Ratnagiri and Arambol Beach (ou Le Poisson-Poison)


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Asia » India » Goa » Arambol
January 6th 2007
Published: January 16th 2013
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6 janv.

On quitte les plages pour se rendre à Ratnagiri, ville de 100 000 habitants située à seulement 1h30 de route de Ganpatipule.



Ratnagiri est une ville de passage où se trouve une importante station de train. Les voyageurs arrivent ici… pour partir vers ailleurs. De toutes évidences, il y a peu de choses à visiter dans cette ville. On en profite donc pour faire notre lavage et faire le ménage de nos sac-à-dos.



L’hôtel est confortable, propre et complètement vide.

On remarque qu’enfin, les fruits-de-mer apparaissent dans les menus.



Il y a une télé noir et blanc dans la chambre et un petit bar au lobby.

L’Inde est 20 ans en retard. On boit un Gimlet en écoutant du Boys-2-Men.



7 Jan:

On embarque dans un train pour se rendre à Arambol Beach dans l’État de Goa. Une odeur de grains chauffés plane sur Ratnagiri. Je suis content de partir d’ici. On se sentait vraiment au milieu de nulle part.



On doit faire un 3h30 de train pour atteindre notre destination.

Après 2 mois en Inde, on ne connait pas encore le fonctionnement du railway. On cherche nos places en passant d’un wagon à l’autre avec nos sacs enflés dans les airs, au-dessus de nos têtes.

On ne trouve pas "nos" places mais "des" places...

Mais où exactement est la classe delux?

... on est bousculé...

"Speak English?"

... personne ne nous parle. Tout le monde nous regarde avec leurs yeux globuleux de morues....

Pffffff.

Je pose mon cul blanc sur un banc brun.

Oups. Je n’avais pas vu la noix de coco qui sert de tête à un indien sous mon popotin. Un peu plus et j’avais son nez entre les fesses.

Je fais signe au type roupillant de se tasser un peu, et je me faufile entre lui et ses sacs de grains.

Pffffff.

La moitié des fans du plafond ne font pas leur travail. On dirait une plantation de champignons soufflants.



Le train passe dans un tunnel. Notre wagon se remplit d’une froide boucane puante. Je m’enfouis la moitié du visage dans mon t-shirt. Je respire l’odeur de mon stress.

La fumée se dissipe heureusement à la sortie du colon de la montagne.



Il y a soudainement un chatouillement dans mon poil de jambes. Surprise! Une coquerelle y cherche des miettes de toasts....

Pffffff.

Elle doit probablement venir du sac de grains que transporte mon voisin endormi.





Dans le train, on rencontre une fille d’Angleterre avec une dent en or.

" Ihve com froom Bristol, Hoome of MAssive AAttack" nous dit-elle avec son accent British.

Massive Attack. Ça me rappelle tout plein de bons souvenirs langoureux cette musique.



Arrivés à destination, Marilou, Dent-doré et moi-même prenons un auto-rickshaw pour faire les quelques kilomètres qui nous séparent encore de la plage d’Arambole.



Enfin les pieds dans le sable, on se partage tous les trois un repas qu’on dévore rapidement.

Pour économiser, on décide de se partager aussi une cabine en bambous qui nous servira de chambre. La pièce est minuscule et l’air y est si humide qu’on pourrait se coller un timbre sur la peau.



J’ai quelques pensées perverses avant de m’endormir.

Une cithare me berce dans la nuit.



Note à Moi-Même:

On a vu plus de "Foreign" dans le dernier 5 minutes que dans notre dernier 2 mois de voyage.



8 janv.

On se réveille. Il est 7h30 Am. Les murs de notre cabine sont tressés en feuilles de palmiers. J’entends la mer qui griche comme une télé sans câble et il y a du va-et-vient dans le resto sous notre chambre.

J’y descends pour y boire mon éternel ‘’Milk-Coffee without sugar’’.



La faune touristique autour de moi est diversifiée: Israéliens au sang de chanvre, hippies à boudins, ex-beatniks divorcés qui retournent aux sources, lutteurs russes en speedo, weirdos en cavales, indiens venus mater les gonzesses, et des poilus, et des crottés en tous genres.

