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Published: February 23rd 2015
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18 fév
Je suis à Yangshuo, petite ville touristique ceinturée de montagnes en tourelles.
Je suis dans une toile accrochée au dessus des banquettes du buffet Fu-Lam, rue Jean-Talon.
Yangshuo est touristique. Les chinois y viennent nombreux pour assister à ce décor en montagnes russes hallucinées.
L'artère principale de la ville est occupée par les nombreuses boutiques modernes vendant des produits locaux et par les restaurants chics. Spécialités italiennes de ce côté, et délices allemands de l'autre. Ce sont des restos exotiques pour les chinois ça. Certains regardent les menus intrigués, confus devant les plats de choucroute proposés par les allemands sur la rue.
Un gamin en vacances pointe la photo d'un gros hot-dog choux-moutarde en s'exclamant à ses parents.
Ça m'a fait sourire.
Et dire que le même gamin aurait probablement souri aussi... en me voyant m'exclamer devant les pattes de poules marinées.
À chacun ses habitudes alimentaires vous savez.
Et entre vous et moi, y-a-t-il pas probablement de la patte de poule dans nos saucisses hot-dog anyway?
C'est la nouvelle année chinoise au moment où je suis à Yangshuo. Il semblerait que 2015 sera l'année
de la chèvre.
Bon. En parlant chèvre, je n'en ai vu encore aucune au Pays des Dragons.
Si ça n'avait été que de moi, l'année chinoise 2015 aurait été l'année du poulet parce qu'honnêtement, ce n'est pas ce qui manque ici.
Nous on se cuisine une dinde à Noël.
Les chinois, c'est de la poule.
Le long des routes et dans les marchés publics, les vendeurs de poulets attendent preneur.
Quand l'acheteur arrive, le marchand enfonce sa main dans la cage tressée qui lui sert de poulailler portatif, et il en ressort l'oiseau gagnant.
Comme un tirage.
Souvent, l'acheteur repart avec plusieurs poulets qu'il porte par les pieds comme un bouquet, une grappe aviaire.
(Ne pas confondre avec grippe aviaire)
Les oiseaux résignés, tête à l'envers, n'ont sans doute rien compris au manège alors qu'ils partent pour leur dernière promenade.
Oh que la poule, on ne l'élève pas pour son intelligence celle-là.
Pouvoir être un oiseau, je ne choisirais certainement pas d'être une poule.
En Chine, on accueille la nouvelle année en allumant la mèche de millions de pétards et de feux de
bengale.
Pétarades de mitraillettes.
Ça explose au loin, en écho, comme une ondée soudaine de grêlons qui s'effondre sur un toit métallique.
Tac-a-tac-a-tac en journée.
Re-tac-a-tac dans la nuit.
L'air se remplit de fumée et d'explosions comme en temps de guerre.
C'est à croire que la Chine a inventée la poudre à canon d'abord pour festoyer.
Je profite de cette soirée pour photographier les feux d'artifices allumés imprudemment, et puis les étincelants moments de festivités qui battent leur plein le long de la Li River.
Explosions, longs faisceaux lumineux, fusées et torchères.
Je m'enfonce des bouchons dans les ouïes, et me couvre le museau comme un cowboy... et me voilà, Nikon à la main, dans le feu de l'action, littéralement.
Pour revenir à l'auberge à partir de la rivière, je passe par le parc de Yangshuo où des lampe-lions et des abat-jour-dragons brillent dans la noirceur salie par le brouillard des explosifs.
Malgré la fête, des centenaires fondus au marbre des tables circulaires du parc sont encore concentrés à leur partie de Mah-jong ou de Dominos.
D'autres s'échangent des cartes allongées aux
allures de bâtons de popsicle en murmurant leur déception de ne pas avoir davantage de chance au jeu ce soir.
L'année de la chèvre ne sera peut-être pas une bonne année pour eux après tout.
Aussi, à la place centrale du parc, devant une scène vide, des femmes âgées tournoient sous les réverbères, au son de la musique pop chinoise que crache un amplificateur portatif.
