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Published: September 19th 2007
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Potosi sous un temps lourd
Photo prise à notre arrivée, vers 17h. Il a plu les trois après-midi que nous avons été à Potosi. Nous voilà à la ville la plus haute du monde, située à 4070 m, d'une population de 140 000 habitants. Potosi est une ville qui a jadis été une des plus riches au monde, par la découverte de ses mines d'argent. Beaucoup d'histoire et de tristes événements ont marqué cette ville, qui est désormais l'une des plus pauvres de Bolivie.
Les deux premiers jours n'ont pas été productifs car l'altitude nous rendait plus lâche, il pleuvait toujours en fin de journée (grêlait!) et il y fait plus froid (matins à 7-8 degrés dans l'hôtel). Nous n'avons donc pas fait grand chose et en avons profité pour se reposer. Ce n'est pas évident de parcourir cette ville pleine de côtes alors qu'on est essouflés à seulement marcher tout droit. Monter à notre chambre d'hôtel au deuxième étage nous donnait l'impression d'avoir fait un jogging de 30 minutes. Mélanie s'est aussi remise tranquillement de maux intestinaux probablement causés par une quelconque bactérie en provenance de bouffe du marché.
Par contre, nous avons gardé le paquet pour notre troisième journée, avec la visite d'une des nombreuses mines de la ville. Nous avons opté pour l'agence "Greengo Tours", qui offre de visiter une
Rue du centre de Potosi
Si le centre (surplombant) de la ville a un certain cachet, la grande partie de la ville, comme c'est souvent le cas, est pauvre et dénudée de charme... mine artisanale moins touristique et le guide est un ancien mineur alors il a de bons contacts avec les gens.
Le tour commence le matin par l'enfilement de vêtements de sécurité (que les mineurs eux-mêmes n'utilisent pas à part le casque protecteur et la lumière!). Ensuite, arrêt au marché des mineurs pour leur acheter quelques cadeaux. En effet, il est très important de ne pas les déranger dans leur travail et afin de les aider un peu, le guide nous fait acheter une grosse boisson gazeuse, de la dynamite (en vente libre - le seul endroit sur la planète où il est possible d'acheter librement de la dynamite! -, les mineurs doivent acheter eux-mêmes leur matériel), des cigarettes (tous les mineurs fument, allez savoir pourquoi), de l'alcool à 96% (qu'ils boivent!) et des feuilles de coca. La feuille de coca est sacrée pour eux et constitue un remède pour plusieurs choses: elle leur permet de ne pas ressentir la faim durant plusieurs heures, elle donne de l'endurance, elle diminue les symptômes de l'altitude et enfin, elle constitue tout simplement un rite pour la majorité des boliviens. Les feuilles de coca se prennent une par une, elles se mastiquent longtemps
Cathédrale dans la zone centrale de Potosi
Il y a vraiment plusieurs églises dans le même 1 ou 2 kilomètre carré... Toutes ne semblent pas être fonctionnelles aujourd'hui d'un seul côté de la bouche et il faut seulement avaler le jus. Après quelque temps, on sent le côté de la bouche engourdie, c'est signe que ça fait effet. On retrouve également dans la plupart des restaurants des tisanes de coca (pas juste à Potosi, pas mal partout en Bolivie et au Pérou de ce que nous avons vu...).
Ensuite, on se dirige à la Mina Negra (mine noire) et on entre dans le gouffre! Comme on le disait plus haut, cette mine ainsi que la majorité de celles que l'on retrouve à Potosi, est artisanale et le seul élément technologique qu'on y retrouve est un tube à air pour les perceuses. Sinon, les mineurs ont leur pioche pour trouver les minerais, et poussent de toutes leurs forces les wagons chargés. On se promène dans ce labyrinthe constitué de minces tunnels, penchés, en essayant de ne pas se cogner. Claustrophobes s'abstenir! Plus de deux heures dans cette obscurité!
Un peu d'histoire La découverte de l'argent dans la montagne du Cerro Rico remonte à 1545, alors que la Bolivie n'existait pas et était plutôt l'Alto Peru (Haut Pérou). Les colonisateurs espagnols soumettent alors une conscription afin d'obliger les
indigènes et des esclaves africains à y extraire le métal précieux. Rapidement, la ville devient une des plus prolifiques au monde et permet à l'Espagne et non aux habitants de Potosi de s'enrichir. L'expression : "Ce n'est pas le Pérou" ou "Cela vaut bien un Potosi" est une référence à la manne qui a découlé de cette mine.
Des millions de travailleurs y sont passés, dont 8 millions sont morts directement de maladies découlant des mauvaises conditions ou d'accidents. Encore maintenant, la durée de vie d'un mineur est d'environ 45 ans, mourant des suites de la silicose, maladie des poumons. Les mineurs sont en effet exposés à toutes sortes de toxines, poussière, arsenic, , etc., et on y retrouve aucune mesure de salubrité. Une légende affirme:
- Avec l'argent (métal) extrait du Cerro Rico, on aurait pu construire un pont entre Potosi et Madrid.
- Avec les os des esclaves morts dans la mine sous l'exploitation espagnole, on pourrait construire deux ponts entre Potosi et Madrid...
Le guide nous a affirmé qu'à l'origine, le Cerro Rico était d'une hauteur de 5 050 m, alors qu'il n'est que de 4 600 m maintenant; plus de 400
m d'exploitation! Il ne reste plus beaucoup d'argent aussi pur qu'autrefois dans la mine, mais on y retrouve également du plomb, étain et zinc, exportés dans de nombreux pays. Les mines sont maintenant gérées en coopératives, et il y a plusieurs classes de mineurs selon l'expérience, dont la meilleure offre une rente pour le peu de retraite qu'il reste au travailleur.
Pas seulement des minerais mais aussi des croyances Les boliviens sont très catholiques, mais ils ont aussi ajoutés de leur touche autochtone dans leurs croyances. Ainsi, dans chaque mine, on retrouve le Tio, un diable protecteur qui représente le méchant espagnol. Les mineurs viennent s'y recueillir chaque vendredi, pour demander la chance, la réussite et la protection, lui mettent une cigarette dans la bouche et lui versent de l'alcool dessus comme offrande. De plus, lors de la Fête de Pachamama (Terre mère) le 24 juin, des lamas sont sacrifiés et le sang est versé à l'entrée des mines aussi comme symbole de protection. Autrefois, les mineurs s'éclairaient à l'aide de la graisse de lama.
***
La visite de la mine est donc fort touchante, car on y observe les conditons encore difficiles des 10 000 travailleurs
Place centrale de Potosi
Avec une guitare sculptée, et une statue de la liberté! au total. Seulement des hommes y travaillent, une seule femme y a déjà travaillé. Les mineurs, dont des "mineurs mineurs" de 13 ans, ont tout de même le moral et un esprit de camaraderie et de solidarité règne entre eux. D'ailleurs, les 2 jours de congé sont consacrées au football. Salaire moyen d'une journée: 80 bolivianos, soit environ 10 dollars.
Dernière anecdote: les pièces de 5 bolivianos (qui ressemble à notre 2$ canadien) sont fabriquées au Manitoba, car il semble que nous avons une expertise dans le frappage de deux métaux!
Nous sommes présentement à Sucre, sous un climat plus clément et à reprendre notre souffle!
Carte satellite
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Marc Lemelin
non-member comment
Je suis content pour Mélanie qui a enfin trouvé un diable à sa mesure!! Merci pour le conseil Benoît, à l'avenir, quand je me sentirai lâche je dirai que c'est l'altitude...