Białystok, Poland (We Love Potatoes)


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July 17th 2017
Published: July 18th 2017
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16 juillet



Je quitte l'Oki Doki Hostel de Varsovie en prenant bien soin de saluer une fois encore la sirène guerrière derrière sa vitrine sale.

Je vais certainement la revoir celle-là: c'est que ma dernière nuit en Pologne devrait se faire ici (si je ne change pas mes mes plans d'hostel d'ici là).



Je marche quelques rues seulement pour rejoindre la station de train de la Capitale.

On est dimanche.

Tout est calme, propre et ordonné dans le centre-ville de Varsovie.

Des vélos passent en silence, attendant patiemment leur tour pour traverser les carrefours.

Cigarette au bec et sac de papier dans sa mollassonne main, un barbu engourdi par la boisson roupille sur un banc de parc.



J'entre dans la gare impeccable de Varsovie avec l'intention de me procurer un billet de train qui me propulsera en Podlasie, coin reculé du nord-est de la Pologne.



Sans anicroche, j'obtiens mon ticket: la dame frigide du comptoir comprend (vaguement) l'anglais.

Bialystok. Départ midi et une. Quai numéro un.

Ça sonne Bloc de l'Est ça, Bialystok.

Pas surprenant: la ville à consonance russe se pend à la frontière biélorusse, sur la route vers Grodno.

Un visa particulièrement difficile à obtenir m'empêchera de pénétrer le Pays voisin de la Pologne.

Atteindre Bialystok me semble donc la meilleure option pour frôler la belligérante Biélorussie.



Le train démarre, et rapidement quitte Varsovie et ses banlieues.

Bientôt, ce sont des champs et des étendues de forêts qui prennent la relève par les fenêtres du wagon en mouvement.

Quelques maisons apparaissent ici et là dans les plaines.

C'est la campagne qui définitivement prend le dessus alors qu'on s'enfonce en Podlachie.

...



Doucement, les gens se mettent à bouger dans le train.

Il y a maintenant un deux heures qui nous sépare de Varsovie.



L'engin s'arrête et d'un coup, les gens se lancent sur les quais de la station finale.

Je suis là moi aussi, un peu déboussolé sur le débarcadère.



L'auberge où je dois me poser se trouve à moins d'un kilomètre de la gare (c'est ce que j'ai lu).

J'enfile donc mon lourd packsac et part seul dans la ville...

en direction opposée à mon auberge.



Le plan que je me suis griffonné est difficile à déchiffrer.

Un vieux fermier au regard absent passe à mes côtés:

"Excuse me. Speak English? Excuse me."

L'aïeul m'ignore et fait le sourd d'oreille.

"Excuse me"

Je lui tend du bout des doigts la brochure où j'avais noté l'adresse de mon auberge.

L'homme me souris, édenté, et me sort de jolies phrases en polonais.

"Chkjwy tak wkkch ychkj yjkchy"

"Hostel. This Way?" que je m'entête à lui demander en pointant loin devant moi.

L'homme s'éloigne alors, sans autre mot, et sévèrement me secoue la main comme on repousse une mouche.

Mon voyage commence donc à se complexifier on dirait, maintenant que j'ai osé l'est de la Pologne.



Je retente ma chance cette fois, avec deux femmes avancées en âge qui semble attendre le bus.

"Hello. Hostel. This way... or this way?" que je leur demande en tendant encore une fois l'adresse.

"Piisudskiego? (c'est le nom de la rue ça) Tak. Kyswsky wachskyj Wkakch" que me lance la plus fluente en anglais.

"Achwyska chkysky" que relance l'autre.

Les deux femmes n'arrivent pas à s'entendre.

Elles jacassent et se lancent rapidement dans un débat enflammé dans lequel je ne suis certainement pas invité.

Je reste là, moi, muet à attendre une quelconque direction finale.

Rien n'est clair.

"This way? Or this way?

Or no way maybe?"

Arggg...

"Thank you. Ok. Thank you" que je leur dit en souriant bêtement... alors que, sous le regard morne des deux babouchkas qui viennent de voir leur bus en accordéon arriver... je fais demi tour... et mise sur un retour à la gare.

Retour à la case départ donc.

Ça risque d'être difficile de s'organiser ici que je me dis.



Mon 15 minutes de marche prévu s'étirera au final en un 1 heure et quart d'essais-erreurs et de demandes d'informations infructueuses.

...



L'auberge m'est enfin apparue là, derrière une large boîte d'appartements sans saveur, ressemblant à un immense bloc LEGO beige.

Le bloc beige est numéroté sur le côté, comme une typographie de machine à écrire.

