Le Musee du Genocide Tuol Sleng... ou la prison secrete de Pol Pot / Tuol Sleng Genocide Museum... or Pol Pot's secret prison


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Cambodia's flag
Asia » Cambodia » South » Phnom Penh
April 30th 2008
Published: May 6th 2008
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Enfin, je vous partage ces photos, cette experience...

Le site, ecole secondaire d'autrefois tristement celebre pour avoir ete utilisee comme 'Bureau de Securite 21' (S-21), appelle au silence et au recueillement. Aussitot que j'y mets les pieds, je sens que ca se serre en moi.

Je marche vers le premier batiment et m'agenouille devant les 14 tombes blanches devant moi. Lors de leur fuite en 1979, les Khmers Rouges ont laisses derriere eux 14 corps... les 14 dernieres victimes de ce massacre... Je me passe la remarque que les arbres tout en fleurs et le parfum qui flotte dans l'air detonnent... Sanith m'apprendra plus tard que ce sont des fleurs 'de la mort'.

Lorsque je penetre dans la premiere chambre de torture, mon souffle s'accelere... Un lit rouille, des instruments de torture, des photos horribles sur le mur. Ca sent la mort; il s'y degage sincerement quelque chose de lugubre. C'est difficile a expliquer, mais je le ressens si fort, si intensement... Je ne peux m'empecher de m'imaginer les gens qui sont passes par ici; j'ai une pensee pour tous ces innocents qui y ont souffert, jusqu'a ce que la derniere goutte de vie quitte leur corps asseche. J'apprendrai plus tard que les photos en blanc et noir sur le mur des chambres sont les derniers corps, tels qu'ils ont ete trouves par les Vietnamiens. Sur chacune d'elles, le corps mutile d'un prisonnier, enchaine au lit, qui n'a ete tue que quelques heures plus tot... Un peu partout, des peintures de Vann Nath representant ce qu'il a vu, ce qu'il a subi... Il est l'un des rares prisonniers de S-21 a s'en etre titre indemne; on estime en fait que pres de 20 000 personnes ont ete tuees, et l'on compte entre 7 a 12 survivants.

A la vue de la panoplie de photos qui s'alignent sans fin dans le second batiment, j'eclate en sanglots. Je ne peux m'empecher de m'arreter longuement devant chaque tableau, de m'attarder sur chacune des photos... Comme si je voulais me souvenir de chacun d'eux... Parce que je crois qu'ils meritent qu'on se rappelle de chacun d'eux. Je ne peux m'empecher de scruter leurs regards, qui degagent la peur, l'incomprehension, tant de mefiance et parfois, meme, une certaine defiance... Ils savent qu'ils s'appretent a mourir, ca se voit et ca fend le coeur.

La plupart des prisonniers etaient detenus a Tuol Sleng entre 2 et 3 mois. Ils etaient d'abord amenes pour interrogation, ou l'on prenait des photos d'eux et travaillait sur une biographie comprenant chaque detail, depuis leur naissance jusqu'a leur arrestation. Le systeme de torture etait instaure pour forcer les confessions des detenus, peu importe que la raison pour laquelle ils aient ete arretes soit vraie ou fausse. Pol Pot, a ce sujet, a d'ailleurs affirme: 'Il est mieux d'exterminer 10 innocents que de laisser un ennemi de l'Angkar nous filer entre les doigts'. Belle philosophie...

Les victimes etaient battus sur une base reguliere; electrochocs, brulures, coupures, suffocations a l'aide de sacs de plastique... ils arrachaient aussi les ongles tout en versant de l'alcool sur les plaies... Je ne vous offre qu'une courte enumeration de cette torture... La liste est beaucoup plus longue et epouvantable!

Les Khmers Rouges, une fois au pouvoir, ont mis de l'avant un programme radical incluant le projet d'isoler le pays de toute influence etrangere en fermant les ecoles, les hopitaux et les usines; en abolissant les banques et la monnaie; en faisant de la religion une activite criminelle; en confiscant toute propriete privee et en relocalisant la population urbaine dans des fermes collectives des regions rurales, ou le travail force etait repandu. Devouement total a l'Angkar! (l'Organisation)

Les Khmers Rouges ont tente de faire du peuple Cambodgien une societe sans classe sociale en depeuplant les villes et en forcant la population urbaine, appelee 'Nouveau peuple', a travailler dans des communes ou l'on pratiquait l'agriculture. Le peuple en entier dut devenir fermier dans des camps de travail. Pendant 4 ans au pouvoir, les Khmers Rouges ont affaibli la population en les poussant a des journees de travail de parfois 16h et en les nourrissant tres peu. Ils executaient egalement des groupes de gens selectionnes parce qu'ils avaient le potentiel d'infirmer le nouvel etat... Dans cette categorie, tous les intellectuels... Tous les stereotypes etaient suffisants pour executer un ennemi potentiel: la connaissance d'une 2e langue ou encore le port de lunettes!

Ma visite a dure des heures... Plus d'une fois, en regardant certaines photos, en lisant certains details, en ressentant ce qui m'entourait surtout, j'ai chancele, je me suis arretee en me tenant a un mur et j'ai ferme les yeux pour calmer ma respiration... Plusieurs fois, je me suis assise pour pleurer en essayant de comprendre ce qui pousse a une telle cruaute... Plusieurs fois, j'ai repete: 'C'est assez, je n'en peux plus, plus capable...'

