La Paz : et tout en haut dans les cieux, il y a une capitale !

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Nous voici donc dans notre bus qui s’éloigne peu à peu de Copacabana. Nous avons 3h30 de trajet pour rejoindre la capitale de la Bolivie : La Paz.
Mais avant cela, encore un événement insolite à vous conter : sur la route que nous empruntons, nous devons passer un petit détroit. En effet, le Lac Titicaca a une forme particulière en certains points et de ce fait, il crée des passages étroits qui ont été choisi pour être la route principale direction le sud du pays !
Nous arrivons donc à Tiquina, village « frontière » du détroit. Pour le passage, nous devons tous descendre de notre bus pour passer le détroit dans un petit rafiot, bien plus pourri que ceux empruntés depuis Copacabana. Et ici, avec l’étroitesse du passage de l’eau, les vagues sont très grosses ! On se croirait presque en haute mer ! Heureusement que le trajet ne dure que 5 longues minutes sinon le repas de midi aurait bien trouvé refuge au fond du lac !
Mais ce n’est rien encore en comparaison avec le passage de notre bus !!!!!!! C’est là que ça se corse…
En effet, les bus passent le détroit sur des « bacs » en bois très douteux : on dirait juste quelques planches en bois clouées vaguement, le tout semblant des plus vieux et des plus mal entretenus ! Un seul bus par bac et c’est déjà beaucoup ! Tout juste la longueur nécessaire au bus puis le conducteur à côté ainsi que 2 gars pour manier le bac (avec des longs bouts de bois !).
Le plus impressionnant c’est lorsque le bac atteint le milieu du détroit où les courants sont les plus forts ! Avec sa hauteur, le bus tangue de droite et de gauche très dangereusement et on ne sait pas encore comment il n’a pas chaviré sur le côté, à plusieurs reprises ! Impressionnant et terrifiant à la fois! Surtout quand on pense que nos affaires sont dans la soute du bus en question !
Le trajet du bus est plus long que celui des passagers donc on a tout loisirs d’observer nerveusement cette scène en l’attendant. Ouf il n’a pas passé en bas !
On remonte un peu transpirés et on continue le chemin !
La suite du voyage sera plus tranquille. :D

Pour rejoindre la ville de La Paz, une petite explication géographique : la région de l’Altiplano, répartie entre le Pérou et la Bolivie, dont nous vous avons souvent parlé jusqu’ici, est un peu séparée en 2. En venant du Pérou, l’Altiplano commence avec l’arrivée à Puno, le petit village au bord du lac côté péruvien. Et depuis là, il reste à la même altitude jusqu’à La Paz, à savoir environ 4000 mètres. Puis en arrivant à La Paz, une « coupure ». Il faut s’imaginer cela comme un gros escalier. Une falaise délimitant la fin du haut plateau, avec un dénivelé de presque 800 mètres. On atterri donc à environ 3200 mètres, où le plateau continue, remontant tranquillement jusqu’à 4300 mètres tout au sud de la Bolivie.

Eh bien la ville de La Paz se situe pile sur cet « escalier » ! Notre arrivée dans la capitale nous amena d’ailleurs un bon lot de points de vue impressionnants !
On arrive par le haut donc et on traverse pendant trois bons quarts d’heure le début de la ville de La Paz, le quartier « El Alto », énorme périphérie de la ville. Tout est encore à plat, c’est la fin du haut plateau. Et ici habitent les « Paceños » pauvres.
Comme souvent dans ces quartiers défavorisés, tout semble sale, poussiéreux, désorganisé, les bâtiments sont tous faits de briques ocres sans peinture, donnant une impression de « ville orange ». Une grande animation dans les rues et des bus, voitures et gens partout !
Puis, après avoir passé devant une statue du « Che » faite toute en ferraille, nous attaquons la descente. C’est là que c’est super impressionnant !

On se retrouve au bord de la falaise, ayant alors une vue imprenable sur tout le reste de la ville de La Paz, en contrebas ! La ville se situe dans une espèce d’énorme cuvette fermée, collée sur le fond de la vallée ainsi que sur les bords des falaises et des collines environnantes. Et en arrière-plan, le fameux «mont Illimani », le seigneur des Andes, appartenant à la Cordillère Royale, qui surveille tout ce petit monde depuis ses 6402 mètres d’altitude (cette bête est même visible à 250 km de là, lorsqu’on est à Puno ou sur les eaux du lac Titicaca !).
Quel paysage impressionnant !

