Chapitre 16 - La Paz y Huayna Potosi, Bolivia 10 - 19 de abril 2010


Advertisement
Published: May 9th 2010
Edit Blog Post

Total Distance: 0 miles / 0 kmMouse: 0,0


Apercevoir La Paz pour la première fois, c’est un choc : nous arrivons par El Alto, banlieue populaire située sur un grand plateau qui domine la ville. Tous les dimanches s’y tient un immense marché où l’on vend de tout : des voitures entières ou en morceaux, des vidéos piratées, des meubles en tout genre, des caniches, des perroquets, des fringues, des boulons, du talc… On ne sait plus où donner la tête, on a peur de s’y perdre.

Puis la route en zig-zag nous dévoile une capitale qui s‘étend à l‘infini, 200 mètres plus bas, encaissée entre les montagnes, et dominée par l’Illimani (6400 m). Des maisons de brique rouge vêtues semblent escalader les Andes de toute part. l’effervescence règne dans les rues où la circulation est énorme : pas de motos ici, rien que des combis et de vieux bus Dodge des années 40, 50 (?) qui défient les lois de l’apesanteur dans les rues escarpées de la capitale.

Dans les quartiers sud de la ville, les plus riches sont bien logés, les grandes enseignes étalent leurs vitrines ; l’ambiance est donc assez monotone, mais nous passons deux bonnes heures dans une « vraie » librairie, quel bonheur !
Les matchs de catch dominicaux sont mémorables : luttes interminables entre hommes masqués à faire frémir et cholitas (boliviennes traditionnelles avec leurs chapeaux et leurs jupes à multiples épaisseurs). Le véritable spectacle, c’est dans le public que ça se passe : les paceños donnent tout ! Les enfants et les femmes crient et prennent parti pour l’un ou pour l’autre, mais au final, ce sont toujours les femmes qui gagnent ! Les scénarios sont un peu limités, au bout d’une heure et demi ça tourne en rond mais c’est bien comique !

Nos ventres ont également leur moment fort à La Paz, au restaurant de l’Alliance Française, la Guinguette. Il faut dire que cela fait un bien fou de manger « français » au bout de six mois… Bon c’est sûr que le plateau de fromages et charcuteries n’était pas si terrible, avec camembert plâtreux et compagnie, mais nos babines en manque sont comblées par cette entrée. Le top c’est de retrouver le goût du petit salé aux lentilles, du hachis parmentier et du magret de canard ; rien que ça, ça donne envie de continuer le voyage !

Le vrai moment fort de ce chapitre c’est dans les hauteurs qu’il a eu lieu, jusqu’à 6088 mètres oui messieurs dames, mais ça c’est l’histoire de Benjamin…

**

Le défi relevé ou la grande émotion, par Benjamin !

