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Published: August 22nd 2008
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Dû à des contraintes techniques et autres problèmes, ce texte aurait dû être publié le jeudi 14 août, veille de mon départ de Butare Voila, ca y est. Le jour que j'apprehende depuis plusieurs semaines est bel et bien arrive. J'entends le glas de la condamnation, inexorable et froid, un rappel incessant que demain, je quitte le Rwanda. Quitter ces montagnes, ce pays si calme et verdoyant, ces gens si chaleureux. Quitter ce monde que j'ai appris a aimer et a connaitre, un peu. Le voir peu à peu s'éloigner comme une barque glissant loin du rivage, disparaissant dans la brume, ne devenant bientôt plus qu'un souvenir parmi tant d'autre. Une banale histoire pour les jours de pluie ennuyeux, lavée de toute saveur. Cela me déchire le coeur et il faut toute la joie des retrouvailles avec ceux que j'ai laissé derrière au Canada pour aider à passer l'amère pilule.
Je ne suis pas prête à partir. Il me reste tant à faire, tant à découvrir sur le Rwanda. Je n'ai fait qu'effleurer la surface de cet univers dans lequel je me suis immergé durant 2 mois. Un temps ridiculement court pour aller au fond des choses. J'ai l'impression d'avoir ouvert
une boîte donnant accès à un monde totalement inconnu et de l'avoir refermée aussitôt, n'en conservant qu'une vision brève et fugace, mais tellement éblouissante qui, je l'espère, laissera une trace durable dans le monde éphémère de ma mémoire.
Et c'est ce qui me chagrine le plus : savoir que dans quelques mois mon corps ne se souviendra plus du calme et de la paix profonde qui l'habite présentement, de la chaleur ressentie devant le sourire et l'accueil des gens. Lorsque, de nouveau tendue et angoissée par la vie nord-américaine, je tenterai de trouver un peu de sérénité, pourrais-je fermer les yeux et me promener encore dans les collines parsemées de bananiers ? Pendant quelques temps, je le pourrai, puis, tout cela s'éloignera lentement de moi, figé dans un silence froid et inaccessible. Et le même phénomène se produira avec toutes ces personnes qui, aujourd'hui, semblent plus réelles que toutes celles que j'ai rencontrées ailleurs dans le monde. Leurs visages dont je connais maintenant chaque détail s'effaceront peu à peu, de plus en plus flous au fil des années pour n'être plus un jour qu'un océan de tâches noires possédant vaguement un nom.
Nous nous disons toujours que nous n'oublierons jamais,
mais ce n'est qu'une illusion pour rendre le départ plus supportable. Dans notre courte vie, tout n'est qu'éphémère et je crois, à la veille de quitter ce monde que j'apprécie tant, que c'est ce qui rend chaque minute précieuse. Ce soir, je dirai adieu à un pays, à des gens, à une expérience qui ne se reproduira jamais et que rien ne remplacera, surtout pas le pâle souvenir que j'en conserverai. Chaque seconde de mon voyage fut unique et infiniment précieuse puisque sitôt envolée.
J'aimerais malgré tout pouvoir fermer la main et capturer un peu de l'essence du Rwanda, comme un souvenir à garder en boîte. Et lorsque j'ouvrirais les doigts, la beauté, la douceur et l'ambiance chaleureuse de ce pays se répandrait autour de moi, réchauffant ma peau. Un remède infaillible à l'oubli.
Il y a deux mois, je me demandais pourquoi partir et maintenant je me demande pourquoi revenir. Un peu ironique et franchement absurde. Partir pour mieux revenir, écrivais-je à ce moment-là. Peut-être, finalement, la seule vérité que j'aurai à rapporter. Revenir la tête remplie d'images, de rires, d'expériences et, je l'espère, d'un peu de sagesse. Revenir en ayant trouvé aucune réponse aux questions que je me
posais, mais libéré du poids de celles-ci. Car finalement ce ne sont pas les questions ou encore moins les réponses que nous leurs apportons qui mènent à changer, à évoluer, mais plutôt le chemin que nous empruntons pour y répondre. Ayant donc accomplit un grand voyage au bout du monde et de moi-même, je suis libre de revenir, pour mieux repartir, dans quelques semaines, vers un nouvel ailleurs, vers de nouveaux sentiers à explorer. Où tout cela me mènera-t-il ? Je n'ai aucune envie de le savoir et je laisse les découvertes venir tranquillement vers moi comme ce fut le cas tout l'été.
Peut-être, au bout du compte, suis-je prête à partir. Et malgré le fait que mon coeur pleure à l'idée d'abandonner ce monde, cette Afrique où je me sens plus vivante que nulle part ailleurs, où le Soleil semble briller plus intensément et donner une teinte plus vive à tout ce qu'il caresse, où la chaleur de l'air et des gens emplit chaque journée de suavité, je monterai dans l'avion sans regret et portant en moi un peu, un tout petit peu, de l'âme du Rwanda.
Pour un moment du moins.
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Norbert Mudaheranwa
non-member comment
Chagrin
Les departs, j'en connais quelque chose ca fait du mal!!! Je suis retourne au Rwanda apres une quinzaine d'annees pour un moi.... c'etait penible de partir... La photo a Butare, je reconnais le coin: j'ai fait mes etudes secondaires dans la ville pour six ans....