Slow Boat


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Asia » Laos » West
January 10th 2011
Published: January 25th 2011
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Voici sans conteste la plus belle expérience de mon voyage, et je me demande même si cela ne restera pas à jamais ancré dans mon esprit, au patrimoine des plus incroyables moments que j’ai pu vivre jusqu’à présent.

Tout commence depuis Chiang Mai, où j’opte pour le package 6h de minibus pour rejoindre la frontière laotienne, passer une dernière nuit dans une petite auberge en Thaïlande sur la rive du Mékong, et prendre ce fameux « slow boat » de deux jours, avec une nuit en plein milieu de nulle part, toujours au bord du Mékong, pour finalement rallier Luang Prabang au Laos.

Comme expliqué dans mes précédents articles, j’ai décidé de changer mes plans pour prendre cette route mythique et si convoitée des backpackers qui s’aventurent au Laos. D’abord pas mal d’appréhension en sachant tous le périple et la durée que cela représente, mais ensuite, un enchaînement de circonstances qui ne relèvent pas uniquement du destin. A un certain moment, je me suis dit que ce voyage et mes futures perspectives prenaient tous leur sens et signification. Laissez-moi vous expliquer.

Nous avons roulé pendant 6h depuis Chiang Mai jusqu’à la frontière, notamment en passant par le temple blanc que je vous ai montré auparavant. Dans ce minibus, je vais rencontrer 3 belges de la région flamande. Des gens assez âgés, qui ont parcouru le monde dans tous les sens, et qui je dois l’avouer, m’ont réellement bluffé de par leurs expériences respectives. Beaucoup d’enseignements, encore une fois.

Arrivé devant la frontière faisant office du Mékong en lui-même, nous avons passé une nuit dans une petite auberge, assez rustique, et apprécié un dernier repas thaïlandais de groupe à 18h pétantes ! Ensuite, j’ai bien sympathisé avec les belges et nous sommes partis descendre quelques bières dans le seul bar ouvert à proximité.

Le lendemain, départ pour le passage de la frontière, c’est-à-dire la traversée du Mékong sur un petit bateau avec les sacs empilés devant à l’arrache. Nous voici au cœur du backpacking style, c’est l’aventure, la vraie ! Avant de monter dans ce bateau, j’ai d’ailleurs été contraint de payer un jour d’extra en Thaïlande. Sur le tampon affichant la date d’arrivée, le 8 Décembre, il y avait une date de sortie, en principe le 6 Janvier, que j’ai gentiment confondu avec un 8.. Résultat, 500 baths à payer, ce qui représente un peu plus de 12 euros.

Une fois arrivé sur l’autre rive, tout le monde s’empresse, se bouscule, dans un chaos plus ou moins organisé. Il faut remplir plusieurs papiers, payer 30 dollars pour le visa, donner son passeport avec une photo d’identité, et être patient ! L’attente ne sera pas trop longue en fait, et nous serons donc officiellement autorisé à pouvoir bénéficier de 30 jours sur le sol laotien. J’attendais ce moment depuis longtemps, car tous les voyageurs avec qui j’avais pu avoir des échanges m’avaient tous affirmé que le meilleur pays de l’Asie du Sud-Est où voyager était de loin le Laos. Et je peux le dire dès maintenant, je suis aussi de leur avis. Le Laos est extraordinaire.

Après avoir obtenu notre visa, nous avons dû attendre un moment pour rejoindre un autre endroit de la rive où ces longs bateaux si originaux et alignés les uns à côtés des autres n’attendaient plus que nous pour partir. Avant de monter dans le bateau, il va se passer un truc assez marrant. J’avais rencontré quelqu’un à Chiang Mai dans l’auberge de jeunesse, Ernie, et nous avions prévu de partir ensemble pour Luang Prabang. Le truc, c’est que lui avait décidé de faire un trek de deux jours avant de partir, ce qui fait que je suis parti en minibus avant qu’il ne rentre de son trek. Du coup, le soir où j’ai passé la nuit dans l’auberge près de la frontière, j’ai commencé à douter qu’on puisse se rejoindre, et encore plus le matin-même.

Et puis, au dernier moment, en attendant d’aller monter dans le bateau, je vois Ernie débarquer du dernier minibus que la compagnie attendait. Ça s’est joué à quelques minutes, c’était vraiment drôle. A ce moment-là, nous ne nous doutions pas de la suite des évènements avec les gens autour de nous. En réalité, cette petite communauté constituée au départ pour Luang Prabang va se suivre pendant plusieurs jours, voir des semaines.

