Chapitre 12 - Chiloé, Terremoto y Rapa Nui, Chile, 16 de febrero - 17 de marzo 2010


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Chile's flag
South America » Chile
March 19th 2010
Published: March 19th 2010
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Rapa NuiRapa NuiRapa Nui

lever de soleil sur les 15 de l'ahu Tongariki
26 heures dans le bateau sous un ciel blanc exactement… on a eu le temps de dire au revoir aux dauphins, aux pingouins et aux glaciers. Le bateau s’arrête dans tous les ports habités le long de ces immenses canaux ; femmes, hommes, enfants, voitures, camions et moutons montent et descendent tour à tour… Les images de cette traversée resteront gravées dans notre mémoire, ainsi que l’ambiance à bord ; les photos ne donnent rien ! La nuit fut assez courte et pas des plus agréables : imaginez-vous 100 personnes assises côte à côte… sans oublier les bruitages d’un film de karaté resté bloqué sur le générique pendant 2 heures…
Pour avaler ces kms, la circulation par voie terrestre est quasiment impossible en raison d’une éruption volcanique importante il y a plus d’un an. Les traces sont encore bien présentes. Ainsi la ville de Chaitén (située sur le continent à l’est de Chiloé) semble développer un tourisme des plus gores : on entend dire que certains sont prêts à payer cher pour découvrir une ville ravagée…

Heureux de cette « croisière » , nous débarquons à Quellon dans le sud de l’Isla grande de Chiloé où ne nous attardons pas car nous préférons filer vers Chonchi un peu plus au nord. Chiloé renommée pour son climat pluvieux ne nous surprend pas, quoique… Le soleil fait son apparition 2 jours après et ne nous quittera plus de tout notre séjour chilote.
A Castro, la capitale de l’île, nous logeons chez Don Francisco, une adresse familiale transmise par une rencontre chilienne à Cochrane. Nous jouons aux dominos jusqu’à pas d’heure sans arriver à tirer un seul sourire de la maîtresse de maison qui laisse aller son terne regard d’une émission de télé réalité à notre jeu, assise près de cette vieille cuisinière à bois que l‘on aimerait bien avoir chez soi. Heureusement cela ne nous empêche pas de nous amuser avec son mari bien plus affable et deux autres de leurs amis tout aussi agréables.

Nous découvrons l’île à notre rythme entre villes et campagnes. On nous a souvent dit que Chiloé avait une âme particulière, bien plus authentique que le Chili continental. Ce qui nous a tout de suite frappé c’est cette ressemblance frappante avec la Bretagne : les paysages, (la pluie et le ciel blanc pour pas dire gris clair…), les couleurs, les champs, les chalutiers, et cette atmosphère
Rapa NuiRapa NuiRapa Nui

carriere
marine intransigeante. L’architecture est également bien à part, ici pas d’ardoises évidemment mais du bois de toutes les couleurs : les murs ne sont qu’enfilades savantes et calculées de lamelles de bois identiques formant une harmonie visuelle très esthétique. D’une maison à l’autre la même technique est utilisée, mais la forme des lamelles diffère et nous ne savons toujours pas ce qui fait la différence : marque de charpentier, identité familiale ou ??
Et les églises toutes de bois vêtues, dedans comme dehors…
Chiloé regorge de légendes et de contes propres comme celui du Trauco (petit bonhomme puant qui déflore les jeunes filles… la bonne excuse quand une chica tombe enceinte) ou du bateau illuminé qui disparaît aussi vite qu‘il est apparu.
Sans parler de la musique traditionnelle, de l’artisanat (le travail de la laine est incroyable) ou de la gastronomie. Les chilotes ont leur cotriade (pour ceux qui connaissent le plat breton) ! Il s’agit de fruits de mer cuisinés avec une saucisse fumée type morteau, du poulet, du porc fumé, et une pomme de terre ; on peut le faire à la casserole ou bien dans la terre sous les pierres chaudes… miam !
Sans oublier la tranquillité des lieux et l’amabilité de ses habitants.

