Šiauliai, Lituanie (ou le Labyrinthe Cruciforme)


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Europe » Lithuania » Siauliai » Alytus
July 21st 2017
Published: July 23rd 2017
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20 juillet



C'est en bus que je traverserai aujourd'hui, la frontière Pologne/Lituanie.

En direction de Šiauliai.

Jamais je n'ai entendu parler de Šiauliai auparavant.

C'est que je suis tombé sur d'étranges photos sur internet, des photos de Kryžių kalnas (hill of crosses), situé à quelques kilomètres de Šiauliai en Lituanie (sur la route de Rila, capitale de la Lettonie)... et je me suis donné la mission d'y mettre les pieds.

Voilà donc ce qui m'a motivé à aller encore plus à l'est, de l'autre côté de la fin du monde:

Kryžių kalnas.

...



Assis dans un bus (Ecolines), j'ai droit à un écran personnel comme dans un avion lors d'une traversée de l'Atlantique.

Posté au deuxième étage(!), je somnole en me laissant bercer par une playlist de musique russe que m'offre l'écran devant moi.

C'est le choix du chef ça.



Du moment que la frontière est franchit et que la Pologne se retrouve derrière moi, le temps se met d'un coup à ralentir.

Les villes disparaissent au loin, tandis que le paysage se couvre soudainement de milliers d'hectares de champs dorés de céréales.

Autour du bus en mouvement, des tapis de blé se déroulent à l'infini, encore et encore, me donnant l'impression de ne jamais réellement avancer depuis la frontière.

Jamais je ne me serais douté que, de l'autre côté de la fin du monde, j'aurais trouvé une vaste prairie se défilant sans fin.



Je m'attendais à faire de l'autoroute jusqu'à Šiauliai (134 000 habitants).

Mais non.

Je passerai d'abord la frontière sur une longue route rurale, à dépasser tracteurs et moissonneuses-batteuses s'activant au ralentit.



Et puis, presqu'arrivé à mi-chemin (Kaunas), un semblant d'autoroute (enfin) finalisera notre trajet.



Après 4 heures de route, Šiauliai s'aperçoit au large, grande et espacée dans le décor paysan.

Des HLM issus de l'ère soviétique apparaissent là, étendus comme un champs de mines devant nous.

Là où la Pologne osait le pastel pour ses blocs en béton, Šiauliai gardera, elle, leur couleur neutre d'origine: gris et tristes comme des tanks.



La Lituanie a optée pour l'Euro (depuis 2015), comparativement à leur voisin polonais qui ont gardé leur devise nationale (Zloty).

Aussi, on doit avancer d'une heure nos montres ici lorsqu'on arrive de la Pologne.

Mais malgré cela, j'ai tout de même l'impression d'avoir reculer le temps en arrivant à Šiauliai.



Loin du centre-ville, mon auberge loge davantage les camionneurs russes que les backpackers.

Un lourdaud aux allures de bouillotte semble justement surpris de m'y voir.

"Oh! Канада! Ïçe Hoky Канада!" me dit-il entre deux bouffées vaporeuses de cigarette s'échappant de sous sa moustache molle.

" Gretzky! Gretzky!" s'excite-t-il en me versant un verre de son 2 litres de bière à rabais qui se boit à température pièce.

"Gretzky" que je lui relance, tout en me mouillant le bec dans le houblon tiède.

Je refuserai de caler mon verre par contre, de peur qu'il me le remplisse à nouveau: le goût de sa bière donne l'impression de boire du pain de seigle mouillé.

"Gretzky" que je lui redirai à chacune des grimaçantes gorgées que je prendrai de sa mauvaise bière.

Peut-être que "Gretzky", ça veut dire "tchin-tchin" ici?





Note à Moi-Même:

Le soleil n'est pas couché avant 22h00 en Lituanie.



21-22 juillet



Mission Kryžių kalnas



...J'attend dans un abribus, sur le coin d'une rue égarée de Šiauliai.