Mais l’évènement le plus significatif pour moi va se jouer dans les minutes qui suivront. Nous avons tous pris nos sacs et marché quelques centaines de mètres pour arriver devant les bateaux. J’étais avec Ernie, des personnes qu’il avait rencontrées dans le bus et avec qui j’avais eu le temps de sympathiser, ainsi que mes 3 potes belges. Puis, avec tous ce que j’avais pu entendre de négatif sur ce que pouvait être l’expérience slow boat en pleine saison, je me suis empressé de monter dans un bateau.

En fait, pendant ces mois de grande affluence touristique, les mecs blindent les bateaux de manière assez esclavagiste. Normalement, ces bateaux sont prévus pour 60 à 70 personnes suivant leur agencement, et il arrive qu’ils entassent plus de 100 personnes, parfois sans même avoir un vrai siège. 18h de bateau dans ces conditions, c’était mort pour moi, donc j’ai tracé devant et doublé pas mal de gens avec mon sac.

J’ai d’abord regardé comment les bateaux étaient déjà remplis, puis choisi un où j’avais l’espoir d’avoir une place convenable. Je monte dedans et donne mon sac directement à un mec qui le met dans la calle du bateau. Et là, je regarde autour de moi et je vois toutes les personnes que je connaissais encore sur la rive, assis. Ils devaient visiblement attendre que les autres bateaux s’organisent et que l’on compte le nombre de voyageurs à répartir sur chacun d’eux. A ce moment-là, je me suis dit qu’il y aurait peu de chances qu’on soit ensemble, alors je me suis assis et j’ai regardé autour de moi..

J’avais une bière à la main, et le gars à ma gauche me tend la sienne en me disant : « Cheers man ». Je trinque avec lui, bois une gorgée, lui demande d’où il vient, et il me répond : « Sydney ». Je lui raconte que je projette d’aller m’installer là-bas après mon voyage, et il me présente alors à tous ses potes autour de nous, tous australiens, une bonne quinzaine, et mon destin entre mes mains ! J’en ai vite oublié la cacophonie de l’entrée sur le bateau.. Mais le pire, (ou le meilleur), est à venir.

Certains avaient acheté des caisses en polystyrène de 1m sur 50cm, remplis de glace.. Et de bières, forcément, ce sont des australiens, et on ne rigole pas non plus avec cette boisson là-bas ! C’est simple en fait, le lendemain, tout le monde était jaloux de notre premier jour de bateau, et nous étions devenus les heureux passagers de l’unique « Party Boat ».

Ça a été la folie pendant les 8h de navigation. Des rigolades, des blagues, des concours de descente de bouteilles cul sec agrémentés de chants australiens.. Certains ont fini bien marrons, mais qu’est-ce qu’on s’est marré, c’était mémorable. Avec les paysages, les montagnes, le Mékong, l’ambiance, c’était un jour révélateur pour moi, et un signe du destin que je n’oublierai jamais. J’ai bel et bien un bon karma en ce moment. Les circonstances sont toutes à mon avantage tout le temps, je n’en reviens pas. Du coup, j’ai des toits où je pourrai dormir à l’œil quand j’arriverai à Sydney, ce n’est pas beau ça ?!

Après cette première journée de bateau et cette puissance extraordinaire que révèle le Mékong, nous avons débarqué à Pakbeng, étape nocturne entre les deux jours de traversée. Là encore, la fête s’est prolongée malgré la fatigue. Un repas de groupe bien animé, suivi de quelques déhanchés dans le « Hive Bar », seul endroit où écouter de la musique et danser à Pakbeng. Il faut voir le petit village pour comprendre !

Bien évidemment, après tout ce cirque, certains n’en menaient pas large le lendemain matin ! Des gueules de bois que l’on pouvait sentir à des dizaines de kilomètres. Et donc, une journée qui sera complètement différente, avec 10h de navigation et une surprise assez intéressante à environ une demi-heure de l’arrivée.. Une panne !

Toute la journée a été fantastique, avec encore ces paysages magnifiques, cette sensation indéfinissable d’être dans un endroit unique au monde, tout en étant entouré de gens avec qui discuter des heures pour finalement échanger ses coordonnées. C’était sans aucun doute la manière la plus profonde de se faire des connaissances et des liens à vie.

