La fin de semaine la plus longue!


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Europe
March 25th 2013
Published: March 25th 2013
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Bonjour tout le monde,



Depuis le début du voyage, je vous parle de ce que je vois, de ce que je vis, de ce que j’expérimente et de comment va le voyage en général. Il y a déjà un bon bout de temps que je pense aussi à écrire c’est quoi la vie de voyageur en général et comme toute cette belle aventure là tire à sa fin, c’est maintenant ou jamais. Bien entendu, j’imagine que c’est un peu différent pour chaque voyageur. Voici donc comment je le vis et je l’ai vécu.



Bon, la vie de voyageur… par où commencer???

D’abord, quand on prévoit passer plus d’un an sur la route, on a une petite idée de ce à quoi il faut s’attendre, mais ça reste un monde d’inconnus devant nous. On ne sait pas toujours ce qui nous attend au tournant, mais on n’a pas le choix d’avancer et de gérer les situations qui se présentent à nous au fur et à mesure. On planifie au mieux, mais la plupart du temps, on improvise. Le plus important, c’est rester en santé et garder le moral. Le reste fini toujours par se placer. C’est facile à dire aujourd’hui, mais ça prend un certain temps avant d’accepter, lâcher prise et faire confiance autant à la vie qu’à ses ‘’instincts de voyageur’’.



Tout commence donc avec la mise en ‘’pause’’ de notre vie normale et la préparation de ce qui s’en viens. Pour notre part, Hélène et moi avons commencé tout ça bien d’avance, mais après le déménagement de nos bien en entrepôt, les derniers achats et les changements d’adresse, je me suis quand même retrouvé à passer une nuit blanche avant mon départ et à m’acheter des boxer 6hr avant mon vol! Je considère cette phase de préparation et de planification comme un vendredi précédant un weekend à l’extérieur. Un gros vendredi!!!



Quelques heures plus tard, nous étions rendus au bout du monde. (Presque!) Bien entendu, au début, nous sommes en forme et le goût de la découverte est à son plus fort. On se lève tôt, on visite et on profite au maximum de chacune des journées. Puis à un moment donné, on réalise que c’est un rythme qu’il sera impossible de soutenir très longtemps. On fait donc la transition assez rapidement du mode ‘’vacances’’, où l’on veut en faire et voir le plus possible, au mode ‘’fin de semaine’’, où l’on prend le temps de se reposer, on choisit plus sélectivement ce que l’on veut voir et on accepte qu’il ne sera pas possible de tout voir et tout faire. Mais heureusement en ce qui nous concerne, demain est encore et toujours samedi… Un très long samedi.



Parfois, le temps deviens tellement abstrait qu’on n’en vient à oublier la date ou je jour de la semaine d’aujourd’hui. C’est comme ça qu’on en vient à oublier les anniversaires de nos proches. (Oups) Mais on se prend des notes et on essaye de ne pas oublier les dates importantes, comme les jours où on a un avion à prendre par exemple ou le jour où expire notre visa.



Au début, comme tout est nouveau, excitant et stimulant, tout est fantastique. On se retrouve dans un monde où chaque minute est stimulante, où chaque jour est remplis d’émerveillement. Et viens le temps où l’on peut dire que la ‘’lune de miel’’ avec la découverte se termine. Le plaisir est toujours là et l’envie d’en voir plus aussi, mais à la longue, tout ce qui était spécial ne l’est soudain plus autant. Les temples, les montagnes, la mer et les palais ne deviennent qu’une chose de plus que l’on voit. En fait, plus en en voit, moins ça deviens exotique. Un peu comme lorsque l’on rencontre quelqu’un de spécial pour nous. Au début, il y a les papillons, l’excitation et la découverte de l’inconnu, puis un jour, on prend un peu pour acquis, on tombe un peu plus dans la routine du quotidien. Même si on ne devrait pas, on oublie un peu la magie et les sensations d’antan. Que l’on veuille ou non, embrasser l’être cher pour la millième fois n’est pas comme la première fois. Ce n’est pas qu’il n’y a plus d’amour, mais plutôt que la lune de miel est terminée. Un peu comme dans la vie, une fois que l’on accepte cela de notre voyage, tout va bien et on cesse de douter. On cherche les petits plaisirs quotidiens et on attend les moments extraordinaires à venir et ils finissent toujours par arriver… Heureusement! Et sincèrement, quand on est devant le Taj Mahal ou la muraille de chine, l’Himalaya ou le Sahara, le Vatican ou le Kremlin, c’est difficile de ne pas se sentir vraiment chanceux et privilégiés de pouvoir vivre ces moments.



