Mulu et Niah : aventures dans les parcs nationaux du Nord-Sarawak


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October 20th 2009
Published: October 26th 2009
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Après trois jours à me la couler douce dans le paisible sultanat du Brunei, je remets le baluchon sur l'épaule et je reprends la route de la Malaisie. Destination le Sarawak, l'autre État malais de Bornéo, celui qui m'est encore complètement inconnu et qui m'a conduit à nouveau sur cette île. Le voyage commencera au nord, à Miri, et se finira deux semaines plus tard au sud-ouest, à Kuching, que d'aucuns ont décrit comme l'une des plus belles villes d'Asie du sud-est.

Gunung Mulu National Parc : le joyau du Sarawak

Une matinée dans un bus confortable et flambant neuf m'a conduit de BSB jusqu'à la ville côtière de Miri, la plus importante cité du Nord-Sarawak. Incapable de localiser le seul backpacker du coin dont personne ne semble avoir jamais entendu parler, je me retrouve dans un hôtel milieu de gamme peuplé d'hommes d'affaire et de gosses en course d'école. Waow, une chambre avec TV pour mon usage personnel, ça faisait un bail! Depuis la Corée, il me semble. Et ouais, faut savoir s'offrir un peu de luxe de temps à autre.

Miri est la porte d'entrée du parc national Gunung Mulu. Depuis la construction d'un aérodrome non loin du parc, une demi-heure de vol depuis la côte vous pose en pleine cambrousse, aux pieds de somptueux massifs karstiques émergeant de la jungle. Autrefois, rejoindre le parc (et le quitter) constituait une petite aventure en soi ; une pleine journée, au mieux, en bateau et en 4x4 à organiser à la fraîche avec les locaux, ce qui rendait le trajet très onéreux, surtout pour le voyageur individuel. J'avoue avoir étudié cette option, plutôt intéressante parce que des plus pittoresques, mais j'y ai renoncé en raison du coût que cela pouvait représenter, facilement quatre à cinq fois plus cher que l'avion, et également, avouons-le, par souci de commodité.

Le bimoteur 72 places de MAS Wings touche le tarmac bosselé de Mulu en fin de matinée, faisant déguerpir sur son passage un vol de blanches aigrettes. Coup d'œil par le hublot, je constate que le pilote a dû utiliser toute la longueur de la piste pour la manœuvre ; pas droit à l'erreur ici! Mulu, il n'y a pas si longtemps un territoire isolé, couvert de jungles impénétrables, aux pieds des montagnes, fief des tribus de chasseurs de têtes, qui régulièrement menaient des raids meurtriers en aval de la rivière. C'est de nos jours un parc national de renommée mondiale. Jugez plutôt. Pour inscrire un patrimoine naturel sur sa liste protégée, l'UNESCO requiert qu'au moins un parmi quatre critères définis soit rempli ; Mulu les remplit tous les quatre! Biodiversité exceptionnelle, réseaux de grottes gigantesques et pics karstiques perçant la canopée tels des dagues, il est guère étonnant que le coin ait eu les honneurs de la BBC et de Ushuaia. Les fans du père Hulot reconnaîtront probablement quelques photos.

Sous le signe de la chauve-souris

Dès mon arrivée aux quartiers généraux du parc, où je vais loger durant trois nuits, je constate avec intérêt que les chauves-souris tiennent ici une place à part : sur le monument UNESCO, sur l'emblème du parc et sur les produits dérivés, elles sont partout. Je ne vais pas tarder à comprendre pourquoi.

J'organise sans perdre de temps mes activités dans le parc pour les jours à venir. Décidé à ne pas trop surmener mon ange gardien, je renonce à partir en trek dans la jungle sur plusieurs jours, jusqu'aux très photogéniques Pinnacles, au sommet desquels Hulot s'y croyait à mort. Dommage, mais le parc se trouve juste à la limite entre les zones à faible et haut risque de malaria et comme je ne suis pas de traitement spécial contre ça, on va tacher de rester sage, même si les risques me paraissent minimes. L'après-midi de mon arrivée, je pars direct pour l'une des attractions majeures de Mulu : the Deer Cave ou Caverne du Cerf. Contrairement à la Goille aux Cerfs, on ne se rend pas ici pour déguster une "moitié-moitié" ou une soupe d'alpage. Bien dommage d'ailleurs, faudra que je prenne mon mal en patience. Non, on parle ici de rien moins que la plus grande caverne du monde! Enfin, pour être exact, le plus vaste passage souterrain naturel au monde. Bon, je commence à en avoir vu des trucs pas croyables au cours de ce voyage, mais là... y a de quoi soupirer un grand coup d'ébahissement, le regard levé vers les hauteurs, et se dire que la nature fait décidément de somptueux miracles. Une entrée haute de 120 m pour plus de 170 m de large. Plus de quatre fois la hauteur du clocher de l'église de Monthey, presque deux fois celle de la cathédrale de Fribourg. Les arbres qui culminent à près de 30m devant la caverne paraissent minuscules. Et l'on est réduit à la taille d'insectes. Au-delà de la frondaison, l'œil cherche à discerner le bleu du ciel. Peine perdue, tout n'est que roches karstiques, nuances de blanc, de gris et d'anthracite. Un décor de monde perdu, les dinosaures en moins.