Lorsque j'ai quitte, j'ai marche sans meme regarder ou j'allais, le regard perdu, le cerveau en ebullition. Un vieil homme en moto a attire mon attention, et je me suis installee a l'arriere de sa moto. Il a essuye une larme sur ma joue, et je lui ai demande s'il avait toujours vecu ai Cambodge. 'Toujours, toujours.' Ce furent ses mots. Son regard en disait long. Il m'a conduit a Sanith, dans un cafe bien sympathique ou j'ai repris mes sens. Un autre beau moment, ou l'echange est vrai. Je n'ai pu m'empecher de lui faire un calin lorsqu'il m'a debarque. On a reussi a se comprendre malgre tout, comme si nos coeurs parlaient le meme language.

Si seulement c'etait notre coeur qui parlait en premier, peut-etre que la vie prendrait un tout autre eclat. Aurait une valeur. Une valeur qu'elle n'a pas, ici, au Cambodge, encore aujourd'hui...



About time I share these pictures, this experience...

The site, former high school used as the notorious Security Office 21 (S-21) leads to silence and contemplation
As soon as I walk in there, everything gets too tight inside of me... it hurts...

I slowly walk to the first building and kneel in front of 14 white graves in front of me. When the Khmer Rouge were driven out in 1979, they left behing 14 bodies... the last 14 victims of their mass murder... I notice that the blossom trees and the perfume floating in the air don't fit with the rest. Sanith told me later on that they are flowers of death!

When I walk into the first chamber of torture, my breath goes faster and faster... A rusting iron bedframe, beneath a black and white photograph showing the room as it was found by the Vietnamese. It smells like death; you can smell something that is kind of frightening, it's hard to explain but you feel it strongly... so strongly... I can't help it, I try to imagine the people that ended up in the prison; I have special thoughts for all the innocents that suffered until the last drop stopped running through their veins... In each photograph, the mutilated body of a prisoner is chained to the bed, killed by his fleeing captors only hours before the prison was captured. Other rooms preserve leg-irons and instruments of torture. They are accompanied by paintings by former inmate Vann Nath showing people being tortured; what he saw, what he went through. It's been estimated that close to 20 000 persons were killed in S-21, and that 7 to 12 survived.

When I see the boards of pictures filling the second building, I burst into tears. I stop in front of each board, spend a very long time looking at each picture... As if I wanted to remember each and every one of them... Because I do believe that they deserve it. I can't stop staring at their eyes; you can feel their fear and incomprehension... so much suspicion too... They know they're about to die, you can see it and it breaks my heart.

Most prisoners at S-21 were held there for two to three months. However, several high-ranking Khmer Rouge cadres were held longer. Within two or three days after they were brought to S-21, all prisoners were taken for interrogation. Their picture was taken and they had to write their own biography, including every little detail from their birth to their arrest. The torture system at Tuol Sleng was designed to make prisoners confess to whatever crimes they were charged with by their captors, true or not. Pol Pot has said, one day: 'It is better to kill 10 innocents than to let one enemy of the Angkar escape.' Nice philosophy...

Prisoners were routinely beaten and tortured with electric shocks, searing hot metal instruments and hanging, as well as through the use of various other devices. Some prisoners were cut with knives or suffocated with plastic bags. Other methods for generating confessions included pulling out fingernails while pouring alcohol on the wounds...

In power, the Khmer Rouge carried out a radical program that included isolating the country from foreign influence, closing schools, hospitals and factories, abolishing banking, finance and currency, outlawing all religions, confiscating all private property and relocating people from urban areas to collective farms where forced labor was widespread. Total devotion to the Angkar! (the Organisation)

The Khmer Rouge attempted to turn Cambodia into a classless society by depopulating cities and forcing the urban population ('New People') into agricultural communes. The entire population was forced to become farmers in labor camps. During their four years in power, the Khmer Rouge overworked and starved the population, at the same time executing selected groups who had the potential to undermine the new state (including intellectuals or even those that had stereotypical signs of learning, such as glasses) and killing many others for even minor breaches of rules.

I stayed there for hours... More than once, looking at some pictures or reading some details, even feeling what was surrounding me, I stagged, I stopped, holding myself to a wall, closing my eyes to slow down my breath... More than once, I sat down to cry, trying to understand why such cruelness... More than once, I repeated: 'Enough, I can't do it anymore, just can't...'

When I left, I walked down the streets like I was blind, not even knowing where I was going, my brain just boiling. An old man on a motorbike got beside me and I took place in the back. He wiped off a tear on my cheek, and I asked:' Have you always lived in Cambodia?' His exact words were: 'Always. Always.' His eyes told me more. He drove me back to Sanith, waiting for me in a coffee shop where I got myself back together. Another unique moment, with a true exchange. I couldn't help it, I hugged him when he dropped me off. Even with the language barrier, we understood each other, as if our hearts spoke the same language.

If only our heart was always the first one to talk... Maybe life would take another glare. Would be worth it. Would get a value. A great price that, still to our days, it doesn't have here, in Cambodia...



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Photos: 59, Displayed: 29


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10th May 2008

Bonjour Emilie, J'ai regardé ces images et j'ai eu des frissons... d'horreur évidemment. Des centaines et des milliers de génocides ont eu lieu dans le monde et, dans notre confort du 21e siècle nord-américain, on l'oublie trop souvent. Dire que c'est arrivé il y a si peu longtemps... lorsqu'on était bébé... De voir ces images me fout la trouille... le monde est si laid... Merci d'avoir partagé cela avec nous... mon petit samedi de congé vient de prendre un autre tournant... Je t'aime fort ! Annie xxx

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