Voilà, nous sommes arrivés dans la capitale la plus haute du monde (étagée du coup de 3200 à 4000 mètres d’altitude !). Enfin presque… car on n’est pas au bout de nos surprises.
En empruntant l’axe principal d’entrée dans le centre avec notre bus, tout d’un coup : gros bouchon ! Plus rien ne bouge ! Et notre chauffeur nous dit qu’on doit descendre là et marcher seuls jusqu’au centre car tout est bloqué !
Après quelques questions, nous apprenons que nous sommes arrivés l’unique jour de l’année où tout est ainsi, carnaval universitaire oblige !
Après quelques protestations générales dans le bus, notre chauffeur prend son mal en patience et arrive finalement à nous poser au terminal de bus, un bon kilomètre plus loin. De là, on prendra des taxis mais effectivement, tout est bloqué ! On découvre alors, en slalomant entre les manifestations, les cortèges et les petites ruelles, une foule de locaux déguisés, tous avec des costumes dignes des plus grands carnavals, colorés, pailletés, dansants au rythme de la musique qui bat son plein ! Belle mais difficile arrivée !
Nous arriverons finalement à notre hôtel, dans le centre historique, un peu à l’abri de l’agitation locale.

La Paz possède 2'500'000 habitants et se dresse parfaitement en tant que « capitale de l’entre-deux ». En effet, elle mêle parfaitement et harmonieusement ville moderne et ville traditionnelle. Sachant que 60% de la population bolivienne est indienne (on entend par là d’origine « Incas » et non espagnole ou européenne), on n’est pas étonnés de voir ce mélange dans la population paceña.
La Paz possède 2 facettes :
- ses rues pavées en pente, montant du fond de la vallée, remplies de magasins traditionnels d’habits ou autres spécialités locales (voir ci-après) et de population indigène, principalement des mammas avec leurs longues tresses et leur grande jupe colorée ;
- ses rues goudronnées, les gros axes, situés eux au fond de la vallée, remplis de magasins ou de grandes enseignes de marques, supermarchés, multiplex cinéma énorme, etc. Ici la population semble totalement « modernisée ». On y croise hommes d’affaires en costard-cravate, adolescentes maquillées et habillées « à l’américaine », etc. On ne dirait pas l’Amérique du sud !
Deux visages donc, mais tous les deux très agréables et en harmonie l’un avec l’autre.

Un point commun par contre : l’animation et le bruit ! Ça bouge par ici, y a pas à dire !!!! C’est dans tous les sens, de toutes les façons imaginables et il y en a pour tous les goûts, ça donnerait presque le tournis ! Mais malgré ce semblant de chaos total, tout tourne, au rythme local il faut le dire… L’Amérique du sud quoi !

Pour le touriste, il n’y a en fait pas grand-chose à faire à La Paz. La ville est agréable à visiter, on y vit pas trop mal mais en soit, ce n’est pas une ville très impressionnante de l’intérieur. Il n’y a que quelques églises et quelques places à voir, c’est un peu tout. C’est vraiment le site naturel où est installée la ville qui est bien plus intéressant.
Mais tout cela peut s’expliquer très simplement : La Paz n’a pas toujours été la capitale de la Bolivie. Avant elle, c’est Sucre (prononcé « soucré »), plus au sud, qui fût, elle, construite en tant que capitale. Puis petit à petit, La Paz lui a un peu « dérobé » son titre.
Aujourd’hui, tout se trouve à La Paz, parlement, palais présidentiel, ambassades, etc. Il ne reste que la Cour Suprême qui siège encore à Sucre.
La Paz n’a donc pas été construite avec un objectif architectural de capitale du pays. Ça se voit.

Pas grave, on y a passé quelques jours sympathiques, toujours bien frais voire froid quand même, il faut le dire (plus froid qu’à Copacabana). Et après avoir côtoyé les locaux au cinéma 3D pour voir le dernier opus de Harry Potter en espagnol :D, on a pu découvrir quelques bizarreries du coin dans les ruelles. Vous découvrirez cette atrocité sur nos photos : sur quasiment tous les stands des mammas locales, des petits lamas morts ! Berk !
Explications : en Bolivie encore plus qu’ailleurs, 2 croyances se font compétition mais coexistent dans la vie quotidienne des gens : le christianisme (cf baptême des voitures à Copacabana par exemple) et la croyance en la « Pachamama ». Cette deuxième descend tout droit de la « religion » ancestrale des civilisations précédentes, croyant en un monde divisé en 3 parties : le monde d’en haut ou des dieux, représenté par un condor. Le monde dans lequel on vit, celui du présent, représenté par un puma. Et le monde d’en-bas ou celui des morts, représenté par un serpent.
Ces lamas morts sont utilisés pour 2 événements particuliers :
- les fœtus de lama, ceux tout petits, tout noirs sur les photos, sont utilisés lorsqu’on construit un nouvel édifice, une maison par exemple. Il doit être enterré dans les fondements, porte-chance. Et ça se fait régulièrement pour toute nouvelle construction, même les architectes modernes en tiennent compte ;
- les bébés lamas, de quelques semaines environ, ceux blancs et plus grand sur les photos, sont utilisés seulement au mois d’août, une sorte d’offrande à la Pachamama. Ils sont achetés puis brûlés avec des fleurs et autre victuailles en donation à la divinité suprême locale.
Quoiqu’il en soit, pas très ragoûtant de voir tous ces cadavres sur les stands environnants.

