Vivre au Malawi


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Africa » Malawi » Central » Senga Bay
March 18th 2014
Published: March 18th 2014
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Arrivée au Malawi - il y a bientôt deux mois

Henry le directeur de l’école où je vais travailler m’a obtenu un visa, mais malheureusement avec entrée sur le territoire à l’aéroport. Ceci m’oblige à payer un billet d’avion qui coute autant pour un vol de deux heures que pour aller au bout du monde. Je m’étais réjouis de traverser le Mozambique et le Zimbabwe en bus et avait réglé toutes les formalités et suis donc un peu dégoûté de prendre l’avion, mais au final je suis heureux de rejoindre le Malawi. Le directeur de l’école vient m’accueillir à l’aéroport. Nous nous saluons de manière très chaleureuse, il est mort de rire car je ne ressemble absolument pas à la photo qu’il avait en sa possession. Nous sortons du minuscule aéroport de la capitale Lilongwe et je prends place dans le camion – le véhicule de l’école. Et là - Welcome to Malawi - le camion ne démarre pas. Je sens que le directeur est un peu embarrassé alors que je me dis que c’est bien parti et que j’essaie de retenir mon fou rire. Quelques personnes qui trainent par-là (au Malawi il y a toujours « quelques personnes qui trainent par-là ») viennent alors pousser le camion qui finit par démarrer. En fait je comprendrai vite qu’ici les véhicules sont extrêmement rares et ceux qui démarrent encore plus. Pendant la bonne heure de route je découvre les paysages incroyablement verdoyants du Malawi en faisant connaissance avec le directeur. C’est manifestement un bon vivant très sympathique et plein d’humour, ce qui me donne rapidement le sentiment d’être entre de bonnes mains. Depuis l’épisode du camion qui ne démarre pas j’ai peur d’attraper un fou rire à chaque fois que je monte à bord, d’autant plus qu’il faut à chaque nombreux essais pour que le moteur se mette finalement en marche.

La vie ici

Les gens sont extrêmement sympathiques et souriants. Ils sont également incroyablement curieux, ce qui peut parfois s’avérer stressant ou pénible. Chacun veut absolument discuter avec moi et devenir mon ami et ceci va parfois jusqu’à créer des tensions entre toutes ces personnes qui veulent l’exclusivité de ma personne. Alors qu’avec la majorité nous n’avons fait que de nous saluer il m’est déjà arrivé plusieurs fois de devoir dire que tous étaient mes amis et que je ne voulais pas d’embrouilles entre mes amis afin que tout le monde se calme. Du côté de Kapathenga, le « quartier » de la ville de Salima où j’habite tout le monde me connait. Les commerçants de toutes sortes, les gens qui trainent tout le temps par-là, la police, les enfants, les tenanciers de bars, ils connaissent tous mon nom, savent où je bosse et ne manquent jamais une occasion de venir me parler. Il faut dire qu’ici les blancs sont inexistants et d’ailleurs j’ai l’impression que certains enfants n’en avaient jamais vu avant moi. A partir de 3-4 ans les enfants font des signes depuis le bord de la route et deviennent quasiment hystériques lorsque je leur réponds, ne serait-ce que par un sourire. Généralement les plus jeunes pleurent en me voyant et les gens autour sont autant amusés que les bébés apeurés. D’une manière générale c’est très sympathique et j’adore jouer à la superstar, mais parfois ça me fatigue de devoir être sympathique en toutes circonstances et de « perdre » un temps fou avec minimum une vingtaine de personnes à chaque fois que je vais faire une petite course. Je connais aussi les « chiefs », les leaders locaux qui m’invitent profiter de Lake Malawi sur leur bateau et qui me disent que je n’ai qu’à les appeler si j’ai le moindre problème. Autres avantages, si j’ai besoin de quoi que ce soit il y a toujours quelqu’un qu’il suffit d’envoyer chercher et si je perds mes clés comme l’autre jour un nombre hallucinant de personnes va immédiatement se mettre à chercher, et à trouver en cette circonstance. Mon téléphone sonne tout le temps, il faut dire qu’au début je donnais mon numéro à tout le monde. Généralement je n’arrive pas à comprendre qui m’appelle et quand j’arrive à identifier mon interlocuteur il est assez rare que je comprenne ce qu’il me veut. La qualité des appels est très mauvaise et les gens n’ayant jamais de crédit sur leur téléphone, la quasi-totalité des appels se terminent alors que la conversation n’est absolument pas terminée. Lors des appels sortants, il est rare de pouvoir appeler car « the number you have dialed is not available at the moment » sauf que ce n’est pas que at the moment mais tout le temps. L’immense majorité des gens vit sans électricité. Les gens laissent donc leur téléphone à charger dans des stations de charge, du style comme chez nous lors des open airs festivals et c’est sans doute notamment pour cette raison qu’il est si compliqué de passer des appels.