Pour finir notre séjour chilote en beauté, nous avons retrouvé nos amis de Guaka à Ancud, au nord de l’île. Nous avons assisté avec grand plaisir au dernier concert de leur tournée chilienne, et le rock s’est déchaîné dans cette grande salle des fêtes où l’on entend plus souvent de la cumbia je crois…

Il nous faut désormais retourner à Santiago, pas loin de 20 heures de bus tout de même, mais je crois que ça vaut la peine car un avion pour l’île de Pâques nous attend !!
Nous décidons de faire une petite pause à mi-chemin à Valdivia, ville côtière au carrefour des trois rios majeurs de cette région.

Un imprévu de taille nous surprend en pleine nuit et chamboule tous nos plans de balade… 3h34 Terrrrrrrrremooooooto !!

- Mais qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est ça un tremblement de terre ?, dit Emma à peine réveillée.
- On dirait bien, répond Benjamin en soulevant le rideau pour apercevoir à l’extérieur.
Il fait nuit, les meubles bougent, la télé va peut-être tomber, des voix s’élèvent des chambres voisines… On se croirait dans un
CastroCastroCastro

des poupees en laine comme on en voit des dizaines.... non nous n'avons pas craque
bateau en pleine tempête, ça balance plus que cela ne tremble.
- Si, ça doit être un tremblement de terre.
- Putain c’est vachement long… et ça accélère !!
- C’est hyper fort non ?
- Il faut peut-être descendre.
Emma et Benj s’habillent avec ce qu’ils ont sous la main.
Au loin des cris, et partout les alarmes de voitures s’affolent, coupure générale d’électricité.
- On prend nos affaires ?
- On descend, on verra après.
- Tu mets des chaussettes toi ?

Nous restons 3 heures dehors dans la rue à attendre LA réplique qui ne vient pas. Nous ne devons pas remonter dans nos chambres au cas où… On tente le coup une fois vers 5h mais ça tremble de nouveau, nous descendons bien plus vite que la première fois…

L’auberge où nous nous trouvons est une vieille et grande bâtisse en bois, beaucoup plus flexible que le ciment qui casse d‘un seul coup… nous voilà rassurés…
Une heure après la première secousse qui a bien duré 3 minutes, nous apprenons que l’épicentre se situe à 450 km environ, près de Concepción (2e plus grande ville du pays). Magnitude de 6° à Valdivia contre quasi
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LE Curanto messieurs dames, en voici une qui va se regaler !
9° à Concepcion… on est passé à côté de bien pire…
Le terremoto se serait senti dans tout le pays…
J’imagine que vous avez vu les images, c’est un vrai désastre pour des milliers de personnes qui ont tout perdu, et certains villages sont rasés à 95% ; car après le terremoto, il y a eu un maremoto (tsunami) dans certains secteurs côtiers, et ce fut encore pire.
Nous sommes une quinzaine dans l’auberge, de tous âges et de tous horizons ; c’est drôle comme on peut se rapprocher aussi vite dans ce genre de cas… La propriétaire, dès 5 heures du mat’ commence à pétrir la pâte pour faire du pain, et vers 7 heures on nous sert tecito, cafecito… On attend encore, et puis ras le bol, on remonte en douce pour se coucher, et nous nous endormons !

Le « lendemain » on se risque dans la ville, tous les magasins sont fermés, et c’est la cohue au terminal de bus car tout le monde veut partir, se rapprocher de sa famille, mais l’inconnu reste l’état des routes.
On se rend vite compte que les dégâts sont bien moins importants à Valdivia qu’ailleurs dans le pays ; nous commençons à voir arriver les images sur les écrans, et les visages se figent, atterrés.
Le pays est en alerte, la télévision fonctionne plus que jamais dans les chaumières, et c’est le grand déversement, des images en boucles, des témoignages dans tous les sens, de nombreuses personnes disparues, on approche les 800 morts, et les répliques continuent, certaines plus fortes que d’autres.
Le seul point positif : la rentrée des classes est reportée à une date non déterminée !
La vie continue comme toujours, les magasins ré-ouvrent vite (pour ceux qui n’ont pas de dommages trop sévères) et la consommation reprend…

