée dans mon esprit. Les yeux rivés au sol, je ne garde le souvenir que d'un dédale de troncs et de pierres plates, de terre ocre jaune virant à la boue à mesure que le brouillard se transforme en bruine.

Il y a bien quelques flashs qui subsistent : des fougères arborescentes, des lianes épiphytes, des conifères. Comme nous approchons de la frontière chinoise, un officier nous accompagne pour cette partie du chemin : il m'offre un bouquet, mince témoignage de la beauté de la flore croisée. Nous sortons de la forêt dense, il fait froid, ce qui explique également que la faune ne se soit pas davantage manifestée lors de notre traversée en forêt. Des villageois descendent également, ils sont pieds nus ! Les premiers arrivés ont allumé un feu. Dégustation de boules de riz au thon. Nous ne traînons pas et repartons pour une courte descente qui nous amène au gîte du soir, parmi l'ethnie des Nungs. De nouveau une belle maison sur pilotis. Une petite turbine toute proche ronronne dans le courant d'eau. Un coq est coursé pour le repas du soir. Nous nous installons près du feu et nous laissons emporter par le récit de Minh qui nous en révèle un peu plus sur le chaman. Son rôle est important et mystérieux : il a des pouvoirs de guérisseur acquis notamment grâce à une grande connaissance des plantes et de leurs usages mais il peut aussi avoir un rôle maléfique.

Il peut arriver par exemple, une fois par an, que le chaman d'un village désigne mentalement une victime et l'empoisonne. Le seul espoir de cette dernière est d'aller quérir l'antidote chez un autre chaman.

Les rituels notamment ceux de l'initiation, du mariage et de l'enterrement sont propres à chaque ethnie. Au cours de ces cérémonies , le chaman tient souvent un rôle majeur.

Chez les Dao à tuniques, les garçons sont initiés vers l'âge de treize ans. A cette occasion, tous les animaux que possède la famille doivent être tués et partagés avec les villageois. Cette pratique est coûteuse mais essentielle : l'initiation d'un garçon pour une famille vietnamienne est en effet une grande fierté car c'est lui sui sera le garant du culte des ancêtres. Ce dernier consiste notamment à se remémorer les faits et gestes des ancêtres sur neuf générations et à les prier.

Le mariage est également très codifié. Il dure trois jours. Le chaman intervient de nouveau : il prépare les mariés et animera la cérémonie. L'homme est isolé sur l'une des terrasses attenantes aux grandes pièces des maisons sur pilotis afin de méditer sur son sort futur. Il est drapé d'une étoffe de couleur jaune. Pendant ce temps, les familles des mariés et les villageois partagent un repas bien arrosé dans la grande pièce. Après cette journée, le jeune homme dort une dernière fois seul. Le lendemain, la mariée, revêtue du tissu jaune offert par le jeune homme, parcourt tout le village. La maison est prête : des jeunes filles accueillent les personnes sur le seuil de la porte principale et les invitent à chanter. Un bateau en feuilles de bananier est symbolisé sur le sol, les époux le traversent et se dirigent vers les chamans. La cérémonie peut commencer : les ancêtres sont honorés et la vie de futurs époux jusqu'à cet instant est détaillée devant l'autel des ancêtres. Puis les repas se succèdent. Le couple ira vivre entre trois et cinq ans chez les parents de la mariée puis retournera ensuite chez les parents du mari.

L'enterrement suit également un protocole particulier à chaque ethnie. De manière générale, la tradition est d'enterrer les morts dans des cercueils selon une géographie précise liée à la symbolique du dragon dont chaque partie du corps est représentée par un élément naturel comme la rizière ou la montagne. L'enterrement est un événement joyeux pour les personnes ayant atteint un âge honorable (70 ans) : elles vont ainsi rejoindre les ancêtres. La cérémonie est rythmée par les lamentations des pleureuses et par des musiques. Au bout de trois ans, les morts sont déterrés, les os nettoyés et conservés dans des boîtes et de nouveau enterrés, cette fois dans une autre partie du corps du dragon. Cela explique l'observation de tombes ou de stèles disséminées au sein des rizières ou des champs cultivés.