Mon voisin de table est un vieux barbu ressemblant à Claude Lafortune dans "Parcelles de Soleil". Caché sous son chapeau à la Gilligan, le barbu roule ses cigarettes et les fume les unes après les autres. Il consume sa vieille habitude avec empressement. Sa moustache est couleur de filtre nicotiné.



On est présentement tout au Nord de l’État de Goa.

Il y a des motos sur la plage.

Et plein de gens qui cherchent leur identité aussi.

Bouddhistes, Krishna, Rastas, dopés jusqu’à la moelle... et quelques rares petites familles européennes qui se badigeonnent de beurre pour pétiller sous le soleil brûlant.

Kaléidoscope.

C’est le revers d’Old Orchard.



On soupe à un resto que Marilou et Dent-dorée ont trouvé lors de leur courte balade d’après-midi.

Cabane de pêcheurs.

Je me commande un plat de King Crevettes. Wow! Mes crevettes géantes ont la grosseur de mes coudes! Comme des mini homards. Incroyable. On n’arriverait pas à en trouver de semblables au Nouveau-Brunswick... ce n’est pas peu dire!

On essai aussi le Feni comme digestif. C’est un alcool de cachous. Ouaip. C’est une spécialité de Goa ce truc. Juste l’odeur de la liqueur me donne mal au cœur. Vapeurs de mescal, vous connaissez?



Grisés, on retourne dormir à la cabine au-dessus du resto.

Odeurs de cuisson.

Spécialité: Poisson.



9 janv.

Deux crêpes aux bananes se reposent dans l’assiette devant mes yeux. Je les engloutis rapidement, en alternant chacune des bouchées avec une gorgée de cet infect café instantané.



Sur la plage, une femme médite les deux pieds dans l’eau, alors qu’un maigrichon fait d’étranges mouvements avec un manche à balai. Art martial sur fond d’improvisation à la cithare.

7H00 AM.

Des dauphins dansent la lambada au loin.

Des chiens hérissés protègent leur territoire de sable. Devant moi, un chat s’aventure fièrement sur la plage. Il s’avance et, imprudemment, tombe dans le piège d’un toutou borgne et malfamé. Rapidement, le félin se réfugie sur les toits alors qu’un bout de sa peau flotte au vent tel un drapeau blanc de poil. L’écorchure plane comme si la bête fût attaquée par un épluche-patates. Ouch. S’il survit... ce chat ne reviendra certainement plus sur la plage.



On se lance dans une longue marche sur le rebord de l’Océan en après-midi. On passe des indiennes en saris qui se roulent dans le sable en riant... aux européennes couleurs moka en monokinis.

Un troupeau de jeunes indiens s’étire le cou pour ne rien manquer du spectacle nudiste. Un des indien préfère rester solitaire. Il n’a pas que son cou qui s’étire...

…mais pas de problème. Ils n’ont pas le gêne de la discrétion les indiens. C’est à cause du pouvoir de la quéquette vous savez!



Pour ma part, j’essaie tant bien que mal de demeurer indifférent face aux monokinistes. Mais j’avoue que ccce n’eeeeest pppas toujours fffacile.



Un russe passe devant nous en g-string beige. Oh que non! Il y a des limites tout de même.

"Tu porterais-tu ça?" me demande Marilou en souriant de malaise.

"Bordel! Je serais gêné de porter ça tout seul dans ma salle-de-bain!’’ que je lui répond.

Et bien…. à moins qu’il y ait une trompe pis des oreilles d’éléphants. Alors là, on pourrait rire sans gêne, non?



On croise aussi un poisson qui a malencontreusement accosté sur la plage sans le vouloir. Il est long comme ma jambe, un peu comme le poisson-narrateur dans le film ‘’Maelstrom’’ de Denis Villeneuve. Malheureusement, il a les yeux comme ceux du cadavre de Pune. Il n’est plus que du sushi séché pour les corbeaux le pauvre.





Bonheur. Je sirote une grosse bière ‘’King fisher’’ devant un coucher de soleil orangé dans l’horizon maritime. C’est l’œil d’un cyclope trop gelé.

Pour souper, Marilou, Dent-doré et moi choisissons notre propre poisson dans le congélateur du resto de notre cabine en bambous. Un King fish à 3. Miam. Délicieusement vôtre!