Ce n'est toutefois qu'une fois entré à l'intérieur, sous cette voûte immense à peine baignée par la lueur du jour, que l'on prend pleinement la mesure des proportions formidables du lieu. Si ma mémoire est bonne, les petits gars de "Uschia" y sont entrés à bord d'un ballon à air chaud ; ce qui donne une petite idée de la taille de la caverne. Difficile pour le photographe amateur de faire transparaître cette immensité. Il faut avoir des personnes sur les clichés pour que ceux-ci rendent un tant soit peu le gigantisme de la grotte.

En progressant plus avant dans la caverne, celle-ci reprend des proportions terrestres, à mesure que l'obscurité voile les reliefs sur les hauteurs. Il y règne une odeur subtilement nauséabonde, signe que les lieux sont habités. Et ils sont nombreux les résidents du coin. Trois à quatre millions de chauves-souris suspendues un peu partout sur la voûte, ça fait un bon paquet de guano au sol, pour la plus grande joie d'une ribambelle d'insectes et d'araignées, dont les toiles tapissent le sol. La casquette me sera fort utile pour prévenir tout shampooinage intempestif. Même si c'est du 100%!n(MISSING)aturel et sans doute très nourrissant pour le cuir chevelu, l'expérience ne me tente pas trop.

Mais le jour touche bientôt à sa fin. Il est temps de ressortir pour admirer le show qui se déroule quotidiennement avant que la nuit ne tombe. Plusieurs millions de chauves-souris qui surgissent de leur caverne pour une partie de chasse qui va durer jusqu'au petit jour. Un ballet ondulant dans le ciel qui peut durer des heures, accompagné du bruissement clairement perceptible des battements d'ailes qui terrorise tous les petits invertébrés de la foret, eux qui figurent en bonne place sur le menu de ce soir.

Spéléo, bêtes fauves et jolies filles

Mon séjour à Mulu m'a offert la chance d'explorer d'autres grottes, aux dimensions plus modestes - quoique l'une d'entre elles, labyrinthique, serait parmi les plus vastes du monde, en terme de volume - mais aux formations rocheuses somptueuses, sculptées par les eaux durant des millions d'années.

J'ai poussé l'aventure un peu plus loin en m'initiant à la spéléologie, en compagnie d'autres résidents du parc. Le parcours, présenté par le guide comme un jeu d'enfant idéal pour les débutants, était en réalité plutôt pimenté. Se hisser le long de parois abruptes glissantes comme des patinoires avec la seule aide d'une corde humide, escalader des rocs aux pointes effilées, progresser dans d'étroits boyaux ou tout faux pas remettrait sérieusement en question l'idée d'avoir une descendance... tout ça sans harnais ni mousqueton ou autre forme de sécurité. Un casque, une lampe et une bonne dose de foi alimentée par de bons conseils, c'est tout ce dont on a besoin. Je suppose que c'est ce qui rend l'aventure plus mémorable. Au final, ni morts ni blessés, juste un abandon. Pour ma part, après deux heures passées dans les entrailles de la terre, je m'en suis sorti avec quelques bleus sur les genoux, des épaules douloureuses pour deux jours et de bonnes montées d'adrénaline. Lors des moments de répit, nous avons pu observer la faune étrange qui habite dans ces profondeurs : serpents de roche, insectes aux énormes antennes, araignées et même un crabe d'une pâleur mortelle, qui visiblement ne devait pas souvent sortir prendre le soleil.

C'est cependant lors de la marche de nuit, autour du camp, que j'ai eu le meilleur aperçu de la ménagerie qui demeure tapie dans la Rainforest. Grosses tarentules, placides serpents, grenouilles minuscules, phasmes géants, tarsiers bondissants et champignons luminescents, la forêt de Bornéo recèle bien des trésors, invisibles au voyageur qui débarque et qui cherche toujours en vain à savoir à quelle créature appartient ce croassement rauque ou ce sifflement strident. Guide indispensable!

Mais moi, si je dois résumer mon séjour à Mulu aujourd'hui avec vous, je dirais que c'est d'abord des rencontres. Des gens qui m'ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j'étais seul chez moi. Et c'est curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent le voyage... Il y avait ce couple de Parisiens, qui n'avaient de la capitale ni l'accent ni l'arrogance, avec lequel nous nous sommes mutuellement soutenus lors des délicates phases de spéléo, ce Zurichois qui achevait sa demi-année de voyage à Bornéo, après plusieurs mois passés en Afrique, et puis ces trois délicieuses universitaires britanniques qui alliaient charme, simplicité et intelligence. Ah, je ne sais vraiment pas comment nous nous sommes débrouillés, avec le Zurichois, pour embarquer les deux plus jolies filles séjournant dans le parc pour une ballade dans la jungle, jusqu'a une cascade d'eau fraîche invitant à la baignade. J'ai connu de pires journées.