Le repas est servi dans une maison voisine. Les porteurs sont déjà bien échauffés par l'alcool de riz : c'est leur dernière nuit ensemble. Les « Tchu tchu coué » ou « tchin tchin » vont bon train. L'hôtesse fait également plusieurs fois le tour de notre groupe mais obtient moins de succès qu'avec les autochtones...que nous laissons à la fête pour regagner notre duvet. Le feu se meurt dans l'âtre, il ne fait pas bien chaud. Nous nous endormons bercés par le bruit de l'eau jaillissante et par les rires lointains. Réveil sous la brume puis nous repartons pour cinq heures de marche.

Les paysages se sont modifiés : ici le climat ne permet qu'une récolte de riz par an. C'est l'époque de la mise en eau des parcelles ou du repiquage. On trouve également des cultures de maïs ou de légumes. Les paysages sont splendides : maisons nichées au cœur des replis de la montagne, miroirs d'eau aux formes harmonieuses, étages infinis d'un palais naturel conduisant à la rivière en contrebas, palette complète de tons de l'ocre au vert le plus pâle.

Une paysanne lance par poignée l'engrais sous forme de grains ronds et blancs, contenus dans un large panier. Une jeune femme souriante, quelques légumes dans les bras, poursuit sa route dans l'autre sens. Nous croisons également l'ancêtre de la brouette, tout en bois : cadre, essieu et roue. Les femmes de l'ethnie des Nungs sont reconnaissables à leur corsage bleu, leur jupe noire et leur foulard à carreaux à dominance verte ou bleue.

Un chantier de construction de rizière : toutes les bonnes volontés s'y mettent et s'alignent le long du premier niveau délimité. Les outils sont sommaires : pioches pour les femmes, binettes larges et courbes pour les hommes, semelle de bois reliée à trois cordes pour évacuer la terre vers le bas.

Un peu plus loin, c'est séance de gymnastique à l'école communale. Des élèves sont également sagement assis devant des pupitres rudimentaires. Nous contournons la vallée pour continuer notre descente. Davantage de troupeaux : buffles, vaches à bosses et chèvres essentiellement. Forêt de jeunes pins. Nous apercevons maintenant la ville de Xin man, tout en bas. Le chemin est très fréquenté, notamment par des enfants. Pont suspendu au- dessus de la rivière, de petites criques invitent à la baignade mais il nous faut remonter jusqu'au village, tout là haut, il fait de nouveau chaud. Le trek touche à sa fin : nous remercions les porteurs après un dernier repas ensemble puis nous gagnons l'hôtel Gia Long pour une bonne douche presque tiède et une sieste dans un vrai lit. L'après midi passe très vite entre des échanges de badminton avec des jeunes rencontrés dans une cour, quelques pas dans les rues de la petite ville où les marchands ambulants tiennent le haut du pavé. Il paraît qu'il y avait un étal de viande de chien : nous nous sommes contentés d'un ravitaillement de baume du tigre, le médicament miracle ici. Même petit restaurant que le midi : choux ; liserons des marais, porc bien gras, boulettes de bœuf et une mangue en dessert. Malgré un coucher à une heure tout à fait raisonnable, nous ne pouvons trouver le sommeil que tard dans la nuit : notre chambre jouxte une pseudo discothèque...

Le lendemain, inauguration d'un autre moyen de transport : la jeep antique moyen le plus rapide pour rejoindre Bac hâ et son célèbre marché. Une quarantaine de kilomètres de pistes caillouteuses et boueuses nous retourne l'estomac. A cela s'ajoutent quelques frayeurs dues aux croisements de bolides fonçant à toute vitesse en contre sens ou à la conduite sportive de nos chauffeurs devant combattre l'épais brouillard avec des essuie-glaces actionnés à chaque mouvement par une pression de la main à la hauteur du volant... très pratique. Sur la route, nous rencontrons des paysans de l'ethnie des Hmong bariolés travaillant à l'araire le sol de parcelles pentues coincées entre d'imposant blocs de pierre noire. Des femmes jettent des poignées d'engrais que d'autres recouvrent à mesure. Les bébés accompagnent leurs parents, attachés dans leur dos. Des jeunes filles viennent à notre rencontre et se laissent photographier. Malgré des conditions de vie difficiles dans ces montagnes, elles ne quittent pas leur sourire. Leurs vêtements sont particulièrement hauts en couleurs et contrastent avec leurs pieds nus : un sous pantalon de couleur foncée, elles portent jupes et vestes brodées aux motifs détaillés.