Chorégraphie.
Comme une danse en ligne complexifiée.
Les aïeux jouent aux cartes en fumant, et les femmes s'activent.
Ce n'est pas parce que c'est la nouvelle année qu'on doit briser les bonnes résolutions des années passées, non?
Note à Moi-Même:
Mais où exactement vont les earplugs qu'on se met pour dormir en silence... et qu'on retrouve jamais en se levant?
19 fév
Les pétards d'hier, allumés pour la nouvelle année, ont couvert Yangshuo de milliards de confettis rouge dans les allées.
Il y en aura pour des semaines à les balayer ici, et partout sur le territoire chinois.
Il y a une petite averse en matinée sur la ville. Ça va peut-être aider
à nettoyer le pavé de tous ces bouts de carton déchiqueté.
Mais non.
Bien au contraire.
C'est que la pluie a ramollit les restants de festivités.
Les confettis sont maintenant devenus un immense tapis de papier mâché, un peu comme une averse automnale transforme les feuilles mortes en matelas bouetteux au Québec.
Tout balayer ne sera pas tâche facile.
J'attend que la pluie cesse et j'agrippe bien vite un vélo pour m'éloigner du centre de la ville.
Ma bécane est essoufflée et ses pneus sont dégonflés.
Mais j'arrive quand même à suivre dans l'accotement les touristes chinois sur leur vélo deux places loué.
C'est plusieurs kilomètres à parcourir sur la route principale pour me rendre au Moon Hill, un étrange rocher percé veillant sur l'une des colline en tourelle.
C'est mon objectif d'aujourd'hui ça, me rendre au Moon Hill.
La route est achalandée. Elle bloque parfois d'un bouchon de véhicules qui espèrent se stationner quelque part pour acheter des fraises ou pour profiter du paysage montagneux de la région. Je dois parfois pédaler entre les voitures en suivant la voie tracée par une mobilette pour
pouvoir avancer. C'est que les chinois n'ont pas l'habitude de laisser passer les gens.
J'arrive bientôt au pied du rocher percé.
Je dois monter 800 marches pour me rendre dans l'arche créée par la montagne.
J'ai dans mes poches un sac d'arachides sous vide et un paquet d'abricots séchés.
J'ai comme plan d'aller grignoter dans le trou, sous la voûte du Moon Hill.
Voilà.
Je me mets donc à monter l'escalier, en croisant les vacanciers chinois qui retourne au stationnement en bas.
On me regarde passer en parlant entre eux.
Une fillette m'arrête soudainement et se mets à me réciter des phrases en anglais apprit à l'école, sous le regard approbateur et fier de son père.
Et puis ensuite, un autre paternel, lui, me glisse son très jeune fils en couche dans les bras, le temps de prendre une photo avec son cellulaire.
"Ça c'est la photo quand un blanc t'a prit dans ses bras au Moon Hill" qu'il dira à son fils plus tard.
"Tu vois à quel point ils sont poilus et qu'ils ont de grands yeux les blancs?"
J'arrive finalement au
Moon Hill, et m'assois dans le trou pour luncher comme prévu.
J'ouvre mon sac d'abricots séchés.
Malheur, ce n'est pas des abricots.
On m'a refilé un paquet de pelures d'orange.
Mais c'est quoi l'idée de ne pas mettre le fruit dans le sac bordel!
Bon.
Heureusement, j'ai mes cacahuètes.
Par chance, ce sont de vraies arachides... et non pas un sac remplit d'écales.
De retour à Yangshuo, je m'aperçois que la corvée du ramassage de confettis débute lentement dans la ville. Mais comme je le croyais, il est difficile de tout ramasser d'un coup. Ça colle au plancher ces restants de pétards. Comme des timbres.
Ouaip. Des timbres.
Comme les chinois ont l'habitude de cracher partout... je crois donc que le mot "timbre" est ici très bien choisit.
Demain: Départ en train pour Kunming.
Note à Moi-Même:
Quand ça sent pas bon, ça goûte habituellement pas bon.
Etienne X
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