Le Chili est un pays malheureusement habitué à ces phénomènes sismiques, car situé dans l’une des zones où convergent deux plaques tectoniques importantes.
On nous dit : « Ca bouge tout le temps au Chili ! Mais tous les 25 ans ça déménage, alors ne revenez pas dans 25 ans » - 2035, on prend note…
Tout de même cette fois, ce terremoto aurait modifié l’axe de la planète de 8 cm, et de fait raccourci notre journée de 1,26 microseconde…

Deux jours après, nous avons la chance de réserver les deux dernières places dans le seul bus qui file vers Santiago : nous savons à quelle heure on part, mais pour ce qui est de l’heure d’arrivée…
Verdict : 16 heures de bus (au lieu de 10, la veille 24), arrivée 1h30 du mat’, dodo au terminal.
Le trajet fut folklo, le bus a dû faire de nombreux détours face aux crevasses, aux failles et autres ponts effondrés… Nous avons roulé dans l‘herbe, sur des pistes vicieuses et sur quelques trottoirs, mais nous sommes arrivés à bon port… peut-être même que tout le monde a applaudi le chauffeur à l’arrivée.

Egoïstement, nous continuons notre petit bonhomme de chemin pour aller vers une des destinations les plus fortes de notre voyage : Rapa Nui ou l’île de Pâques…
On a pu changer notre billet d’avion sans trop de peine et nous nous envolons vers le rêve de tous les enfants !

Nous sommes à peine 50 dans l’avion , ils étaient 15 la veille… (contre environ 200 touristes en temps normal qui débarquent tous les jours). Beaucoup ont annulé à cause de l’alerte au tsunami et la soi-disant évacuation de l’île… Sur place ils ne se rendent pas réellement compte de l’ampleur de la situation. Ils ont
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une maison en l'etat
les témoignages de leur famille sur le continent, et les images à la télévision, mais c’est pas encore ça. Il n’y a pas eu d’évacuation, les gens sont montés dans les hauteur à 6 heures du mat’, mais les médias en ont ajouté un peu comme toujours. L’eau s’est retirée sur quelques mètres, rien de significatif.

Finalement, nous découvrons une île vidée de la masse touristique habituelle et c’est pas plus mal, on a des moaïs pour nous tout seuls… rendez-vous compte.
Que dire de Rapa Nui ? Ah ah ah… Allez-y vous verrez bien !
Un rêve devenu réalité… et pour couronner le tout nous n’avons pas été déçus.
Pour le coup les photos parlent d’elles-mêmes.
C’est un petit bout de terre pelé qui n’a pas grand-chose à offrir côté flore, faune et richesses naturelles, mais la population a pourtant souffert des siècles durant de la rupture de leur isolement. Lorsque les bateaux d’explorateurs arrivaient, le peuple échangeait statuettes et autres folies du pacifique contre tout et n’importe quoi. Beaucoup d’autochtones furent emmenés pour travailler dans les mines péruviennes, alors qu’ils résistaient mal à ces nouvelles conditions de vie.
L’héritage des Rapa nui tient plus de la culture
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interieur d'eglise tout de bois vetu
des peuplades du Pacifique que de celles de l’Amérique Latine. Encore maintenant, certains ont du mal à accepter l’hégémonie du Chili. On entend même dire qu’ils aimeraient être attachés à la France, envieux de nos avantages sociaux (Tahiti n‘est pas loin)… intox certainement.
Les deux moments forts furent sans aucun doute le lever de soleil sur les 15 moaïs Ahu Tongariki et la carrière du volcan Rano Raraku, dans laquelle les statues attendent encore d’être portées vers leur ahu (socle sacré), tandis que d’autres ne sont pas sorties de leur tombeau, le dos encore ancré dans la roche…
Pour expliquer l’origine de ces moaïs, le musée de l’île prend partie pour la thèse suivante : chaque statue représente un chef de tribu, dos à la mer, tourné vers son peuple afin qu’il continue de participer à la vie de son peuple. Devant chaque ahu, des rituels et cérémonies divers avaient lieu en l’honneur de chaque chef. Les Rapa nui déplaçaient les statues (la plus haute dressée mesurait plus de 20 mètres, aujourd’hui couchée) à l’aide de troncs d’arbres qu’ils plaçaient dessous et faisaient rouler. Nous avons vu l’application de cette technique en Equateur lorsque les pêcheurs remontent leur grande barque
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des touristes qui essaient les bonnets
en haut de la plage. Evidemment, ce ne sont là que des théories, et nous préférons faire travailler notre imagination pour entretenir le mystère de Rapa nui ! Le culte du moaï se poursuit jusqu’au 18e siècle, jusqu’à ce que les guerres tribales y mettent fin, ainsi les moaïs furent renversés. Ajoutez à cela l’arrivée des européens et ses maladies, puis l’esclavage et les pillages, le peuple rapa nui fut rapidement décimé.