Mais il y a aussi plusieurs autres moments où ce n’est pas plaisant du tout et on voudrait juste revenir chez soi. Que ce soit une indigestion d’une semaine, une infestation de puces de lit ou d’être au milieu de Beijing sous la pluie à 10h le soir sans hôtel, c’est clairement pas ce que l’on souhaite pour des vacances mais il faut dans tous les cas, gérer ces situation et retrouver un semblant d’équilibre dans cette vie sans repères, sans attaches et sans appuis extérieur à notre petite équipe de deux (quand ce n’est pas une équipe de 1). L’important, c’est de garder une vue d’ensemble pour éviter que le problème en cour ne prenne plus d’ampleur qu’il n’en a déjà. Par chance ces moments désagréables n’arrivent pas tous les jours et on finit par les oublier.



Il y a néanmoins quelques irritants qui reviennent de temps en temps et on doit vivre avec. Que ce soit d’avoir des ronfleux ou des soulons comme co-chambreur, que ce soit des chambres sales/puantes/humides/chaudes/froides/inconfortables, ou que ce soit des douches froides et sans pression, il finit toujours par y avoir des moments désagréables. Mais comme on n’a pas toujours le choix, on s’y fait et on vit avec. Mais n’empêche qu’on garde quand même une pensée pour le confort qui nous attend à la maison.



Il y a un incontestable besoin d’adaptation qui se fait sentir continuellement, et comme dans la vie, on s’adapte ou on bloque. On doit donc s’habituer à la nourriture, aux traditions, aux langues, aux religions, aux toilettes, aux taux de change, à la température, au fait d’être dans des endroits inconnus et à la solitude relative qui s’installe pour ne nommer que ceux-là. Mais on avance et on fait avec.



Mais malgré tout, même si la vie de voyageur n’est peut-être pas aussi ‘’relax’’ que ça puisse en avoir l’air de l’extérieur, ce n’est pas non plus l’enfer. On apprend à vivre dans des conditions pas toujours idéales, mais surtout, on apprend à apprécier. À apprécier une bonne douche chaude, un bon lit confortable, un ‘’kit’’ de vêtement propre ou une grande case dans un dortoir. On tombe dans un mode de vie assez minimaliste où les biens matériels deviennent à la fois secondaires, mais en même temps d’une importance capitale. Au début du voyage, j’avais un sac à dos de 60 litres pour un total de 18kg et aujourd’hui, je me promène avec un sac de 40 litres dans lequel il reste de la place, pour un total de 8kg. C’est presque drôle de penser que tous mes avoirs sont dans ce petit sac. Pas besoin de vous dire l’importance que j’attache à mes possessions, même si l’ensemble pourrait être remplacé pour quelques centaines de dollars.



On apprend aussi à vivre dans une planification peut-être pas constante, mais très régulière. On se pose indéfiniment les questions : où on va ensuite? Qu’est-ce qu’il y a à faire et à voir? Comment on va y aller? Est-ce que ça prend un visa? Où on va coucher? Combien ça va coûter? Dans certains pays, c’était très simple, mais dans d’autres où le coût de la vie était beaucoup plus élevé, il était impensable de ne pas s’organiser pour rester sur notre budget. Mais heureusement, il y a énormément d’outils pour nous aider. Avec la multitude de guides de voyages et Internet, s’informer pour prendre de bonnes décisions n’est pas trop dur. Ça prend juste du temps (beaucoup de temps). Avec notre petit ordinateur portable et les connections sans fil disponibles un peu partout, c’est facile de réserver un vol ou un hôtel. Beaucoup de compagnies aériennes offre des vols tout à fait abordables, puis sinon, bus et trains sont au rendez-vous. L’anglais permet de communiquer presque partout et quand ça ne marche pas le langage des signes ou ‘’fait moi un dessin’’ font l’affaire. Puis il y a les centaines de rencontres avec d’autres voyageurs avec qui on échange conseils, trucs et services. Mais malgré tout, on se retrouve à réorganiser sa vie presque quotidiennement pour combler des besoins primaires.



Évidemment, voyager force les rencontres et encore plus lorsque l’on se retrouve en dortoir avec 8 inconnus. Au début, c’est un peu spécial de rencontrer des gens nouveaux presque à tous les jours, puis on finit par apprécier cet échange. Mais à un certain moment, on se rend compte ce sont toutes des mini-relations qui ne donnent pas grand-chose car il nous manque souvent le temps d’approfondir. Bien sûr, je généralise et il arrive qu’on rencontre des gens avec qui ça connecte plus et c’est vraiment bien. Pour ma part, ça m’est arrivé 3 fois en 13 mois. Vous connaissez tous maintenant notre ami Steffen d’Allemagne, mais il y a aussi Brian de Boston et Frédéric de Québec avec qui je suis resté en contact. Malheureusement, dans la plupart des cas, toutes les rencontres que l’on fait se résument en discussions de quelques minutes et on nous pose toujours les mêmes questions :

· D’où tu viens?