"Bus go to the center?" que je demande à une froide étudiante habillée tout en denim, en pointant le bus de ville numéro 7 qui s'approche de nous.

Elle lève à peine les yeux et me répond "yes" mi-sourire, en craquant du visage.

Ici aussi, les locaux n'ont pas l'habitude d'être expressifs.

"Thank you" que je lui dit

en me mettant poliment en ligne derrières les autres statues en cire qui m'entouraient jusque-là.



Une fois au centre-ville, j'embarque dans un autre bus... qui me déposera, lui, à un carrefour en Y... entre un champs en jachère et une plantation de carottes.

"Kryžių kalnas" que le chauffeur me pointera en ralentissant sa machine devant un banc de parc ennuyé sous un chêne.



Voilà où je me retrouve donc: seul, en Lituanie, à marcher sur une route perdue de campagne, en direction d'un supposé site religieux dont je ne soupçonnais pas même l'existence il y a quelques jours.

...



À partir du Y, c'est un court deux kilomètres de marche à faire pour rejoindre le "hill of crosses".

Le soleil frappe fort.

J'ai de sérieux souvenirs des Chemins de Compostelle alors que je longe la route silencieuse en croquant une pomme grosse comme un pamplemousse rose.



Au loin, un mirage semble apparaître dans les champs.

Un gribouillis sur l'horizon.



Plus je m'en approche, plus l'apparition se définit.



Des milliers, voire des centaines de milliers de croix se concentrent là, sur une colline devant moi.

Un porc-épic géant.

On ne voit plus rien de la bute en fait, croulant sous le poids de la collection.

Il y a tellement de croix, tellement de croix qu'elles débordent dans les champs autour de l'enflure paysanne.

Il est dit que depuis que Jean-Paul II a bénit l'endroit en 1993, le Kryžių kalnas est devenu un lieu sacré pour les catho.

Je les vois arriver par vagues ceux-là, touristes et pèlerins, croix de bois en main, prêt à planter leur Foi dans le lot.



Ouais, certainement incongru et mystérieux ce site religieux poussant au milieu de la campagne.



Étranger, je serpente dans l'amas de croix de la colline comme dans un décor de cinéma.

C'est irréel.

Partout des croix. Des croix partout.

D'immenses en fer comme des Excalibur

et des très vieilles en bois gravées de symboles magiques,

des plus modestes, avec des noms et des dates

et puis des entassements de toutes petites au sol aussi

comme des éclisses.



Étourdi, je sors du labyrinthe cruciforme juste à temps:

une masse informe de touristes bourdonnant au loin vient d'atteindre le saint site.

Tour Bus.

Je me suis heureusement sauvé de la foule en prière.

...



En retournant au Y pour reprendre mon bus local en sens inverse, je me le confirme:

j'ai accompli ma mission en Lituanie.



J'ai réussit à atteindre Kryžių kalnas

et j'ai affronté l'autre côté de la fin du monde.

Voilà.

...



Ma pause lituanienne est maintenant terminée:

c'est le temps de mettre cap sur d'autres aventures polonaises.



Je quitte donc, à l'instant, Šiauliai et la Lituanie, et je retourne à Suwalki en Pologne.

À partir de là.... j'essaierai de me rendre (peut-être) à Gdansk

beaucoup plus loin, sur la côte de la mer Baltique.



Etienne X



Notes à Moi-Même:



1-Il y a beaucoup trop de sortes de bières ici pour toutes les essayer.

Je ne passerai jamais au travers.



2- Vu dans les menus lituaniens:

a) Pirkle cucumbers

b) Chrimp skewers

c) Arugula salat with mocarela cheese



3- Vous voulez du ketchup avec vos frites? Ce sera 0.20 euro svp.


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24th July 2017

voyage en lituanie
Tu vies des surprises comme à tout tes voyages. Amuses toi bien tu as fais tes prières pour te protéger le reste de ton voyage !!!

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