Nous sommes réellement touchés par cette île, la présence mystérieuse de ces moaïs mais également l’ambiance calme et sereine qui s’en dégage. Ce fut comme une semaine de vacances dans notre voyage, si j’ose dire !

Nous reprenons notre avion pour revenir sur Santiago où de fortes répliques nous surprennent de nouveau. Le nouveau président du Chili, Senor Pinera l’est également car le jour de son investiture, on enregistre des mouvements de 6° de magnitude. On aime à penser que ce n’est pas bon signe pour lui… Ce n’est tout de même pas évident de commencer une présidence en plein tremblement de terre, avec un pays à reconstruire (quelque soit le président). Paradoxalement, cela va créer des emplois, certaines villes sont en chantier.
Nous l’avons remarqué lors de notre passage à Valparaiso où de nombreux édifices sont amochés, la plupart des musées sont fermés, de nombreux hôtels également. C’est déjà terrible à voir, on n’imagine avec peine l’état des villes côtières plus au sud, et sa population qui dort sous tente, jusqu’à quand ?

Valparaiso est également un mythe, et pas seulement parce que rien qu’à prononcer son nom, des tonnes de chansons viennent trouver refuge dans notre tête, nostalgie marine, couleurs amères.
Les maisons se chevauchent presque à flanc de collines, des constructions colorées, souvent faites de bric et de broc, et des murales (fresques) partout !! Une jolie manière de dire au revoir au Chili, après plus de deux mois…

Nous quittons donc l’excellent rhum chilien, pour (re)goûter au vin argentin, direction Mendoza !



Additional photos below
Photos: 65, Displayed: 32


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CastroCastro
Castro

les palafitos
CastroCastro
Castro

festival costumbrista l'asado a la chilienne se prepare
arrivee sur les lieuxarrivee sur les lieux
arrivee sur les lieux

a la sortie de notre bateau de croisiere
QuemchiQuemchi
Quemchi

un charmant petit port ou il n'y a pas grand chose a faire sinon manger du merlu et regarder les bateaux...


24th March 2010

Vivre lAventure avec vous
Coucou chers compatriotes de route... Je vous laisse un petit commentaire surprise (Emma tu avais lAir si decue ce matin sans coms sur ton chapitre 12) pour vous dire que les moments que lOn passe avec vous resteront graves dans nos memoires... attente de 6h dans le desert Talampayen et panne Urquiza oblige... hihi... Samedi nos chemins se separeront apres une semaine (et oui deja) de galeres mais surtout de bons moments en Argentine... De gros bisous a vous 2 et on se voit en France des quon a finit nos voyages respectifs ¡¡¡¡ Laura de Curitiba (youpi tralala)

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