Malgré les mêmes costumes, il semble que cette ethnie soit particulièrement cosmopolite : les types de visage sont très différents, certains s'apparentent plutôt aux mongols ; d'autres sont métissés. Après deux heures, nous sommes passés sur l'autre versant, nous dépassons Bac Hâ pour rejoindre une maison d'hôte un peu à l'écart. Le temps est plus dégagé. C'est une région au climat plus tempéré, favorable à la culture maraîchère et à celle de pruniers. Leur floraison est terminée, c'est le stade petit fruit. Copieux dîner dans un restaurant de Bac Hâ, envahi par des motards hollandais : pommes de terre à l'ail et à la tomate, poulet aux champignons, porc grillé et ananas.

Nous interrogeons Minh sur le pouvoir politique au Vietnam. Il semble que le communisme se soit assoupli depuis quelques années. Pour notre guide, c'est un bon système politique car son peuple a besoin d'être encadré : Etudier sans réfléchir ne sert à rien mais réfléchir sans étudier peut conduire au pire (sic.). L'Etat a financé de nombreux équipements : routes, écoles, dispensaires et suit un plan annuel par objectifs : x km de routes, x%!d(MISSING)e croissance, x%!d(MISSING)'alphabétisation etc.

Balade digestive dans les environs : construction de canalisations, labours de rizière par des buffles, récolte de choux. Sur le chemin, des étudiantes en tourisme testent quelques formules en anglais. Elles nous invitent à boire le thé chez leur famille d'accueil et s'essayent au chant. Echange d'adresses et salutations. Un peu plus loin, c'est la sortie de l'école : les enfants sont loin d'être farouches et sont très contents de prendre la pause pour la photo et encore davantage de se voir sur les écrans des appareils numériques.

Là, une maison abrite un moulin à maïs : les épis sont stockés dans des casiers aérés et la meule les transforme en une farine blanc cassé. Retour au bercail pour une pause lecture et installation pour la nuit.

Orage nocturne et réveil aux aurores, la nuit aura été courte.

Départ en bus pour le marché situé à une vingtaine de kilomètres. C'est le point de rencontre de plusieurs ethnies-essentiellement des Hmongs bariolés- mais surtout de villageois de plusieurs vallées alentour. On y boit, on y mange, on y échange ou on y vend des produits de l'artisanat mais surtout on se rencontre, on se donne des nouvelles et pourquoi pas on discute des unions...Nous nous arrêtons en amont du marché ce qui nous permet d'observer les étapes de la culture du riz : de la pépinière - parcelle en hauteur où le riz est planté très serré- sont extraites des pousses qui seront repiquées plus espacées dans la parcelle du bas. Cette technique permet un meilleur rendement que le semis direct. C'est un travail de titan, long et fastidieux : l'échine courbée, les pieds dans l'eau, chaque homme pose un à un les plants de la culture nourricière. Une légende évoque l'importance que revêt cette culture pour le peuple vietnamien : c'est celle dite du « Banh Day » et du « Banh chung ». Dans des temps très reculés, le sixième roi Hung régnait sur le pays. Devenu vieux, il souhaitait trouver un successeur : mais lequel choisir parmi ses vingt-deux fils ?

Il choisit de les départager par un concours et leur demanda de préparer un mets précieux pour l'offrir comme offrande aux ancêtres. Celui qui aura apporté le meilleur sera placé sur le trône. Les princes rivalisèrent d'ardeur pour plaire au roi. Les uns s'en allèrent dans la jungle, les autres sur la mer. Cependant, Lieû, le dix-huitième fils, n'avait pas cette chance : il avait perdu sa mère très jeune et vivait seul sans conseiller ni serviteur. A trois jours de l'échéance, essayant de se remémorer les bons mets qu'il avait goûté, il tomba dans un demi-sommeil. Une déesse vint le visiter et lui dit : « Rien n'est plus immense que le Ciel et la Terre ; rien n'est plus précieux que le riz. Faisons deux pains. ». Tout en les façonnant elle expliqua : « Ce banh chung symbolise la Terre. Comme elle, il est de forme carrée et prend la couleur verte des plantes, des rizières et des forêts. Il doit être fourré de porc et de haricots qui représentent la faune et la flore terrestres ». Ensuite, elle fit cuire le riz à la vapeur, le pila et façonna un banh day de couleur blanche qui rappelait par sa forme la voûte céleste... A son réveil, Lieû suivit à la lettre les instructions reçues en songe.