Il y avait aussi tous ces villageois que le bateau ramassait sur des petites plages pour les emmener à quelques heures dans un autre village impossible à distinguer depuis la rive. Certains sautaient sur un petit rocher pour descendre, d’autres embarquaient des gros sacs de riz pesant des dizaines de kilogrammes. Des gens extrêmement pauvres, à n’en pas douter, mais toujours avec ce sourire qui fait le charme du Laos, cette joie de vivre sur les visages que l’on ne voit pas à Paris.. Je reste encore admiratif quant à leur façon d’être et de vivre, ça remet les idées en place, croyez-moi.

Et les enfants.. Adorables, toujours à faire coucou, rigoler, s’amuser avec un rien, et courir dans tous les sens. Il y avait notamment une petite fille sur le bateau, Bibi, avec sa grand-mère, qui m’a complètement fait craquer. Il fallait la voir manger son « sticky rice », faire des petites boulettes et mettre des petits morceaux d’omelette dessus pour relever le goût, un peu comme un petit canapé. Elle semblait se régaler avec quelque chose qu’on serait incapable de manger tous les jours. C’était véritablement trop chou, et surtout, un instant magique au cœur de la vie laotienne, on ne peut plus locale.

Pour la petite mésaventure de la fin, il faut quand même remarquer que le voyage est long. Nous avons fait pas mal d’arrêts pour prendre des gens ou simplement se dégourdir les jambes, puis, avant d’arriver à Luang Prabang, le moteur du bateau s’arrête. Le mec devant aux côtés du barreur se met alors à s’empresser de rejoindre l’arrière du bateau, comme il peut, en se frayant un passage entre tous les sacs de riz, les gens agglutinés ou allongés par terre, et remet le moteur en marche alors que nous étions en pleine dérive et allions droit sur la rive gauche..

Nous avons donc été contraints de faire une pause un peu plus longue que prévue cette fois. La nuit était tombée entre temps, ce qui rendait dès lors la navigation impossible. Le capitaine du bateau annonce à ce moment-là que nous allons être obligé de passer une nuit à la belle étoile et repartir le lendemain au lever du jour.. Des laotiens avaient même commencé à faire du feu au bord de la plage, ce qui semblait définitivement vouloir dire que nous allions rester là et dormir sur le bateau.

Puis, finalement, une bonne heure plus tard, une autre alternative se présente. Le bateau traverse le fleuve pour rejoindre la rive droite où une route passait par un petit village. Ils avaient en réalité appelé une agence pour obtenir un grand bus et nous ramener à Luang Prabang. Une solution bienvenue car la pression avec la fatigue commençait sérieusement à monter chez certains. Je vous laisse imaginer l’ambiance et le visage de certains.

Arrivé dans le bus, une grosse division au sein des voyageurs va s’instaurer. Certains n’acceptaient pas le fait de devoir payer moins de 2 euros pour pouvoir partir, sous prétexte qu’ils avaient payé une somme dérisoire pour faire tous ce voyage, et que, normalement, tout devait être inclus. Hé les mecs, vous êtes au Laos, il est 23h, et de toutes manières, il n’y a pas d’autres solutions que de payer le chauffeur de bus (qui n’a rien à voir avec les compagnies chez qui vous avez réservé votre billet), pour aller dormir dans un lit, au chaud ! Ça a duré bien 45 minutes. On se serait cru à la maternelle. Il fallait vraiment être patient à ce moment-là. C’était ridicule. Enfin ! Nous avons rejoint Luang Prabang, cherché une auberge où dormir, et tout le monde était ravi le lendemain. A la bonne heure !

Malgré la côté négatif de la fin du voyage, pour ma part, rien n’est venu entacher cette expérience. Je ne sais pas si je le referai, tout simplement parce que je ne voudrai pas prendre le risque de revivre quelque chose que j’ai déjà vécu, d’une manière indescriptible, en moins bien. Voilà, c’était mon entrée au Laos, le plus beau souvenir de mon voyage jusqu’à présent. Il va falloir du très lourd pour détrôner le slow boat de sa pôle position !






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25th January 2011

Ca donne envie...
Ca donne vraiment envie en tout cas mon salaud! J'attends avec impatience ce que tu va nous raconter sur le Laos, ce sera sans doutes ma prochaine destination :) Sinon t'as toujours un retour prévu pour début Avril? bis vieux!

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