Le miroir (partie 2)


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October 17th 2016
Published: October 17th 2016
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Une question revient à tout coup lorsque je pense à voyager. Une question que beaucoup se posent, voyageurs ou pas: Pourquoi? Pourquoi voyager?

Il n'y a (mal?)heureusement pas de réponse unique, et j'en ai plusieurs moi-même. Mais je ne veux pas m'attarder sur elles ici. Je m'interroge plutôt sur la distinction entre les raisons avouées et dissimulées qui alimentent la décision de prendre le large.



En m'embarquant pour l'Ouest cette année encore, je voulais revoir ces montagnes incroyables qui peuplent mes rêves, et me donner du recul, un temps pour me distancer du monde académique avant de plonger dans la pratique. Et du temps pour penser, il y en a en voyage, il y en a en rando. Sauf que mes petites expéditions derrière, je constate un changement dans ces réflexions. Alors que la montagne apportait un espace et un moment pour revoir le chemin parcouru dans mes études, la pause que je vis en ville amène plutôt des tourbillons plus confus. Tandis qu'un esprit rationnel essaie de s'attacher aux raisons qui m'ont fait m'envoler, le flot réel cherche à questionner ma présence en ville, ma présence dans CETTE ville. Et lorsque je laisse place à la possibilité de continuer sur la lancée actuelle, je me braque. Non! C'est pas ce qu'on avait dit! Ou encore: j'veut pas ça, j'veux des montagnes!



Une part de moi comprend qu'il soit normal (et souhaitable) que nos réflexions et nos projets évoluent avec nos expériences et dans le temps. Mais je vois également un autre degré à l'oeuvre: ces "nouvelles" réflexions sont en fait le fruit arrivé à maturité qui s'était inséré, incognito, dans les racines mêmes de mon projet. Alors que j'avais inscrit, sur papier et dans ma tête, un retour presque certain à Sherbrooke, j'avais caché entre mes propres lignes un point d'interrogation. Et c'est lui qui refait surface, alors que le reste a pu ventiler, prendre de l'expansion.

Aujourd'hui, je vis ce dilemme que je ne m'étais pas avoué à mon départ. Je crois que nous vivons tous un peu ce sentiment, qu'il est souvent facile d'étouffer lorsqu'on est en pleine possession de nos moyens, de notre environnement. Cet environnement que l'aventure dessine, et que le voyage veut changeant. Serait-ce là, peut-être, que réside la clé de l'ouverture que créent les voyages? Une clé, certes, sur l'ampleur et la richesse du monde, et sur ce vaste inconnu qui nourrit tant. Mais peut-être plus encore, une clé sur nous-même, sur ces portes que l'on croyait closes pour de bon, ou pour de bonnes raisons. Un peu comme une paire de lunettes nécessaire, qui nous fait voir un monde qu'on sait à peine imaginer, mais qui nous permet aussi de mieux voir notre propre reflet dans le miroir (ou sur l'eau d'un lac glaciaire, c'est selon).



Qui sait? En attendant, je vais ouvrir la porte...


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