Après une heure trente de piste depuis La Paz, entourés d’anglophones qui nous adressent à peine la parole, nous arrivons au premier refuge de notre périple, à 4700 mètres. Nous marchons ensuite dans la caillasse pour atteindre un glacier et nous exercer aux techniques d’escalade et de marche sur la glace. Le matériel emporté se compose de bottes en plastique étanches, des crampons pour accrocher la glace, un piolet et bien sûr des vêtements étanches et chauds. Une heure et demie d’entrainement plus tard, nous en savons assez pour affronter le Huayna Potosi.
Le lendemain après-midi, la montée avec tout le matériel dans le dos est fatigante. Les 5300 mètres sont durs à atteindre, d’autant plus que le souffle est de plus en plus difficile à maîtriser. Pour ne rien arranger, le chemin est pourri, que du pierrier et parfois un peu d’escalade… Mais on arrive enfin, bons derniers (les autres touristes sont de vraies mules). Pour ma part, ça va pas trop mal, Emma est plus éreintée et commence à se décourager pour la suite, le souffle manque, elle a pas vraiment dormi depuis deux jours et les guides n’aident pas, z’encouragent pas vraiment les bougres et ils manquent de soutien psy.
Ca y est, on est à 5300, plus que 788 mètres de dénivelé pour atteindre les 6088 mètres du Huayna. Pour se requinquer de l’effort, on dîne de quelques pattes dégueu dans ce nouveau refuge, un bloc de tôle, 10 m2 environ où on va dormir à 12 (4 guides pour 8 touristes) sur 2 niveaux. Manger à cette altitude, c’est pas la panacée, on a pas faim et la plupart du temps envie de vomir en ingurgitant… Et côté digestion, ça s’améliore pas, l’organisme est quelque peu chamboulé.
On se met au lit vers 17 h, tant bien que mal, il s’agit de se reposer ; le réveil est prévu à minuit et demi pour monter de nuit car la neige est meilleure. L’objectif est d’assister au lever du jour au sommet si on est dans les temps. La nuit est dure : difficile de trouver le sommeil à 5300, et les guides qui se mettent à taper la discut’ à 21h, entre 2 ronflements…
0h30, réveil. J’ai dû dormir 2-3 heures, quelque peu abruti… Emma reste au lit. Le petit déj’ s’organise, je mange difficilement un demi pain avec confiture, bois un thé, quelque peu la nausée… C’est pas vraiment la forme. Je me sens bien seul au milieu de tous ces anglophones excités. Seul Peter le british, me demande gentiment comment ça va. « mas o menos bien, mala noche, no sé si puedo caminar, vamos a ver… »
1h30-2 h, on chausse les crampons sur la glace et on se met en route à la lueur de nos lampes frontales, le piolet accroché au poignet. L’ascension commence, dans la nuit noire, seules les lampes devant m’indiquent grosso modo les dénivelés à venir. Seul, encordé à mon guide qui ouvre la marche, je cale petit à petit ma respiration sur mes pas. Pas de droite, j’inspire profondément, pas de gauche, j’expire… le tout lentement, calmement… le moindre écart, je perds mon souffle. Le cœur bar à tout rompre, je peux plus, je m’arrête un coup pour respirer, la corde se tend. Le guide me signifie qu’il s’agit de pas trainer, faudrait arriver là-haut vers 6 heures, après y’a des risques d’avalanche, avec le soleil… Il me dira dans la descente que c’est plutôt l’aprèm les risques, quand le soleil a bien chauffé la neige. Mmmh, j’vais prendre mon temps mon gars, je fais pas ça 2-3 fois par semaine, moi…
Un peu d’eau et un bout de chocolat plus tard, on repart. Heureusement, la nuit permet de ne pas trop réfléchir et de ne pas voir la montée qui nous attend, on se concentre ainsi mieux sur l’effort à fournir. Le corps est en forme, seule la respiration est dure à gérer. Plus ça monte, plus les pauses sont fréquentes. 3 heures du matin, 4 heures du matin… Théoriquement, il ne reste plus que 2 heures de marche. Nous arrivons au premier mur d’escalade de 30 mètres à parcourir à la verticale à coup de piolet. Mon corps fatigue, le manque de nourriture se fait sentir. Je dis au guide que j’ai besoin de manger, mais ce « con-là » est déjà là-haut en train de m’assurer. Notre corde en croise une autre, faut monter tout de suite pour ne pas gêner les autres qui suivent. Les nerfs à vif, je m’exécute, en m’arrêtant tous les 3 mètres, à bout de force.
Une nouvelle pause chocolat et ça repart. 5 heures du mat’, on arrive sur le passage le plus délicat. 2 chemins s’offrent à nous : tout droit avec 100 mètres d’escalade sur du 70%, ou contournement sur la droite, 50 mètres d’escalade et chemin de crête ? La deuxième option s‘impose d‘elle-même.
La fin est dure, je m’arrête maintenant tous les 15 mètres. Arrive l’escalade, qui s’effectue sans trop de mal, en prenant son temps. Les premières lueurs du jour approchent au loin, on commence à distinguer ce qui nous entoure. Le chemin de crête se dessine devant moi, un à-pic abrupt à droite un autre à gauche. S’agit de pas paniquer…
J’ai à peine la place pour passer. Je sens que mes nerfs lâchent, des larmes montent. Je ne peux pas craquer si près du but, plus que 30 mètres de montée… Ne pas réfléchir, regarder devant soi, ma vie est entre les mains du guide : confiance absolue. C’est parti, à 4 pattes pour commencer, pas rassuré le coco mais je finis par me lever. J’aperçois le sommet, plusieurs personnes sont déjà là-haut. Les derniers pas sont toujours les plus longs. J’arrive enfin et je m’écroule. Exténué par l’effort, le corps et les nerfs lâchent, je fonds en larmes bouleversé par l’émotion. 6088 mètres, j’y suis, après 4h15 de marche…
Je réalise le spectacle qui s‘offre à moi : une mer de nuages monte petit à petit… En face El Alto domine La Paz et derrière, le lac Titicaca semble si proche. Les montagnes et les couleurs se précisent peu à peu… Le soleil sort enfin des nuages, une ombre de pyramide se profile derrière le Huayna Potosi, ombre parfaite, insolite.
Sur mon petit nuage, je profite de cet instant magique. C’est pas le tout de monter, il s’agit bientôt de redescendre. Le corps libéré de toute tension et l’esprit heureux, le retour est plus facile. J’apprécie alors le décor d’un blanc immaculé, parsemé de crevasses énormes, royaume des stalactites. Sous un soleil éclatant, la mer de nuages nous rattrape bientôt, et c’est sous le brouillard que j’arrive au refuge.
Ce fut une expérience incroyable, un des plus moments les plus forts de ma vie, sans aucun doute !


