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Published: October 17th 2016
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La liste des tâches de demain défile rapidement dans mon esprit: une brassée de lavage, une douche, trois appels téléphoniques qu'on ne peut plus repousser...
L'espace d'un instant, je repense à ces options de covoiturage plus tard le mois prochain, ainsi qu'à la stabilité qui s'est installée avec mes amis. Je pourrais facilement rester quelques semaines de plus.
- "Non! C'est comme vivre ma vie régulière, mais loin de tout ce que j'ai, que je connais. C'est pas pour ça que je suis en voyage!"
Aussitôt que cette boutade eut fait irruption dans mon esprit, j'en cherche la justification. Elle sonne un peu sourd. Pas creux, sourd. Après quelques essais et ratures mentales, celle qui subsiste manque un peu de substance, mais alimente un train de pensées.
- "Ce n'est pas pour ça que je voyage."
En effet, quelque chose me dérange dans l'idée que je ne sois nulle part vraiment "chez moi", mais que j'éprouve assez d'accueil et de stabilité pour avoir l'impression de vivre une petite vie tranquille Une vie similaire à celle que j'aurais en Estrie, sans doute. Cela amène nécessairement la pensée qu'en effet, je pourrais bien m'installer ici un temps, dans
cet endroit dont je semble tout faire pour m'arracher. Mais surtout, cela me ramène à une réflexion qui trotte depuis un moment dans ma tête: Pourquoi voyager?
C'est une rhétorique vieille comme la Terre, ou en tout cas, au moins aussi vieille que l'herbe plus verte qu'elle semble faire pousser chez le voisin. Mais elle m'a quand même frappée de plein fouet récemment, quand je me suis pris à penser que je n'était peut-être pas fait pour voyager. C'est que je me sens pros et démotivé lorsque je suis seul dans un endroit que je ne connais pas, sans projet. Je n'ai pas ce réflexe d'abandon qui suffit à certains pour continuer d'avancer. Après réflexion, l'image se concrétise: je suis prêt à braver vents et tempêtes, me lancer dans le froid et les contrées inconnues lorsqu'un objectif est défini, lorsqu'on part en expédition. Mais je n'ai pas ce courage lorsqu'il s'agit de m'affronter moi-même, vagabond entouré de la vie normale.
Est-ce dire que je suis mieux en montagne qu'en société? Outre son aspect poétique, cette image porte bien un peu de vérité, mais je n'enlèverais rien à ces rencontres très humaines et riches qui ne s'opèrent
qu'en société. Est-ce alors que ces autres voyageurs trouvent dans les décisions de chaque jour ce lot d'aventure que j'associe aux hauts sommets? Devrais-je redéfinir mon concept, ou alors existe-t-il bien une distinction entre le voyage et l'expédition?
Ou ces vides n'existent-ils que parce que j'ai créé une fausse impression de limite temporelle à ce voyage? En cristallisant l'idée d'un retour à l'automne, le besoin de remplir l'agenda de chaque jour se fait plus présent, assurément.
Il est vrai que voyager nous en apprend beaucoup sur le monde, et sur nous-même. Il est fascinant d'observer ces stabilités et ces inconforts apparaître et s'effacer. Je ne crois pas nécessairement que quitter le connu nous révèle magiquement notre potentiel, ou cette partie de nous invisible, inconnue. Du moins, pas comme certains le décrivent. Pas pour moi. Je pense plutôt que s'extraire à ce confort façonné pendant tant d'années nous pousse tout simplement à développer un dialogue avec la personne dont on néglige le plus souvent l'opinion: nous-même.
Sinon, qui tente-t-on de taire pour créer cette quiétude lorsque le quotidien s'installe?
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