· Où t’es allé?

· Où tu t’en vas?

· Tu voyages depuis combien de temps?

‘’C’est quoi ton nom?’’, n’arrive que très loin dans les discussions et parfois même pas. J’ai donc à la longue, peut-être inconsciemment, commencé à éviter ces discussions que j’ai finies par trouver peu intéressantes. Ce n’est pas que j’évite le contact des gens, mais ça m’arrive souvent d’avoir un peu l’impression de perdre mon temps à répéter toujours les mêmes histoires. À un point où, quand on me le demande, j’en suis rendu à dire que je fais le tour de l’Europe et je fais abstraction de tout ce qui s’est passé avant pour raccourcir ma réponse. Mais encore une fois, ça c’est ma façon de le vivre et il est fort probable que d’autre vives ses rencontres bien différemment.



À voyager comme ça, on apprend aussi à trouver des solutions assez rapidement. Un vol trop cher devient vites deux vols plus long mais moins chers. Un sandwich remplace rapidement un repas hors de prix au resto. Un séjour de 3 semaines se transforme facilement en 4 semaines après avoir été malade 1 semaine. Un avion remplace facilement un bateau de 4 jours. Un visa de 3 mois s’est transformé en 1 mois, ce n’est pas grave, on visitera d’autres pays. Passer noël sans notre famille... c’est pas grave, on va se trouver un famille adoptive pour le temps des fêtes.



Dans le fond, c’est ce qui est vraiment agréable de ce mode de vie. Quand on peut penser à l’extérieur du cadre, tout (ou presque) est permis. C’est ça la rançon, la récompense de tous ses efforts et compromis. La liberté totale. Le droit de rêver à un endroit et de finir par s’y réveiller. L’opportunité de mettre un son, une odeur, une sensation sur une image vue un jour dans un livre. Si on est un peu souple, on se retrouve devant un monde de possibilité… qui vient avec obligation de faire des choix souvent déchirants. Parce qu’il faut se l’avouer, le temps et l’argent demeurent quand même des ressources limités.



Finalement, on apprend aussi à garder un équilibre dans cette vie remplie de changement, d’adaptation et de mise à l’épreuve. On reste au fait de ce que l’on veut et de nos envies changeantes. On reste à l’écoute de notre corps, qui se fatigue à la longue. On reste réaliste par rapport à nos possibilités et nos limites. On garde en tête que dès qu’on en a par-dessus la tête on retourne à la maison et que nous ne sommes pas obligé de continuer si ça ne nous tente plus. Il est aussi très important de rester à l’écoute de notre partenaire de voyage tout en restant ouvert aux compromis, en s’attendant à ce que ce soit réciproque.



D’ailleurs, je dois dire que voyager en couple a été une belle expérience. Évidemment, il y a eu des moments plus difficiles où les discussions ont été importantes et l’écoute de l’autre à pris tout son sens, mais l’important était d’être conscient de ce que l’autre voulait ou avait besoin. Sincèrement, je ne suis pas certain que j’aurais été en mesure de passer à travers cette année sans le soutien de ma compagne de voyage et je ne pense pas que ça aurait été possible avec quelqu’un d’autre. Après avoir vécu ce que nous venons de vivre, ça ne devrait pas être trop difficile de passer à travers les épreuves des déménagements et des rénovations… quand on aura une maison!!! D’ailleurs, il me tarde de la retrouver car ça fait déjà plusieurs semaines que nous nous sommes séparés….



Ainsi, autant à l’approche du voyage, je ne réalisais pas dans quoi je m’embarquais, autant aujourd’hui, à quelques jours de mon retour, je ne réalise pas que avant longtemps, je serai parmi les miens, à tenter de retrouver mes repères perdus au courant de l’année. Je commencerai donc mon dimanche de quelques semaines, ma préparation à mon retour à la vie normale en vue d’un fameux lundi, où je me présenterai au travail pour la première fois depuis très longtemps.



Vous en savez maintenant un peu plus sur ce qu’a été ma vie au courant de la dernière année.



En espérant que la transition ne sera pas trop difficile, même si ça fait plus d’un an que je me pratique à m’adapter…





À bientôt



Phil

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