Additional photos below
Photos: 54, Displayed: 29


Advertisement

La PazLa Paz
La Paz

Incroyable mais vrai, on retrouve du bon pain !
La PazLa Paz
La Paz

les restes de jus
La PazLa Paz
La Paz

un ptit jus dans la rue...
La PazLa Paz
La Paz

Ca ronfle sec au milieu des epices...
La PazLa Paz
La Paz

Ca promet !


9th May 2010

sensations
BRAVO pour cet exploit dont toi seul pourra en garder le souvenir profond et intime. personnellement je ne sais pas si je l'aurai fait mais ça fait toujours partie des rèves. Toi tu l'a réalisé . Chapeau!! et surtout , profitez de tout!! Bernard Andrieux
10th May 2010

Félicitation pour avoir réussi à croquer dans un rêve à travers une nature rebelle mais immensément belle. Génial ton cran, ta concentration et détermination... Que c'est haut que c'est beau, le bonheur qui perle au sommet. Magie de l'effort de la volonté, du souffle que l'on dompte .... Sacré Benjamin. Merci pour vos impressions si intimes pleines de tendresse, d' humour et de frissons
10th May 2010

Enorme!!! félécitations pour cet exploit !
10th May 2010

génialissimeeeeeeeeeeeeee
10th May 2010
Huayna Potosi

hariba
salut les voyageurs, j'adore les photos des boxeurs. Et puis ça fait plaisir de voir que Ben a trouvé un rasoir il y a quelques jours… bonne grimpette à vous 2 ! kiss de fabminaziza
10th May 2010

Quel exploit!
Bravissimo! cela tend etre du trekking pour monter sur les plus hauts sommets du monde. Vive l'aventure mais vivement que vous reveniez pour nous offrir vos sentiments plus profonds de cette vie à deux. Bisous
10th May 2010

Bonjour
que du plaisir à regarder vos photos magnifique on vous embrasse bien fort et on vous dit à bientôt , bisous à vous deux christel olivier florinda et sarah
10th May 2010

chapeau!
Bravo, Benjamin. Je ne sais plus qui a dit: c'était impossible, mais il ne le savait pas, alors il l'a fait! Expérience inoubliable, mais aussi ivresse de repousser ses limites, pour sortir de soi. C'est cela l'expérience de l'extase! Garde cette fraîcheur des sommets pour nous la transmettre à votre retour. Merci.

Tot: 0.105s; Tpl: 0.045s; cc: 7; qc: 27; dbt: 0.0494s; 1; m:domysql w:travelblog (10.17.0.13); sld: 1; ; mem: 1.1mb