Maintenant que je me suis « produit » sur scène avec B1 la superstar locale (il vient en fait de Zambie), ma notoriété a encore décuplée. B1 on l’entend absolument partout et tout le temps, déjà en Afrique du Sud je l’avais entendu plusieurs fois et j’en avais fait en quelque sorte mon hymne du voyage alors quand j’ai appris qu’il venait à Salima je n’ai pas hésité à dépenser l’équivalent d’un ou deux francs suisses pour aller le voir, d’autant plus qu’il était précédé de Lucius Banda l’autre méga star au Malawi. J’ai regardé la première partie du concert de loin confortablement installé, puis lorsque me suis ensuite dirigé vers la scène B1 m’a immédiatement aperçu, il faut dire que comme d’habitude n’y avait pas d’autres blancs dans la place. Il m’invite à monter sur scène, je n’hésite pas et je profite quelques instants de la foule en délire qui m’acclame danser et chanter en Chichewa, la langue locale avec laquelle je me familiarise gentiment. C’était mon petit moment de gloire sympa. Côté musique j’avais déjà vu et même rencontré le génial groupe de reggae « The Black Missionaries » à Lilongwe la capitale et je peux désormais me targuer d’avoir vu, rencontré ou m’être « produit » avec ceux qui semblent se partager 80%!d(MISSING)u marché de la musique au Malawi. Le Chichewa est donc la langue parlée généralement dans la vie de tous les jours, l’anglais est connu de ceux qui sont allés à l’école. A la radio les nouvelles sont dans les deux langues, l’une après l’autre.



B1 – Chishala



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Internet n’existe quasiment pas ici, la vidéo fait donc un peu amateur et il n’y a pas des masses de vues mais c’est un énorme hit.





J’ai importé la tradition familiale qui consiste à acheter les bières directement en caisses. Quand j’ai dit la première fois à Billy du Bottle store d’à-côté qu’il pouvait me livrer une caisse il ne pouvait pas en croire ses oreilles et ça m’a fait plaisir qu’il fasse l’affaire du siècle avec moi. Bien entendu la livraison se fait à vélo personne n’a de voiture ici. Le lendemain Malawi style il débarque à 7H du mat’ pour me récolter les bouteilles vides ! En fait, les bouteilles vides ont une énorme valeur au Malawi et ceux qui commercialisent des boissons doivent quotidiennement rendre les bouteilles vides pour commander à nouveau. J’étais pas enchanté d’être réveillé si tôt mais désormais je connais le système, Billy est devenu mon pote et nous avons trouvé une solution pour que je n’aie pas à rendre chaque jour les bouteilles vides. Dans son bar c’est moi qui passe la musique (bon je suis généralement le seul client mais quand même), je fais les devoirs avec sa fille et je sensibilise tant bien que mal son petit-fils à la présence de personnes blanches. Son fils a récemment été emmené par la police pour quelques jours et à son retour Billy a estimé bon que je fasse la morale à ce petit chenapan d’une quinzaine d’années. Même si on passe la majorité du temps à rigoler, je suis pris extrêmement au sérieux par tous ces gens. Comme si j’étais sensé tout savoir, un autre monsieur qui est toujours assis sous un arbre et devant qui je passe tous les jours m’a demandé quels médicaments il devait prendre pour soigner son mal de jambes et d’autres inconnus me demandent sans cesse mon avis à propos de tout et n’importe quoi. Quand je dis vieux monsieur en fait tout est relatif, l’espérance de vie au Malawi est de 55 ans et avec ce monsieur justement, j’ai réalisé à quel point je ne voyais absolument jamais de personnes âgées dans la vie de tous les jours. Des bébés partout, des bébés un poil plus grands qui portent d’autres bébés sur le dos et des jeunes, c’est quasiment tout ce que je. Les personnes de l’âge de mes parents sont rares, c’est assez dingue quand même quand on y pense.

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