Le jour de la fête du Têt arriva. Le moment des délibérations vint. Au milieu des mets exotiques tels que les rouleaux de paon, les pattes d'ourson, les foies de rhinocéros, les rustiques pains de Lieû faisaient piètre figure. Mais quand les examinateurs les eurent dégustés, ils ne purent retenir un « oh » admiratif. Le roi trouva leur forme très originale. Lieû expliqua toute la vérité et gagna le concours. Le roi le fit monter sur le trône en disant des pains : « Ils sont aussi bons que précieux car ils revêtent une signification particulière : ils expriment la piété du fils qui vénère ses parents comme le Ciel et la Terre ; ils renferment un profond amour du sol natal. En plus leur préparation n'est pas compliquée car fabriqués avec des denrées que chacun peut produire. »

Retournons au vingt-et-unième siècle pour retrouver les allées du marché. Elles sont boueuses, les étals croulent sous les étoffes, les laines de couleurs vives, les bijoux, les figurines. Des personnes âgées, pliées en deux, mendient. Des femmes discutent en groupe. Nous quittons la foule pour nous hisser sur les hauteurs du site. Quelques glissades plus tard, nous atteignons un bosquet d'où nous pouvons admirer le magnifique panorama qui s'offre à nous : le marché en contrebas, les montagnes au loin, les couleurs contrastées des rizières. Sur le chemin du retour, nous croisons de nombreuses paysannes revenant du marché. Là une femme se lave les cheveux, son enfant sur le dos ; ici une autre peigne ses longs cheveux noirs.

Retour à Bac Hâ pour le déjeuner : champignons noirs, poivrons, porc pané, chou farci, nems et que sais-je encore... Un dernier tour du quartier puis nous reprenons le bus direction Lao Caï à la frontière chinoise. Deux heures plus tard, après avoir longé la rivière qui sert de ligne de démarcation, nous voici face au pont qui nous sépare de la Chine. Un temple lui fait face pour conjurer le sort et marquer le territoire vietnamien : l'autochtone nourrit toujours une grande méfiance vis- à- vis de son puissant voisin. A l'intérieur de la pagode, se déroule une bien curieuse cérémonie en l'hommage des trois divinités de l'eau, du ciel et de la montagne. Une femme a été choisie pour incarner ces déesses : elle est ainsi revêtue successivement par deux pèlerins à genoux des attributs des divinités et effectue des gestes codifiés dont l'un consiste à redistribuer les offrandes des pèlerins à l'assistance.

Dans ce temple où les couleurs or et rouge dominent de nouveau, il est aussi possible de se recueillir devant une statue de Bouddha et même d'Hô Chi Minh.

Nous terminons la soirée autour d'une soupe de légumes avant de prendre le train de nuit qui nous ramènera vers Hanoï. Le roulis du train ne tarde pas à faire son effet, et très vite, des couchettes fusent des ronflements plus ou moins sonores. Arrivée un peu avant cinq heures du matin.

Départ pour la Baie d'Halong terrestre séparée de la capitale d'une centaine de kilomètres. Avant de quitter la ville et très régulièrement sur les voies, nous croisons de larges affiches aux lignes géométriques. La couleur dominante est le rouge, les dessins semblent vanter l'harmonie ou les valeurs des familles régnant au sein de cet eldorado communiste. De nouveau le regard est happé par le spectacle d'équilibriste entre les cochons ventres à l'air, l'amoncellement de sacs de riz, des meubles et même une vache ! Il semble y avoir davantage de vélos que de motos dans cette région. La circulation n'en est pas moins anarchique. Les magnifiques panneaux « Interdiction de klaxonner » semblent planter là pour encourager l'action inverse. Les priorités à droite sont inconnues : camions ou vélos doublent, se croisent ou tournent sans se soucier ni de leur taille ni de leur prochain. Ainsi les routes sont meurtrières : plus de 12 000 morts par an... Nous traversons une région minière, carrière de charbon à ciel ouvert. Une poussière noire a envahi le moindre interstice.
Merci a Mr Pham Duc Quynh, organisateur de ce beau voyage , nous allons encore en parler
Une grande félicitation pour une parfaite opération et votre gentillesse
je laisse ici l'adresse de l'agence pour vous aider Minh Anh Voyage ( trekvietnamtour.com) trekvietnamtour.com


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