Voilà un peu ce qu’est La Paz, dans laquelle nous avons passé quelques jours plaisants. La sécurité y est tout à fait correcte, ça fait du bien. Plus au descend vers le sud, mieux c’est pour ça… On se rend vraiment compte, à l’heure actuelle, que l’Equateur c’était la zone en comparaison ! Mais bon, on ne baisse pas non plus la garde, on est quand même en Amérique du sud ! :D

Tiwanaku : Tintin est passé par là !

Nous avons fait une excursion d’un jour, au départ de La Paz, pour aller visiter le site archéologique de Tiwanaku.

Ce site se trouve sur l’Altiplano « du haut », à 72 km de La Paz, direction le Lac Titicaca. Le site et sa culture sont inscrits au patrimoine de l’UNESCO depuis l’an 2000.

La civilisation tiwanaku est la plus ancienne bien connue du continent ! Elle se situe bien avant les Incas, les Moche, les Chimù et les Chavìn, dont nous vous avons déjà parlé au Pérou. Elle serait un peu la première vraie civilisation ici en Amérique du sud.
Pour la situer par rapport à des civilisations que nous connaissons plus, sa naissance se situe entre l’empire égyptien et les empires romains et grecs, soit environ dès -2000 avant J.C jusqu’en l’an 1200 après J.C. ! Faites le compte, environ 3200 ans ! C’est énorme !
Il y a juste une récente découverte qui pourrait lui faire de l’ombre, un site archéologique découvert juste à côté de Lima, au Pérou, qui daterait lui de bien avant les Tiwanaku, mais c’est encore à confirmer…

Cet empire de fou a connu un développement impressionnant durant toutes ces années. Isolés de tout, ils ont réussi à développer des compétences étonnantes en divers domaines, comme par exemple : l’astronomie, l’hydraulique, l’agriculture, la construction, la connaissance des métaux, la fonte des métaux précieux (or, argent, etc.), l’utilisation de pierres précieuses diverses, la céramique, la momification des morts, etc. !
Une partie de leur connaissance fût malheureusement perdue. Mais encore aujourd’hui, on n’a pas pu égaler leurs compétences ! C’est impressionnant. D’ailleurs, par exemple leur système agricole est actuellement réutilisé car on a remarqué que par ce procédé, on obtient des légumes bien plus gros, des plantations bien plus hautes et une culture bien plus productive. Ou alors leurs constructions de pierres parfaitement assemblées n’ont, encore de nos jours, jamais pu être égalées !

Les Tiwanaku sont aussi les premiers à avoir cultivé un grand classique sud-américain : la « papa » !!! Eh oui, la pomme de terre vient d’ici !!! Et attention, elle a des sacrés records : la « papa » daterait de -6000 avant J.C. mais a été pour la première fois cultivée et diversifiée par les Tiwanaku ! Il en existe plus de 300 variétés ici en Bolivie ! On en a goûté quelques-unes, parfois très… étonnantes ! :D

Un autre point assez intriguant chez ce peuple d’antan: la momification de leurs morts. Le procédé d’embaumement et de momification est presque équivalent à celui utilisé en Egypte ancienne (séparation des organes par exemple). La position du mort change par contre, ici on l’installe en position fœtale. Mais franchement, c’est assez déroutant. A croire qu’ils auraient eu des liens avec le monde de Toutankhamon !

Une hypothèse est avancée de nos jours, concernant la descendance des Tiwanaku. Certains pensent en effet, que les Incas pourraient être d’origine tiwanaku, descendants d’une partie du peuple qui se serait détachée de la masse, lors de conflits internes.
Pourtant d’autres préconisent que les Incas viennent des peuples d’Amazonie…
Le mystère reste entier !

En tout cas, nous on peut dire que Tintin descend de Tiwanaku !!! :D
Si vous avez eu le plaisir de lire les classiques d’Hergé, vous remarquerez sur nos photos que les statues tiwanaku ressemblent presque totalement aux statuettes de Tintin, dans « L’Oreille cassée » par exemple. Idem pour la momie dans « Les 7 boules de cristal » sauf que là on n’a pas de photos, interdites dans le musée !

En ce qui concerne les ruines en soi, pas forcément très impressionnantes par rapport à ce que l’on a pu voir au Pérou, peut-être aussi parce que le site n’est pas été totalement dégagé encore, une bonne partie est encore recouverte par le terrain. Mais bon, l’histoire de leur culture valait la peine de la visite.

Voilà, tout est là.

À notre retour sur La Paz nous avons pris la direction de « l’autre capitale du pays », Sucre, plus au sud. Nous quittons donc momentanément la région de l’Altiplano, étant donné que Sucre se situe à 2800 mètres d’altitude, dans la région des « Vallées », côtoyant l’Altiplano.
À nous la vieille capitale !

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