Bloc 7.

Sur la rue Piisudskiego, il y a 30 blocs identiques et numérotés, issus de l'ère soviétique.

Les communistes étaient pragmatiques, peu esthétiques.



Le dortoir où je me pose ne peux pas être plus exigu.

Sur les 4 bunkbeds (8 lits au total), 4 matelas ronflent déjà.

Des siesteurs d'après-midi se camouflent sous leurs couvertures: des polonais, biélorusses, lituaniens ou ukrainiens certainement.

Je ne rencontrerai aucun anglophone ou francophone à Bialystok.

Quelques fois, je croiserai des jeunes derrière les comptoirs des cafés qui me testeront quelques mots en anglais en esquissant un sourire.

Souvent aussi, une discussion débutera à mon arrivée dans les commerces, à savoir qui des employés pourra communiquer avec moi.

Voilà maintenant que c'est la stagiaire, sortie de ses chaudrons, qui vient jouer timidement l'interprète à ma table.

Elle me pointe les choix dans le menu:

"This: potato

This: potato with bacon

This: sausage with potato"



"We love Potatoes" qu'elle finira par m'avouer.

...



On est dimanche et les touristes des Pays voisins festoient sur les terrasses de la Place Centrale de Bialystok.

Bières fortes et Vodka.

Je m'installe seul, au milieu des familles, à un restaurant typique polonais du nom de Babka.

L'ambiance est on ne peut plus fleurie dans l'endroit.

Cachant à moitié les tables, des nappes blanches crochetées supportent les plats un peu partout.

Ailleurs dans le Pays, les mêmes nappes servent certainement à couvrir aussi les épaules des grand-mamans.



Une serveuse habillée d'une robe rouge bouffante, étouffée par les carrelages et les broderies en fleurs, me dépose un menu en polonais.

"Kwychj dajywch tak" qu'elle me dit sans sourire, en se ruant aussitôt sur la table familiale devant moi.



Mes yeux cherchent la familiarité dans le menu plastifié.

- Kurczak. Szynka. Krewetki. -

Je devrai donc me trouver un repas au hasard dans les paragraphes.



Je me pointe donc un choix, faisant bien attention de ne pas me choisir un dessert pour souper.

"Tak" que me dit la robe en acquiesçant à ma décision finale.

(Ça semblerait vouloir dire "Oui" ça, "Tak")



Sans réellement avoir patienter (à croire que mon repas m'attendait dans la cuisine), une assiette apparaît sous mes yeux affamés,

une assiette au milieu de laquelle fument

deux grosses patates bouillies saupoudrées de bacon en miettes.



Je suis déçu, il va sans dire.

Je fend les féculents avec ma fourchette: surprise, les patates sont fourrées de viande hachée.

Comme des poupées russes.



Devant moi, à la table familiale, un adolescent reçoit lui, un appétissant jarret de veau sur un nid de tagliatelle au beure et à la ciboulette.

Je suis vraiment déçu de mes poupées russes.

Et jaloux.

...Du moment que le jeune tourne le regard et perd de vue son repas... hop... j'échange subtilement les assiettes... d'un élan... et hop, adieu les patates bouillies...

Bon plan ça que je me dis.

Mais bon, l'adolescent restera concentré sur son jarret de veau jusqu'à la fin, le salaud.

Pfff.



J'ai fais le pire choix du menu.

Je tourne maintenant le regard vers l'une des robes bouffies derrière le bar... j'attend quelques minutes... et puis je me retourne tout doucement, ignare et sifflotant vers mon assiette.

Merde. Mes patates bouillies sont encore là.

J'espérais qu'on me les fasse disparaître...

mais non

personne ne veux voler mes patates.



"We love potatoes" qu'on m'avait dit.

Ouais.

Pas assez moi je trouve.





17 juillet



Aujourd'hui, mon plan consistait à me rendre au Parc National de Bialowieza à la frontière biélorusse, pour y voir les derniers bisons d'Europe.

Par contre, sans voiture, l'escapade semble compliquée à organiser.

La barrière de la langue et le manque de tours organisés dans la région me force à réaligner mon plan de match.

Je n'aurai donc pas le choix de me tourner vers le zoo de la ville pour y voir le fameux bison qui se tient fier, partout sur les bouteilles de bière Zubr et les bouteilles de Vodka Zubrowka.

Voilà qui est tout de même déçevant.

Mais comme rien arrive pour rien... me voilà qui redirige mon voyage vers d'autres endroits insoupçonnés au départ...



Etienne X



Note à Moi-Même:

Olives, câpres et pickles marinés dans une soupe de poisson, c'est weird.

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