Niah National Parc : prendre goût à la vie souterraine

Encore des grottes?! Et oui, après Mulu il y aurait de quoi être blasé, mais Niah, à moins de deux heures de bus au sud de Miri, offre une expérience différente. Là où Mulu impose presque partout des visites guidées, Niah joue la carte de la liberté totale. Si vous avez toujours rêvé de plonger seul au cœur des ténèbres, vous trouverez ici votre bonheur. Rien de trop aventureux toutefois. Les chemins sont bien balisés et l'on progresse presque exclusivement sur des plateformes et escaliers de bois.

Le premier des deux principaux attraits du parc est la Great Cave, une grotte immense, abritant non seulement des hordes de chauves-souris, mais aussi des colonies d'oiseaux qui y viennent nicher. Immense? Ok, pas tant que ça en comparaison de la Deer Cave, mais ça reste très correct. J'y ai personnellement trouvé deux intérêts. D'abord, la voûte est par endroits percée, de telle sorte que le soleil du matin y peint de saisissantes visions lorsqu'il inonde la grotte de ses rayons, telle une lumière divine. Ensuite, la caverne est parcourue de structures de bois décharnées qui grimpent vers les hauteurs, restes des activités des collecteurs de nids d'oiseau, une spécialité qui vaut son pesant d'or sur les marchés de Chine. Il parait que la soupe de nids d'oiseau est un délice?! Toujours est-il qu'avec l'obscurité régnante, l'on se guide à la lueur de sa lampe et, seul, l'on pourrait se croire le premier à découvrir une vieille mine abandonnée depuis des lustres.

La seconde attraction de Niah est la grotte peinte. Voilà quelque chose d'autre que Mulu n'a pas. Ici les cavernes étaient habitées depuis l'aube de l'humanité. Dans les années 60, un archéologue nommé Harisson (cela ne s'invente pas) y a découvert un crâne d'hominidé vieux de 40'000 ans. Les peintures, représentant le voyage d'un défunt dans le royaume des morts, sont elles beaucoup plus récentes, du VIIe siècle de notre ère.


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26th October 2009

nice
where are you now?it is really a long trip~~
26th October 2009

Bat day !
Salutations ! J'entends encore le bruit des ailes claquer au vent !!! (avec un certain son de toots ^^) Bon challenge la spéléo ! Perso, je ne l'aurais pas fait :D Quoique si j'avais vu que des monstres cailles y allaient... :) et lol fallait le placer "Bialès" sur la photo de groupe ^^ Bonne suite de parcours "Roda" :)
26th October 2009

Magnifique
C'est toujours aussi agréable de te lire, tu vis vraiment des choses formidable. Même si je trouve que tes grottes de chauves-souris sont de la nioniotte par rapport à notre périple dans les grottes de la Sainte-Barbe Hahah ;) @ Ah, je ne sais vraiment pas comment nous nous sommes débrouillés, avec le zurichois, pour embarquer les deux plus jolies filles séjournant dans le parc pour une ballade dans la jungle, jusqu'a une cascade d'eau fraiche invitant a la baignade. J'ai connu de pires journées :) Raconte nous c'était comme dans la pub pour la margarine Latta (http://www.youtube.com/watch?v=kBITk5POTDM&feature=related)?
27th October 2009

He he, j'avoue que la spéléo, j'aurai pas forcément signé les yeux fermés si j'avais su que ca allait etre aussi sport. Je m'attendais a une petite ballade familiale comme a la Grotte aux Fées :D LoL DO, hum hum non, au risque de te décevoir, c'était peut etre pas aussi idyllique dans les faits. Imagine plutot une petite cascade au coeur de la jungle, un bassin a l'eau propre mais sombre, ou il est préférable de nager plutot que de poser le pied sur on ne sait quoi, et les bruits des bestioles qui vivent dans les environs. Ambiance genre "Anaconda", mais nous n'avons pas fait de si mauvaises rencontres :p
30th October 2009

Waouw joli ! Ouais juste à te lire je m'imaginais à ta place, plaquée à une falaise, accrochée à ma corde, sans moyen de bouger de là en vitesse et rencontrant une splendide tarentule à 10 cm de mon visage, se promenant sur la roche !!!!!!!!!!! L'horreur ! Mais enfin, à part cela, pas mal l'expérience ! Ca le fait ces grottes immenses, ça doit vraiment amener une ambiance particulière. Bon, bonne suite à toi et ne t'étonne pas si tu n'as pas trop de news de nous sur ton blog les 3 prochaines semaines, nous serons occupés à gravir le Macchu Picchu ou à dénicher qqes Condors des Andes... Départ cet apm avec le train. A plus, bonne suite à toi ! PS : attention à toi pour la suite, paraît qu'il y a des requins excités proches de l'Australie.... :)
9th November 2009

Sur les traces de Nicolas H.
Salut le pur, je vois que finalement tu es peut-être le prochain Nicolas Hulot ! Quand je pense que je m'étais juré de devenir son successeur. Magnifiques images que tu nous commentes avec toujours autant de classe. Merci pour ces grands moments d'exploration.

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