Cluj-Napoca and Turda, Romania (Au Coeur de la Mine de Sel)


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July 21st 2016
Published: July 23rd 2016
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18 juillet



Je commence à croire que cette histoire de vampires n'est que mensonge après tout.

C'est qu'il y en a eu aucun où je croyais en trouver: ni dans le fond des bars, ni dans les châteaux transylvaniens, ni même dans le bourg natal de Dracula lui-même.

Je me demande où sont-ils tous cachés maintenant.

Bon. Réfléchissons....

Exposés au soleil, les vampires s'enflamment et meurent: ça, on sait ça.

Donc, plus éloignés du soleil ils sont, moins ils mettent leur vie (leur immortalité) en danger.

Alors, suivant cette logique... plus on est au creux de la terre, plus loin nous sommes du soleil... et moins les vampires sont en danger.

Intéressant...

Donc, pour assurer leur subsistance, des vampires ont certainement dû se terrer dans une grotte, une caverne... ou une vieille mine peut-être...

Une vieille mine, voilà qui est intéressant: on parle justement de mine désaffectée dans mon guide.

Il y aurait, semble-t-il, une vielle mine de sel qui a fermée ses portes en 1922 à Turda, non loin de Cluj-Napoca, plus au nord de la Transylvanie.

Et bien voilà!

Si j'étais un vampire, moi, je me cacherais au cœur d'une vieille mine de sel à Turda.

...



J'attend le train en direction de Cluj-Napoca (à partir de Sighisoara).

C'est silencieux sur les quais extérieurs.

Pas plus d'une dizaine de passagers s'y trouve.

Une pluie discrète tombe sur les rails et sur une locomotive hongroise en arrêt transportant une série de wagon-citernes rouillés.

C'est un décor industriel d'après-guerre.

Le train vers Cluj a du retard. Je ne suis pas surpris: l'état des rails et la température semblent ralentir la cadence du transport ferroviaire.



L'engin finit par arriver et je prend tranquillement place dans ma cabine.

Un barbu d'une autre époque est à côté de moi, le nez collé à sa fenêtre.

Son regard creux observe les collines passer doucement à l'extérieur du train en mouvement.

Un carrelage de champs de maïs, de tournesols et de blé défile comme une toile de Van Gogh sur le décor.

Des vagues de corbeaux passent en essaim dans le ciel pluvieux de la Transylvanie, s'arrêtant dans chacune des bourgades en croassant lugubrement sur un fond de contrebasse.

Les églises orthodoxes épargnées par les guerres surveillent encore chacun des villages.

Une calèche s'éloigne entre deux champs de blé malmenés par le vent.

Paysage de paysans: c'est ce que devait ressembler le siècle passé.



Je pose le pied à l'énergique Cluj-Napoca après plus d'un quatre heures de train de campagne.

La ville universitaire est grouillante d'étudiants en vacances.

J'arrive tout juste à la fin d'une fin de semaine électro sous la pluie: Skrillex était en ville.

Electric Castle. Le contraste est frappant... après avoir passé mes dernières heures dans un décor campagnard des années 1900.





"Hello. I'm here for the salt mine" que je lance en cowboy à mon arrivé au guesthouse.

J'imagine alors les quelques voyageurs se retourner avec hantise à mon entrée en chuchottant: "Oh! Vampire Hunter.... shshshsh.... Oh! Chasseur de Vampires.... shshshsh".

Mais non. rien de tout ça. Personne dans le salon commun ne bouge d'un seul poil (ils m'ont certainement mal compris).



"Saaaalt Miiiiiiiine" que je crache alors au long type du comptoir comme un serpent.



"Da" que la moustache en parenthèse me répond quelque peu désintéressé.

L'hôte roumain pourrait aisément porter le haut-de-forme, un monocle et vivre à la belle-époque.



"How do i get to the salt mine of Turda Sir?" que je lui demande (le type à la moustache mérite certainement un "Sir").



"Easy. You take the City Bus from Piata Mihai Viteazul.... to Turda".

Voilà ce qu'il me répond, tout simplement.

Ce n'est pas assez compliqué pour atteindre un repère de vampires je trouve. Des enfants pourraient s'y aventurer...





19 juillet



Au matin, me voilà qui sort de la ville pour rejoindre en mini bus le village de Turda en périphérie de Cluj-Napoca.

Certainement courageux, j'irai au cœur de la mine de sel aujourd'hui.

...



Après un 40 minutes de transport, je suis surpris par une voix grave et soudaine: "Salina" que lance sans avertissement le gros chauffeur dans le bus, en me pointant de ses épais sourcils noirs dans son rétroviseur.

Je me lève alors d'un coup et, suivi par le regard vide des passagers, je débarque seul de l'autocar presqu'encore en mouvement.

Salina Turda.

Au bout de la route devant moi se trouve l'entrée de la mine de sel.

J'ai malheureusement oublié mon pieu à l'hostel de Cluj.

J'ai peur de ne pas être assez armé pour vaincre des vampires.

Au pire, j'achèterai ce qu'il me manque à une boutique de souvenirs.



Je paye un considérable frais d'entrée à la mine, plutôt surpris qu'il y ait un prix à payer pour se lancer dans la gueule du loup et devenir pâture à vampires. Mais bon, j'imagine que même les vampires ont aussi le droit de s'enrichir.

J'ouvre les portes grinçantes comme celles d'une vieille grange en bois et entre carrément dans une montagne au milieu de nul part, à Turda, en Transylvanie, Roumanie.



La température tombe drastiquement de l'autre côté des portes de bois: un froid humide et caverneux.

Le long tunnel creusé dans la pierre s'allonge à l'infini au creux de la montagne.

Sous les néons, on peut voir le suintement des murs d'où poussent des moisissures cristallisées de sel.

L'haleine salin des entrailles de la terre fait frissonner: l'effrayant corridor mène certainement vers les poumons de la montagne.

J'ai la curieuse impression d'entrer dans un vaisseau spatial.



Parfois je croise quelques touristes joyeux. Et des familles aussi, parents entourés de leur progéniture excitée.

J'ai alors envie de les alerter: c'est un piège, vous finirez tous en boudin, et vos enfants, en hors d'œuvre.



Plus le corridor s'allonge, plus le nombre de touristes augmente.

Il y a définitivement beaucoup de nourriture pour les vampires dans la mine de sel.



Après avoir descendu plusieurs poutres instables en guise de marches, le tunnel aboutit...

à une gigantesque salle marbrée d'où pendent des centaines de néons, de lumières futuristes qui éclairent une salle de jeux grandiose aux allures de station spatiale: grande roue, tables de ping-pong, de billard et allées de bowling (!!) d'où tombent des quilles en écho de tremblement de terre.

Et puis quelques étages plus bas encore au creux de la mine, quelques familles naviguent autour d'un îlot de sel, en silence, sur un lac d'encre profondément étrange et lugubre.

Tableau à la HR Giger.

Je suis dans le Nostromo, vaisseau du film Alien.



Je suis totalement bouche-bée: les vampires ne se trouvent pas même cachés au creux de la terre en Roumanie.

Les paysans les ont chassé de la mine de sel on dirait

et ils ont transformé l'endroit en Parc d'amusements !!!



Etienne X



Notes à Moi-Même:

1- Eau-de-vie de cerise: oui, Eau-de-vie de prunes: non

2- L'alcool est vendu 24h sur 24h au marché. J'ai vu de vieux hommes lisant le journal dans le bus... boire tranquillement une bière à 7h00 du matin.

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