Je le rote encore au coucher... et l’odeur dans la chambre est celle de sa cuisson.



Note à Moi-Même :

Monokiniste : Femme qui porte le monokini. (J’ai le droit d’inventer des mots, ok? C’est MON blogue!)



10 janv.

Des bateaux de pêche sont en rang sur l’Océan. Ils sont là depuis longtemps déjà, bien avant le réveil du peuple de la plage. Une de ces embarcations a notre souper de ce soir dans ses filets. Qu’est-ce que ce sera cette fois? Requin-marteau? Calamar élastique? Anguille électrique? Une sirène à l’ail peut-être? Mmmm. Le King fish d’hier était tellement bon en bouche...

mais un peu moins bon sur l’estomac...



10H00AM.

Indigestion.

Marilou, Dent-dorée et moi sommes des épaves gastriques dans notre hutte en bambous. On est en rang pour la chiotte, un peu comme les bateaux de pêche sur l’Océan. Mais eux pêchent le souper de ce soir alors que nous, on se dépêche de sortir celui d’hier.

Les murs de notre toilette personnelle sont en feuilles de palmiers, comme tous les autres murs de la chambre. Alors imaginez trois estomacs qui explosent à tour de rôle dans cette cabine en papier.

Les coins de murs frisent.

Pollution auditive et olfactive.

On flush définitivement notre intimité avec l’eau colorée du bol!



On est sur le carreau solide alors que vient le zénith. C’est réellement suffocant de 11H30 à 13H30... et on est enfermé dans ce four crématoire de foin.

Odeurs de diners marins.

Le four Tandoori du resto d’en bas fonctionne à plein régime.

Il fait si chaud et j’ai l’estomac si à l’envers, que je ne sais plus trop quel fluide sort par quel trou.



On dort dans nos couchettes la majeure partie de la journée. Évidemment.



7UP et souper très léger. Ça semble passer.



3H00 AM. Le malaise semble s’être assoupi...alors que je n’arrive plus à dormir. Je l’avais prévu.

Un chat hurle dans la nuit.

C’est le félin de la plage qui se fait recoudre.



Note à Moi-Même :

Je suis une loque.



11 janv.

Un peu de mauvaise humeur ce matin. J’ai encore l’estomac irrité. Je dois me le Pepto-Bismoler après chaque repas, et ça me soulage à peine.



On fait de la chaise-longue tout l’après-midi.

J’ai le dos d’un lézard qui mue, résultat de mon séjour à Ganpatipule.

Ma peau est de couleur crème dans une foule de couleur café. Je ne suis évidemment pas difficile à repérer.

Il me manque mes potes... et un frisbee.



Un touriste australien un peu confus tente d’amadouer les grosses vaches qui se reposent dans leur trou sur la plage. Il tâte l’enflure sur le dos de l’une d’entre-elle. Docile, elle lui répond d’un meuuuuglement caverneux comme une bête dans "L’Empire contre-attaque". Bravo. En voilà une d’hypnotisée.

Mais le défi de l’australien ne s’arrêtera pas là. Il décide de s’essayer avec THE beast. THE King of the beach. LE bovin qui porte la ceinture... et qui se repose présentement, en attente du prochain combat.

Je souris.

Il y aura de l’action.

L’australien s’approche de la bête avec douceur et tente la même manœuvre qu’avec l’autre bovidé (c’est-à-dire le tâtonnement de l’enflure). Mais sa Majesté n’apprécie guère qu’on tripote son bulbe dorsal (par complexe je suppose). Elle se lève alors et, d’un mouvement hostile, la bête de cuir tente d’embrocher le touriste effrayé.

Ce dernier se pousse rapidement... avant d’avoir un deuxième pèteux.

Mouais.

Un peu déçu de la tournure des événements.... j’aurais bien aimé un peu d’action dans cette journée de... lézarderie (?!).





On essaie de manger chez le Tibétain ce soir. Ce sera qu’un bouillon pour moi.

On boude surtout les fruits-de-mers et le resto boucanneux de l’hôtel.



Demain: départ pour Panaji, capitale de l’État de Goa



Etienne X le lézard assommé


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